La Svizzera a piedi
Porrentruy–Lugano
2 Trans Swiss Trail

Porrentruy–Lugano
Porrentruy–Mendrisio
Ce récit relate l’aventure personnelle que fut notre traversée de la Suisse durant la fin de l’été 2015. Il n’est pas un guide de voyage. A travers le vécu d’une expérience, qui aura duré près d’un mois, il donne un peu plus d’information sur les étapes du parcours de randonnée Porrentruy–Lugano …
… balisé par l’organe de Trans Swiss Trail (TST) et sur une courte partie du parcours, de l’Alpenpanorama. Près de 500 kilomètres de marche, parcourus à une moyenne quotidienne d'environ 16 km.
L’objectif de Jon était d’effectuer le périple en prenant son temps. Il marchera finalement 29 jours d’affilée pour les 30 étapes prévues ! Le mien était de l’accompagner dans sa mise en route. Prise comme lui par la fièvre d’aller de l’avant, j’en ferai bien plus. Rapidement, la performance s’améliore au fil des jours. Nous sommes partis avec une condition physique de sexagénaires sur le tard, en bonne santé, sans expérience de randonnée sur plusieurs jours. Notre entraînement consistait à marcher très épisodiquement le long du lac Léman et dans les forêts du Jorat, très peu à la montagne. Peut-être, nos muscles ont-ils aussi gardé en mémoire nos années de pratique de la course à pied.
Afin d’assimiler les images par nous-mêmes, de nous sentir libres, nous avons rarement pris des photos et avons vite abandonné l’utilisation du GPS. Dans la poche : les copies des trajets et informations enregistrées sur le site fouillé de TST wanderseite.ch et wanderland.ch; une carte de la Suisse, le guide officiel no2 de Swiss Rando donnant des informations claires, de bonnes descriptions des lieux. Les auberges recommandées, où nous avons dormi et nous nous sommes restaurés, étaient pour la plupart plus que satisfaisantes.
A notre avis, TST minimise la difficulté de certains passages du parcours et oublie le fait que de marcher sur les trottoirs, indiqués par l’itinéraire, permet de bien récupérer les forces. Il ne souligne pas l’intérêt qu’il y a à traverser les zones industrielles et artisanales qui dévoilent d’autres aspects intéressants du pays.
En fin de parcours des étapes, à partir de Soubey, nous sommes retournés au point de départ du matin afin de récupérer nos bagages faisant appel, d’abord à la voiture, puis en Suisse centrale aux transports publics. Jon a abandonné ces va-et-vient pour sept étapes en solitaire dans l’Emmental avec un bagage repensé, Nous avons fait de même à partir de Airolo.
La lecture de l’ouvrage de Jean-Christophe Rufin sur le chemin de Compostelle a donné quelques idées à Jon, comme celle de chausser des baskets de course à pied bien profilées, qu’il a trouvées tout à fait adéquates … sauf les jours de pluie ! Nos pieds remercient la crème NOK qui les a préservés des cloques et autres bobos. Un vrai miracle !
Nous avons marché généralement entre 08 heures et 16 heures et n'avons par ce fait pas rencontré d'animaux sauvages ... si ce n'est un écureuil dans le Jura! Peu de randonneurs non plus sur le parcours.
J’ai assuré le texte relatant 20 épisodes du périple. Jon les 9 autres, en français qui n’est pas sa langue maternelle. Cette longue randonnée qui nous a permis, en septembre 2015, de fouler en duo le sol du pays, fut une passionnante aventure. Elle nous laisse de merveilleux souvenirs et l’envie de reprendre le chemin. Bonne lecture !
Colette, mai 2016
L’objectif de Jon était d’effectuer le périple en prenant son temps. Il marchera finalement 29 jours d’affilée pour les 30 étapes prévues ! Le mien était de l’accompagner dans sa mise en route. Prise comme lui par la fièvre d’aller de l’avant, j’en ferai bien plus. Rapidement, la performance s’améliore au fil des jours. Nous sommes partis avec une condition physique de sexagénaires sur le tard, en bonne santé, sans expérience de randonnée sur plusieurs jours. Notre entraînement consistait à marcher très épisodiquement le long du lac Léman et dans les forêts du Jorat, très peu à la montagne. Peut-être, nos muscles ont-ils aussi gardé en mémoire nos années de pratique de la course à pied.
Afin d’assimiler les images par nous-mêmes, de nous sentir libres, nous avons rarement pris des photos et avons vite abandonné l’utilisation du GPS. Dans la poche : les copies des trajets et informations enregistrées sur le site fouillé de TST wanderseite.ch et wanderland.ch; une carte de la Suisse, le guide officiel no2 de Swiss Rando donnant des informations claires, de bonnes descriptions des lieux. Les auberges recommandées, où nous avons dormi et nous nous sommes restaurés, étaient pour la plupart plus que satisfaisantes.
A notre avis, TST minimise la difficulté de certains passages du parcours et oublie le fait que de marcher sur les trottoirs, indiqués par l’itinéraire, permet de bien récupérer les forces. Il ne souligne pas l’intérêt qu’il y a à traverser les zones industrielles et artisanales qui dévoilent d’autres aspects intéressants du pays.
En fin de parcours des étapes, à partir de Soubey, nous sommes retournés au point de départ du matin afin de récupérer nos bagages faisant appel, d’abord à la voiture, puis en Suisse centrale aux transports publics. Jon a abandonné ces va-et-vient pour sept étapes en solitaire dans l’Emmental avec un bagage repensé, Nous avons fait de même à partir de Airolo.
La lecture de l’ouvrage de Jean-Christophe Rufin sur le chemin de Compostelle a donné quelques idées à Jon, comme celle de chausser des baskets de course à pied bien profilées, qu’il a trouvées tout à fait adéquates … sauf les jours de pluie ! Nos pieds remercient la crème NOK qui les a préservés des cloques et autres bobos. Un vrai miracle !
Nous avons marché généralement entre 08 heures et 16 heures et n'avons par ce fait pas rencontré d'animaux sauvages ... si ce n'est un écureuil dans le Jura! Peu de randonneurs non plus sur le parcours.
J’ai assuré le texte relatant 20 épisodes du périple. Jon les 9 autres, en français qui n’est pas sa langue maternelle. Cette longue randonnée qui nous a permis, en septembre 2015, de fouler en duo le sol du pays, fut une passionnante aventure. Elle nous laisse de merveilleux souvenirs et l’envie de reprendre le chemin. Bonne lecture !
Colette, mai 2016
1. Porrentruy–Saint-Ursanne
16km – samedi 29 août 2015
La région du Jura donne une première impression de la diversité topographique de la traversée du Trans Swiss Trail no2 des itinéraires nationaux, allant de Porrentruy à Lugano. Jon a décidé d’affronter d'affilée les étapes, soit 480km, comportant 16.500m de dénivelé cumulé, du parcours balisé de cette traversée du pays en diagonale. Défi lancé !
Arrivés la veille au camping de Saignelégier, nous passons la nuit dans notre bus California, et le quittons au petit matin par les transports publics pour Porrentruy-gare, point de départ de la traversée. Chef-lieu de l’Ajoie et du Clos-du-Doubs, Porrentruy reste gravée dans nos mémoires depuis les belles heures passées ici lors de la Schubertiade. Des mélodies de quatuor flottent encore dans nos têtes.
Petit-déj à la terrasse d’un café au centre de Porrentruy. Longue attente avant d’être servis d’un ramequin … froid. La rue est animée par le marché du samedi. Nous partons direction sud, vers le haut de la vieille ville. Malgré les recommandations d’un habitant bienveillant sur le chemin à emprunter, nous nous retrouvons, par un détour inutile, sur la piste du Parcours Vita! Mal partis!
Chemin retrouvé à l’orée du bois. Nous bifurquons dans une belle campagne aux senteurs et à la lumière d’été, longeant d’immenses champs de maïs dans la direction de la Ferme de Champs Graitoux. Soudain, rencontre insolite : un môme, 10-12 ans tout au plus, une bonne tête, sa planche à roulette sous le bras. Courageux le p’tit gars fait 5km à pied pour se rendre à son entraînement!
Les panneaux indicateurs sont clairs ; restons attentifs néanmoins ! Jusqu’à St-Ursanne la région, très peu habitée, compte beaucoup de forêts. Bêtas, nous négligeons un détail important : dans ce coin du pays, l’eau ne coule pas de source. Ni ruisseau, ni fontaine, pas un filet d’eau sur le parcours. La chaleur de ce week-end, un des plus chauds de l’été, n’épargne pas notre première journée de périple. La montée jusqu’à la crête des Chainions, à 885m, est rude pour les débutants randonneurs que nous sommes. Arrivés au sommet enfin, ruisselants de sueur, c’est déjà la troisième pause pour reprendre notre souffle, s’éponger, s’étendre sur l’herbe. Endroit peu dégagé. Pas de vue. Dans le gîte, à un jet de pierre, une sono à pleins tubes. Une fête de fin de semaine. Pas le courage de marcher cent mètres de plus pour quémander de l’eau, imaginant qu’une fontaine, voire un bistro apparaîtra tout soudain le long du trajet. Utopie!
Bagage trop lourd, crampes de Jon, ses lunettes optiques perdues sur le chemin, gourdes à sec, soif intense … c’en est trop par une telle chaleur! Sur le versant descendant, senteurs de bois surchauffé, chant des oiseaux nous apportent un réconfort certain. Sur les sentiers en lacets, le parcours semble pourtant interminable. La forêt, soudain, fait place à des pâturages boisés.
Village de Seleute enfin. A la terrasse de l'Auberge de la Fontaine affichant Calanda (oui la bière grisonne ici), nous buvons la panachée à pleines gorgées.
Les guêpes ont repéré nos verres. Le restaurateur explique que très récemment un client s’est fait cruellement piquer dans la bouche par l’insecte désobligeant! Sympa, le gars fait le plein d'eau fraîche de nos gourdes. Il nous assure que jusqu’à Saint-Ursanne, ce n’est que de la descente.
C’est sans compter un dernier et méchant raidillon de ravin. Là, les crampes aux mollets reprennent pour Jon … et l’obligent à s’allonger sur le sentier ! Plus loin, autre situation insolite: deux chevaux reniflent son sac à dos. Trop beau! Ainsi le long du chemin se succèdent des situations insolites, qui allègent l’effort, ou pas.
Le paysage se dégage et laisse entrevoir la vallée boisée du Doubs d’où émergent bientôt les premières habitations de Saint-Ursanne. A l’arrivée, enfin le rafraîchissement absolu : une copieuse cervoise à l’ombre des platanes, à deux pas de la belle église romane. Sous les combles à l’hôtel de la Cigogne, notre équipement détrempé s’étale tant bien que mal sur les meubles et à la fenêtre d’une jolie chambrette. Repas à la terrasse de La Demie-Lune au bord du Doubs. Succulente tarte flambée. Grande hâte d’aller se coucher et dormir.
Pas de chance! Tout au long de la nuit, nous parviennent les tintamarres : sons des cloches, pétarades de motards, rires dus à quelque excès d’alcool. Fièvre du samedi soir. On est à la veille du traditionnel marché LesEstivades, brocante annuelle de St-Ursanne. Pour Jon encore pris de crampes, la nuit est quasiment blanche. Il est urgent de se procurer du magnésium! Malheureusement, on ne trouvera ni pharmacie ni médecin dans le bled.
Saint-Ursanne au petit matin. Alors que mon Jon, sommeil retrouvé, dort comme un loir, je prends un premier café à l’endroit où les paysans viennent couler le lait. Une file de 4X4 en attente. Echange de quelques mots avec l’un d’eux autour des vaches cornées, pas cornées, canicules, manque d’eau, prix du lait … livré quotidiennement à Estavayer ! Vous avez bien dit Estavayer dans la Broye fribourgeoise ? Oui !
Agréable atmosphère dans les rues. Les stands se mettent en place depuis l'aurore pour Les Estivades. L’échope du bouquiniste deuxième main a déjà ouvert. Je choisis Colline de Giono. Sympa le gars, un peu nostalgique, me l’offre parce que le roman était son sujet de mémoire à l’uni.
Moment de flânerie avec Jon sur le marché. Doux instant au soleil du matin pour un dernier café, à deux pas de l’hôtel de La Couronne. Nous connaissons bien l’endroit pour y avoir fêté la Saint Martin. Dans nos mémoires, les heures de festivités autour du menu tout-cochon avec des amis.
La région du Jura donne une première impression de la diversité topographique de la traversée du Trans Swiss Trail no2 des itinéraires nationaux, allant de Porrentruy à Lugano. Jon a décidé d’affronter d'affilée les étapes, soit 480km, comportant 16.500m de dénivelé cumulé, du parcours balisé de cette traversée du pays en diagonale. Défi lancé !
Arrivés la veille au camping de Saignelégier, nous passons la nuit dans notre bus California, et le quittons au petit matin par les transports publics pour Porrentruy-gare, point de départ de la traversée. Chef-lieu de l’Ajoie et du Clos-du-Doubs, Porrentruy reste gravée dans nos mémoires depuis les belles heures passées ici lors de la Schubertiade. Des mélodies de quatuor flottent encore dans nos têtes.
Petit-déj à la terrasse d’un café au centre de Porrentruy. Longue attente avant d’être servis d’un ramequin … froid. La rue est animée par le marché du samedi. Nous partons direction sud, vers le haut de la vieille ville. Malgré les recommandations d’un habitant bienveillant sur le chemin à emprunter, nous nous retrouvons, par un détour inutile, sur la piste du Parcours Vita! Mal partis!
Chemin retrouvé à l’orée du bois. Nous bifurquons dans une belle campagne aux senteurs et à la lumière d’été, longeant d’immenses champs de maïs dans la direction de la Ferme de Champs Graitoux. Soudain, rencontre insolite : un môme, 10-12 ans tout au plus, une bonne tête, sa planche à roulette sous le bras. Courageux le p’tit gars fait 5km à pied pour se rendre à son entraînement!
Les panneaux indicateurs sont clairs ; restons attentifs néanmoins ! Jusqu’à St-Ursanne la région, très peu habitée, compte beaucoup de forêts. Bêtas, nous négligeons un détail important : dans ce coin du pays, l’eau ne coule pas de source. Ni ruisseau, ni fontaine, pas un filet d’eau sur le parcours. La chaleur de ce week-end, un des plus chauds de l’été, n’épargne pas notre première journée de périple. La montée jusqu’à la crête des Chainions, à 885m, est rude pour les débutants randonneurs que nous sommes. Arrivés au sommet enfin, ruisselants de sueur, c’est déjà la troisième pause pour reprendre notre souffle, s’éponger, s’étendre sur l’herbe. Endroit peu dégagé. Pas de vue. Dans le gîte, à un jet de pierre, une sono à pleins tubes. Une fête de fin de semaine. Pas le courage de marcher cent mètres de plus pour quémander de l’eau, imaginant qu’une fontaine, voire un bistro apparaîtra tout soudain le long du trajet. Utopie!
Bagage trop lourd, crampes de Jon, ses lunettes optiques perdues sur le chemin, gourdes à sec, soif intense … c’en est trop par une telle chaleur! Sur le versant descendant, senteurs de bois surchauffé, chant des oiseaux nous apportent un réconfort certain. Sur les sentiers en lacets, le parcours semble pourtant interminable. La forêt, soudain, fait place à des pâturages boisés.
Village de Seleute enfin. A la terrasse de l'Auberge de la Fontaine affichant Calanda (oui la bière grisonne ici), nous buvons la panachée à pleines gorgées.
Les guêpes ont repéré nos verres. Le restaurateur explique que très récemment un client s’est fait cruellement piquer dans la bouche par l’insecte désobligeant! Sympa, le gars fait le plein d'eau fraîche de nos gourdes. Il nous assure que jusqu’à Saint-Ursanne, ce n’est que de la descente.
C’est sans compter un dernier et méchant raidillon de ravin. Là, les crampes aux mollets reprennent pour Jon … et l’obligent à s’allonger sur le sentier ! Plus loin, autre situation insolite: deux chevaux reniflent son sac à dos. Trop beau! Ainsi le long du chemin se succèdent des situations insolites, qui allègent l’effort, ou pas.
Le paysage se dégage et laisse entrevoir la vallée boisée du Doubs d’où émergent bientôt les premières habitations de Saint-Ursanne. A l’arrivée, enfin le rafraîchissement absolu : une copieuse cervoise à l’ombre des platanes, à deux pas de la belle église romane. Sous les combles à l’hôtel de la Cigogne, notre équipement détrempé s’étale tant bien que mal sur les meubles et à la fenêtre d’une jolie chambrette. Repas à la terrasse de La Demie-Lune au bord du Doubs. Succulente tarte flambée. Grande hâte d’aller se coucher et dormir.
Pas de chance! Tout au long de la nuit, nous parviennent les tintamarres : sons des cloches, pétarades de motards, rires dus à quelque excès d’alcool. Fièvre du samedi soir. On est à la veille du traditionnel marché LesEstivades, brocante annuelle de St-Ursanne. Pour Jon encore pris de crampes, la nuit est quasiment blanche. Il est urgent de se procurer du magnésium! Malheureusement, on ne trouvera ni pharmacie ni médecin dans le bled.
Saint-Ursanne au petit matin. Alors que mon Jon, sommeil retrouvé, dort comme un loir, je prends un premier café à l’endroit où les paysans viennent couler le lait. Une file de 4X4 en attente. Echange de quelques mots avec l’un d’eux autour des vaches cornées, pas cornées, canicules, manque d’eau, prix du lait … livré quotidiennement à Estavayer ! Vous avez bien dit Estavayer dans la Broye fribourgeoise ? Oui !
Agréable atmosphère dans les rues. Les stands se mettent en place depuis l'aurore pour Les Estivades. L’échope du bouquiniste deuxième main a déjà ouvert. Je choisis Colline de Giono. Sympa le gars, un peu nostalgique, me l’offre parce que le roman était son sujet de mémoire à l’uni.
Moment de flânerie avec Jon sur le marché. Doux instant au soleil du matin pour un dernier café, à deux pas de l’hôtel de La Couronne. Nous connaissons bien l’endroit pour y avoir fêté la Saint Martin. Dans nos mémoires, les heures de festivités autour du menu tout-cochon avec des amis.
2. Saint-Ursanne–Soubey
15km – dimanche 30 août 2015
Remontée du Doubs. Trajet varié dans une verdure exceptionnelle. Chaleur torride. Rencontre de gens sympathiques.
Ce dimanche matin, à l’heure de quitter Saint-Ursanne, pas la gueule de bois du lendemain de la Saint-Martin, mais juste l’envie de reprendre le chemin. Nous traversons une passerelle de chantier parallèle au célèbre pont actuellement en restauration. La fameuse statue de Népomucène a été momentanément descellée. Le bon saint n’y est plus pour souhaiter bonne route aux randonneurs ... il s'en excuse.
A l’est de la ville, le Doubs fait un virage à 45°. Là débute une longue balade à travers la réserve naturelle du Doubs (canton du Jura) Jalonnant le parcours, des panneaux didactiques nous informeront sur le cours d’eau et son environnement.
Paysage bucolique, où pique-niqueurs, baigneurs, pêcheurs occupent aujourd’hui les prés verts et plages caillouteuses. Chevaux et bovins, statiques parfois sur les sentiers, nous obligent à les contourner. Déjà des feux se préparent pour la grillade. Jon capte au passage quelques dialectes alémaniques. Des cantons voisins, ils sont venus nombreux profiter d’un dimanche d’été au bord de l’eau. On les comprend. Les rives du Doubs sont magnifiques !
Randonneurs et cyclistes empruntent les sentiers des deux rives. Des Romands s’y aventurent aussi. Rencontre de deux cyclistes en VTT faisant le parcours inverse au nôtre. Ils ont dormi et mangé au restaurant que nous convoitons pour le soir. Ils nous en disent que du bien. Eux-mêmes tiennent un restaurant en Valais.
Les sentiers suivent de près le cours d’eau, la plupart à l’ombre de grands arbres dans une belle diversité d’essences. La marche est agréable sur l’herbe douce … moins sur les sentiers sérieusement accidentés par de vieilles souches et racines. Prudence! il serait trop bête de se fouler une cheville.
Près de Tariche, un bac mène à l’autre rive vers un restaurant-camping attirant du monde. Dans un premier temps, nous prévoyions de passer la nuit à cet endroit. Nous enjamberons la rivière sur la Passerelle de la Charbonnière, en amont. Un break d’abord, le temps du casse-croûte. Et de la baignade.
Chaleur oppressante. Au moment de m’engloutir dans la sublime fraîcheur de l’eau, des canards en nuée, surpris, prennent leur envol. Un vrai bonheur ! Jon après quelques brasses s’assied dans l’eau, juste en bordure. Instantanément, de minuscules poissons grignotent les durillons de ses pieds. (le même service est proposé à grands frais dans les stations balnéaires ou sur les Champs Elysées !) Je l’entends qui rit de ces chatouillis.
Rive droite maintenant. Le chemin s’éloigne du cours d’eau. La vallée élargie est essentiellement agricole. Nos gourdes sont à sec une fois de plus! A la fontaine d’une ferme, pas de bol, le robinet est bloqué par une clé ! Plus de chance à quelque distance, devant un chalet de vacances. Une charmante vacancière du week-end, en maillot de bain, nous sauve de la déshydratation. Elle remplit deux fois nos gourdes à ras. Nous buvons éperdument. Les gens rencontrés sont vraiment sympathiques. Plus loin, invitation à nous asseoir devant une ferme joliment fleurie. Une paysanne bienveillante nous offre une grande cruche d’eau. Parlons de la pluie et du beau temps. Et de choses plus sérieuses : son mari et son beau frère, maintenant à la retraite, sont mécontents. Bien qu’ils se trouvent en pleine forme physique, ils ne peuvent plus se considérer comme actifs sur leur domaine, car pensionnés. Nous lui racontons Lausanne et Lavaux. Elle écoute avec intérêt. Brin d’exotisme pour elle qui ne quitte pas sa ferme.
Poursuite dans un paysage plus dégagé, sous un soleil écrasant. Jon son chapeau, moi ma casquette : nos couvre-chefs sont d’une grande utilité. Arrivée à la proximité de Soubey, aux Moulins où se trouve une importante pisciculture de truites et un moulin légendaire.
Pause panachée sur la première terrasse rencontrée afin d’étancher notre soif, décidément sans fin. Les guêpes visent nos verres, bien qu’on leur ait servi spécialement du sirop dans des bouteilles en pet sur une table voisine. Je sauve là de leur dard un Tabac d’Espagne. Bien joli nom pour ce papillon répertorié de la faune jurassienne.
Repos et repas à l’Hôtel du Cerf à Soubey. Notre chambre est confortable avec vue sur la rivière. Au menu, délicieuse truite du patron. Les restaurateurs du Val-d’Illiez rencontrés sur le trajet le vantaient avec raison. Nous vivons en direct un drame autour d’une clé de voiture égarée. Situation tragi-comique. Le théâtre sous nos yeux. Le couple concerné déplace beaucoup d’air, lui italien surtout, jusque tard dans la soirée. Ils finiront par dormir à l’hôtel. Des touristes de passage occupent toute la terrasse. Zurichois nantis, nostalgiques, déplacés avec des voitures cabriolet anciens modèles bien lustrés. L’endroit est calme au bord de la rivière. A l’église proche, les vitraux de l’artiste Coghuf de Muriaux valent la visite.
Remontée du Doubs. Trajet varié dans une verdure exceptionnelle. Chaleur torride. Rencontre de gens sympathiques.
Ce dimanche matin, à l’heure de quitter Saint-Ursanne, pas la gueule de bois du lendemain de la Saint-Martin, mais juste l’envie de reprendre le chemin. Nous traversons une passerelle de chantier parallèle au célèbre pont actuellement en restauration. La fameuse statue de Népomucène a été momentanément descellée. Le bon saint n’y est plus pour souhaiter bonne route aux randonneurs ... il s'en excuse.
A l’est de la ville, le Doubs fait un virage à 45°. Là débute une longue balade à travers la réserve naturelle du Doubs (canton du Jura) Jalonnant le parcours, des panneaux didactiques nous informeront sur le cours d’eau et son environnement.
Paysage bucolique, où pique-niqueurs, baigneurs, pêcheurs occupent aujourd’hui les prés verts et plages caillouteuses. Chevaux et bovins, statiques parfois sur les sentiers, nous obligent à les contourner. Déjà des feux se préparent pour la grillade. Jon capte au passage quelques dialectes alémaniques. Des cantons voisins, ils sont venus nombreux profiter d’un dimanche d’été au bord de l’eau. On les comprend. Les rives du Doubs sont magnifiques !
Randonneurs et cyclistes empruntent les sentiers des deux rives. Des Romands s’y aventurent aussi. Rencontre de deux cyclistes en VTT faisant le parcours inverse au nôtre. Ils ont dormi et mangé au restaurant que nous convoitons pour le soir. Ils nous en disent que du bien. Eux-mêmes tiennent un restaurant en Valais.
Les sentiers suivent de près le cours d’eau, la plupart à l’ombre de grands arbres dans une belle diversité d’essences. La marche est agréable sur l’herbe douce … moins sur les sentiers sérieusement accidentés par de vieilles souches et racines. Prudence! il serait trop bête de se fouler une cheville.
Près de Tariche, un bac mène à l’autre rive vers un restaurant-camping attirant du monde. Dans un premier temps, nous prévoyions de passer la nuit à cet endroit. Nous enjamberons la rivière sur la Passerelle de la Charbonnière, en amont. Un break d’abord, le temps du casse-croûte. Et de la baignade.
Chaleur oppressante. Au moment de m’engloutir dans la sublime fraîcheur de l’eau, des canards en nuée, surpris, prennent leur envol. Un vrai bonheur ! Jon après quelques brasses s’assied dans l’eau, juste en bordure. Instantanément, de minuscules poissons grignotent les durillons de ses pieds. (le même service est proposé à grands frais dans les stations balnéaires ou sur les Champs Elysées !) Je l’entends qui rit de ces chatouillis.
Rive droite maintenant. Le chemin s’éloigne du cours d’eau. La vallée élargie est essentiellement agricole. Nos gourdes sont à sec une fois de plus! A la fontaine d’une ferme, pas de bol, le robinet est bloqué par une clé ! Plus de chance à quelque distance, devant un chalet de vacances. Une charmante vacancière du week-end, en maillot de bain, nous sauve de la déshydratation. Elle remplit deux fois nos gourdes à ras. Nous buvons éperdument. Les gens rencontrés sont vraiment sympathiques. Plus loin, invitation à nous asseoir devant une ferme joliment fleurie. Une paysanne bienveillante nous offre une grande cruche d’eau. Parlons de la pluie et du beau temps. Et de choses plus sérieuses : son mari et son beau frère, maintenant à la retraite, sont mécontents. Bien qu’ils se trouvent en pleine forme physique, ils ne peuvent plus se considérer comme actifs sur leur domaine, car pensionnés. Nous lui racontons Lausanne et Lavaux. Elle écoute avec intérêt. Brin d’exotisme pour elle qui ne quitte pas sa ferme.
Poursuite dans un paysage plus dégagé, sous un soleil écrasant. Jon son chapeau, moi ma casquette : nos couvre-chefs sont d’une grande utilité. Arrivée à la proximité de Soubey, aux Moulins où se trouve une importante pisciculture de truites et un moulin légendaire.
Pause panachée sur la première terrasse rencontrée afin d’étancher notre soif, décidément sans fin. Les guêpes visent nos verres, bien qu’on leur ait servi spécialement du sirop dans des bouteilles en pet sur une table voisine. Je sauve là de leur dard un Tabac d’Espagne. Bien joli nom pour ce papillon répertorié de la faune jurassienne.
Repos et repas à l’Hôtel du Cerf à Soubey. Notre chambre est confortable avec vue sur la rivière. Au menu, délicieuse truite du patron. Les restaurateurs du Val-d’Illiez rencontrés sur le trajet le vantaient avec raison. Nous vivons en direct un drame autour d’une clé de voiture égarée. Situation tragi-comique. Le théâtre sous nos yeux. Le couple concerné déplace beaucoup d’air, lui italien surtout, jusque tard dans la soirée. Ils finiront par dormir à l’hôtel. Des touristes de passage occupent toute la terrasse. Zurichois nantis, nostalgiques, déplacés avec des voitures cabriolet anciens modèles bien lustrés. L’endroit est calme au bord de la rivière. A l’église proche, les vitraux de l’artiste Coghuf de Muriaux valent la visite.
3. Soubey–Saignelégier
13km – lundi 31 août 2015
A Soubey, la montagne donne l’impression de nous tomber dessus ! La montée jusqu’au plateau franc-montagnard est sévère. Nous laissons à Soubey le surplus de bagages que nous récupérerons le soir en voiture, … l’occasion de déguster encore une fois la délicieuse truite !
A l’épicerie du coin. Le prix de la bouteille d’eau a pris l’ascenseur. « Il faut beaucoup d’électricité pour la tenir au frais, pensez par ces chaleurs ! » justifie la vendeuse. Dès aujourd’hui, le plein de nos gourdes se fera au lavabo. Jon questionne un paysan sur le meilleur itinéraire à emprunter. En manoeuvrant son tracteur, il finit par dire qu’il se rend en voiture à Saignelégier dans l’après-midi, … si on veut bien attendre, il nous y emmènera volontiers ... merci, c’est très gentil!
Laissant les deux voies possibles conseillées par le TST , c.-à-d. Les Pommerats et Goumois, nous optons pour la direction Saignelégier qui indique 3h de marche depuis ici. Le nez levé vers la montagne, … qui semble nous narguer, nous quittons dare-dare entamant la traversée d’un pâturage très pentu, sans bovins aujourd’hui, Dieu merci ! Jon décide de poursuivre sur la route cantonale. Mince ! Nous nous égarons, pensant bien faire en coupant à travers les lacets. Les indications sont de moins en moins claires. Apparaît soudain, en pleine forêt, un fourgon transport-handicap. Nous questionnons la conductrice. Elle n’a pas connaissance d’un chemin de randonnée par ici. Dubitatifs, consultant la carte et le GPS, nous suivons une petite route qui paraît mener nulle part. Nous voilà soudain au bas d’une rampe, sentier peu distinct, tout en zigzags dans la forêt, escalier en colimaçon. Sur de gros cailloux, des indications fléchées pour vététistes ! Faut être fou pour pédaler par là ! Plusieurs arrêts obligés afin de reprendre notre souffle. La fraîcheur de la forêt n’empêche pas la sudation. Mais là-haut, où aboutit le chemin, la récompense !
A l’orée du bois, le coup de cœur. La beauté du paysage dans le soleil et le vent. L’odeur d’un champ fauché. Le plat, enfin ! La satisfaction d’avoir effectué le plus pénible de l’étape. Nous sommes arrivés aux Enfers (!) Oui, c’est bien le nom de la localité qui se voit au loin. Violent, le vent demande d’ajuster nos couvre-chefs. Nous cheminons plus loin à la lisière d’une forêt de sapins, puis à travers des pâturages boisés, enfin sur un plateau d’altitude dégagé, immense. Soleil et vent de plein fouet. Belle sensation d’évasion, d’aventure. Jusqu’ à la chapelle de La Bosse, non loin du Bémont.
De style néogothique, la chapelle abrite un mobilier précieux. Certaines pièces, comme une statue de Saint-Jérôme sont visibles dans des vitrines sécurisées. On apprend ici, qu’il existe un itinéraire pour la visite des chapelles jurassiennes. Dans la région, les panneaux indicateurs multiples envoient à des intérêts divers : culturels, sportifs, scientifiques. Humbles randonneurs suivant la signalisation jaune des marcheurs allant droit leur chemin, yeux ouverts mais sans intérêts particuliers, nous répondons maintenant au plus pressant : le creux à l’estomac. Aux Cufattes, nous nous installons pour le pique-nique à l’ombre d’un tilleul, proche d’une ferme appartenant à un bel ensemble d’habitations rurales. Un chien aboie puis nous observe, sans broncher, en bon gardien, jusqu’à ce qu’on quitte.
Au centre du Bémont, près de l’Auberge de Jeunesse, le chemin bifurque vers un plateau de pâturages et d’étangs. Nous voici pleinement dans les Franches-Montagnes, pays inconditionnel du cheval. Des troupeaux paissent dans des semblant d’enclos, en quasi liberté. C’est beau ! A un jet de pierre, le camping de Saignelégier.
A propos du camping
Situé à 1,5 km de la ville dans un pâturage boisé, il invite via son site internet à un pur moment de détente, … c’est sans compter la route à proximité, le trafic des machines agricoles ayant droit de traverser le site, les fêtards jusqu’au petit matin. La philosophie de l’endroit est pourtant intéressante : énergie solaire pour l’électricité, le gaz pour le chauffage, invitation à économiser l’eau, à trier ses déchets. Sympa aussi la possibilité de faire des feux de bois devant sa tente ou son camper, de dormir dans une yourte ou une cabane dans les arbres. Très commode : l’arrêt du car postal à l’entrée du site.
A Soubey, la montagne donne l’impression de nous tomber dessus ! La montée jusqu’au plateau franc-montagnard est sévère. Nous laissons à Soubey le surplus de bagages que nous récupérerons le soir en voiture, … l’occasion de déguster encore une fois la délicieuse truite !
A l’épicerie du coin. Le prix de la bouteille d’eau a pris l’ascenseur. « Il faut beaucoup d’électricité pour la tenir au frais, pensez par ces chaleurs ! » justifie la vendeuse. Dès aujourd’hui, le plein de nos gourdes se fera au lavabo. Jon questionne un paysan sur le meilleur itinéraire à emprunter. En manoeuvrant son tracteur, il finit par dire qu’il se rend en voiture à Saignelégier dans l’après-midi, … si on veut bien attendre, il nous y emmènera volontiers ... merci, c’est très gentil!
Laissant les deux voies possibles conseillées par le TST , c.-à-d. Les Pommerats et Goumois, nous optons pour la direction Saignelégier qui indique 3h de marche depuis ici. Le nez levé vers la montagne, … qui semble nous narguer, nous quittons dare-dare entamant la traversée d’un pâturage très pentu, sans bovins aujourd’hui, Dieu merci ! Jon décide de poursuivre sur la route cantonale. Mince ! Nous nous égarons, pensant bien faire en coupant à travers les lacets. Les indications sont de moins en moins claires. Apparaît soudain, en pleine forêt, un fourgon transport-handicap. Nous questionnons la conductrice. Elle n’a pas connaissance d’un chemin de randonnée par ici. Dubitatifs, consultant la carte et le GPS, nous suivons une petite route qui paraît mener nulle part. Nous voilà soudain au bas d’une rampe, sentier peu distinct, tout en zigzags dans la forêt, escalier en colimaçon. Sur de gros cailloux, des indications fléchées pour vététistes ! Faut être fou pour pédaler par là ! Plusieurs arrêts obligés afin de reprendre notre souffle. La fraîcheur de la forêt n’empêche pas la sudation. Mais là-haut, où aboutit le chemin, la récompense !
A l’orée du bois, le coup de cœur. La beauté du paysage dans le soleil et le vent. L’odeur d’un champ fauché. Le plat, enfin ! La satisfaction d’avoir effectué le plus pénible de l’étape. Nous sommes arrivés aux Enfers (!) Oui, c’est bien le nom de la localité qui se voit au loin. Violent, le vent demande d’ajuster nos couvre-chefs. Nous cheminons plus loin à la lisière d’une forêt de sapins, puis à travers des pâturages boisés, enfin sur un plateau d’altitude dégagé, immense. Soleil et vent de plein fouet. Belle sensation d’évasion, d’aventure. Jusqu’ à la chapelle de La Bosse, non loin du Bémont.
De style néogothique, la chapelle abrite un mobilier précieux. Certaines pièces, comme une statue de Saint-Jérôme sont visibles dans des vitrines sécurisées. On apprend ici, qu’il existe un itinéraire pour la visite des chapelles jurassiennes. Dans la région, les panneaux indicateurs multiples envoient à des intérêts divers : culturels, sportifs, scientifiques. Humbles randonneurs suivant la signalisation jaune des marcheurs allant droit leur chemin, yeux ouverts mais sans intérêts particuliers, nous répondons maintenant au plus pressant : le creux à l’estomac. Aux Cufattes, nous nous installons pour le pique-nique à l’ombre d’un tilleul, proche d’une ferme appartenant à un bel ensemble d’habitations rurales. Un chien aboie puis nous observe, sans broncher, en bon gardien, jusqu’à ce qu’on quitte.
Au centre du Bémont, près de l’Auberge de Jeunesse, le chemin bifurque vers un plateau de pâturages et d’étangs. Nous voici pleinement dans les Franches-Montagnes, pays inconditionnel du cheval. Des troupeaux paissent dans des semblant d’enclos, en quasi liberté. C’est beau ! A un jet de pierre, le camping de Saignelégier.
A propos du camping
Situé à 1,5 km de la ville dans un pâturage boisé, il invite via son site internet à un pur moment de détente, … c’est sans compter la route à proximité, le trafic des machines agricoles ayant droit de traverser le site, les fêtards jusqu’au petit matin. La philosophie de l’endroit est pourtant intéressante : énergie solaire pour l’électricité, le gaz pour le chauffage, invitation à économiser l’eau, à trier ses déchets. Sympa aussi la possibilité de faire des feux de bois devant sa tente ou son camper, de dormir dans une yourte ou une cabane dans les arbres. Très commode : l’arrêt du car postal à l’entrée du site.
4. Saignelégier–Saint-Imier
18km – mardi 1er septembre 2015
Gravir le Mont Soleil situé à près de 1300m, puis emprunter une sérieuse descente en lacets jusqu’à St Imier. Nous cheminons heureusement entre les gouttes de pluie jusqu’à l’arrivée.
La fraîcheur du matin est bienvenue. Au départ de l’itinéraire à Saignelégier, découverte de la grande halle équestre, à clochetons, emblématique. La TV nous la présente chaque année au moment du traditionnel Marché-Concours, la grand-messe du cheval. Elle domine un terrain immense. On imagine les courses de chars dans les effluves d’écurie, les milliers de passionnés accourus à la manifestation.
Direction les Breuleux par Les Emibois, Le Roselet. Pause café à cet endroit pour consulter plus précisément la carte, puis départ le long de la route cantonale. La présence de l’industrie horlogère, du moins de ce qu’il en reste est encore visible dans la localité des Breuleux. Le Cinéma Lux par exemple, construction des années 50 et vestige de cette belle époque, est toujours en activité. Arrêt dans une épicerie. Le vendeur nous dit que sa fille a œuvré au balisage du Trans Swiss Trail. Plus loin, une enseigne indique « fermé » devant l’entrée grande ouverte d’un hôtel. Oups j’entre et me faufile dans les WC ! … et Jon qui veille à distance à ce que personne ne referme la porte. Drôle !
Au pied du Mont Soleil, la zone forestière est absolument superbe. Assurément un de nos coups de cœur sur le parcours du TST. Les chevaux paissent en quasi liberté sur une herbe douce, entre des sapins majestueux. Nous gravissons plus loin à travers les pâturages forestiers. Quelques conseils d’usage pour ne pas déranger les bovins : marcher droit, rapidement, sans bruit, si possible un bâton à la main, au cas où … Je cours presque. Plus serein, Jon grand ami des bêtes, marche tranquillement. Au sommet, jeune taureau s’approche, nous effraie un peu. Il cherche probablement à s’amuser (sic)
Le Mont-Soleil porte bien son nom. Dans le programme d’exploitation des énergies renouvelables, il accueille une importante installation de panneaux solaires qui donnent un aspect futuriste à l’endroit. Les panneaux servent judicieusement de parapluie et de parasol aux moutons. Les éoliennes ont aussi leur place sur ce sommet. Avec le Mont-Crosin son voisin, le Mont-Soleil forme la plus grande installation du genre en Suisse. Côté sud/est, le Chasseral majestueux donne l’impression du grand frère qui observe.
Un funiculaire permet d’éviter la descente à pic vers St-Imier … fi ! Pas de raccourci sur notre traversée ! Nous nous lançons dans la pente raide. Un écureuil surgissant, des cairns installés au bord du sentier et très vite les rumeurs de la ville allègent la fatigue de fin de parcours.
Arrivée, place du Marché. La panachée pour récompense. L’orage éclate brusquement, il pleut des seilles. Quel bol d’avoir pu marcher au sec! Emplettes sur le chemin qui mène à la gare (tablettes de magnésium à la pharmacie, enfin !) Les transports publics nous reconduisent au camping de Saignelégier pour la nuit. Ultime nuit et repas chaud dans notre habitacle roulant, Eole notre VW bus, empli d’autres souvenirs d’évasion de la dernière décennie. Le lendemain, il sera garé au parking CFF à Saint-Imiter, le temps de la marche vers Chézard, dans le Val-de Ruz.
Gravir le Mont Soleil situé à près de 1300m, puis emprunter une sérieuse descente en lacets jusqu’à St Imier. Nous cheminons heureusement entre les gouttes de pluie jusqu’à l’arrivée.
La fraîcheur du matin est bienvenue. Au départ de l’itinéraire à Saignelégier, découverte de la grande halle équestre, à clochetons, emblématique. La TV nous la présente chaque année au moment du traditionnel Marché-Concours, la grand-messe du cheval. Elle domine un terrain immense. On imagine les courses de chars dans les effluves d’écurie, les milliers de passionnés accourus à la manifestation.
Direction les Breuleux par Les Emibois, Le Roselet. Pause café à cet endroit pour consulter plus précisément la carte, puis départ le long de la route cantonale. La présence de l’industrie horlogère, du moins de ce qu’il en reste est encore visible dans la localité des Breuleux. Le Cinéma Lux par exemple, construction des années 50 et vestige de cette belle époque, est toujours en activité. Arrêt dans une épicerie. Le vendeur nous dit que sa fille a œuvré au balisage du Trans Swiss Trail. Plus loin, une enseigne indique « fermé » devant l’entrée grande ouverte d’un hôtel. Oups j’entre et me faufile dans les WC ! … et Jon qui veille à distance à ce que personne ne referme la porte. Drôle !
Au pied du Mont Soleil, la zone forestière est absolument superbe. Assurément un de nos coups de cœur sur le parcours du TST. Les chevaux paissent en quasi liberté sur une herbe douce, entre des sapins majestueux. Nous gravissons plus loin à travers les pâturages forestiers. Quelques conseils d’usage pour ne pas déranger les bovins : marcher droit, rapidement, sans bruit, si possible un bâton à la main, au cas où … Je cours presque. Plus serein, Jon grand ami des bêtes, marche tranquillement. Au sommet, jeune taureau s’approche, nous effraie un peu. Il cherche probablement à s’amuser (sic)
Le Mont-Soleil porte bien son nom. Dans le programme d’exploitation des énergies renouvelables, il accueille une importante installation de panneaux solaires qui donnent un aspect futuriste à l’endroit. Les panneaux servent judicieusement de parapluie et de parasol aux moutons. Les éoliennes ont aussi leur place sur ce sommet. Avec le Mont-Crosin son voisin, le Mont-Soleil forme la plus grande installation du genre en Suisse. Côté sud/est, le Chasseral majestueux donne l’impression du grand frère qui observe.
Un funiculaire permet d’éviter la descente à pic vers St-Imier … fi ! Pas de raccourci sur notre traversée ! Nous nous lançons dans la pente raide. Un écureuil surgissant, des cairns installés au bord du sentier et très vite les rumeurs de la ville allègent la fatigue de fin de parcours.
Arrivée, place du Marché. La panachée pour récompense. L’orage éclate brusquement, il pleut des seilles. Quel bol d’avoir pu marcher au sec! Emplettes sur le chemin qui mène à la gare (tablettes de magnésium à la pharmacie, enfin !) Les transports publics nous reconduisent au camping de Saignelégier pour la nuit. Ultime nuit et repas chaud dans notre habitacle roulant, Eole notre VW bus, empli d’autres souvenirs d’évasion de la dernière décennie. Le lendemain, il sera garé au parking CFF à Saint-Imiter, le temps de la marche vers Chézard, dans le Val-de Ruz.
5. St-Imier–Chézard
15km – mercredi 2 septembre 2015
La balade de ce jour nous mène du canton du Jura à celui de Neuchâtel par les hauteurs du Bec à l’Oiseau. Le temps est partiellement couvert mais prédit une amélioration pour les prochains jours. Merci le ciel !
Saint-Imier 800m d’altitude, dans le val éponyme, étonne par son architecture. Ses rues en damiers à l’américaine témoignent du début de l’ère de l’industrialisation horlogère. Il en reste l’imposante fabrique de montres Longines que l’on aperçoit après avoir quitté la gare. Nous marchons sur le trottoir en direction de Sonvilier, autre bourgade industrielle. Et continuons à l’orée des bois jusqu’à la hauteur de Renan. Là, un sérieux raidillon aboutit dans une belle aire de pâturages, typiquement jurassienne : grands sapins, prés verdoyants, roches de calcaires. Cette montagne est assez jeune nous apprend le guide du TST : elle s’est créée il y a dix millions d’années !
Arrivée à la Buvette du Bec à l’Oiseau. D’ici, on devrait voir les Alpes au loin, mais pas de chance, le ciel est partiellement couvert. Un vent violent nous fouette le visage. Alors que nous cherchons en vain un endroit abrité, la patronne du restaurant nous accueille dans sa cuisine, (ce n'est habituellement ouvert que de novembre à avril pour les skieurs de fond et amateurs de raquettes) Et nous voilà au coin du feu à grignoter notre pique-nique. Les Jurassiens rencontrés jusqu’ici se sont montrés fort bienveillants.
Nous laissons Madame Winkler et son vieux chien. Séchés, restaurés, le pied léger, nous reprenons la route vers Chézard. Au départ elle est étroite, bordée de denses épineux qui, apprend-on, protègent le chaussée des congères en hiver. Un véritable tunnel sur quelques 300 mètres.
La descente sur le bitume traverse des villages paysans de Pertuis à la plaine des Vieux Prés. Soudain, une scène brutale sous nos yeux : quatre hommes tentent de pousser un porc dans un fourgon. L’animal hurle. Dure réalité. Demain pas de viande dans nos sandwich ! (?)
Le chemin sillonne dans forêts et pâturages jusqu’à Chézard. On devine Chaumont et Tête de Ran à travers les feuillages, le Val-de-Ruz qui s’étend entre les collines boisées. Le Chasseral, le plus élevé, domine la plaine. Le temps s’est remis au beau fixe.
A ce point du parcours, des amis neuchâtelois ont prévu de nous emmener pour la nuit à Dombresson chez leur maman et de nous cueillir le lendemain à Neuchâtel pour B&B chez eux … c’est bon d’avoir des amis !
La balade de ce jour nous mène du canton du Jura à celui de Neuchâtel par les hauteurs du Bec à l’Oiseau. Le temps est partiellement couvert mais prédit une amélioration pour les prochains jours. Merci le ciel !
Saint-Imier 800m d’altitude, dans le val éponyme, étonne par son architecture. Ses rues en damiers à l’américaine témoignent du début de l’ère de l’industrialisation horlogère. Il en reste l’imposante fabrique de montres Longines que l’on aperçoit après avoir quitté la gare. Nous marchons sur le trottoir en direction de Sonvilier, autre bourgade industrielle. Et continuons à l’orée des bois jusqu’à la hauteur de Renan. Là, un sérieux raidillon aboutit dans une belle aire de pâturages, typiquement jurassienne : grands sapins, prés verdoyants, roches de calcaires. Cette montagne est assez jeune nous apprend le guide du TST : elle s’est créée il y a dix millions d’années !
Arrivée à la Buvette du Bec à l’Oiseau. D’ici, on devrait voir les Alpes au loin, mais pas de chance, le ciel est partiellement couvert. Un vent violent nous fouette le visage. Alors que nous cherchons en vain un endroit abrité, la patronne du restaurant nous accueille dans sa cuisine, (ce n'est habituellement ouvert que de novembre à avril pour les skieurs de fond et amateurs de raquettes) Et nous voilà au coin du feu à grignoter notre pique-nique. Les Jurassiens rencontrés jusqu’ici se sont montrés fort bienveillants.
Nous laissons Madame Winkler et son vieux chien. Séchés, restaurés, le pied léger, nous reprenons la route vers Chézard. Au départ elle est étroite, bordée de denses épineux qui, apprend-on, protègent le chaussée des congères en hiver. Un véritable tunnel sur quelques 300 mètres.
La descente sur le bitume traverse des villages paysans de Pertuis à la plaine des Vieux Prés. Soudain, une scène brutale sous nos yeux : quatre hommes tentent de pousser un porc dans un fourgon. L’animal hurle. Dure réalité. Demain pas de viande dans nos sandwich ! (?)
Le chemin sillonne dans forêts et pâturages jusqu’à Chézard. On devine Chaumont et Tête de Ran à travers les feuillages, le Val-de-Ruz qui s’étend entre les collines boisées. Le Chasseral, le plus élevé, domine la plaine. Le temps s’est remis au beau fixe.
A ce point du parcours, des amis neuchâtelois ont prévu de nous emmener pour la nuit à Dombresson chez leur maman et de nous cueillir le lendemain à Neuchâtel pour B&B chez eux … c’est bon d’avoir des amis !
6. Chézard–Neuchâtel
11km – jeudi 3 septembre 2015
Etape courte que le TST a probablement prévue afin de relâcher le rythme de croisière. Après une nuit passée à Dombresson, nous quittons direction Neuchâtel. Belle descente, le lac en champ de vision à travers les feuillages.
La dame au grand âge et au grand cœur qui nous a logés, nous a émus par son chaleureux accueil. Sa collection de dés à coudre nous a étonné et son goût inconditionnel pour le chocolat pour le moins surpris. Merci pour nous avoir reçus à votre table, pour les lits préparés avec attention! Nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Le plateau d’altitude du Val-de-Ruz dévoile une vallée fertile. On l’appelle le grenier de la région neuchâteloise. Surplombant cette campagne, face à nous, Chaumont « lui qui cache le lac ». Le long de terrains agricoles, le centre d’un club d’aéromodélisme. Passage interdit aux chevaux (?) un espace légal pour chacun dans notre pays démocratique !
A Engollon, l’établissement Terre aux Fées porte bien son nom. Une pause s’impose dans son cadre chaleureux. Le restaurant offre une carte de produits bio fournis par des producteurs et artisans de la région. Le chocolat chaud maison … un délice ! A deux pas, le Temple Saint-Pierre, monument historique datant du Moyen Age. Les fresques murales sont classées au patrimoine.
Sur notre passage, vieilles fontaines et maisons restaurées, ravissants jardins potagers, témoignent d’un l’attachement à cet endroit de campagne. Comme à Fenin-Vilars-Saule, où les propriétaires probablement pendulaires semblent apprécier le calme et la verdure. Fenin-Vilars-Saule fait partie de l’ensemble des 15 villages formant la commune Val-de-Ruz.
Et voilà qu’une pente courte mais sérieuse met soudain nos mollets à l’épreuve. Dans un enclos un jeune poney déguisé en zèbre, oui ! Surprenant. Le parcours longe le flanc de Chaumont jusqu’à la hauteur de Valangin. La forêt trop dense à cet endroit permet à peine d’apercevoir le château. Encore un bout de chemin pentu jusqu’à la crête boisée de Chaumont, puis la grande descente vers Neuchâtel. L’impression d’emprunter un toboggan à ce point de notre périple, après tant d’efforts depuis Porrentruy!
Agréable trajet dans les bois, sur un sol de terre, le lac visible à travers les feuillages. Sur les hauts de la ville, vers le Parcours Vita, une promeneuse nous indique qu’à quelques minutes se trouve le Centre Dürenmatt construit par Mario Botta. Trop paresseux et parce que nous connaissons déjà, nous ne bifurquons pas.
Voici la ville. Encore quelques rues à traverser, à contourner des pâtés d’imposantes maisons en pierre jaune d’Hauterive. Au centre, la belle place Pury nous accueille dans le soleil. Passage au Bancomat, finances obligent. Arrivée au vieux port, fin de la sixième étape … une des plus cool du parcours !
Midi. L’esplanade est envahie par des étudiants à l’heure du pique-nique. Certains sont nichés sur un banc surdimensionné, vestige des commémorations du millénaire de la ville en 2011, œuvre de l’artiste français Lilian Bourgeat. Bon moment de détente au bord de l’eau. Canards, mouettes, bateaux. L’atmosphère diffère totalement.
Agréable parenthèse dans la maison de nos amis à Bevaix. Soirée à évoquer nos souvenirs communs. Dormons à poings fermés. Les fringues sont lavées et séchées. Merci ! L’étape du lendemain débute sur l’autre rive du lac, à Cudrefin.
Etape courte que le TST a probablement prévue afin de relâcher le rythme de croisière. Après une nuit passée à Dombresson, nous quittons direction Neuchâtel. Belle descente, le lac en champ de vision à travers les feuillages.
La dame au grand âge et au grand cœur qui nous a logés, nous a émus par son chaleureux accueil. Sa collection de dés à coudre nous a étonné et son goût inconditionnel pour le chocolat pour le moins surpris. Merci pour nous avoir reçus à votre table, pour les lits préparés avec attention! Nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Le plateau d’altitude du Val-de-Ruz dévoile une vallée fertile. On l’appelle le grenier de la région neuchâteloise. Surplombant cette campagne, face à nous, Chaumont « lui qui cache le lac ». Le long de terrains agricoles, le centre d’un club d’aéromodélisme. Passage interdit aux chevaux (?) un espace légal pour chacun dans notre pays démocratique !
A Engollon, l’établissement Terre aux Fées porte bien son nom. Une pause s’impose dans son cadre chaleureux. Le restaurant offre une carte de produits bio fournis par des producteurs et artisans de la région. Le chocolat chaud maison … un délice ! A deux pas, le Temple Saint-Pierre, monument historique datant du Moyen Age. Les fresques murales sont classées au patrimoine.
Sur notre passage, vieilles fontaines et maisons restaurées, ravissants jardins potagers, témoignent d’un l’attachement à cet endroit de campagne. Comme à Fenin-Vilars-Saule, où les propriétaires probablement pendulaires semblent apprécier le calme et la verdure. Fenin-Vilars-Saule fait partie de l’ensemble des 15 villages formant la commune Val-de-Ruz.
Et voilà qu’une pente courte mais sérieuse met soudain nos mollets à l’épreuve. Dans un enclos un jeune poney déguisé en zèbre, oui ! Surprenant. Le parcours longe le flanc de Chaumont jusqu’à la hauteur de Valangin. La forêt trop dense à cet endroit permet à peine d’apercevoir le château. Encore un bout de chemin pentu jusqu’à la crête boisée de Chaumont, puis la grande descente vers Neuchâtel. L’impression d’emprunter un toboggan à ce point de notre périple, après tant d’efforts depuis Porrentruy!
Agréable trajet dans les bois, sur un sol de terre, le lac visible à travers les feuillages. Sur les hauts de la ville, vers le Parcours Vita, une promeneuse nous indique qu’à quelques minutes se trouve le Centre Dürenmatt construit par Mario Botta. Trop paresseux et parce que nous connaissons déjà, nous ne bifurquons pas.
Voici la ville. Encore quelques rues à traverser, à contourner des pâtés d’imposantes maisons en pierre jaune d’Hauterive. Au centre, la belle place Pury nous accueille dans le soleil. Passage au Bancomat, finances obligent. Arrivée au vieux port, fin de la sixième étape … une des plus cool du parcours !
Midi. L’esplanade est envahie par des étudiants à l’heure du pique-nique. Certains sont nichés sur un banc surdimensionné, vestige des commémorations du millénaire de la ville en 2011, œuvre de l’artiste français Lilian Bourgeat. Bon moment de détente au bord de l’eau. Canards, mouettes, bateaux. L’atmosphère diffère totalement.
Agréable parenthèse dans la maison de nos amis à Bevaix. Soirée à évoquer nos souvenirs communs. Dormons à poings fermés. Les fringues sont lavées et séchées. Merci ! L’étape du lendemain débute sur l’autre rive du lac, à Cudrefin.
7. Cudrefin–Morat
18km –vendredi 4 septembre 2015
D'un lac à l'autre. Le parcours mène au sommet du Mont Vully, d’où une vue sur la région des lacs, du littoral et des Alpes. Montée plus rude que prévue. Descente à travers les vignobles. Il fait très chaud.
A Cudrefin, le chemin mène le long du lac bordé d’une dense roselière. Nous sommes au nord de la réserve de la Grande Cariçaie qui s’étend d’Yverdon jusqu’au canal de la Broye. Nous longeons le grand camping de Cudrefin donnant sur une petite plage. C’est un véritable village … mais pas un chat en cette saison. Si, juste un monsieur d’un certain âge qui vit ici, nous dit-il, une grande partie de l’année. Il vient d’Engelberg. Il est alémanique comme la plupart des résidants, précise-t--il. Nous profitons des sanitaires propres à lécher.
Peu avant le centre-nature de La Sauge, il y a un étang. Des bruits d’eau et des rires de jeunes gens proviennent de derrière une épaisse verdure. Probablement une heureuse baignade. Le chemin bifurque sur la rive du canal de la Broye, puis passe à proximité du centre nommé.
Après les berges de joncs, place à des champs de terre. Nous admirons une parcelle de belle terre, presque noire. Un agriculteur la marque de sillons. Quel cadeau de jardiner ici ! La plaine fertile de la région des lacs – nous rappelle le guide TST- produit près de 20% des fruits et légumes suisses. Nous pensons à nos vaines tentatives de jardinage sur notre lopin de terre glaise du Jorat.
Une pente sérieuse maintenant conduit vers le sommet du Mont Vully, à 653m d’altitude. On l’imaginait plus douce sur ce contrefort des montagnes jurassiennes. Le chemin est forestier sur la majeure partie du trajet bien heureusement. Le soleil est au zénith.
Surprise sur ce flanc du Mont Vully : une piste d’entraînement de moto cross dans une clairière abritée. Non loin, se trouvent des grottes taillées dans la molasse par l’armée, que nous ne verrons pas. Une autre curiosité pour le moins insolite sur le parcours, c’est bien la pierre erratique découverte par le glaciologue Louis Agassiz. On apprend que, lors de la période glacière, le bloc errant de gneiss a fait le voyage du massif de la Furka jusqu’ici. Un peu notre voyage inverse en quelque sorte … en d’autres temps et à un autre rythme !
Au sommet, le plateau clairsemé de grands arbres n’offre pas la vue panoramique imaginée. La partie sud/est sur le Mitteland et les Alpes et pré-Alpes au loin est bien visible, tandis qu’il faut tordre son cou pour deviner les lacs de Neuchâtel et Bienne entre les feuillages. Pique-nique sur un banc. Nous séchons au soleil. En contre-bas, le lac. En face, la ville de Morat, comme un signe de bienvenue.
Encore 10km jusqu’à elle. La descente sur le versant sud passe à travers les vignobles. Des panneaux didactiques informent sur les vins vulliérans. Le fruit est mûr à point, les grappes lourdes, les vendanges imminentes. Une alarme retentit à notre passage. Elle a dû confondre nos silhouettes avec celle de quelque volatile !
Arrivée à Sugiez. La route mène ensuite dans le Chablais, grande plantation de feuillus dont des peupliers jadis produisaient le bois d’allumettes. La rive tirée à la règle est si droite que sur le chemin, on aperçoit qui va nous croiser à des centaines de mètres. Dans ce tunnel de verdure, des promeneurs et leur chien, cyclistes joggeurs, pas nombreux.
Contournement de la rive à Muntelier et poursuite vers Morat sur le chemin lacustre où les maisons particulières excellent en diversité. Des petits chalets avec nains de jardin aux maisons de maître cossues, à celles à une architecture actuelle. Le droit de passage a subsisté, merci ! Plus loin, insolite, une petite construction en tôle rouillée sur pilotis, dans l’esprit du cube de Jean Nouvel. Chapelle pendant l’expo 2002, elle sert aujourd’hui de lieu d’expositions.
A Morat, nous retrouvons un ami à la terrasse d’un restaurant au bord de l’eau. Endroit noir de monde en cette fin de semaine de plein été. Nous buvons la panachée à pleines gorgées. Amitié et soleil, doux amalgame.
D'un lac à l'autre. Le parcours mène au sommet du Mont Vully, d’où une vue sur la région des lacs, du littoral et des Alpes. Montée plus rude que prévue. Descente à travers les vignobles. Il fait très chaud.
A Cudrefin, le chemin mène le long du lac bordé d’une dense roselière. Nous sommes au nord de la réserve de la Grande Cariçaie qui s’étend d’Yverdon jusqu’au canal de la Broye. Nous longeons le grand camping de Cudrefin donnant sur une petite plage. C’est un véritable village … mais pas un chat en cette saison. Si, juste un monsieur d’un certain âge qui vit ici, nous dit-il, une grande partie de l’année. Il vient d’Engelberg. Il est alémanique comme la plupart des résidants, précise-t--il. Nous profitons des sanitaires propres à lécher.
Peu avant le centre-nature de La Sauge, il y a un étang. Des bruits d’eau et des rires de jeunes gens proviennent de derrière une épaisse verdure. Probablement une heureuse baignade. Le chemin bifurque sur la rive du canal de la Broye, puis passe à proximité du centre nommé.
Après les berges de joncs, place à des champs de terre. Nous admirons une parcelle de belle terre, presque noire. Un agriculteur la marque de sillons. Quel cadeau de jardiner ici ! La plaine fertile de la région des lacs – nous rappelle le guide TST- produit près de 20% des fruits et légumes suisses. Nous pensons à nos vaines tentatives de jardinage sur notre lopin de terre glaise du Jorat.
Une pente sérieuse maintenant conduit vers le sommet du Mont Vully, à 653m d’altitude. On l’imaginait plus douce sur ce contrefort des montagnes jurassiennes. Le chemin est forestier sur la majeure partie du trajet bien heureusement. Le soleil est au zénith.
Surprise sur ce flanc du Mont Vully : une piste d’entraînement de moto cross dans une clairière abritée. Non loin, se trouvent des grottes taillées dans la molasse par l’armée, que nous ne verrons pas. Une autre curiosité pour le moins insolite sur le parcours, c’est bien la pierre erratique découverte par le glaciologue Louis Agassiz. On apprend que, lors de la période glacière, le bloc errant de gneiss a fait le voyage du massif de la Furka jusqu’ici. Un peu notre voyage inverse en quelque sorte … en d’autres temps et à un autre rythme !
Au sommet, le plateau clairsemé de grands arbres n’offre pas la vue panoramique imaginée. La partie sud/est sur le Mitteland et les Alpes et pré-Alpes au loin est bien visible, tandis qu’il faut tordre son cou pour deviner les lacs de Neuchâtel et Bienne entre les feuillages. Pique-nique sur un banc. Nous séchons au soleil. En contre-bas, le lac. En face, la ville de Morat, comme un signe de bienvenue.
Encore 10km jusqu’à elle. La descente sur le versant sud passe à travers les vignobles. Des panneaux didactiques informent sur les vins vulliérans. Le fruit est mûr à point, les grappes lourdes, les vendanges imminentes. Une alarme retentit à notre passage. Elle a dû confondre nos silhouettes avec celle de quelque volatile !
Arrivée à Sugiez. La route mène ensuite dans le Chablais, grande plantation de feuillus dont des peupliers jadis produisaient le bois d’allumettes. La rive tirée à la règle est si droite que sur le chemin, on aperçoit qui va nous croiser à des centaines de mètres. Dans ce tunnel de verdure, des promeneurs et leur chien, cyclistes joggeurs, pas nombreux.
Contournement de la rive à Muntelier et poursuite vers Morat sur le chemin lacustre où les maisons particulières excellent en diversité. Des petits chalets avec nains de jardin aux maisons de maître cossues, à celles à une architecture actuelle. Le droit de passage a subsisté, merci ! Plus loin, insolite, une petite construction en tôle rouillée sur pilotis, dans l’esprit du cube de Jean Nouvel. Chapelle pendant l’expo 2002, elle sert aujourd’hui de lieu d’expositions.
A Morat, nous retrouvons un ami à la terrasse d’un restaurant au bord de l’eau. Endroit noir de monde en cette fin de semaine de plein été. Nous buvons la panachée à pleines gorgées. Amitié et soleil, doux amalgame.
8. Morat–Laupen
14km – samedi 5 septembre 2015
Du lac à la rivière, d’une bataille à l’autre
Morat n‘a rien perdu de son charme, ni le lac de son attrait. Le centre médiéval est resté intact tout comme le mur d’enceinte, épargné de la démolition en 1900, faute de moyens financiers. On l’a échappée belle ! En traversant les rues, nous nous rappelons la course commémorative de la bataille de Morat à laquelle nous participions: le bain de foule, l’atmosphère avant le départ, les survêtements abandonnés sur les branches des platanes, l’odeur des baumes chauffants, autant de souvenirs dans nos têtes. Jon a passé la nuit à Morat alors que j'ai fait un saut de puce à la maison pour faire ma lessive car j'ai décidé de poursuivre avec lui la traversée.
Nous quittons la cité en direction de l’est. Les fermes aux grandes toitures et aux fenêtres fleuries de géraniums, les jardins potagers tip-top. Le randonneur ne ressent pas nécessairement dans ce coin de pays ce qui fut la frontière des langues et des religions ! Les villages en enfilade sont parsemés entre vallons, forêts et pâturages. Les Alpes et de Jura à l’horizon se voient à partir des endroits dégagés. Le dénivelé est moindre après notre traversée jurassienne. Au nord-ouest, le Chasseral domine du haut de ses 1600 mètres … observe-t-il notre périple ?
Salvenach. Un nom ancré dans ma mémoire. Ma mère évoquait souvent ce village. Elle est née à un jet de pierre, à Cressier-sur-Morat. Jeune fille, dans les années 30, elle livrait le courrier à vélo postal torpedo à Salvenach et dans d’autres villages environnants. Son voisin d’alors, le châtelain Gonsague de Reynold décrit dans un ouvrage sa vision abstraite de la géographie de notre pays : « D’abord la ligne bleue des lacs, les paysages de collines et de vallées du Plateau les sombres forêts des Préalpes et tout en haut les hauts sommets » On imagine un tableau de Hodler.
L’itinéraire nous envoie précisément dans ces paysages de forêts et de campagne. Petits domaines survivant de justesse avec l’aide de mère Helvetia, ce que dit le guide TST, dans un paysage bucolique où résonne le samedi les pétarades des stands de tirs … ce qu’il ne dit pas. Les nuisances nous suivent jusqu’à un marais protégé aux abords de la Sarine.
Nous passons un pont enjambant la Sarine bordée ici de falaises moins imposantes qu’elles le sont en ville de Fribourg. Un pêcheur ce samedi s’est installé sur la berge. Du pont, nous le voyons qui attend patiemment le poisson. Passé le confluent Sarine-Singine, on aperçoit à travers les feuillages au loin sur sa colline, le joli château de la bourgade de Laupen, témoin à l'instar de Morat d’une célèbre bataille.
A deux pas de la petite cité ds Stedtli comme l’appellent les gens d’ici, l’Hôtel Bären à Laupen constitue une agréable parenthèse dans notre périple. Lit douillet, bonne table. Les patrons sont sympas, bien qu’ils nous aient laissés devant la porte fermée ! Une histoire de clé oubliée. Mais tout est rentré dans l’ordre. Un restaurateur en congé, pensez par une si belle journée, est sorti. Il est sur le court de tennis, … et on ne lui en voudra pas ! Nous avons finalement bien ri ensemble. Monsieur Schmid a fait son apprentissage de cuisinier à l’hôtel du Milieu du Monde à Grandvaux, fin des années 70. On a parlé bien entendu de Lavaux et de ses vins. Il était heureux de pouvoir pratiquer le français. Rares sont ses clients francophones.
Du lac à la rivière, d’une bataille à l’autre
Morat n‘a rien perdu de son charme, ni le lac de son attrait. Le centre médiéval est resté intact tout comme le mur d’enceinte, épargné de la démolition en 1900, faute de moyens financiers. On l’a échappée belle ! En traversant les rues, nous nous rappelons la course commémorative de la bataille de Morat à laquelle nous participions: le bain de foule, l’atmosphère avant le départ, les survêtements abandonnés sur les branches des platanes, l’odeur des baumes chauffants, autant de souvenirs dans nos têtes. Jon a passé la nuit à Morat alors que j'ai fait un saut de puce à la maison pour faire ma lessive car j'ai décidé de poursuivre avec lui la traversée.
Nous quittons la cité en direction de l’est. Les fermes aux grandes toitures et aux fenêtres fleuries de géraniums, les jardins potagers tip-top. Le randonneur ne ressent pas nécessairement dans ce coin de pays ce qui fut la frontière des langues et des religions ! Les villages en enfilade sont parsemés entre vallons, forêts et pâturages. Les Alpes et de Jura à l’horizon se voient à partir des endroits dégagés. Le dénivelé est moindre après notre traversée jurassienne. Au nord-ouest, le Chasseral domine du haut de ses 1600 mètres … observe-t-il notre périple ?
Salvenach. Un nom ancré dans ma mémoire. Ma mère évoquait souvent ce village. Elle est née à un jet de pierre, à Cressier-sur-Morat. Jeune fille, dans les années 30, elle livrait le courrier à vélo postal torpedo à Salvenach et dans d’autres villages environnants. Son voisin d’alors, le châtelain Gonsague de Reynold décrit dans un ouvrage sa vision abstraite de la géographie de notre pays : « D’abord la ligne bleue des lacs, les paysages de collines et de vallées du Plateau les sombres forêts des Préalpes et tout en haut les hauts sommets » On imagine un tableau de Hodler.
L’itinéraire nous envoie précisément dans ces paysages de forêts et de campagne. Petits domaines survivant de justesse avec l’aide de mère Helvetia, ce que dit le guide TST, dans un paysage bucolique où résonne le samedi les pétarades des stands de tirs … ce qu’il ne dit pas. Les nuisances nous suivent jusqu’à un marais protégé aux abords de la Sarine.
Nous passons un pont enjambant la Sarine bordée ici de falaises moins imposantes qu’elles le sont en ville de Fribourg. Un pêcheur ce samedi s’est installé sur la berge. Du pont, nous le voyons qui attend patiemment le poisson. Passé le confluent Sarine-Singine, on aperçoit à travers les feuillages au loin sur sa colline, le joli château de la bourgade de Laupen, témoin à l'instar de Morat d’une célèbre bataille.
A deux pas de la petite cité ds Stedtli comme l’appellent les gens d’ici, l’Hôtel Bären à Laupen constitue une agréable parenthèse dans notre périple. Lit douillet, bonne table. Les patrons sont sympas, bien qu’ils nous aient laissés devant la porte fermée ! Une histoire de clé oubliée. Mais tout est rentré dans l’ordre. Un restaurateur en congé, pensez par une si belle journée, est sorti. Il est sur le court de tennis, … et on ne lui en voudra pas ! Nous avons finalement bien ri ensemble. Monsieur Schmid a fait son apprentissage de cuisinier à l’hôtel du Milieu du Monde à Grandvaux, fin des années 70. On a parlé bien entendu de Lavaux et de ses vins. Il était heureux de pouvoir pratiquer le français. Rares sont ses clients francophones.
9. Laupen–Berne
21km – dimanche 6 septembre 2015
Marche en bonne compagnie le long de la Singine jusqu'à Thörishaus, puis sur un un fort dénivelé vers un paysage de campagne jusqu’à Köniz, avant d’atteindre la Berne fédérale.
Sur la place de la gare CFF en face de l'hôtel, nous rencontrons ma sœur, son mari et leur fils aîné qui ont décidé de faire un bout de chemin avec nous. Ils ont également entrepris le parcours du TST mais à la journée et ont déjà parcouru une partie des étapes de Porrentruy à Laupen. Sur le sentier abrité de feuillage le long de la Singine résonnent nos bavardages. Plaisir des retrouvailles !
Le temps est couvert. Un vent fort se lève pour le reste de la journée. A Sensebrücke, nous admirons, une petite église et une maison de douane joliment restaurées, témoins d’une époque. Nous nous laissons inviter à la pause café au restaurant Sensebrücke, le temps de se réchauffer avant de poursuivre notre chemin le long de la rivière.
Arrivée sur le territoire de la commune de Neuennegg. Pour Jon et moi, souvenir de notre premier appartement (1971-74) Les baignades estivales sur les rives de la Singine étaient un paradis les jours de canicule. Avec notre fils en bas âge, nous pataugions dans les cuves, nous nous étalions sur les bancs de pierre au soleil ou à l’ombre des arbres. Rien n’a changé de ce cours d’eau. Beau et sauvage.
Nos accompagnants nous quittent à Thörishsaus d’où ils prennent le train pour Fribourg. Mais d’abord nous cassons la croûte ensemble. Au bord de l’eau, assis côte à côte sur le tronc d’un grand arbre mort, nous déballons nos victuailles. L’endroit est protégé du vent et chauffé par le soleil. Ma soeur a amené des délices faits maison : tranches de rouleau suisse pour le dessert, pommes séchées pour la suite du voyage. Le gâteau, les serviettes à croix blanche, les schnetz pour la traversée … elle a pensé suisse ! Agréable entracte dans cette journée de 21 km de marche.
Nous quittons la rive. La deuxième partie du trajet nous envoie vers une zone à gravir … 500m plus haut, jusqu’au delà de Mengesdorf le long d’un torrent en forêt, puis dans des prés fleuris de marguerites et pavots comme on n’en voit plus ou presque. Les pommiers ploient sous leurs fruits.
On se croirait à Ballenberg ! Succession de vieilles fermes typiques, belles granges, ravissants stöckli, fontaines roucoulantes, jardins fleuris, le tout particulièrement bien entretenu, probablement par des nostalgiques pendulaires en recherche d’authenticité. Les paysans n’ont pas le temps d’en faire autant!
Arrivée sur les hauteurs, soleil radieux. On aperçoit au loin le Bantiger et son antenne. La rumeur de la capitale se ressent déjà. A partir de Köniz, encore une belle forêt à traverser sur des dénivelés inattendus. Ici, le Parcours Vita des citadins et le lieu de promenade des canins. Pour preuve les caisses attribuées. Mais quasiment personne. C’est encore le temps des vacances scolaires. La forêt s’étend de la banlieue jusqu'en ville. Il nous reste à contourner quelques pâtés de maisons direction la gare CFF. Et à se noyer dans son incessant bain de foule.
Marche en bonne compagnie le long de la Singine jusqu'à Thörishaus, puis sur un un fort dénivelé vers un paysage de campagne jusqu’à Köniz, avant d’atteindre la Berne fédérale.
Sur la place de la gare CFF en face de l'hôtel, nous rencontrons ma sœur, son mari et leur fils aîné qui ont décidé de faire un bout de chemin avec nous. Ils ont également entrepris le parcours du TST mais à la journée et ont déjà parcouru une partie des étapes de Porrentruy à Laupen. Sur le sentier abrité de feuillage le long de la Singine résonnent nos bavardages. Plaisir des retrouvailles !
Le temps est couvert. Un vent fort se lève pour le reste de la journée. A Sensebrücke, nous admirons, une petite église et une maison de douane joliment restaurées, témoins d’une époque. Nous nous laissons inviter à la pause café au restaurant Sensebrücke, le temps de se réchauffer avant de poursuivre notre chemin le long de la rivière.
Arrivée sur le territoire de la commune de Neuennegg. Pour Jon et moi, souvenir de notre premier appartement (1971-74) Les baignades estivales sur les rives de la Singine étaient un paradis les jours de canicule. Avec notre fils en bas âge, nous pataugions dans les cuves, nous nous étalions sur les bancs de pierre au soleil ou à l’ombre des arbres. Rien n’a changé de ce cours d’eau. Beau et sauvage.
Nos accompagnants nous quittent à Thörishsaus d’où ils prennent le train pour Fribourg. Mais d’abord nous cassons la croûte ensemble. Au bord de l’eau, assis côte à côte sur le tronc d’un grand arbre mort, nous déballons nos victuailles. L’endroit est protégé du vent et chauffé par le soleil. Ma soeur a amené des délices faits maison : tranches de rouleau suisse pour le dessert, pommes séchées pour la suite du voyage. Le gâteau, les serviettes à croix blanche, les schnetz pour la traversée … elle a pensé suisse ! Agréable entracte dans cette journée de 21 km de marche.
Nous quittons la rive. La deuxième partie du trajet nous envoie vers une zone à gravir … 500m plus haut, jusqu’au delà de Mengesdorf le long d’un torrent en forêt, puis dans des prés fleuris de marguerites et pavots comme on n’en voit plus ou presque. Les pommiers ploient sous leurs fruits.
On se croirait à Ballenberg ! Succession de vieilles fermes typiques, belles granges, ravissants stöckli, fontaines roucoulantes, jardins fleuris, le tout particulièrement bien entretenu, probablement par des nostalgiques pendulaires en recherche d’authenticité. Les paysans n’ont pas le temps d’en faire autant!
Arrivée sur les hauteurs, soleil radieux. On aperçoit au loin le Bantiger et son antenne. La rumeur de la capitale se ressent déjà. A partir de Köniz, encore une belle forêt à traverser sur des dénivelés inattendus. Ici, le Parcours Vita des citadins et le lieu de promenade des canins. Pour preuve les caisses attribuées. Mais quasiment personne. C’est encore le temps des vacances scolaires. La forêt s’étend de la banlieue jusqu'en ville. Il nous reste à contourner quelques pâtés de maisons direction la gare CFF. Et à se noyer dans son incessant bain de foule.
10. Berne–Worb
16 km – lundi 7 septembre 2015
Nous poursuivons le parcours revisité du TST, au bord de l'Aar « Gang doch echli dere Aare nah, dere schöne, schöne Aare nah » chante le groupe bernois Stiller Has. Suivre le cours de l’Aar en amont depuis Berne, est quelque chose d’unique. Une des plus belles promenades au bord de l’eau en Europe, dit-on. Jusqu’à Märchligen à la hauteur de Belp, le parcours suit la rive de près. La montée vers Worb ensuite renvoie à la campagne.
Arrivés à Berne en train de Laupen où nous avons passé la nuit, nous atteignons l’esplanade du Münster. Ici un ascenseur nous mène directement au quartier de la Matte. Plus loin, sur notre droite la coupole dorée du Palais Fédéral émerge d’un bouquet d’arbres dans le soleil matinal.
Traversée du Dalmazibrücke pour la rive droite que nous ne quitterons plus jusqu’à Märchligen. La journée s’annonce ensoleillée et la promenade riche en découvertes. Les rives de l’Aar sont diversement occupées, qu’elles appartiennent aux Bains de la Ville, au zoo, ou plus en amont à la traversée d’un bac. Les multiples accès publics, sont peu fréquentés en ce début de semaine. Nous nous asseyons pour le café à la terrasse du restaurant du Dählhölzli, à l'ombre de grands marronniers. Moment tout à fait agréable. Puis passons le zoo où sangliers, loutres, castors, pélicans et autres espèces vivent en relative tranquillité.
Nous entrons dans le parc de réserve naturelle d’Elfenau. Le chemin se départage avec indications de passage : avec ou sans chiens … du jamais-vu en Romandie ! Une imposante paroi de molasse ruisselante, surgit dans une végétation dense. Etonnant ! Plus loin, on devine à travers des haies épaisses quelques maisons patriciennes. Là encore un restaurant-terrasse à proximité d’un parking où l’on sert en ce moment le repas de midi. Ici un bac permet de passer d’une rive à l’autre de l’Aar. Le marin d’eau douce accompagne la traversée avec une sono à pleins tubes. Dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ! Sur le chemin ombragé par une toiture de feuilles, quelques rares randonneurs, promeneurs, joggeurs. Une quantité de petites plages de sable ou de cailloux jalonnent la rive. Idéal pour notre pique-nique. Juste l’embarras du choix.
Muri Bad. Les souvenirs d’enfance de Jon resurgissent : les journées d’été à la piscine située au bord de l’Aar ; la montée en amont pour se laisser emporter ensuite par le courant de la rivière. Attention à ne pas manquer la sortie ! sensation extrême … l’Europa-Parc de jadis. Jon reconnaît à peine la piscine rénovée visible à travers le feuillage.
Apparaît un nouveau profil de la zone alluviale dû à la création d’un bras de l’Aar suite aux inondations. Jeunes arbres et biotopes. A la hauteur de Märchligen, nous apercevons l’aéroport de Belp au delà de la rive gauche. Nous bifurquons direction Worb, pressés de quitter un endroit soudainement envahi par les nuisances de l’autoroute attenante. Nous la chevauchons en passant un pont. La montée qui suit débouche sur un paysage tranquille dans des champs de blé et de fleurs. Un pays de merveilles !
Campagne, silence absolu. Les senteurs nous envahissent. L’air est plus sec. De belles fermes en activité, jalonnent le parcours. Des points de vente offrent produits frais de la ferme œufs, miel, patates, confitures. On imagine l’abondance des récoltes au terme d’un bel été.
Arrivée au sommet d’un chemin de forêt. Chic, là-bas un banc ! Hâte de s’asseoir. Mais rien n'est parfait. Nous le quittons rapidement, ne parvenant pas à de nous libérer d'une méchante guêpe. Elles sont partout cette année, c'est ainsi!
Nouvelle descente ensuite à travers à nouveau un paysage de campagne idyllique, la ville de Worb en point de mire. A Worb, détours obligé d’un gigantesque chantier de réaménagement du réseau routier. On s’en passerait. Les indications ne sont pas claires. Nous débouchons finalement dans la rue piétonne du centre de la ville. A proximité de la gare, nous assouvissons notre soif au soleil à la terrasse d’un café.
Nous poursuivons le parcours revisité du TST, au bord de l'Aar « Gang doch echli dere Aare nah, dere schöne, schöne Aare nah » chante le groupe bernois Stiller Has. Suivre le cours de l’Aar en amont depuis Berne, est quelque chose d’unique. Une des plus belles promenades au bord de l’eau en Europe, dit-on. Jusqu’à Märchligen à la hauteur de Belp, le parcours suit la rive de près. La montée vers Worb ensuite renvoie à la campagne.
Arrivés à Berne en train de Laupen où nous avons passé la nuit, nous atteignons l’esplanade du Münster. Ici un ascenseur nous mène directement au quartier de la Matte. Plus loin, sur notre droite la coupole dorée du Palais Fédéral émerge d’un bouquet d’arbres dans le soleil matinal.
Traversée du Dalmazibrücke pour la rive droite que nous ne quitterons plus jusqu’à Märchligen. La journée s’annonce ensoleillée et la promenade riche en découvertes. Les rives de l’Aar sont diversement occupées, qu’elles appartiennent aux Bains de la Ville, au zoo, ou plus en amont à la traversée d’un bac. Les multiples accès publics, sont peu fréquentés en ce début de semaine. Nous nous asseyons pour le café à la terrasse du restaurant du Dählhölzli, à l'ombre de grands marronniers. Moment tout à fait agréable. Puis passons le zoo où sangliers, loutres, castors, pélicans et autres espèces vivent en relative tranquillité.
Nous entrons dans le parc de réserve naturelle d’Elfenau. Le chemin se départage avec indications de passage : avec ou sans chiens … du jamais-vu en Romandie ! Une imposante paroi de molasse ruisselante, surgit dans une végétation dense. Etonnant ! Plus loin, on devine à travers des haies épaisses quelques maisons patriciennes. Là encore un restaurant-terrasse à proximité d’un parking où l’on sert en ce moment le repas de midi. Ici un bac permet de passer d’une rive à l’autre de l’Aar. Le marin d’eau douce accompagne la traversée avec une sono à pleins tubes. Dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ! Sur le chemin ombragé par une toiture de feuilles, quelques rares randonneurs, promeneurs, joggeurs. Une quantité de petites plages de sable ou de cailloux jalonnent la rive. Idéal pour notre pique-nique. Juste l’embarras du choix.
Muri Bad. Les souvenirs d’enfance de Jon resurgissent : les journées d’été à la piscine située au bord de l’Aar ; la montée en amont pour se laisser emporter ensuite par le courant de la rivière. Attention à ne pas manquer la sortie ! sensation extrême … l’Europa-Parc de jadis. Jon reconnaît à peine la piscine rénovée visible à travers le feuillage.
Apparaît un nouveau profil de la zone alluviale dû à la création d’un bras de l’Aar suite aux inondations. Jeunes arbres et biotopes. A la hauteur de Märchligen, nous apercevons l’aéroport de Belp au delà de la rive gauche. Nous bifurquons direction Worb, pressés de quitter un endroit soudainement envahi par les nuisances de l’autoroute attenante. Nous la chevauchons en passant un pont. La montée qui suit débouche sur un paysage tranquille dans des champs de blé et de fleurs. Un pays de merveilles !
Campagne, silence absolu. Les senteurs nous envahissent. L’air est plus sec. De belles fermes en activité, jalonnent le parcours. Des points de vente offrent produits frais de la ferme œufs, miel, patates, confitures. On imagine l’abondance des récoltes au terme d’un bel été.
Arrivée au sommet d’un chemin de forêt. Chic, là-bas un banc ! Hâte de s’asseoir. Mais rien n'est parfait. Nous le quittons rapidement, ne parvenant pas à de nous libérer d'une méchante guêpe. Elles sont partout cette année, c'est ainsi!
Nouvelle descente ensuite à travers à nouveau un paysage de campagne idyllique, la ville de Worb en point de mire. A Worb, détours obligé d’un gigantesque chantier de réaménagement du réseau routier. On s’en passerait. Les indications ne sont pas claires. Nous débouchons finalement dans la rue piétonne du centre de la ville. A proximité de la gare, nous assouvissons notre soif au soleil à la terrasse d’un café.
11. Worb–Lützelflüh
18 km – mardi 8 septembre 2015
Premier jour de marche sans Colette … dure perspective!
Moi qui peine à la montée, je suis servi : ça monte raide tout de suite jusqu’à la Mänziwilegg puis vallonné vers Wägesse en passant Diepoldshusenegg, croisement de l’ancien et du nouveau tracé du TST. En descendant vers Rütihubelbad, je croise une classe d’enfants. Ils courent à la montée raide de la Mänziwilegg ! Quel plaisir de voir la force de la jeunesse.
Il est vrai que ce trajet comporte pas mal de route goudronnée. Dans les montées raides, cela m’aide car le pas demeure relaxe. Pas d’attention à donner aux pierres et autres inégalités du terrain. La vue sur Berne et la région du Bantiger, le Jura d’un côté puis le Napf et l’Entlebuch de l’autre, sans oublier les Alpes, est magnifique.
Sur la Mänziwilegg, je trouve un resto fermé, mais me permettant de m’abriter de la bise et sécher mon haut de corps en transpiration. Aussi un petit snack est le bienvenu.
Les seuls être humains croisés sur la hauteur étaient des extraterrestres (casques, lunettes) couple âgé sur des vélos électriques, montés depuis Schafhausen (BE) ou autre endroit. Pour moi, c’est la descente raide sur Schafhausen dans la forêt. Un pas sûr est absolument nécessaire !
Reste la route vers Lützelflüh où je me fais dépasser par quatre joyeux lurons, randonneurs suisse- allemands, qui parcourent durant quatre jours le TST mais sur le plat, sans les montées. Je les reverrai dans le superbe hôtel/resto « Ochsen » à Lützelflüh, là où Jeremias Gotthelf passait ses soirées et a écrit une partie de ses romans. Juxtaposé à l’hôtel, se trouve un jardin de sculptures qui lui sont dédiées.
Ce soir-là, un ami zurichois me rejoint pour m’accompagner durant les deux prochains jours de marche.
Premier jour de marche sans Colette … dure perspective!
Moi qui peine à la montée, je suis servi : ça monte raide tout de suite jusqu’à la Mänziwilegg puis vallonné vers Wägesse en passant Diepoldshusenegg, croisement de l’ancien et du nouveau tracé du TST. En descendant vers Rütihubelbad, je croise une classe d’enfants. Ils courent à la montée raide de la Mänziwilegg ! Quel plaisir de voir la force de la jeunesse.
Il est vrai que ce trajet comporte pas mal de route goudronnée. Dans les montées raides, cela m’aide car le pas demeure relaxe. Pas d’attention à donner aux pierres et autres inégalités du terrain. La vue sur Berne et la région du Bantiger, le Jura d’un côté puis le Napf et l’Entlebuch de l’autre, sans oublier les Alpes, est magnifique.
Sur la Mänziwilegg, je trouve un resto fermé, mais me permettant de m’abriter de la bise et sécher mon haut de corps en transpiration. Aussi un petit snack est le bienvenu.
Les seuls être humains croisés sur la hauteur étaient des extraterrestres (casques, lunettes) couple âgé sur des vélos électriques, montés depuis Schafhausen (BE) ou autre endroit. Pour moi, c’est la descente raide sur Schafhausen dans la forêt. Un pas sûr est absolument nécessaire !
Reste la route vers Lützelflüh où je me fais dépasser par quatre joyeux lurons, randonneurs suisse- allemands, qui parcourent durant quatre jours le TST mais sur le plat, sans les montées. Je les reverrai dans le superbe hôtel/resto « Ochsen » à Lützelflüh, là où Jeremias Gotthelf passait ses soirées et a écrit une partie de ses romans. Juxtaposé à l’hôtel, se trouve un jardin de sculptures qui lui sont dédiées.
Ce soir-là, un ami zurichois me rejoint pour m’accompagner durant les deux prochains jours de marche.
12. Lützelflüh–Lüderenalp
18 km – mercredi 9 septembre 2015
Balade magnifique en compagnie de mon ami zürichois. D’abord le long de l‘Emme puis à partir de Ramsei en empruntant l'ancien parcours via Spinner, Fluehüsli et Obere Rafrüti. Des montées et descentes sans fin jusqu’au point de vue magique de la Lüderenalp. Emmental que tu es belle!
Pour arriver à ce point du parcours, beaucoup de sueur, mais également la vue de fermes superbes blotties sur les flancs des « Chrächen ». Certaines ont sous leur pied jusqu’à huit sources d’eau (les fermes jurassiennes peuvent les envier). Des gamins en vélo munis de leur fourche pour aider à faire les foins répondent à ma question de si la « Lüderen » est encore loin : « no chli obsi aber aou nidsi, z’meischte jedoch obsi »
Avant une rude escalade dans le gravier, nous croisons à la lisière d’un bois une classe d’école fêtant un anniversaire. Le prof prépare le feu pour la grillade des cervelas. Il nous indique la dernière grande montée qui pour lui ne représente rien de spéciale. Ils y sont habitués ces sacrés Emmentalois ! Pour nous les 60 huitards, après une déjà longue tirée, elle est oh combien rude et oh combien grandiose ! Nous sommes très étonnés de voir descendre dans ces cailloux une VTT-iste. Elle nous souhaite bon courage et annonce que la vue au sommet de la Lüderen vaut vraiment la peine.
En effet, c’est absolument superbe. Vue à 360 degrés sur une grande partie du pays, Jura, Préalpes, Alpes. Que voir de plus beau ? Il paraît que la Lüderen n’a pas son pareil en Suisse allemanique.
L’hôtel sur le col de la Lüderen est accueillant et permet de nous blottir au soleil.
Soleil partagé avec des personnes du 3ème âge prenant leur 4heures. Et toute une horde de motards japonais, mais oui ! Aussi une volée d’apprentis d’une usine de la Suisse allemande.
Bonne cuisine et un repos dans la tranquillité absolue.
Balade magnifique en compagnie de mon ami zürichois. D’abord le long de l‘Emme puis à partir de Ramsei en empruntant l'ancien parcours via Spinner, Fluehüsli et Obere Rafrüti. Des montées et descentes sans fin jusqu’au point de vue magique de la Lüderenalp. Emmental que tu es belle!
Pour arriver à ce point du parcours, beaucoup de sueur, mais également la vue de fermes superbes blotties sur les flancs des « Chrächen ». Certaines ont sous leur pied jusqu’à huit sources d’eau (les fermes jurassiennes peuvent les envier). Des gamins en vélo munis de leur fourche pour aider à faire les foins répondent à ma question de si la « Lüderen » est encore loin : « no chli obsi aber aou nidsi, z’meischte jedoch obsi »
Avant une rude escalade dans le gravier, nous croisons à la lisière d’un bois une classe d’école fêtant un anniversaire. Le prof prépare le feu pour la grillade des cervelas. Il nous indique la dernière grande montée qui pour lui ne représente rien de spéciale. Ils y sont habitués ces sacrés Emmentalois ! Pour nous les 60 huitards, après une déjà longue tirée, elle est oh combien rude et oh combien grandiose ! Nous sommes très étonnés de voir descendre dans ces cailloux une VTT-iste. Elle nous souhaite bon courage et annonce que la vue au sommet de la Lüderen vaut vraiment la peine.
En effet, c’est absolument superbe. Vue à 360 degrés sur une grande partie du pays, Jura, Préalpes, Alpes. Que voir de plus beau ? Il paraît que la Lüderen n’a pas son pareil en Suisse allemanique.
L’hôtel sur le col de la Lüderen est accueillant et permet de nous blottir au soleil.
Soleil partagé avec des personnes du 3ème âge prenant leur 4heures. Et toute une horde de motards japonais, mais oui ! Aussi une volée d’apprentis d’une usine de la Suisse allemande.
Bonne cuisine et un repos dans la tranquillité absolue.
13. Lüderenalp–Eggiwil
28 km – jeudi 10 septembre 2015
Longue descente, beau parcours le long de deux cours d’eau : l‘Ilfis et l’Emme.
Nous choisissons la descente la plus longue sur route goudronnée. Elle est ni ennuyeuse ni pénible. Au passage, un agriculteur, récoltant les pommes de terre avec sa famille, me répond avec beaucoup d’humour à la question si les patates cette année sont de bonne qualité : « die tümschte Puure hei die schönschte Härdöpfu ». Ce dire nous met encore d’avantage de bonne humeur ! A Bärau c’est un immigré tamoul qui nous indique le chemin à prendre, alors que les indigènes ne le savaient pas vraiment !
Jolie promenade sur la rive de l’Ilfis. Frôlant la célèbre halle de glace du SC Langnau nous arrivons enfin à Langnau. La pause pour une bière dans un joli Biergarten tombe à pic.
La suite du périple nous incite à un changement de parcours. Plutôt que gravir comme prévu une des innombrables collines, nous prenons la route vers Schüpbach et Signau, permettant ainsi à mon ami Theddy de prendre le train pour Uster.
Je continue mon chemin en solitaire pour Eggiwil et le long de la Emme. Qu’il est beau ce chemin, épais tapis d'aiguilles de pin et de feuilles mortes sous les arbres, suivant l’eau cristalline de l ‘Emme ! Comme toujours, je me trouve seul sur le chemin bien qu’à une heure de marche du village, la vie mouvementée de fin d’après-midi reprend. Le chemin traverse des prés, fort heureusement, éloignés de la route cantonale. Seulement le dernier km borde la route.
Arrivé à destination à l’hôtel Bären d’Eggiwil, je suis émerveillé par un marché de poulains qui se tient là. On se croirait dans le Jura ! Le bistro de l’hôtel, ancienne demeure, est tellement typique, combien jolie. Rien ailleurs en Suisse ne lui ressemble. Bon repas en agréable compagnie des indigènes à une grande table. Ils discutent avec vigueur - joli accent bernois - des affaires de la journée.
Le tenancier me fait remarquer que je suis le premier marcheur qui, à sa connaissance, entreprend le TST en une fois et sans jours de repos … petit compliment !
Comme d’habitude ma journée finit tôt au lit. La fatigue, le programme à venir l'exigent.
Longue descente, beau parcours le long de deux cours d’eau : l‘Ilfis et l’Emme.
Nous choisissons la descente la plus longue sur route goudronnée. Elle est ni ennuyeuse ni pénible. Au passage, un agriculteur, récoltant les pommes de terre avec sa famille, me répond avec beaucoup d’humour à la question si les patates cette année sont de bonne qualité : « die tümschte Puure hei die schönschte Härdöpfu ». Ce dire nous met encore d’avantage de bonne humeur ! A Bärau c’est un immigré tamoul qui nous indique le chemin à prendre, alors que les indigènes ne le savaient pas vraiment !
Jolie promenade sur la rive de l’Ilfis. Frôlant la célèbre halle de glace du SC Langnau nous arrivons enfin à Langnau. La pause pour une bière dans un joli Biergarten tombe à pic.
La suite du périple nous incite à un changement de parcours. Plutôt que gravir comme prévu une des innombrables collines, nous prenons la route vers Schüpbach et Signau, permettant ainsi à mon ami Theddy de prendre le train pour Uster.
Je continue mon chemin en solitaire pour Eggiwil et le long de la Emme. Qu’il est beau ce chemin, épais tapis d'aiguilles de pin et de feuilles mortes sous les arbres, suivant l’eau cristalline de l ‘Emme ! Comme toujours, je me trouve seul sur le chemin bien qu’à une heure de marche du village, la vie mouvementée de fin d’après-midi reprend. Le chemin traverse des prés, fort heureusement, éloignés de la route cantonale. Seulement le dernier km borde la route.
Arrivé à destination à l’hôtel Bären d’Eggiwil, je suis émerveillé par un marché de poulains qui se tient là. On se croirait dans le Jura ! Le bistro de l’hôtel, ancienne demeure, est tellement typique, combien jolie. Rien ailleurs en Suisse ne lui ressemble. Bon repas en agréable compagnie des indigènes à une grande table. Ils discutent avec vigueur - joli accent bernois - des affaires de la journée.
Le tenancier me fait remarquer que je suis le premier marcheur qui, à sa connaissance, entreprend le TST en une fois et sans jours de repos … petit compliment !
Comme d’habitude ma journée finit tôt au lit. La fatigue, le programme à venir l'exigent.
14. Eggiwil–Schangnau
13 km – vendredi 11 septembre 2015
Bien que le temps soit humide - il a plu des trombes la soirée précédente - ce trajet m’enchante beaucoup.
Petit amuse-jambes au début sur des routes goudronnées, mais à peine traversé un champ proche de la Sorbachbrücke et de l’Emme, une rude montée sur le Pfyffer commence. Sauvage à souhait, un sentier difficile dans les falaises, mais tellement beau à vivre ; tranquillité absolue, l’eau ruisselante partout que je bois avec délectation. Il ne manque que les biches et les renards, animaux d’ailleurs inaperçus sur le trajet, depuis le départ du TST. Bizarre, non ?
La montée après le Pfaffenmoos fait vite oublier la précédente ! Elle est d’une beauté différente. Ici et là je rencontre des paysans avec qui il est toujours possible de causer. Pour arriver sur les hauteurs de Schangnau il faut passer une gorge, le Räbloch, décrite périlleuse mais qui à mon jugement ne l’est pas. En contournant ce ravin, on traverse une sorte de grotte (Nagelfluh) fort intéressante dans ce paysage sauvage et ludique.
Arrivé sur la hauteur et aux environs du Scheidbach et quittant enfin la forêt, on découvre la vue sur Schangnau et son panorama grandiose, magnifique ! La descente parmi les buffles et autres bétails vers le très joli village, me chauffe le cœur, le soleil de l’après-midi aidant.
Arrivé au village, je prends place sur la terrasse du Löwen, hôtel vieux de 200 ans, avec également une salle de resto splendide. Comme à l’accoutumer, je me fais servir une panachée et me sèche au soleil. Puis un homme d’un âge certain, me saluant en passant, commence à me causer.
Il est fort drôle et me raconte qu’il doit rencontrer des futurs mariés à la belle petite église de Schangnau. On la voit très bien depuis notre terrasse et comme les mariés avec entourage tardent à venir, il a le temps de m’expliquer son travail. Ce gentil homme fait s’envoler des pigeons en présence des mariés en récitant des vœux de bonheur ou plus religieux, ceci selon les vœux des mariés. Résidant à Steffisburg, faubourg de Thoune, il retrouve en principe ses volatiles au retour mais des défections il y en a pratiquement toujours ; vive la liberté pour certains pigeons !
Bonne cuisine soignée également dans ce resto comme d’ailleurs dans le plupart des restos sur le parcours. Depuis la salle à manger, on aperçoit la maison de Beat Feuz notre grand skieur alpin et la maison de Christian Zaugg, lutteur chevronné avec plus de 100 couronnes !
Bien que le temps soit humide - il a plu des trombes la soirée précédente - ce trajet m’enchante beaucoup.
Petit amuse-jambes au début sur des routes goudronnées, mais à peine traversé un champ proche de la Sorbachbrücke et de l’Emme, une rude montée sur le Pfyffer commence. Sauvage à souhait, un sentier difficile dans les falaises, mais tellement beau à vivre ; tranquillité absolue, l’eau ruisselante partout que je bois avec délectation. Il ne manque que les biches et les renards, animaux d’ailleurs inaperçus sur le trajet, depuis le départ du TST. Bizarre, non ?
La montée après le Pfaffenmoos fait vite oublier la précédente ! Elle est d’une beauté différente. Ici et là je rencontre des paysans avec qui il est toujours possible de causer. Pour arriver sur les hauteurs de Schangnau il faut passer une gorge, le Räbloch, décrite périlleuse mais qui à mon jugement ne l’est pas. En contournant ce ravin, on traverse une sorte de grotte (Nagelfluh) fort intéressante dans ce paysage sauvage et ludique.
Arrivé sur la hauteur et aux environs du Scheidbach et quittant enfin la forêt, on découvre la vue sur Schangnau et son panorama grandiose, magnifique ! La descente parmi les buffles et autres bétails vers le très joli village, me chauffe le cœur, le soleil de l’après-midi aidant.
Arrivé au village, je prends place sur la terrasse du Löwen, hôtel vieux de 200 ans, avec également une salle de resto splendide. Comme à l’accoutumer, je me fais servir une panachée et me sèche au soleil. Puis un homme d’un âge certain, me saluant en passant, commence à me causer.
Il est fort drôle et me raconte qu’il doit rencontrer des futurs mariés à la belle petite église de Schangnau. On la voit très bien depuis notre terrasse et comme les mariés avec entourage tardent à venir, il a le temps de m’expliquer son travail. Ce gentil homme fait s’envoler des pigeons en présence des mariés en récitant des vœux de bonheur ou plus religieux, ceci selon les vœux des mariés. Résidant à Steffisburg, faubourg de Thoune, il retrouve en principe ses volatiles au retour mais des défections il y en a pratiquement toujours ; vive la liberté pour certains pigeons !
Bonne cuisine soignée également dans ce resto comme d’ailleurs dans le plupart des restos sur le parcours. Depuis la salle à manger, on aperçoit la maison de Beat Feuz notre grand skieur alpin et la maison de Christian Zaugg, lutteur chevronné avec plus de 100 couronnes !
15. Schangnau–Sörenberg
20 km – samedi 12 septembre 2015
L’étape commence par une descente vers l’Emme et une montée sèche depuis l’autre rive pour rejoindre le tracé emmenant vers Kemmeriboden-Bad.
Malheureusement à un moment donné, le chemin est barricadé pour cause d’ éboulement. Kemmeriboden-Bad se pointe quand-même, en empruntant une route goudronnée. Quel joli endroit, ces anciens bains. Important rendez-vous des promeneurs du dimanche, moto ou autocars pour venir manger dans cette vénérable demeure, les fameux Merängge à la crème. J’ignore leur clin d’oeil et me consacre, après avoir bu un Kaffee fertig à me sécher le haut du corps sur un banc devant le bistro, sous un soleil superbe et réchauffant.
Depuis les bains, le chemin commence tout de suite en pente raide pendant un bon bout de temps, mais à mesure que je sors de la forêt le chemin devient accueillant.
A un bel endroit dans la forêt, mon regard est captivé par une plaque mortuaire militaire rappelant qu’ici, quatre jeunes soldats ont perdu la vie un certain 15.10.1981. Mes recherches par la suite ne m’ont pas aidé à élucider comment ils ont perdu la vie. Un mystère ! Un si paisible endroit.
Le sentier passe sous le flancs impressionnant du Schibengütsch, offrant une superbe vue sur la région du Brienzer Rothorn et ses sommets, magnifique ! Salwideli est l’endroit où le chemin bascule vers l’Entlebuch. Il faut aller vers le resto pour entamer la descente dans les pâturages. La descente est assez longue et le corps chauffé par le soleil, me supplie d’arriver au village au plus vite. .. soif !
Je trouve un hôtel au centre avec belle vue sur le Brienzer Rothorn et mon pauvre gosier est soulagé par une panachée. L’hôtel m’offre également une monté gratuite en télécabine sur le Rothorn, offre que je décline avec un peu de regret, mais je suis lessivé et je n’ai plus du tout envie de bouger.
Ma chambre est petite avec les toilettes en face, mais uniquement pour moi. Côté fenêtre se trouve l’église et donc dans la nuit j’étais très bien informé de l’heure que la montre du clocher avait atteint.
L’étape commence par une descente vers l’Emme et une montée sèche depuis l’autre rive pour rejoindre le tracé emmenant vers Kemmeriboden-Bad.
Malheureusement à un moment donné, le chemin est barricadé pour cause d’ éboulement. Kemmeriboden-Bad se pointe quand-même, en empruntant une route goudronnée. Quel joli endroit, ces anciens bains. Important rendez-vous des promeneurs du dimanche, moto ou autocars pour venir manger dans cette vénérable demeure, les fameux Merängge à la crème. J’ignore leur clin d’oeil et me consacre, après avoir bu un Kaffee fertig à me sécher le haut du corps sur un banc devant le bistro, sous un soleil superbe et réchauffant.
Depuis les bains, le chemin commence tout de suite en pente raide pendant un bon bout de temps, mais à mesure que je sors de la forêt le chemin devient accueillant.
A un bel endroit dans la forêt, mon regard est captivé par une plaque mortuaire militaire rappelant qu’ici, quatre jeunes soldats ont perdu la vie un certain 15.10.1981. Mes recherches par la suite ne m’ont pas aidé à élucider comment ils ont perdu la vie. Un mystère ! Un si paisible endroit.
Le sentier passe sous le flancs impressionnant du Schibengütsch, offrant une superbe vue sur la région du Brienzer Rothorn et ses sommets, magnifique ! Salwideli est l’endroit où le chemin bascule vers l’Entlebuch. Il faut aller vers le resto pour entamer la descente dans les pâturages. La descente est assez longue et le corps chauffé par le soleil, me supplie d’arriver au village au plus vite. .. soif !
Je trouve un hôtel au centre avec belle vue sur le Brienzer Rothorn et mon pauvre gosier est soulagé par une panachée. L’hôtel m’offre également une monté gratuite en télécabine sur le Rothorn, offre que je décline avec un peu de regret, mais je suis lessivé et je n’ai plus du tout envie de bouger.
Ma chambre est petite avec les toilettes en face, mais uniquement pour moi. Côté fenêtre se trouve l’église et donc dans la nuit j’étais très bien informé de l’heure que la montre du clocher avait atteint.
16. Sörenberg–Giswil
18 km – dimanche 13 septembre 2015
Belle montée régulière sur un sentier de montagne traversant les pâturages. Rencontre paisible avec troupeaux de vaches. Pour décor encore le massif du Brienzer Rothorn.
Fuyant la horde des motos envahissant le village très tôt, partant ou arrivant du col de Glaubenbielen, j’emprunte le sentier sur les hauts de la localité. Avant d’arriver sur le col, j’ai dois traverser un pré où broute un troupeau de vaches avec parmi elles un veau. Me voyant, sa mère distante de lui, commence à beugler très fort et entame un sprint haletant vers son petit. Il va sans dire que je prends mes distances, que je contourne cette jolie famille.
Bien que le ciel soit couvert, la vue depuis le col, sur Sarnersee, Giswil, le Tödi et autres montagnes, est magnifique.
C’est le premier col passé à plus de 1400 m, soit 1611 m. Il m’annonce une longue descente vers Giswil, env. 13 km et 1230 m de dénivellation. Route goudronnée puis chemin forestier raide et chaotique m’emmènent jusque dans la plaine du lac de Sarnen.
Les incontournables motos et les promeneurs du dimanche en bagnole venus des cantons voisins gâchent un peu ma journée. Les motards ne se rendent probablement pas compte combien ils nuisent avec le bruit infernal des moteurs et les gaz d’échappement.
En fin de parcours, le sentier menant à Giswil emprunte le Dreiwasserkanal qui se jette dans le Sarnersee. Belle fin de balade qui se termine à l’hôtel Bahnhof, chambre au rez où le soleil retrouvé sèche mes habits détrempés et où des canards me rendent visite.
Egalement très bonne cuisine et première dégustation du fameux cidre de Nidwald.
Belle montée régulière sur un sentier de montagne traversant les pâturages. Rencontre paisible avec troupeaux de vaches. Pour décor encore le massif du Brienzer Rothorn.
Fuyant la horde des motos envahissant le village très tôt, partant ou arrivant du col de Glaubenbielen, j’emprunte le sentier sur les hauts de la localité. Avant d’arriver sur le col, j’ai dois traverser un pré où broute un troupeau de vaches avec parmi elles un veau. Me voyant, sa mère distante de lui, commence à beugler très fort et entame un sprint haletant vers son petit. Il va sans dire que je prends mes distances, que je contourne cette jolie famille.
Bien que le ciel soit couvert, la vue depuis le col, sur Sarnersee, Giswil, le Tödi et autres montagnes, est magnifique.
C’est le premier col passé à plus de 1400 m, soit 1611 m. Il m’annonce une longue descente vers Giswil, env. 13 km et 1230 m de dénivellation. Route goudronnée puis chemin forestier raide et chaotique m’emmènent jusque dans la plaine du lac de Sarnen.
Les incontournables motos et les promeneurs du dimanche en bagnole venus des cantons voisins gâchent un peu ma journée. Les motards ne se rendent probablement pas compte combien ils nuisent avec le bruit infernal des moteurs et les gaz d’échappement.
En fin de parcours, le sentier menant à Giswil emprunte le Dreiwasserkanal qui se jette dans le Sarnersee. Belle fin de balade qui se termine à l’hôtel Bahnhof, chambre au rez où le soleil retrouvé sèche mes habits détrempés et où des canards me rendent visite.
Egalement très bonne cuisine et première dégustation du fameux cidre de Nidwald.
17. Giswil-Kerns
15km – lundi 14 septembre 2015
Un beau jour me réveille et maintenant le pèlerinage vers Lugano commence superbement. Un long trajet au bord du lac transparent de Sarnen jusqu'à Sachseln. Depuis ce beau village et son église splendide, une montée pas comme les autres.
Un indigène me dit, qu’avec mon physique pas de problème, même avec le sac assez lourd sur le dos … bien ! La première montée est faite essentiellement de marches … le cœur bat la chamade, mais un moment ou l’autre on arrive à une certaine altitude après 30-60 min. que sais-je.
Le chemin se poursuit d’abord sur route asphaltée, puis emprunte des traverses de champs et avant Flüeli, la forêt. Je croise de plus en plus de pèlerins allemands qui font le parcours de St. Jacques ou le Klausenweg. Avant Flüeli et dans la forêt, on arrive sur le chemin de croix, parcours qui amadoue l’âme.
Puis comme par enchantement, arrive le charmant village de Flüeli-Ranft, patrie de Nicolas de Flüe. Bel endroit qui surplombe la région de Stans et Buochs. Mon but par contre vise un peu plus loin, Kerns. La belle descente et comme à l’habitude, agrémentée de quelques montées, me fait découvrir le pont haut de Kerns, le plus haut d'Europe.
Il n’enjambe pas un large précipice mais celui-ci est extrêmement profond. Sujet au vertige, je n’ose à peine regarder dans le vide, mais tout ce que j’ai vu était impressionnant. Fort heureusement des filets en métal sécurisent les pauvres pèlerins comme moi.
Puis vint la descente vers Kerns où je suis entré au village à l’heure du rendez-vous donné à Colette. Mais il faut encore traverser tout le village … puis le moment tant attendu, Colette assise à une table, au soleil, devant l’hôtel. Un des beaux instants du voyage.
Le resto de l’hôtel fermé le lundi, nous trouvions notre bonheur dans à l’auberge Die Rose, où la serveuse nous apprend que la fille du patron a également fait le TST.
Un beau jour me réveille et maintenant le pèlerinage vers Lugano commence superbement. Un long trajet au bord du lac transparent de Sarnen jusqu'à Sachseln. Depuis ce beau village et son église splendide, une montée pas comme les autres.
Un indigène me dit, qu’avec mon physique pas de problème, même avec le sac assez lourd sur le dos … bien ! La première montée est faite essentiellement de marches … le cœur bat la chamade, mais un moment ou l’autre on arrive à une certaine altitude après 30-60 min. que sais-je.
Le chemin se poursuit d’abord sur route asphaltée, puis emprunte des traverses de champs et avant Flüeli, la forêt. Je croise de plus en plus de pèlerins allemands qui font le parcours de St. Jacques ou le Klausenweg. Avant Flüeli et dans la forêt, on arrive sur le chemin de croix, parcours qui amadoue l’âme.
Puis comme par enchantement, arrive le charmant village de Flüeli-Ranft, patrie de Nicolas de Flüe. Bel endroit qui surplombe la région de Stans et Buochs. Mon but par contre vise un peu plus loin, Kerns. La belle descente et comme à l’habitude, agrémentée de quelques montées, me fait découvrir le pont haut de Kerns, le plus haut d'Europe.
Il n’enjambe pas un large précipice mais celui-ci est extrêmement profond. Sujet au vertige, je n’ose à peine regarder dans le vide, mais tout ce que j’ai vu était impressionnant. Fort heureusement des filets en métal sécurisent les pauvres pèlerins comme moi.
Puis vint la descente vers Kerns où je suis entré au village à l’heure du rendez-vous donné à Colette. Mais il faut encore traverser tout le village … puis le moment tant attendu, Colette assise à une table, au soleil, devant l’hôtel. Un des beaux instants du voyage.
Le resto de l’hôtel fermé le lundi, nous trouvions notre bonheur dans à l’auberge Die Rose, où la serveuse nous apprend que la fille du patron a également fait le TST.
18. Kerns–Buochs
20km – mardi 15 septembre 2015
Promenade dans le pays de Winkelried
Vallonné au départ, le parcours se poursuit au plat, de Stans à Buochs, et aboutit sur la rive du Lac-des-quatre-cantons. Nous traversons les cantons d’Obwald puis de Nidwald, pays de Winkelried, commémoré par une statue que nous n’irons pas voir à Stans. Nous ne monterons pas non plus hélas en téléphérique au Stanserhorn, où une vue panoramique sur 100km de chaînes des Alpes coupe le souffle des touristes. Allons droit notre chemin !
Après un petit déjeuner mémorable à l’hôtel Krone à Kerns qui recevait une horde de touristes chinois pour la nuit, nous prenons la route, direction nord. Panneaux publicitaires le long de la chaussée : des politiciens en campagne électorale revendiquant une place à Berne. Leur grand sourire. Le paysage en collines lui aussi est plein de charme avec ici et là de ravissantes chapelles catholiques bien entretenues. Passé le portique, on découvre à chaque fois un style baroque dans des espaces aux murs fraîchement blanchis.
Des décorations d’objets hétéroclites devant les maisons sont pour le moins étonnantes. Nous questionnons un indigène occupé à soigner ses fleurs : pourquoi ces arbres et balcons décorés, pourquoi des prénoms inscrits en gros caractère ? Une manière de souhaiter la bienvenue aux nouveaux nés, démarche récente des sociétés locales, nous apprend-il. Une tradition nataliste qui perdure.
Passé les villages de Wisselen puis d’Ennetmoos, au sud de Stans, bifurcation direction Buochs. Pique-nique sur l’escalier d’une école désertée, avant de repartir à travers des espaces verts servant aux exercices militaires. Une chance que l’accès à ces terrains soit permis aujourd’hui ! La zone se termine à l’emplacement de l’usine Pilatus, fabrique d’avions militaires, à l’architecture récente. Une vaste halle de bois vraiment réussie sert au montage des avions.
Une dense urbanisation s’étale en douceur sur les flancs de côteaux aux abords des pistes d’essais. Premières loges ! Coupons à travers un grand pré servant d’aire d’exposition temporaire à des sculptures d’art contemporain. Ligne droite ensuite sur le trottoir vers la charmante ville de Buochs au bord de l’eau, du Vierwaldstättersee. A l’hôtel Rigiblickamsee face à la dite montagne, nous apprécions la cervoise sur sa charmante terrasse les pieds dans l’eau.
A propos des boissons
Notre aventure aura servi à nous faire apprécier l’eau par dessus tout : l’eau plate du robinet, son goût variant d’une région à l’autre ; l’eau bue à même les fontaines et les sources, quand sources il y a ; la bière … Calanda, Löwenbräu et d’autres, rallongée de limonade ; le cidre fermenté en Suisse centrale ; des vins suisses, le soir à l’heure du repas. Le matin nous partons avec des gourdes d’eau et de thé chaud.
Promenade dans le pays de Winkelried
Vallonné au départ, le parcours se poursuit au plat, de Stans à Buochs, et aboutit sur la rive du Lac-des-quatre-cantons. Nous traversons les cantons d’Obwald puis de Nidwald, pays de Winkelried, commémoré par une statue que nous n’irons pas voir à Stans. Nous ne monterons pas non plus hélas en téléphérique au Stanserhorn, où une vue panoramique sur 100km de chaînes des Alpes coupe le souffle des touristes. Allons droit notre chemin !
Après un petit déjeuner mémorable à l’hôtel Krone à Kerns qui recevait une horde de touristes chinois pour la nuit, nous prenons la route, direction nord. Panneaux publicitaires le long de la chaussée : des politiciens en campagne électorale revendiquant une place à Berne. Leur grand sourire. Le paysage en collines lui aussi est plein de charme avec ici et là de ravissantes chapelles catholiques bien entretenues. Passé le portique, on découvre à chaque fois un style baroque dans des espaces aux murs fraîchement blanchis.
Des décorations d’objets hétéroclites devant les maisons sont pour le moins étonnantes. Nous questionnons un indigène occupé à soigner ses fleurs : pourquoi ces arbres et balcons décorés, pourquoi des prénoms inscrits en gros caractère ? Une manière de souhaiter la bienvenue aux nouveaux nés, démarche récente des sociétés locales, nous apprend-il. Une tradition nataliste qui perdure.
Passé les villages de Wisselen puis d’Ennetmoos, au sud de Stans, bifurcation direction Buochs. Pique-nique sur l’escalier d’une école désertée, avant de repartir à travers des espaces verts servant aux exercices militaires. Une chance que l’accès à ces terrains soit permis aujourd’hui ! La zone se termine à l’emplacement de l’usine Pilatus, fabrique d’avions militaires, à l’architecture récente. Une vaste halle de bois vraiment réussie sert au montage des avions.
Une dense urbanisation s’étale en douceur sur les flancs de côteaux aux abords des pistes d’essais. Premières loges ! Coupons à travers un grand pré servant d’aire d’exposition temporaire à des sculptures d’art contemporain. Ligne droite ensuite sur le trottoir vers la charmante ville de Buochs au bord de l’eau, du Vierwaldstättersee. A l’hôtel Rigiblickamsee face à la dite montagne, nous apprécions la cervoise sur sa charmante terrasse les pieds dans l’eau.
A propos des boissons
Notre aventure aura servi à nous faire apprécier l’eau par dessus tout : l’eau plate du robinet, son goût variant d’une région à l’autre ; l’eau bue à même les fontaines et les sources, quand sources il y a ; la bière … Calanda, Löwenbräu et d’autres, rallongée de limonade ; le cidre fermenté en Suisse centrale ; des vins suisses, le soir à l’heure du repas. Le matin nous partons avec des gourdes d’eau et de thé chaud.
19. Buochs–Seelisberg
14km – mercredi 16 septembre 2015
Le long du lac, l’itinéraire mène jusqu’à Risleten. Une escalade dans les gorges du même nom débouche sur un plateau offrant un panorama merveilleux. Qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux !
L’hôtel Rigiblickamsee que nous quittons est un des nombreux établissements, entre Buochs et Beckenried, accueillant un tourisme international. Haut lieu de villégiature, la rive présente de jolis endroits pour la baignade. Envahie par des propriétés privées, elle prive les promeneurs du chemin lacustre à bien des endroits. L’autoroute surplombe très haut ce paradis de nantis. Elle traverse non loin la colline de Seelisberg dans le tunnel éponyme et file ensuite dans la direction du Gothard.
Pause café à une superbe terrasse sur le lac à Beckenried, la Riviera de la Suisse centrale ! Toute une tablée prend son petit déjeuner … des vaudois, un EMS en balade ! Notre parcours est aussi celui de l’étape Brunnen-Beckenried du chemin de Saint-Jean de Compostelle. L’église de la bourgade à deux pas du port vaut bien qu’on s’y arrête. Encore quelques kilomètres dans la verdure à longer un chantier naval et quelques industries PME. Puis, toujours le long du lac, dans une nature verte et sauvage jusqu’aux chutes d’eau de Risleten.
Ici, débute une grimpette dont on se souviendra à l'instar de celle de Soubey dans le Jura. Le chemin quitte le lac pour une forêt très en pente. Escaliers interminables partiellement le long des chutes d’eau. A travers les feuillages, on aperçoit Vitznau et Gersau, petites villes au pied du Rigi. En contre bas, le lac se dissipe toujours plus. C’est très à pic. Mieux vaut ne pas avoir le vertige.
Aujourd’hui, Jon a terriblement mal à un mollet. Cela n’arrange rien. Le fait d’enchaîner les étapes depuis Porrentruy ne l’épargne pas d’une fatigue qui s’installe au moment des passages difficiles.
L’arrivée à l’orée du bois, qui pourtant reste pentue, a tout d’une délivrance. Le chemin aboutit sur un panorama superbe qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux. Le lac des Quatre-cantons dans toute sa splendeur, avec pâturages et fermes au premier plan. La tranquillité est telle que le bruissement de la voile d’un catboat en contre bas parvient jusqu’à nos oreilles. Pareille atmosphère vécue sur une île grecque.
Soudain, la route devient démesurément large. Echange de quelques mots avec un couple de paysans faisant les foins sur le versant. Chapeau les paysans d’entretenir ce paysage ! Ils fauchent quatre fois l’an, disent-ils, le terrain étant trop pentu pour le bétail. Ils utilisent un tracteur à roues compensées, puis une soufflerie pour chasser l’herbe jusqu’au plat sur la large route asphaltée, construite on l’apprend pour accéder à l’autoroute. Elle n’a jamais servi !
Plein soleil. Dure dure la pente restante sur 2 km. Nous perdons le coup d’œil sur le lac jusqu’à Seelisberg. Seelisberg station perchée en nid d’aigle offre une vue à couper le souffle sur le lac d’Uri, partie sud/est du lac des Quatre-cantons. En face, le Fronalpstock montagne connue des skieurs ; à gauche, la ville de Brunnen ; à droite, l’embouchure de la Reuss. L’hôtel Bellevue où nous passons la nuit permet de jouir pleinement du panorama. Le foehn annoncé se met à souffler! Réputé violant sur cette partie du lac, il offre une vision apocalyptique du paysage. Végétation et eau du lac en furie. Repas du soir au café de la gare du funiculaire et routière. Très sympathique. Prémices d’un changement de climat, la nuit est superbement étoilée.
Le long du lac, l’itinéraire mène jusqu’à Risleten. Une escalade dans les gorges du même nom débouche sur un plateau offrant un panorama merveilleux. Qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux !
L’hôtel Rigiblickamsee que nous quittons est un des nombreux établissements, entre Buochs et Beckenried, accueillant un tourisme international. Haut lieu de villégiature, la rive présente de jolis endroits pour la baignade. Envahie par des propriétés privées, elle prive les promeneurs du chemin lacustre à bien des endroits. L’autoroute surplombe très haut ce paradis de nantis. Elle traverse non loin la colline de Seelisberg dans le tunnel éponyme et file ensuite dans la direction du Gothard.
Pause café à une superbe terrasse sur le lac à Beckenried, la Riviera de la Suisse centrale ! Toute une tablée prend son petit déjeuner … des vaudois, un EMS en balade ! Notre parcours est aussi celui de l’étape Brunnen-Beckenried du chemin de Saint-Jean de Compostelle. L’église de la bourgade à deux pas du port vaut bien qu’on s’y arrête. Encore quelques kilomètres dans la verdure à longer un chantier naval et quelques industries PME. Puis, toujours le long du lac, dans une nature verte et sauvage jusqu’aux chutes d’eau de Risleten.
Ici, débute une grimpette dont on se souviendra à l'instar de celle de Soubey dans le Jura. Le chemin quitte le lac pour une forêt très en pente. Escaliers interminables partiellement le long des chutes d’eau. A travers les feuillages, on aperçoit Vitznau et Gersau, petites villes au pied du Rigi. En contre bas, le lac se dissipe toujours plus. C’est très à pic. Mieux vaut ne pas avoir le vertige.
Aujourd’hui, Jon a terriblement mal à un mollet. Cela n’arrange rien. Le fait d’enchaîner les étapes depuis Porrentruy ne l’épargne pas d’une fatigue qui s’installe au moment des passages difficiles.
L’arrivée à l’orée du bois, qui pourtant reste pentue, a tout d’une délivrance. Le chemin aboutit sur un panorama superbe qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux. Le lac des Quatre-cantons dans toute sa splendeur, avec pâturages et fermes au premier plan. La tranquillité est telle que le bruissement de la voile d’un catboat en contre bas parvient jusqu’à nos oreilles. Pareille atmosphère vécue sur une île grecque.
Soudain, la route devient démesurément large. Echange de quelques mots avec un couple de paysans faisant les foins sur le versant. Chapeau les paysans d’entretenir ce paysage ! Ils fauchent quatre fois l’an, disent-ils, le terrain étant trop pentu pour le bétail. Ils utilisent un tracteur à roues compensées, puis une soufflerie pour chasser l’herbe jusqu’au plat sur la large route asphaltée, construite on l’apprend pour accéder à l’autoroute. Elle n’a jamais servi !
Plein soleil. Dure dure la pente restante sur 2 km. Nous perdons le coup d’œil sur le lac jusqu’à Seelisberg. Seelisberg station perchée en nid d’aigle offre une vue à couper le souffle sur le lac d’Uri, partie sud/est du lac des Quatre-cantons. En face, le Fronalpstock montagne connue des skieurs ; à gauche, la ville de Brunnen ; à droite, l’embouchure de la Reuss. L’hôtel Bellevue où nous passons la nuit permet de jouir pleinement du panorama. Le foehn annoncé se met à souffler! Réputé violant sur cette partie du lac, il offre une vision apocalyptique du paysage. Végétation et eau du lac en furie. Repas du soir au café de la gare du funiculaire et routière. Très sympathique. Prémices d’un changement de climat, la nuit est superbement étoilée.
20. Seelisberg–Attinghausen
16km – jeudi 17 septembre 2015
Pour rejoindre la vallée menant au col du Gothard, il faut dévaler 450m jusqu’au au niveau du lac. Sur un versant où s’agrippent forêts et pâturages. 4000 marches d’escaliers tip-top ont été construites pour accéder à Bauen, charmante localité nichée entre eau et roche. Nous longeons ensuite le sud du lac, avant d’aborder la vallée de la Reuss, direction Attinghausen.
Au départ de Seelisberg, une esplanade permet de voir sur la rive en contre-bas la célèbre prairie du Rütli, avant d’entamer la grande descente, agréable parcours entre forêts et pâturages, où surprise, apparaît un petit château collé à sa chapelle. Construit au 15ème siècle par des notables d’Uri, la famille Beroldingen qui lui donna son nom.
Des branches jonchent le sol, arrachées la veille par le fort vent du foehn. En contre bas, on entend le vrombissement d’une machine infernale. La situation a été prise en charge illico presto par le service de voirie qui nettoie les passages encombrés. Tout est propre en ordre dans le paysage des petits cantons. C’en est presque inquiétant. Les effluves du bois détrempé titillent nos narines.
Arrivée à Bauen au bord du lac. La pluie nous a déjà rincés. Pas de pique-nique aujourd’hui. Repas de midi au Fischli am See, charmant restaurant du port. Au menu, produits locaux : Féra aux chanterelles sur risotto, délicieux dessert. Bauen, la plus petite commune du canton d’Uri, où Alberich Zwissig composa en 1841 le Cantique suisse, notre hymne national. On imagine l’atmosphère de huis-clos à Bauen - où séjourna également Schiller le poète - les jours où la fureur du lac, comme aujourd’hui, empêchait les bateaux d’amarrer.
Poursuite vers l’extrémité du lac, à l’abri de la pluie dans une série de tunnels creusés dans la roche, par la Voie Suisse, créée pour le 700ème anniversaire de la Confédération. De nombreux vestiges de l’événement subsistent : sculptures, gravures dans la pierre au sol, plates-formes, arrêts pique-nique. Cela doit être superbe les jours de beau temps. Aujourd’hui, pluie et fort vent. Nos pèlerines font plein usage pour la première fois dans notre périple.
A Seedorf, découverte d’un imposant monastère et d’un château baroque abritant un musée minéralogique. Près d’une imposante église à Seedorf, échange de quelques mots avec un cultivateur dans son champ de lavande. Quand tailler, quand cueillir, etc. Voyant les chaussures de Jon, il prévient avec un clin d’œil qu’il y aura peut-être de la neige sur le col !
Trempés jusqu’aux os, arrivés enfin à Attinghausen. Hébergement dans un l’hôtel, modeste mais confortable. Chambre et salle de bain chauffées permettent de sécher nos fringues. Un vrai luxe ! Nous apprécions une fois de plus l’accueil chaleureux des indigènes et le service rendu par Fabienne, réceptionniste à l’hôtel Bellevue de Seelisberg, qui nous a ramené ce jour-là nos bagages jusqu’ici. « Kein Problem ! » elle habite dans la coin nous a-t-elle dit.
Le soir, on nous demande de nous asseoir au bar pour le repas, car la salle du restaurant bondée est entièrement occupée par une manifestation … le loto annuel des lutteurs. ! « Ruhe, bitte ! » Atmosphère dont on se souviendra.
A propos des chaussures
Jon a décidé de faire la Traversée avec des baskets de course, suite à la lecture, avant le départ du périple, de Jean-Christophe Rufin sur le Chemin de Compostelle, qui lui a appris que c’est possible. Le seul vrai problème intervient quand il pleut ! Les baskets … des passoires !
Pour rejoindre la vallée menant au col du Gothard, il faut dévaler 450m jusqu’au au niveau du lac. Sur un versant où s’agrippent forêts et pâturages. 4000 marches d’escaliers tip-top ont été construites pour accéder à Bauen, charmante localité nichée entre eau et roche. Nous longeons ensuite le sud du lac, avant d’aborder la vallée de la Reuss, direction Attinghausen.
Au départ de Seelisberg, une esplanade permet de voir sur la rive en contre-bas la célèbre prairie du Rütli, avant d’entamer la grande descente, agréable parcours entre forêts et pâturages, où surprise, apparaît un petit château collé à sa chapelle. Construit au 15ème siècle par des notables d’Uri, la famille Beroldingen qui lui donna son nom.
Des branches jonchent le sol, arrachées la veille par le fort vent du foehn. En contre bas, on entend le vrombissement d’une machine infernale. La situation a été prise en charge illico presto par le service de voirie qui nettoie les passages encombrés. Tout est propre en ordre dans le paysage des petits cantons. C’en est presque inquiétant. Les effluves du bois détrempé titillent nos narines.
Arrivée à Bauen au bord du lac. La pluie nous a déjà rincés. Pas de pique-nique aujourd’hui. Repas de midi au Fischli am See, charmant restaurant du port. Au menu, produits locaux : Féra aux chanterelles sur risotto, délicieux dessert. Bauen, la plus petite commune du canton d’Uri, où Alberich Zwissig composa en 1841 le Cantique suisse, notre hymne national. On imagine l’atmosphère de huis-clos à Bauen - où séjourna également Schiller le poète - les jours où la fureur du lac, comme aujourd’hui, empêchait les bateaux d’amarrer.
Poursuite vers l’extrémité du lac, à l’abri de la pluie dans une série de tunnels creusés dans la roche, par la Voie Suisse, créée pour le 700ème anniversaire de la Confédération. De nombreux vestiges de l’événement subsistent : sculptures, gravures dans la pierre au sol, plates-formes, arrêts pique-nique. Cela doit être superbe les jours de beau temps. Aujourd’hui, pluie et fort vent. Nos pèlerines font plein usage pour la première fois dans notre périple.
A Seedorf, découverte d’un imposant monastère et d’un château baroque abritant un musée minéralogique. Près d’une imposante église à Seedorf, échange de quelques mots avec un cultivateur dans son champ de lavande. Quand tailler, quand cueillir, etc. Voyant les chaussures de Jon, il prévient avec un clin d’œil qu’il y aura peut-être de la neige sur le col !
Trempés jusqu’aux os, arrivés enfin à Attinghausen. Hébergement dans un l’hôtel, modeste mais confortable. Chambre et salle de bain chauffées permettent de sécher nos fringues. Un vrai luxe ! Nous apprécions une fois de plus l’accueil chaleureux des indigènes et le service rendu par Fabienne, réceptionniste à l’hôtel Bellevue de Seelisberg, qui nous a ramené ce jour-là nos bagages jusqu’ici. « Kein Problem ! » elle habite dans la coin nous a-t-elle dit.
Le soir, on nous demande de nous asseoir au bar pour le repas, car la salle du restaurant bondée est entièrement occupée par une manifestation … le loto annuel des lutteurs. ! « Ruhe, bitte ! » Atmosphère dont on se souviendra.
A propos des chaussures
Jon a décidé de faire la Traversée avec des baskets de course, suite à la lecture, avant le départ du périple, de Jean-Christophe Rufin sur le Chemin de Compostelle, qui lui a appris que c’est possible. Le seul vrai problème intervient quand il pleut ! Les baskets … des passoires !
21. Attinghausen–Gurtnellen
20km – vendredi 18 septembre 2015
L’ascension au sommet du col est prévue en trois étapes dans la vallée de la Reuss, corridor de transit. Le plus important axe nord-sud d’Europe, avec nuisances ferroviaire et routière. Passage chargé d’histoire, pour témoins sentiers de porteur, tours de gardes, églises et auberges légendaires. La montée nous projette dans un cadre grandiose de falaises, forêts, pâturages dominés par les hauts sommets. Un paysage que nous découvrons. Le trajet en voiture ou en train comme nous l’avons déjà vécu, n’offre pas les mêmes les dimensions d’ensemble du paysage.
Départ dans la nature à 9 heures, sous une pluie battante. Nous faisons bon usage de nos pèlerines. Avec raison, le restaurateur de Laupen avait bien dit, alors que nous craignions les averses : «Il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement de mauvais équipements » Nos pèlerines sont ultra légères. Pliées, elles tiennent dans la poche. Immenses, elles protègent au maximum notre équipement, sacs à dos inclus.
Nous cheminons sur le bas-côté droit de la vallée. Entamant la montée, découverte étrange du « Chemin des Anges » Le long de galeries creusées dans la roche, dans une odeur de pierre humide s’étalent, en nombre infini, des statuettes, images d’angelots accrochées aux murs ou posées au sol, sur des dizaines de mètres. Tracé d’un pèlerinage ? La question reste posée. Malgré nos recherches ultérieures, nous ne savons toujours pas. D’ici, notre champ de vision vers la vallée, en contre-bas, dévoile du plus concret : de gigantesques parkings pour les camionneurs transitaires. Leur chambre à coucher en quelque sorte!
Maintenant, pointe au loin le clocher de l’église de Erstfeld. Nous passons sur l’autre rive à proximité d’un ancien quai, étonnant dédales d’ardoise. La gare des marchandises de la ligne ferroviaire du Gothard (nous ne la verrons pas) se trouve dans les parages.
Peu avant Amsteg, l’important lotissement de baraques des ouvriers du nouveau tunnel. Il s’étend en bordure d’une Reuss bruyante. Trouve-t-on le sommeil à pareil endroit ? Il est midi, nous nous séchons et nous réchauffons dans un resto d’Amsteg situé sous l’arche d’un pont. Salle sombre, austère. Bons Spaghetti au menu.
D’Amsteg, la marche reprend sur un fort raidillon. La contrée est plus calme, sous un ciel devenu serein.
Le long du chemin, de minuscules constructions en béton servent d’abri en cas d’avalanches. Au passage, une ravissante chapelle, de superbes maisons uranaises datant du 16ème et du 17ème. Epargnés des nuisances, abrités par les collines, certains villages ne sont pas désertés.
Le bruit des remous de la rivière reprend en amont, étouffant celui de l’autoroute. Puis celui des moteurs l’emporte. Et ainsi de suite. Parfois nous surplombons le trafic, puis un pont de béton passe au-dessus de nos têtes. Evitant tunnels et routes, le parcours nous fait monter et redescendre sans cesse. Au niveau de la rivière, des panneaux rappellent la montée des eaux et la meilleure mesure à prendre en cas de danger … courir !
Nous poursuivons sur le sentier panoramique Gottardo créé en 2007, sous la devise « rail, nature, culture » Il offre aux randonneurs des sensations fortes, comme par exemple la vue du plus haut pont CFF, en passant sans s’en douter sur l’ancien bunker fédéral. Des panneaux jalonnant le parcours informent sur l’histoire de cette incroyable vallée de passage, sur la construction des tunnels et des routes, sur son rôle durant la dernière guerre. Sa flore, sa faune. Peu avant Gurtnellen, une étroite passerelle de 200m de long, bien stable Dieu soit loué, nous reconduit sur la rive gauche de la Reus.
A Wiler Gurtnellen, nous nous réchauffons au mythique hôtel-restaurant Le Gothard, que des dames âgées préservent de la fermeture. Puis prenons le car postal, plein à craquer de travailleurs et écoliers, retour à Attinghausen. Sympa, le chauffeur ! Il quitte son poste pour nous conseiller une correspondance écourtant le trajet.
Tôt le lendemain, nous amenons nos bagages à Andermatt via Altdorf par le train, changement à Göschenen. Puis retour à Gurtnellen pour une étape tout aussi passionnante. Des va-et-vient auxquels nous nous sommes habitués et qui nous permettent de vivre d’autres réalités.
L’ascension au sommet du col est prévue en trois étapes dans la vallée de la Reuss, corridor de transit. Le plus important axe nord-sud d’Europe, avec nuisances ferroviaire et routière. Passage chargé d’histoire, pour témoins sentiers de porteur, tours de gardes, églises et auberges légendaires. La montée nous projette dans un cadre grandiose de falaises, forêts, pâturages dominés par les hauts sommets. Un paysage que nous découvrons. Le trajet en voiture ou en train comme nous l’avons déjà vécu, n’offre pas les mêmes les dimensions d’ensemble du paysage.
Départ dans la nature à 9 heures, sous une pluie battante. Nous faisons bon usage de nos pèlerines. Avec raison, le restaurateur de Laupen avait bien dit, alors que nous craignions les averses : «Il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement de mauvais équipements » Nos pèlerines sont ultra légères. Pliées, elles tiennent dans la poche. Immenses, elles protègent au maximum notre équipement, sacs à dos inclus.
Nous cheminons sur le bas-côté droit de la vallée. Entamant la montée, découverte étrange du « Chemin des Anges » Le long de galeries creusées dans la roche, dans une odeur de pierre humide s’étalent, en nombre infini, des statuettes, images d’angelots accrochées aux murs ou posées au sol, sur des dizaines de mètres. Tracé d’un pèlerinage ? La question reste posée. Malgré nos recherches ultérieures, nous ne savons toujours pas. D’ici, notre champ de vision vers la vallée, en contre-bas, dévoile du plus concret : de gigantesques parkings pour les camionneurs transitaires. Leur chambre à coucher en quelque sorte!
Maintenant, pointe au loin le clocher de l’église de Erstfeld. Nous passons sur l’autre rive à proximité d’un ancien quai, étonnant dédales d’ardoise. La gare des marchandises de la ligne ferroviaire du Gothard (nous ne la verrons pas) se trouve dans les parages.
Peu avant Amsteg, l’important lotissement de baraques des ouvriers du nouveau tunnel. Il s’étend en bordure d’une Reuss bruyante. Trouve-t-on le sommeil à pareil endroit ? Il est midi, nous nous séchons et nous réchauffons dans un resto d’Amsteg situé sous l’arche d’un pont. Salle sombre, austère. Bons Spaghetti au menu.
D’Amsteg, la marche reprend sur un fort raidillon. La contrée est plus calme, sous un ciel devenu serein.
Le long du chemin, de minuscules constructions en béton servent d’abri en cas d’avalanches. Au passage, une ravissante chapelle, de superbes maisons uranaises datant du 16ème et du 17ème. Epargnés des nuisances, abrités par les collines, certains villages ne sont pas désertés.
Le bruit des remous de la rivière reprend en amont, étouffant celui de l’autoroute. Puis celui des moteurs l’emporte. Et ainsi de suite. Parfois nous surplombons le trafic, puis un pont de béton passe au-dessus de nos têtes. Evitant tunnels et routes, le parcours nous fait monter et redescendre sans cesse. Au niveau de la rivière, des panneaux rappellent la montée des eaux et la meilleure mesure à prendre en cas de danger … courir !
Nous poursuivons sur le sentier panoramique Gottardo créé en 2007, sous la devise « rail, nature, culture » Il offre aux randonneurs des sensations fortes, comme par exemple la vue du plus haut pont CFF, en passant sans s’en douter sur l’ancien bunker fédéral. Des panneaux jalonnant le parcours informent sur l’histoire de cette incroyable vallée de passage, sur la construction des tunnels et des routes, sur son rôle durant la dernière guerre. Sa flore, sa faune. Peu avant Gurtnellen, une étroite passerelle de 200m de long, bien stable Dieu soit loué, nous reconduit sur la rive gauche de la Reus.
A Wiler Gurtnellen, nous nous réchauffons au mythique hôtel-restaurant Le Gothard, que des dames âgées préservent de la fermeture. Puis prenons le car postal, plein à craquer de travailleurs et écoliers, retour à Attinghausen. Sympa, le chauffeur ! Il quitte son poste pour nous conseiller une correspondance écourtant le trajet.
Tôt le lendemain, nous amenons nos bagages à Andermatt via Altdorf par le train, changement à Göschenen. Puis retour à Gurtnellen pour une étape tout aussi passionnante. Des va-et-vient auxquels nous nous sommes habitués et qui nous permettent de vivre d’autres réalités.
22. Gurtnellen–Andermatt
14km – samedi 19 septembre 2015
Captivante étape. La vallée se rétrécit annonçant le haut-plateau d'Andermatt. Arrêt à Göschenen zone de transit ferroviaire du Gothard.
Temps couvert, sans pluie. A partir de Gurtnellen, la vallée devient tel un corridor. Rivière, chemin de fer et voie routière se rapprochent, jusqu’à forcer la marche le long des rails. Si proche de l’autoroute à un endroit qu'elle nous permet d'assister de près aux bouchons du week-end, de voir les automobilistes s’impatienter. A l’allure du pas, nous sommes plus rapides !
Nous apercevons l’église de Wassen sur sa colline. Elle reste dans notre champ de vision pour un long moment. Depuis le train ce matin, en sens inverse, nous avons vécu un phénomène connu à cet endroit : dans la forte dénivellation de la vallée, le parcours dans le tunnel ferroviaire hélicoïdal (en plusieurs courbes) permet aux voyageurs de voir cette église trois fois de suite sous des angles différents. Etonnant !
A Göschenen, croyant prendre un raccourci, bêtas nous nous égarons dans les voies de la gare. Nos forces déclinent. Il est temps de faire une pause. Dans un restaurant bondé de touristes arrivés en autocar, une ultime table libre ! Mangeons une soupe … et séchons nos sueurs.
Reprise du parcours dans une pente s’accentuant encore. La rivière gronde de plus belle. Un promeneur rencontré nous confirme que le passage du pont du Diable, fermé depuis des semaines pour cause d’éboulement, est bel et bien rouvert depuis 3 jours. Quelle chance … et quel cadeau pour ce 19 septembre. Nous fêtons aujourd’hui nos noces de vermeil !
Les travaux ne sont pourtant pas terminés, le chantier des réparations s’étalant sur quelques kilomètres. Passerelles et rampes d’escaliers permettent aux bipèdes de passer quand même. La logistique mise en place pour que tout circule normalement est impressionnante.
Avant l’arrivée au célèbre pont, des cascades à l’eau cristalline jaillissent de très haut des roches abruptes et se déversent directement dans la Reuss … majestueux ! Puis surgit, surdimensionné, le mémorial Souvorov dédié aux soldats morts à cet endroit en 1799, lors d’un affrontement franco-russe. Et soudain dans la vallée maintenant très étroite, le célèbre pont du Diable. Les gorges de Schöllenen, décor dans lequel il se niche, nous laissent bouche bée. La forte résonnance des remous nous berce dans l’atmosphère des légendes de ce lieu mythique.
Surréaliste ! D’ici, dans une tour de béton, un escalier débouche sur le terrain totalement plat du haut plateau d’Andermatt. Nous sommes en fin du parcours tortueux de la 22ème étape. Heureux !
Captivante étape. La vallée se rétrécit annonçant le haut-plateau d'Andermatt. Arrêt à Göschenen zone de transit ferroviaire du Gothard.
Temps couvert, sans pluie. A partir de Gurtnellen, la vallée devient tel un corridor. Rivière, chemin de fer et voie routière se rapprochent, jusqu’à forcer la marche le long des rails. Si proche de l’autoroute à un endroit qu'elle nous permet d'assister de près aux bouchons du week-end, de voir les automobilistes s’impatienter. A l’allure du pas, nous sommes plus rapides !
Nous apercevons l’église de Wassen sur sa colline. Elle reste dans notre champ de vision pour un long moment. Depuis le train ce matin, en sens inverse, nous avons vécu un phénomène connu à cet endroit : dans la forte dénivellation de la vallée, le parcours dans le tunnel ferroviaire hélicoïdal (en plusieurs courbes) permet aux voyageurs de voir cette église trois fois de suite sous des angles différents. Etonnant !
A Göschenen, croyant prendre un raccourci, bêtas nous nous égarons dans les voies de la gare. Nos forces déclinent. Il est temps de faire une pause. Dans un restaurant bondé de touristes arrivés en autocar, une ultime table libre ! Mangeons une soupe … et séchons nos sueurs.
Reprise du parcours dans une pente s’accentuant encore. La rivière gronde de plus belle. Un promeneur rencontré nous confirme que le passage du pont du Diable, fermé depuis des semaines pour cause d’éboulement, est bel et bien rouvert depuis 3 jours. Quelle chance … et quel cadeau pour ce 19 septembre. Nous fêtons aujourd’hui nos noces de vermeil !
Les travaux ne sont pourtant pas terminés, le chantier des réparations s’étalant sur quelques kilomètres. Passerelles et rampes d’escaliers permettent aux bipèdes de passer quand même. La logistique mise en place pour que tout circule normalement est impressionnante.
Avant l’arrivée au célèbre pont, des cascades à l’eau cristalline jaillissent de très haut des roches abruptes et se déversent directement dans la Reuss … majestueux ! Puis surgit, surdimensionné, le mémorial Souvorov dédié aux soldats morts à cet endroit en 1799, lors d’un affrontement franco-russe. Et soudain dans la vallée maintenant très étroite, le célèbre pont du Diable. Les gorges de Schöllenen, décor dans lequel il se niche, nous laissent bouche bée. La forte résonnance des remous nous berce dans l’atmosphère des légendes de ce lieu mythique.
Surréaliste ! D’ici, dans une tour de béton, un escalier débouche sur le terrain totalement plat du haut plateau d’Andermatt. Nous sommes en fin du parcours tortueux de la 22ème étape. Heureux !
23. Andermatt–Airolo
20km – dimanche 20 septembre 2015 | Deux étapes d'une journée
Sur le sentier des muletiers et la route des postillons. Le passage du col du Gothard fait partie de nos coups de cœur. La journée s’annonce ensoleillée et la forte bise à affronter ce dimanche donne un peu plus de piment à notre déjà passionnante aventure.
A l’Hôtel Métropole d’Andermatt, la chambre chauffée, tranquille, permet d’étaler notre équipement, de faire une petite lessive, de passer une bonne nuit de sommeil. Bien mangé aussi à la table de son restaurant animé ce samedi soir. Une brigade de jeunes hongrois et allemands est fort occupée au service d’une cohorte de retraités en sortie.
Plutôt insolite, à un jet de pierre : une exposition de voitures de luxe … dans l’aire d’entrée du complexe hôtelier d’un certain Samih Sawiri.
Dimanche 9 heures le matin. Repartis le pied léger sur le plateau d’Ursenen, à travers la zone du terrain de golf. Mince! le bruit de la tondeuse à gazon ! L’entretien du green a déjà commencé.
A 4km d’Andermatt, le village d’Hospental, dernière agglomération avant d’entamer la montée au sommet. Grande église entourée de vieilles maisons uranaises bellement restaurées. A proximité, une vieille tour carrée. Nous sommes à la bifurcation des directions Furka/Gothard. Dans une chapelle voisine, cette inscription : « Ici se sépare le chemin. Oh ! ami, où vas-tu ? Veux-tu aller vers la Rome éternelle, redescendre vers la Saint Cologne, en direction du Rhin allemand, ou aller loin vers l’ouest en direction du pays des Francs ? »
Nous poursuivons vers la Rome éternelle, sur le sentier des porteurs, par le col mythique. Le long de La Reuss, qui maintenant bouillonne discrètement, s’étale une végétation de fin de saison. On imagine les rhododendrons en fleurs au printemps. Notre chemin chevauche les rocailles, traverse les pâturages. Attention bovins! Dans ce magnifique cercle alpin, une construction insolite ressemblant à un kiosque à musique, aspect monument soviétique. Le guide TST nous éclaire sur son utilité. Elle permet l’aération du tunnel … sous nos pieds.
Etonnamment peu de randonneurs rencontrés sur le parcours en ce dimanche d'été, plutôt des cyclistes lorsque notre chemin longe brièvement la voie routière. Dernière tirée menant au sommet, l’ancienne route pavée des postillons, récemment restaurée, en pente douce, aux abords de petits lacs. Imaginons les pavés de la rue de Bourg à Lausanne sur 4 km. Une famille zurichoise, malgré la forte bise, s’installe tant bien que mal dans un pâturage pour le pique-nique. Des pêcheurs s’adonnent à leur sport dominical. Notre guide rappelle que le massif du Gothard est un véritable château d’eau. Le Rhin, le Rhône, la Reuss et le Ticino prennent leur source dans cet important cercle alpin.
En fin de parcours, il est possible de quitter la route pour marcher sur de larges plaques de roche. On voit d’ici le monde qui afflue au sommet du col. Vers l’hospice, les parkings sont combles.
Ouf ! Nous y voilà. Deux milles cent et dix mètre d’altitude à l’arrivée. Soleil éclatant et forte bise. A l’abri d’une pierre chauffée par Hélios - dossier bienvenu à nos dos détrempés - la pause pique-nique nous donne de la vigueur et l’envie de poursuivre. Pourquoi pas jusqu’à Airolo. Allons y ! Tant que nos jambes nous portent ! Nous quittons le frisquet du col pour un climat plus serein.
La descente vers Airolo : un coup de cœur. Nous dévallons, foulant l’ancienne route de la Tremola - 1200m de dénivellation sur 8 km - et coupant ses virages en lacets. La route est pavée sur le premier tiers. Jadis empruntée par les malle-postes, elle fait partie des trésors du patrimoine. On imagine la scène de « La diligence du Gothard » de Rudolph Koller gravée dans la mémoire commune des Helvètes. Aujourd’hui par cette très forte bise, on y croise que quelques rares nostalgiques roulant dans de vieux tacots et des motards héroïques. La Tremola est paraît-il un must pour les cyclistes. Construite par Francesco Meschini entre 1827 et 1830, la route et son cadre ont servi de décor de cinéma. On comprend la fascination des réalisateurs pour cet endroit.
Nous respirons pleinement l’air et le soleil. Le panorama est grandiose, vertigineux. Des torrents se déversent de tous côtés. Cerise sur le gâteau : soudain une famille de marmottes. Nous apercevant, elles se figent sur leur postérieure comme des statues de sel. Un bonheur !
Airolo enfin dans notre champ de vision. La pente est sérieuse, qui amène directement à la gare CFF et routière. Ici pause méritée à une terrasse ensoleillée. A deux pas, un imposant mémorial rappelle la mort accidentelle des ouvriers pendant la construction du tunnel.
Surtout ne pas manquer le dernier car postal à17h conduisant à Andermatt. Le trajet nous permet d’admirer le col d’un autre point de vue dans une belle lumière de fin de journée. Fatigués et heureux, bercés par la musique du klaxon, celle qui a inspiré Rossini pour une ouverture d’opéra.
A partir d’Airolo, les va-et-vient n’étant géographiquement plus imaginables, nous marcherons avec notre bagage entier, allégé toutefois d’un surplus envoyé par la poste à notre domicile.
Sur le sentier des muletiers et la route des postillons. Le passage du col du Gothard fait partie de nos coups de cœur. La journée s’annonce ensoleillée et la forte bise à affronter ce dimanche donne un peu plus de piment à notre déjà passionnante aventure.
A l’Hôtel Métropole d’Andermatt, la chambre chauffée, tranquille, permet d’étaler notre équipement, de faire une petite lessive, de passer une bonne nuit de sommeil. Bien mangé aussi à la table de son restaurant animé ce samedi soir. Une brigade de jeunes hongrois et allemands est fort occupée au service d’une cohorte de retraités en sortie.
Plutôt insolite, à un jet de pierre : une exposition de voitures de luxe … dans l’aire d’entrée du complexe hôtelier d’un certain Samih Sawiri.
Dimanche 9 heures le matin. Repartis le pied léger sur le plateau d’Ursenen, à travers la zone du terrain de golf. Mince! le bruit de la tondeuse à gazon ! L’entretien du green a déjà commencé.
A 4km d’Andermatt, le village d’Hospental, dernière agglomération avant d’entamer la montée au sommet. Grande église entourée de vieilles maisons uranaises bellement restaurées. A proximité, une vieille tour carrée. Nous sommes à la bifurcation des directions Furka/Gothard. Dans une chapelle voisine, cette inscription : « Ici se sépare le chemin. Oh ! ami, où vas-tu ? Veux-tu aller vers la Rome éternelle, redescendre vers la Saint Cologne, en direction du Rhin allemand, ou aller loin vers l’ouest en direction du pays des Francs ? »
Nous poursuivons vers la Rome éternelle, sur le sentier des porteurs, par le col mythique. Le long de La Reuss, qui maintenant bouillonne discrètement, s’étale une végétation de fin de saison. On imagine les rhododendrons en fleurs au printemps. Notre chemin chevauche les rocailles, traverse les pâturages. Attention bovins! Dans ce magnifique cercle alpin, une construction insolite ressemblant à un kiosque à musique, aspect monument soviétique. Le guide TST nous éclaire sur son utilité. Elle permet l’aération du tunnel … sous nos pieds.
Etonnamment peu de randonneurs rencontrés sur le parcours en ce dimanche d'été, plutôt des cyclistes lorsque notre chemin longe brièvement la voie routière. Dernière tirée menant au sommet, l’ancienne route pavée des postillons, récemment restaurée, en pente douce, aux abords de petits lacs. Imaginons les pavés de la rue de Bourg à Lausanne sur 4 km. Une famille zurichoise, malgré la forte bise, s’installe tant bien que mal dans un pâturage pour le pique-nique. Des pêcheurs s’adonnent à leur sport dominical. Notre guide rappelle que le massif du Gothard est un véritable château d’eau. Le Rhin, le Rhône, la Reuss et le Ticino prennent leur source dans cet important cercle alpin.
En fin de parcours, il est possible de quitter la route pour marcher sur de larges plaques de roche. On voit d’ici le monde qui afflue au sommet du col. Vers l’hospice, les parkings sont combles.
Ouf ! Nous y voilà. Deux milles cent et dix mètre d’altitude à l’arrivée. Soleil éclatant et forte bise. A l’abri d’une pierre chauffée par Hélios - dossier bienvenu à nos dos détrempés - la pause pique-nique nous donne de la vigueur et l’envie de poursuivre. Pourquoi pas jusqu’à Airolo. Allons y ! Tant que nos jambes nous portent ! Nous quittons le frisquet du col pour un climat plus serein.
La descente vers Airolo : un coup de cœur. Nous dévallons, foulant l’ancienne route de la Tremola - 1200m de dénivellation sur 8 km - et coupant ses virages en lacets. La route est pavée sur le premier tiers. Jadis empruntée par les malle-postes, elle fait partie des trésors du patrimoine. On imagine la scène de « La diligence du Gothard » de Rudolph Koller gravée dans la mémoire commune des Helvètes. Aujourd’hui par cette très forte bise, on y croise que quelques rares nostalgiques roulant dans de vieux tacots et des motards héroïques. La Tremola est paraît-il un must pour les cyclistes. Construite par Francesco Meschini entre 1827 et 1830, la route et son cadre ont servi de décor de cinéma. On comprend la fascination des réalisateurs pour cet endroit.
Nous respirons pleinement l’air et le soleil. Le panorama est grandiose, vertigineux. Des torrents se déversent de tous côtés. Cerise sur le gâteau : soudain une famille de marmottes. Nous apercevant, elles se figent sur leur postérieure comme des statues de sel. Un bonheur !
Airolo enfin dans notre champ de vision. La pente est sérieuse, qui amène directement à la gare CFF et routière. Ici pause méritée à une terrasse ensoleillée. A deux pas, un imposant mémorial rappelle la mort accidentelle des ouvriers pendant la construction du tunnel.
Surtout ne pas manquer le dernier car postal à17h conduisant à Andermatt. Le trajet nous permet d’admirer le col d’un autre point de vue dans une belle lumière de fin de journée. Fatigués et heureux, bercés par la musique du klaxon, celle qui a inspiré Rossini pour une ouverture d’opéra.
A partir d’Airolo, les va-et-vient n’étant géographiquement plus imaginables, nous marcherons avec notre bagage entier, allégé toutefois d’un surplus envoyé par la poste à notre domicile.
24. Airolo–Osco
18 km – lundi 21 septembre 2015
Le parcours nous mène sur la Strada Alta qui longe le versant de la rive gauche du Ticino d’où le panorama sur la Léventina et les hauts sommets est superbe. Rencontre de villages typiques et des premiers châtaigniers. Traversée d’une surprenante forêt.
Ce matin, le car postal de la première heure nous a amenés d’Andermatt à Airolo. Les passagers ce lundi matin : une poignée de pendulaires pour le Tessin. Au sommet, quelqu’un est sorti à l’arrêt de l’hospice. Peu de trafic en ce début de matinée. La vue était magnifique dans la lumière du matin. Dans les virages masqués a retenti le klaxon du postillon. Nous avons vu au loin la fameuse route de la Tremola foulée la veille. A l’entrée d’Airolo, bienveillant, le chauffeur du car nous a déposé à l’endroit où débute il camino.
La montée débute au village de Valle vers celui de Brugnasco sur des chemins forestiers étroits, puis sur la route asphaltée. Avec un groupe de quatre marcheurs alémaniques, nous jouons à nous dépasser. Peu avant Brugnasco que nous est-il permis de voir ? Nous n’en croyons pas nos yeux. Un immense camion de la voirie, occupant la largeur de la chaussée, nettoie. La petite route de montagne à 1400m n’est vraiment pas sale. L’affreux engin envoie sans vergogne ses gaz dans ce paysage idyllique. Nous le dépassons puis le laissons filer, le temps de boire un café sur une terrasse au centre de Brugnasco. Vue superbe sur la Léventine à cet endroit. Soudain, oh surprise ! les alémaniques perdus et retrouvés sont arrivés jusque là. Peu après, le camion de la voirie passe, qui retourne vers la vallée. Ouf !
Nous voilà repartis sur la Strada Alta, jadis route de passage des muletiers évitant les crues de la vallée. Prochain village à atteindre : Altanca. Nous y amène une petite route en pente douce et boisée. Le sky line des hauts sommets de la rive à notre droite se dessine à travers les branchages. La route passe à la hauteur de la station intermédiaire du funiculaire Ritom (un des plus longs au monde) puis file vers le village, échelonnée en bordure de forêt par des bancs publics, cadeaux des notables d’Altanca. On peut lire gravé entre autres « Mottini », nom qui apparaît aussi sur la plupart des tombes au cimetière du hameau. L’église des saints Cornelio et Cipriano resplendit de sa blancheur dans le soleil sur son rocher. Sa façade d’entrée présente une fresque signée … Mottini !
Au centre du village, des jeunes gens déchargent du bois d’un pick up. « Legno per l’hiverno ? » « Si » répond l’un d’eux, un peu sombre sans envie d’en dire plus. Autant dire qu’il n’a pas le cœur à l’ouvrage. Dans la vallée juste en contrebas, on aperçoit les localités de Ambri et de Piotta. On distingue aussi, à Quinto, une imposante construction plate et rouge, la station-service, de l’architecte Mario Botta réalisée entre 1993 et 1998.
Autres villages pittoresques: Ronco, Deggio. C’est plutôt mort. Bien des habitations sont passées au statut de résidences secondaires. Signalé rouge-blanc, le sentier reprend dans la forêt, chevauchant les ruisseaux, nous obligeant à monter et descendre sans cesse à travers des ravins. Mais le plus difficile est à venir: la descente dans le bois d’Öss !
Réserve naturelle protégée nous indique un panneau. Le Bosco d’Öss s’étend de Ilanz (Grisons) jusqu’au massif du Gothard. Dans un enfoncement du versant, tout en descente, on se retrouve dans la tranquillité d’une nature préservée, non maîtrisée … peut-être le secret de la création. Nul trace de sentier parmi les broussailles, racines, rochers, cailloux dégoulinants d’eau non canalisée. Attention la glissade ! quelques indications subsistent, marquées rouge-blanc sur des troncs d’arbres … à ne pas manquer, sans quoi on se perdrait définitivement. La concentration est prioritaire à chaque pas. Cela devient périlleux pour Jon surtout pris d’une réelle fatigue. Depuis Porrentruy, il a enchaîné 22 étapes à ce jour. On comprend son découragement.
Soudain … pas vrai ! A en rester bouche bée : un randonneur, à peine le temps d’un salut, nous dépasse à l’allure d’un chamois apeuré. Incroyable dans cette dénivellation, quel pep ! Il faut dire qu’il est plus jeune que nous ! Tout ça n’est pas pour nous encourager.
Notre réconfort tient dans l’éclairage de fin d’après-midi. A travers les feuillages, faisceaux de lumières sur les parterres de fougères jouent de la brillance des eaux ruisselantes. Magique !
La longue descente nous offre - on devait s’y attendre - une montée non négligeable sur une petite route asphaltée accédant à Osco, terme de notre 24ème étape. Un contrefort montagneux protège le village du bruit incessant de l’autoroute s’élevant de la vallée. Arrivée, après 6h30 de marche, à l’auberge face à l’église, unique établissement hôtelier ouvert à cette saison. Auprès de la fontaine roucoulante, baignée de lumière, enfin le moment de trêve et la panachée à boire à pleines gorgées ! Deux enfants jouent à cache-cache autour d’un pâté de maisons. Leurs cris , leurs rires nous chauffent le cœur, comme le soleil nos peaux. On se croirait en Basse Engadine, à Ramosch devant la maison des grands-parents maternels de Jon. Bien des similitudes !
Menu du soir. Simple et répondant à notre grand appétit : pasta al pomodoro, purée de patates avec ragoût de bœuf, petits pois, arrosé de rouge, une crème au dessert. Un couple d'alémaniques - rares randonneurs – s’installent à la table voisine. A celle du stamm : des hommes du village venus prendre un verre, bavardent un œil au Corriere del Ticino, l’autre au téléviseur.
Le confort se résume au plus strict. Sanitaires au palier, douche froide. Les conversations au café prennent vite fin heureusement, car à l’étage de la chambre, on entend tout. Nous dormons comme des loirs sous de volumineux duvets. Les nuits sont devenues plus fraîches. Il a neigé sur les hauts sommets.
Les confitures maison du petit déjeuner évoquent à elles seules l’atmosphère conviviale du lieu. Au Tessin, on nous servira impérativement le café Chicco d’Oro.
Le parcours nous mène sur la Strada Alta qui longe le versant de la rive gauche du Ticino d’où le panorama sur la Léventina et les hauts sommets est superbe. Rencontre de villages typiques et des premiers châtaigniers. Traversée d’une surprenante forêt.
Ce matin, le car postal de la première heure nous a amenés d’Andermatt à Airolo. Les passagers ce lundi matin : une poignée de pendulaires pour le Tessin. Au sommet, quelqu’un est sorti à l’arrêt de l’hospice. Peu de trafic en ce début de matinée. La vue était magnifique dans la lumière du matin. Dans les virages masqués a retenti le klaxon du postillon. Nous avons vu au loin la fameuse route de la Tremola foulée la veille. A l’entrée d’Airolo, bienveillant, le chauffeur du car nous a déposé à l’endroit où débute il camino.
La montée débute au village de Valle vers celui de Brugnasco sur des chemins forestiers étroits, puis sur la route asphaltée. Avec un groupe de quatre marcheurs alémaniques, nous jouons à nous dépasser. Peu avant Brugnasco que nous est-il permis de voir ? Nous n’en croyons pas nos yeux. Un immense camion de la voirie, occupant la largeur de la chaussée, nettoie. La petite route de montagne à 1400m n’est vraiment pas sale. L’affreux engin envoie sans vergogne ses gaz dans ce paysage idyllique. Nous le dépassons puis le laissons filer, le temps de boire un café sur une terrasse au centre de Brugnasco. Vue superbe sur la Léventine à cet endroit. Soudain, oh surprise ! les alémaniques perdus et retrouvés sont arrivés jusque là. Peu après, le camion de la voirie passe, qui retourne vers la vallée. Ouf !
Nous voilà repartis sur la Strada Alta, jadis route de passage des muletiers évitant les crues de la vallée. Prochain village à atteindre : Altanca. Nous y amène une petite route en pente douce et boisée. Le sky line des hauts sommets de la rive à notre droite se dessine à travers les branchages. La route passe à la hauteur de la station intermédiaire du funiculaire Ritom (un des plus longs au monde) puis file vers le village, échelonnée en bordure de forêt par des bancs publics, cadeaux des notables d’Altanca. On peut lire gravé entre autres « Mottini », nom qui apparaît aussi sur la plupart des tombes au cimetière du hameau. L’église des saints Cornelio et Cipriano resplendit de sa blancheur dans le soleil sur son rocher. Sa façade d’entrée présente une fresque signée … Mottini !
Au centre du village, des jeunes gens déchargent du bois d’un pick up. « Legno per l’hiverno ? » « Si » répond l’un d’eux, un peu sombre sans envie d’en dire plus. Autant dire qu’il n’a pas le cœur à l’ouvrage. Dans la vallée juste en contrebas, on aperçoit les localités de Ambri et de Piotta. On distingue aussi, à Quinto, une imposante construction plate et rouge, la station-service, de l’architecte Mario Botta réalisée entre 1993 et 1998.
Autres villages pittoresques: Ronco, Deggio. C’est plutôt mort. Bien des habitations sont passées au statut de résidences secondaires. Signalé rouge-blanc, le sentier reprend dans la forêt, chevauchant les ruisseaux, nous obligeant à monter et descendre sans cesse à travers des ravins. Mais le plus difficile est à venir: la descente dans le bois d’Öss !
Réserve naturelle protégée nous indique un panneau. Le Bosco d’Öss s’étend de Ilanz (Grisons) jusqu’au massif du Gothard. Dans un enfoncement du versant, tout en descente, on se retrouve dans la tranquillité d’une nature préservée, non maîtrisée … peut-être le secret de la création. Nul trace de sentier parmi les broussailles, racines, rochers, cailloux dégoulinants d’eau non canalisée. Attention la glissade ! quelques indications subsistent, marquées rouge-blanc sur des troncs d’arbres … à ne pas manquer, sans quoi on se perdrait définitivement. La concentration est prioritaire à chaque pas. Cela devient périlleux pour Jon surtout pris d’une réelle fatigue. Depuis Porrentruy, il a enchaîné 22 étapes à ce jour. On comprend son découragement.
Soudain … pas vrai ! A en rester bouche bée : un randonneur, à peine le temps d’un salut, nous dépasse à l’allure d’un chamois apeuré. Incroyable dans cette dénivellation, quel pep ! Il faut dire qu’il est plus jeune que nous ! Tout ça n’est pas pour nous encourager.
Notre réconfort tient dans l’éclairage de fin d’après-midi. A travers les feuillages, faisceaux de lumières sur les parterres de fougères jouent de la brillance des eaux ruisselantes. Magique !
La longue descente nous offre - on devait s’y attendre - une montée non négligeable sur une petite route asphaltée accédant à Osco, terme de notre 24ème étape. Un contrefort montagneux protège le village du bruit incessant de l’autoroute s’élevant de la vallée. Arrivée, après 6h30 de marche, à l’auberge face à l’église, unique établissement hôtelier ouvert à cette saison. Auprès de la fontaine roucoulante, baignée de lumière, enfin le moment de trêve et la panachée à boire à pleines gorgées ! Deux enfants jouent à cache-cache autour d’un pâté de maisons. Leurs cris , leurs rires nous chauffent le cœur, comme le soleil nos peaux. On se croirait en Basse Engadine, à Ramosch devant la maison des grands-parents maternels de Jon. Bien des similitudes !
Menu du soir. Simple et répondant à notre grand appétit : pasta al pomodoro, purée de patates avec ragoût de bœuf, petits pois, arrosé de rouge, une crème au dessert. Un couple d'alémaniques - rares randonneurs – s’installent à la table voisine. A celle du stamm : des hommes du village venus prendre un verre, bavardent un œil au Corriere del Ticino, l’autre au téléviseur.
Le confort se résume au plus strict. Sanitaires au palier, douche froide. Les conversations au café prennent vite fin heureusement, car à l’étage de la chambre, on entend tout. Nous dormons comme des loirs sous de volumineux duvets. Les nuits sont devenues plus fraîches. Il a neigé sur les hauts sommets.
Les confitures maison du petit déjeuner évoquent à elles seules l’atmosphère conviviale du lieu. Au Tessin, on nous servira impérativement le café Chicco d’Oro.
25. Osco–Anzonico
12 km – mardi 22 septembre 2015
Réveil dans une mer de brouillard. La pluie heureusement nous épargnera pour la journée. Notre parcours, selon le TST, s’annonce quasiment plat … montées et descentes ne manquent pourtant pas. Ravins à escalader, torrents à chevaucher. La flore se diversifie nettement. L’eau coule de partout : ri del Ri, ri del Sciresa, ri par ci, ri par là.
Découverte des villages de Calpionga, Rossura, Tengia nichés dans les hauteurs. Ils rappellent combien rude était la vie des montagnards, difficiles les trajets des muletiers et leurs fidèles compagnons les mulets, les ânes, engagés dans les sentiers étroits et emplis d’embûches. Que nous escaladons aujourd’hui avec peine.
Les châtaigniers se multiplient. Les marrons jonchent le sol parmi les premières feuilles mortes. (On se réjouit de les croquer l'hiver prochain). L’humidité amplifie les effluves de chanterelles et bolets. Un florilège d’amanites a poussé en bordure de forêt, du jamais vu. Aussi, les premiers colchiques. On constate que les sous-bois sont exempts de prêle. Quelle chance ont les Tessinois ! Cette mauvaise herbe est envahissante dans les bois du Jorat et même dans notre jardin!
Dans les villages, les maisons bien conservées diffèrent de la solide construction de pierre typique du Tessin à celle en bois de la Léventine. De petits sanctuaires, oratoires de dévotion à la Madone éplorée ou souriante, apparaissent en bordure de chemin. Encombrés de bougies, images saintes, ex-votos, fleurs artificielles, évocations de Sainte Marie d’ici et d’ailleurs. A Calonico, l’église domine superbement perchée sur un promontoire rocheux, endroit stratégique, bien visible aux voyageurs transitant dans la vallée.
Une pluie fine nous mouille à peine. L’air se rafraîchit en fin de parcours. Encore une longue montée sur la petite route asphaltée menant au village d’Anzonico. Hâte d’arriver. La chambre est réservée à l’unique hôtel restaurant ouvert en fin de saison. Tenu par la même famille depuis plus de cent ans, la qualité de l’accueil assurée.
L’accès à notre chambre se fait par un escalier en caillebotis à extérieur … vertigineux ! La chambre avec salle de bain-WC est plus confortable. De la terrasse on distingue, à travers les bancs de brouillard, les sommets blanchis par la première neige. La nature est détrempée. Pas idéale pour notre marche du lendemain en descente à pic vers Biasca.
Au bistro, les hommes de l’endroit de tous âges passent prendre un verre. Ils bavardent au bar. A la table ronde, d’autres tapent le carton. L’un des joueurs se fâche. Une dispute éclate. On n’en a pas saisi le pourquoi. Leur dialecte nous échappe. Mais le calme est vite rétabli. A la salle à manger, un couple de Canadiens égarés. Ils visitent notre pays pour la première fois : « Nous visitons la Suisse, par la route, en excluant de visiter les villes »
L’anti-pasti s’impose. Le vin de la maison que nous conseille la patronne aussi. Son beau-fils nous concocte la suite, toujours à l’italienne. Bien mangé, bien bu, bien dormi. Agréable parenthèse de notre périple. Merci à la patronne qui a mis en marche son lave-linge pour nous. « Grazie Signora ! » Il était temps que nos fringues soient rafraichies!
Il pleut à verse toute la nuit. Après huit étapes d’affilée depuis Kerns, je sens le besoin d’une pause. Refusant de descendre vers la vallée sur les chemins forestiers glissants, j’emprunte seule les transports publics jusqu’à Biasca, puis Bellinzona que je me réjouis de visiter le lendemain. Deux jours … de tourisme plus classique, plus cool.
Pas de risque de glissade non plus pour Jon qui bien reposé part d’un pas léger par une voie, plus sûre, que lui indique un indigène. A travers les vignes direction la vallée puis Biasca, il fait même des détours sur la traversée du TST !
Réveil dans une mer de brouillard. La pluie heureusement nous épargnera pour la journée. Notre parcours, selon le TST, s’annonce quasiment plat … montées et descentes ne manquent pourtant pas. Ravins à escalader, torrents à chevaucher. La flore se diversifie nettement. L’eau coule de partout : ri del Ri, ri del Sciresa, ri par ci, ri par là.
Découverte des villages de Calpionga, Rossura, Tengia nichés dans les hauteurs. Ils rappellent combien rude était la vie des montagnards, difficiles les trajets des muletiers et leurs fidèles compagnons les mulets, les ânes, engagés dans les sentiers étroits et emplis d’embûches. Que nous escaladons aujourd’hui avec peine.
Les châtaigniers se multiplient. Les marrons jonchent le sol parmi les premières feuilles mortes. (On se réjouit de les croquer l'hiver prochain). L’humidité amplifie les effluves de chanterelles et bolets. Un florilège d’amanites a poussé en bordure de forêt, du jamais vu. Aussi, les premiers colchiques. On constate que les sous-bois sont exempts de prêle. Quelle chance ont les Tessinois ! Cette mauvaise herbe est envahissante dans les bois du Jorat et même dans notre jardin!
Dans les villages, les maisons bien conservées diffèrent de la solide construction de pierre typique du Tessin à celle en bois de la Léventine. De petits sanctuaires, oratoires de dévotion à la Madone éplorée ou souriante, apparaissent en bordure de chemin. Encombrés de bougies, images saintes, ex-votos, fleurs artificielles, évocations de Sainte Marie d’ici et d’ailleurs. A Calonico, l’église domine superbement perchée sur un promontoire rocheux, endroit stratégique, bien visible aux voyageurs transitant dans la vallée.
Une pluie fine nous mouille à peine. L’air se rafraîchit en fin de parcours. Encore une longue montée sur la petite route asphaltée menant au village d’Anzonico. Hâte d’arriver. La chambre est réservée à l’unique hôtel restaurant ouvert en fin de saison. Tenu par la même famille depuis plus de cent ans, la qualité de l’accueil assurée.
L’accès à notre chambre se fait par un escalier en caillebotis à extérieur … vertigineux ! La chambre avec salle de bain-WC est plus confortable. De la terrasse on distingue, à travers les bancs de brouillard, les sommets blanchis par la première neige. La nature est détrempée. Pas idéale pour notre marche du lendemain en descente à pic vers Biasca.
Au bistro, les hommes de l’endroit de tous âges passent prendre un verre. Ils bavardent au bar. A la table ronde, d’autres tapent le carton. L’un des joueurs se fâche. Une dispute éclate. On n’en a pas saisi le pourquoi. Leur dialecte nous échappe. Mais le calme est vite rétabli. A la salle à manger, un couple de Canadiens égarés. Ils visitent notre pays pour la première fois : « Nous visitons la Suisse, par la route, en excluant de visiter les villes »
L’anti-pasti s’impose. Le vin de la maison que nous conseille la patronne aussi. Son beau-fils nous concocte la suite, toujours à l’italienne. Bien mangé, bien bu, bien dormi. Agréable parenthèse de notre périple. Merci à la patronne qui a mis en marche son lave-linge pour nous. « Grazie Signora ! » Il était temps que nos fringues soient rafraichies!
Il pleut à verse toute la nuit. Après huit étapes d’affilée depuis Kerns, je sens le besoin d’une pause. Refusant de descendre vers la vallée sur les chemins forestiers glissants, j’emprunte seule les transports publics jusqu’à Biasca, puis Bellinzona que je me réjouis de visiter le lendemain. Deux jours … de tourisme plus classique, plus cool.
Pas de risque de glissade non plus pour Jon qui bien reposé part d’un pas léger par une voie, plus sûre, que lui indique un indigène. A travers les vignes direction la vallée puis Biasca, il fait même des détours sur la traversée du TST !
26. Anzonico-Biasca
18 km – mercredi 23 septembre 2015
Petit changement de parcours. Etant donné le mauvais temps, Colette préfère descendre en bus jusqu’à Biasca et moi, je renonce à la descente scabreuse dans les rochers depuis Sobrio à Pollegio. Dommage de manquer la visite de l’église de Sobrio… on reviendra !
Je prends une petite route de montagne que m’indique le postier en tournée. Pentue dans les rochers, elle amène en 1 heure dans la vallée. Je suis dans un bon jour et les km défilent rapidement. Le temps est vraiment moche. On ne voit guère les montagnes, par contre le bruit étourdissant de l’autoroute est bien présent.
Je marche ensuite sur la route cantonale via Giornico, Bodio, Pollegio jusqu’à Biasca. Amusant, à la hauteur de Giornico, le car postal transportant Colette me dépasse, 200 m avant l’arrêt mais je ne vois que du feu. On se manque de justesse.
Marche accélérée, puis pause café à Bodio. Après à peine 3 h de marche, je vois déjà les prémisses de Biasca … bonne performance de vitesse. La vieille bourgade de Biasca en vue, je contacte Colette par sms pour savoir dans quel hôtel elle se trouve. Elle s’est réfugiée au plus près de la gare, à l’hôtel de la Poste. Encore 20 bonnes minutes pour y arriver … et trouver la porte de l’hôtel fermée ! J’insiste jusqu’à ce que le cuisinier ouvre enfin, m’indique la chambre no 3 où est arrivée una donna bionda (c’est vrai, Colette est devenue blonde sous le soleil d’été) Une surprise m’attend: à la porte, un noir somalien laissant entrevoir d’autres africains derrière lui. Pas si grave, car j’ai retrouvé Colette, porte verrouillée, seule à la chambre no 5!
Le repas du soir, cuisine 200% italienne avec poissons de mer frais arrivés le jour-même, est succulent. Ces délices compensent la médiocrité de la chambre et l’ambiance glauque du lieu. Le patron italien, assis derrière son comptoir, déglutine en nous regardant manger. Il a visiblement envie de partager le repas avec nous!
Petit changement de parcours. Etant donné le mauvais temps, Colette préfère descendre en bus jusqu’à Biasca et moi, je renonce à la descente scabreuse dans les rochers depuis Sobrio à Pollegio. Dommage de manquer la visite de l’église de Sobrio… on reviendra !
Je prends une petite route de montagne que m’indique le postier en tournée. Pentue dans les rochers, elle amène en 1 heure dans la vallée. Je suis dans un bon jour et les km défilent rapidement. Le temps est vraiment moche. On ne voit guère les montagnes, par contre le bruit étourdissant de l’autoroute est bien présent.
Je marche ensuite sur la route cantonale via Giornico, Bodio, Pollegio jusqu’à Biasca. Amusant, à la hauteur de Giornico, le car postal transportant Colette me dépasse, 200 m avant l’arrêt mais je ne vois que du feu. On se manque de justesse.
Marche accélérée, puis pause café à Bodio. Après à peine 3 h de marche, je vois déjà les prémisses de Biasca … bonne performance de vitesse. La vieille bourgade de Biasca en vue, je contacte Colette par sms pour savoir dans quel hôtel elle se trouve. Elle s’est réfugiée au plus près de la gare, à l’hôtel de la Poste. Encore 20 bonnes minutes pour y arriver … et trouver la porte de l’hôtel fermée ! J’insiste jusqu’à ce que le cuisinier ouvre enfin, m’indique la chambre no 3 où est arrivée una donna bionda (c’est vrai, Colette est devenue blonde sous le soleil d’été) Une surprise m’attend: à la porte, un noir somalien laissant entrevoir d’autres africains derrière lui. Pas si grave, car j’ai retrouvé Colette, porte verrouillée, seule à la chambre no 5!
Le repas du soir, cuisine 200% italienne avec poissons de mer frais arrivés le jour-même, est succulent. Ces délices compensent la médiocrité de la chambre et l’ambiance glauque du lieu. Le patron italien, assis derrière son comptoir, déglutine en nous regardant manger. Il a visiblement envie de partager le repas avec nous!
27. Biasca–Bellinzona
26 km – jeudi 24 septembre 2015
La journée s’annonce radieuse. Colette prend le train pour Bellinzona. Au même moment, je me mets en route pour retrouver le trajet de la TST. Depuis la gare il faut d’abord traverser le quartier qui s’étend vers la rivière il Ticino, 2 à 3 km de trajet.
A nouveau en grande forme. Les km filent bien que le chemin le long du fleuve ne soit pas aussi commode que je l’imaginais. Grandes tirées dans le val Riviera, sous les arbres feuillus, bordant le magnifique Ticino, un lit très large parfois dû à l’eau descendant des falaises de la Léventine, de partout ! Des montagnes et vallons latéraux magnifiques, pas une âme en vue le long du parcours. Le bruit de l’autoroute dérange considérablement l’osmose avec la nature.
Le chemin, pas un cadeau non plus. Pierreux, de grandes plaques de granit, ou sentier étroits à travers les prés. Tous les ingrédients réunis pour faire des faux pas ou même des chutes ! Plus cool, les longues tirées droites longeant des gravières, des blocs de granit prêts à être travaillés ou des camions chargés à ras bord de gravats. Je me sens à l’aise dans cette zone industrielle, si nécessaire à l’économie locale. Le soleil chauffe de plus en plus, sacré Tessin ! Il m’incite à accélérer encore mon rythme.
Après quelques petites heures de marche rapide, j’atteins l’entrée de la ville de Bellinzona. L’hôtel Gamper prévu pour la nuit se trouve à un jet de pierre de la gare, il ne me reste qu’à prendre la direction du centre. L’arrivée dans la vieille ville de Bellinzona me fait vite oublier l’effort qu’il m’a fallu pour y arriver.
Devant l’hôtel situé dans une rue piétonne, quelques tables au soleil invitent à s’asseoir. Enfin le farniente et la panachée. Colette me rejoint peu après et me raconte sa visite guidée de la ville. Une ville dont on tombe amoureux, me dit-elle.
Fin d’après-midi sur la large terrasse accédant à notre chambre au 7ème étage de l’Hôtel Gamper à proximité de la gare. Plein soleil. Vue sur les quartiers verdoyants en terrasse de Bellinzona. Parmi les nombreux trains de la ligne du Gothard, la plupart transitent uniquement. La nuit tombe, et sous le charme d'un bon vin rouge, nous nous préparons mentalement au parcours du lendemain ... un sacré os!
La journée s’annonce radieuse. Colette prend le train pour Bellinzona. Au même moment, je me mets en route pour retrouver le trajet de la TST. Depuis la gare il faut d’abord traverser le quartier qui s’étend vers la rivière il Ticino, 2 à 3 km de trajet.
A nouveau en grande forme. Les km filent bien que le chemin le long du fleuve ne soit pas aussi commode que je l’imaginais. Grandes tirées dans le val Riviera, sous les arbres feuillus, bordant le magnifique Ticino, un lit très large parfois dû à l’eau descendant des falaises de la Léventine, de partout ! Des montagnes et vallons latéraux magnifiques, pas une âme en vue le long du parcours. Le bruit de l’autoroute dérange considérablement l’osmose avec la nature.
Le chemin, pas un cadeau non plus. Pierreux, de grandes plaques de granit, ou sentier étroits à travers les prés. Tous les ingrédients réunis pour faire des faux pas ou même des chutes ! Plus cool, les longues tirées droites longeant des gravières, des blocs de granit prêts à être travaillés ou des camions chargés à ras bord de gravats. Je me sens à l’aise dans cette zone industrielle, si nécessaire à l’économie locale. Le soleil chauffe de plus en plus, sacré Tessin ! Il m’incite à accélérer encore mon rythme.
Après quelques petites heures de marche rapide, j’atteins l’entrée de la ville de Bellinzona. L’hôtel Gamper prévu pour la nuit se trouve à un jet de pierre de la gare, il ne me reste qu’à prendre la direction du centre. L’arrivée dans la vieille ville de Bellinzona me fait vite oublier l’effort qu’il m’a fallu pour y arriver.
Devant l’hôtel situé dans une rue piétonne, quelques tables au soleil invitent à s’asseoir. Enfin le farniente et la panachée. Colette me rejoint peu après et me raconte sa visite guidée de la ville. Une ville dont on tombe amoureux, me dit-elle.
Fin d’après-midi sur la large terrasse accédant à notre chambre au 7ème étage de l’Hôtel Gamper à proximité de la gare. Plein soleil. Vue sur les quartiers verdoyants en terrasse de Bellinzona. Parmi les nombreux trains de la ligne du Gothard, la plupart transitent uniquement. La nuit tombe, et sous le charme d'un bon vin rouge, nous nous préparons mentalement au parcours du lendemain ... un sacré os!
28. Bellinzona–Isone
12 km – vendredi 25 septembre 2015
Fin du trajet au plat sur le Talweg puis une montée de 810 m, essentiellement dans les bois. Nous ne poussons pas jusqu'à Tesserete.
Dans la zone piétonne de la belle ville de Bellinzona, le départ du centre tient plutôt du lèche-vitrine. Nous suivons scrupuleusement - une erreur est si vite arrivée - les indications du TST, et poursuivons sur le trottoir vers Giubiasco. Les deux localités n’en font qu’une. On ne s’étonnera pas, un mois plus tard, d’apprendre, par le TJ, le jumelage de Bellinzona avec ses communes voisines.
Il est 10 heures du matin et déjà, la fatigue est manifeste. Pour Jon qui enchaîne les étapes et pour moi engourdie par trop d’heures de sommeil. Le trajet paraît long sur le trottoir filant jusqu’à la Piazza Grande à Giubiasco, grand parc vert décoré en ce moment de travaux d’écoliers. Dans le contexte d’un concours sur un thème écolo, les enfants ont créé d’amusants bricolages à partir d’objets de récupération. Des véritables chefs d’œuvres pour quelques uns.
A proximité, nous nous asseyons pour prendre un café/croissant dans un bistro tenu, comme c’est souvent le cas, par des alémaniques. Ni la patronne, ni les clients fumant sur la terrasse ne connaissent l’existence de l’itinéraire à emprunter vers « la Cima del Dentro » qu’indique le TST Connaissent-ils peut-être le sommet sous le nom de Monte Ceneri. Il doit y avoir lapsus.
Début de montée pentue parmi les dernières habitations. Rencontre d’un groupe d’adultes pratiquant le nordic walking ! Ils se séparent et vont probablement se doucher et boire leur café !
Quant à nous, mal partis, c’est après quelques cents mètres de fausse route que nous trouvons notre chemin ! Décidément, les sorties de villes ne sont pas évidentes ! Nous passons sur un replat à travers une aire de détente entourée d’un cercle de peupliers … comme sorti d’un conte. Image de rêve, doux prélude aux efforts annoncés …
… une véritable escalade ! Essentiellement forestier, le sentier avec indications peu claires demande une concentration sans faille. Malgré tout, à petits pas, nous gagnons de l’altitude. Quelques cueilleurs de champignons à l’affût évitent de se faire voir. Vers l’aire d’arrivée d’un petit téléférique (peut-être privé comme on en a déjà rencontré) une clairière ensoleillée inattendue permet de nous essorer un peu. Pique-nique bienvenu. Prise de force indispensable. La suite s’avère tout aussi corsée sur un chemin en dédales contournant des zones de roches. Certains endroits sont vertigineux : sentiers très étroits, glissants, aux abords d’immenses ravins à pic qu’on n’ose à peine regarder ! Heureusement, cela ne dure pas. De temps à autre, à travers les arbres une belle vue sur la vallée, Locarno et il Lago Maggiore. Et toujours la rumeur de l’autoroute !
Soudain, apparition surréaliste : un homme âgé descend au pas d’escargot, s’appuyant fermement sur ses deux bâtons. Il nous apprend que le sommet de la Cima n’est plus qu’à 50 m ! Pour un habitué comme lui, qui descend en prenant tout son temps à Giubiasco, le parcours, montée comme descente est « una bella passegiata » Quel courage à son âge ! Félicitations ! Nous lui souhaitons bonne route.
Le sentier débouche à l’orée du bois au pied de l’antenne du Ceneri, sur un champ de tir militaire. Conscients que cette zone puisse être parfois fermée, nous nous estimons chanceux de ne pas devoir attendre avant de poursuivre. Il aurait fallu s’en informer avant de monter, détail qui a échappé aux randonneurs en herbe que nous sommes encore. La vue sur le littoral, la plaine de Magadino, est superbe. Trop court est le passage avant d’emprunter, un sentier pierreux le long d’un ruisseau dans une forêt de marronniers. Par endroits nous marchons sur des plaques d’ardoise scintillantes dans les rais du soleil à travers les feuillages. Magique !
Belle quiétude … mais rien n’est parfait : soudain le bruit infernal d’un hélicoptère ! On l’avait momentanément oublié : Isone est un lieu d’entrainement militaire. Les grenadiers de notre armée suivent leur formation dans ce paradis. Le lendemain matin, samedi, nous entendrons encore quelques résonements de rafales des recrues vidant le magasin de leur fusil.
Passés la forêt, le soleil est celui que nous aimons, chaud comme dans les montagnes grecques. L’hélico s’est tu. Le village d’Isone, dans la charmante vallée éponime, semble mort A la terrasse de l’hôtel, la cervoise fraîche bue à pleines gorgées étanche notre grande soif. Sur le petit balcon de la chambre située plein sud, nos vêtements détrempés sèchent au soleil. Un soleil de fin de journée qui vient nous réchauffer jusque dans notre lit. Nous nous sommes permis une petite sieste. Dehors sur la place, il y a maintenant de l’animation, caractéristique du sud. Le son des voix est monté en décibels. Musique d’une langue qui flatte nos oreilles. Tout est devenu plus latin.
Le soir. Délicieux parmesan à l’apéro ; les champignons pour la ième fois au menu. Chouette ambiance au resto noir de monde. Les hommes venus boire un verre après leur travail. Ils reviennent plus tard pour le match de hockey sur grand écran. Ces messieurs sont plutôt fans d’Ambri-Piotta, pourtant géographiquement plus proches de Lugano, qui joue ce soir contre … Gottéron. Mais pas d’excès de fanatisme. Ils ne perturberont pas notre sommeil de couche-tôt.
Fin du trajet au plat sur le Talweg puis une montée de 810 m, essentiellement dans les bois. Nous ne poussons pas jusqu'à Tesserete.
Dans la zone piétonne de la belle ville de Bellinzona, le départ du centre tient plutôt du lèche-vitrine. Nous suivons scrupuleusement - une erreur est si vite arrivée - les indications du TST, et poursuivons sur le trottoir vers Giubiasco. Les deux localités n’en font qu’une. On ne s’étonnera pas, un mois plus tard, d’apprendre, par le TJ, le jumelage de Bellinzona avec ses communes voisines.
Il est 10 heures du matin et déjà, la fatigue est manifeste. Pour Jon qui enchaîne les étapes et pour moi engourdie par trop d’heures de sommeil. Le trajet paraît long sur le trottoir filant jusqu’à la Piazza Grande à Giubiasco, grand parc vert décoré en ce moment de travaux d’écoliers. Dans le contexte d’un concours sur un thème écolo, les enfants ont créé d’amusants bricolages à partir d’objets de récupération. Des véritables chefs d’œuvres pour quelques uns.
A proximité, nous nous asseyons pour prendre un café/croissant dans un bistro tenu, comme c’est souvent le cas, par des alémaniques. Ni la patronne, ni les clients fumant sur la terrasse ne connaissent l’existence de l’itinéraire à emprunter vers « la Cima del Dentro » qu’indique le TST Connaissent-ils peut-être le sommet sous le nom de Monte Ceneri. Il doit y avoir lapsus.
Début de montée pentue parmi les dernières habitations. Rencontre d’un groupe d’adultes pratiquant le nordic walking ! Ils se séparent et vont probablement se doucher et boire leur café !
Quant à nous, mal partis, c’est après quelques cents mètres de fausse route que nous trouvons notre chemin ! Décidément, les sorties de villes ne sont pas évidentes ! Nous passons sur un replat à travers une aire de détente entourée d’un cercle de peupliers … comme sorti d’un conte. Image de rêve, doux prélude aux efforts annoncés …
… une véritable escalade ! Essentiellement forestier, le sentier avec indications peu claires demande une concentration sans faille. Malgré tout, à petits pas, nous gagnons de l’altitude. Quelques cueilleurs de champignons à l’affût évitent de se faire voir. Vers l’aire d’arrivée d’un petit téléférique (peut-être privé comme on en a déjà rencontré) une clairière ensoleillée inattendue permet de nous essorer un peu. Pique-nique bienvenu. Prise de force indispensable. La suite s’avère tout aussi corsée sur un chemin en dédales contournant des zones de roches. Certains endroits sont vertigineux : sentiers très étroits, glissants, aux abords d’immenses ravins à pic qu’on n’ose à peine regarder ! Heureusement, cela ne dure pas. De temps à autre, à travers les arbres une belle vue sur la vallée, Locarno et il Lago Maggiore. Et toujours la rumeur de l’autoroute !
Soudain, apparition surréaliste : un homme âgé descend au pas d’escargot, s’appuyant fermement sur ses deux bâtons. Il nous apprend que le sommet de la Cima n’est plus qu’à 50 m ! Pour un habitué comme lui, qui descend en prenant tout son temps à Giubiasco, le parcours, montée comme descente est « una bella passegiata » Quel courage à son âge ! Félicitations ! Nous lui souhaitons bonne route.
Le sentier débouche à l’orée du bois au pied de l’antenne du Ceneri, sur un champ de tir militaire. Conscients que cette zone puisse être parfois fermée, nous nous estimons chanceux de ne pas devoir attendre avant de poursuivre. Il aurait fallu s’en informer avant de monter, détail qui a échappé aux randonneurs en herbe que nous sommes encore. La vue sur le littoral, la plaine de Magadino, est superbe. Trop court est le passage avant d’emprunter, un sentier pierreux le long d’un ruisseau dans une forêt de marronniers. Par endroits nous marchons sur des plaques d’ardoise scintillantes dans les rais du soleil à travers les feuillages. Magique !
Belle quiétude … mais rien n’est parfait : soudain le bruit infernal d’un hélicoptère ! On l’avait momentanément oublié : Isone est un lieu d’entrainement militaire. Les grenadiers de notre armée suivent leur formation dans ce paradis. Le lendemain matin, samedi, nous entendrons encore quelques résonements de rafales des recrues vidant le magasin de leur fusil.
Passés la forêt, le soleil est celui que nous aimons, chaud comme dans les montagnes grecques. L’hélico s’est tu. Le village d’Isone, dans la charmante vallée éponime, semble mort A la terrasse de l’hôtel, la cervoise fraîche bue à pleines gorgées étanche notre grande soif. Sur le petit balcon de la chambre située plein sud, nos vêtements détrempés sèchent au soleil. Un soleil de fin de journée qui vient nous réchauffer jusque dans notre lit. Nous nous sommes permis une petite sieste. Dehors sur la place, il y a maintenant de l’animation, caractéristique du sud. Le son des voix est monté en décibels. Musique d’une langue qui flatte nos oreilles. Tout est devenu plus latin.
Le soir. Délicieux parmesan à l’apéro ; les champignons pour la ième fois au menu. Chouette ambiance au resto noir de monde. Les hommes venus boire un verre après leur travail. Ils reviennent plus tard pour le match de hockey sur grand écran. Ces messieurs sont plutôt fans d’Ambri-Piotta, pourtant géographiquement plus proches de Lugano, qui joue ce soir contre … Gottéron. Mais pas d’excès de fanatisme. Ils ne perturberont pas notre sommeil de couche-tôt.
29. Isone–Lugano
28 km – 26 septembre 2015, l’ultime étape
Avant de quitter, une visite de l’église San Lorenzo di Isone et son campanile roman s’impose. Quelques bougies s’allument à l’attention de nos proches. Quelqu’un déambule en ce lieu, le curé de paroisse justement. Echange de quelques mots. De nationalité polonaise, il a exercé son ministère en Argentine et au Brésil. Il nous recommande – car il existe plusieurs itinéraires - la montée par l’Alpe di Zalto menant au Gola di Lago avant de descendre sur Tesserete. C’est plus court et facile … ? … c’est raide on ne peut plus, du moins pour Jon qui a maintenant 28 étapes sans interruption dans les jambes. Ca lui demande un sacré effort.
L’alpage au-dessus d’Isone nous accueille par les cris désespérés d’un porc que quatre hommes tentent de charger dans un fourgon pour la destination qu’on imagine. Scène identique vécue, on s’en souvient trop bien, dans le Jura au début du mois. Prêts à donner notre parole de ne plus manger de viande à tout jamais, nous continuons sur les hauteurs dans la direction Gola di Lago. Et croisons des chasseurs puis des cueilleurs de champignons. Ils nous font voir le fond de leur panier. Pas terrible la cueillette ! « dobbiamo trovare oggi, perche domani sera la pioggia » se soucient-ils.
Magnifique vue sur les montagnes environnantes et la vallée d'Isone. Traversée de belles forêts de bouleaux où ruissellent petits cours d’eau ronronnant et d’une superbe clairière pentue bordée des mêmes essences. On se croirait dans la campagne russe, tant il y a de bouleaux.
Nous accédons à une zone protégée. Des panneaux didactiques informent sur la flore et la faune. De la faune, aucune trace. Des mammifères et reptiles, on peut comprendre. Mais des oiseaux, rien. Pas un cri, pas un chant. Ont-ils déjà migré ?
Arrivée au Gola di Lago. Un minuscule sanctuaire invite au passage. Il tient à peine deux âmes. Il sert de refuge avec une cheminée de pierre prête à l’allumage. Des noms sont gravés partout dans la poutraison. Une grenade militaire en guise de bougeoir !
Au Gola di Lago, les broussailles ont pris place à ce qui était autrefois un petit lac de montagne dont il ne reste plus qu’un marécage. Elles sont du plus bel effet, orangées dans la lumière automnale.
D’ici, débute une descente interminable vers Tesserete avec déjà à l’horizon, le lac de Lugano. Une promeneuse débouchant du sentier indiqué nous avise qu’il est en fort mauvais état. Nous continuons donc sur l’étroite route en lacets et sur ses chemins de traverse. Nombreuses maisons de vacances jalonnent le parcours. Résidences secondaires entourées de jardins, vignes, vergers. Les arbres croulent sous le poids des fruits. Dans cette étroite vallée, avec le lac à sa proximité, le micro climat est assez exceptionnel. Les citadins, c’est samedi, bricolent, ratissent. Deux chiens nous aboient comme des fadas derrière une clôture. Un homme décharge du bois de cheminée. Quelques mots avec cet enseignant de la région de Lugano. Des conseils pour la montée au Mont Salvatore … que nous sommes sensé gravir le lendemain, merci ! Plus loin le sentier longe une petite rivière aux abords de petits pâturages. Des vaches, des chèvres et leurs cabris. Délicieuse promenade. Pique-nique dans ce charmant endroit.
L’urbanisation se densifie peu à peu et nous voilà au centre de Tesserete dans un endroit noir de monde. La localité est en fête à l'occasion de « la Giornata della Mela » Marché, musique. La sono hurle. Guitare électrique en bandoulière, un Ted Robert tessinois envoie des rengaines obsolètes.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
Est-ce l’effet de la bière, de la chaleur ou le culot de vouloir trouver seul le chemin qui entrave la suite du parcours ? Après un sérieux détour dans un vallon creux, nous retrouvons la route cantonale, direction sans équivoque que nous empruntons jusqu'à Lugano, par facilité et cause de fatigue. C’est long! Les kilomètres pèsent lourd avec la circulation du samedi. De la route en hauteur, la ville et le lac sont dans notre champ de vision, Canobbio en contre-bas. Les rumeurs des quartiers périphériques et industriels, bien animés sur les aires de sport en ce samedi montent jusqu’à nous. L’hôpital cantonal est le premier établissement important sur notre passage. Immense. Sorte de CHUV défigurant le paysage … ils n’ont pas fait mieux ! D’ici, il nous reste qu’à suivre la direction des panneaux Centro et Stazione ferrovia.
Après plus de 7 h de marche, voilà que pointe enfin la gare centrale de Lugano, terminal de notre parcours, fin du périple Porrentruy à Lugano proposé par le TST, effectué en 29 étapes et quelques 500 km (avec détours!) pour Jon, 20 étapes et 380 km pour moi-même. La dernière étape, à l'instar de la première, aura été particulièrement hardue.
Nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’à Chiasso comme Jon l’aurait souhaité. La météo annonce pluvieux pour les jours suivants. Cela nous arrange bien puisque nous sommes au bout du rouleau. Et si contents de retourner par le rail en Romandie …
… satisfaits et heureux d’avoir vécu une telle aventure. Fouler le sol du pays en diagonale, à travers le Jura, le Plateau et les Alpes, pas toujours dans la tranquillité mais dans une totale réalité, nous a stimulés à chaque détour, nous a appris sur les régions et les habitants. Nous ne pouvons que conseiller aux passionnés de la marche de découvrir la Suisse de cette manière. Une bonne santé et un peu de courage sont cependant nécessaires pour parcourir les étapes d'affilée. Vous en conviendrez à la lecture de notre récit.
Avant de quitter, une visite de l’église San Lorenzo di Isone et son campanile roman s’impose. Quelques bougies s’allument à l’attention de nos proches. Quelqu’un déambule en ce lieu, le curé de paroisse justement. Echange de quelques mots. De nationalité polonaise, il a exercé son ministère en Argentine et au Brésil. Il nous recommande – car il existe plusieurs itinéraires - la montée par l’Alpe di Zalto menant au Gola di Lago avant de descendre sur Tesserete. C’est plus court et facile … ? … c’est raide on ne peut plus, du moins pour Jon qui a maintenant 28 étapes sans interruption dans les jambes. Ca lui demande un sacré effort.
L’alpage au-dessus d’Isone nous accueille par les cris désespérés d’un porc que quatre hommes tentent de charger dans un fourgon pour la destination qu’on imagine. Scène identique vécue, on s’en souvient trop bien, dans le Jura au début du mois. Prêts à donner notre parole de ne plus manger de viande à tout jamais, nous continuons sur les hauteurs dans la direction Gola di Lago. Et croisons des chasseurs puis des cueilleurs de champignons. Ils nous font voir le fond de leur panier. Pas terrible la cueillette ! « dobbiamo trovare oggi, perche domani sera la pioggia » se soucient-ils.
Magnifique vue sur les montagnes environnantes et la vallée d'Isone. Traversée de belles forêts de bouleaux où ruissellent petits cours d’eau ronronnant et d’une superbe clairière pentue bordée des mêmes essences. On se croirait dans la campagne russe, tant il y a de bouleaux.
Nous accédons à une zone protégée. Des panneaux didactiques informent sur la flore et la faune. De la faune, aucune trace. Des mammifères et reptiles, on peut comprendre. Mais des oiseaux, rien. Pas un cri, pas un chant. Ont-ils déjà migré ?
Arrivée au Gola di Lago. Un minuscule sanctuaire invite au passage. Il tient à peine deux âmes. Il sert de refuge avec une cheminée de pierre prête à l’allumage. Des noms sont gravés partout dans la poutraison. Une grenade militaire en guise de bougeoir !
Au Gola di Lago, les broussailles ont pris place à ce qui était autrefois un petit lac de montagne dont il ne reste plus qu’un marécage. Elles sont du plus bel effet, orangées dans la lumière automnale.
D’ici, débute une descente interminable vers Tesserete avec déjà à l’horizon, le lac de Lugano. Une promeneuse débouchant du sentier indiqué nous avise qu’il est en fort mauvais état. Nous continuons donc sur l’étroite route en lacets et sur ses chemins de traverse. Nombreuses maisons de vacances jalonnent le parcours. Résidences secondaires entourées de jardins, vignes, vergers. Les arbres croulent sous le poids des fruits. Dans cette étroite vallée, avec le lac à sa proximité, le micro climat est assez exceptionnel. Les citadins, c’est samedi, bricolent, ratissent. Deux chiens nous aboient comme des fadas derrière une clôture. Un homme décharge du bois de cheminée. Quelques mots avec cet enseignant de la région de Lugano. Des conseils pour la montée au Mont Salvatore … que nous sommes sensé gravir le lendemain, merci ! Plus loin le sentier longe une petite rivière aux abords de petits pâturages. Des vaches, des chèvres et leurs cabris. Délicieuse promenade. Pique-nique dans ce charmant endroit.
L’urbanisation se densifie peu à peu et nous voilà au centre de Tesserete dans un endroit noir de monde. La localité est en fête à l'occasion de « la Giornata della Mela » Marché, musique. La sono hurle. Guitare électrique en bandoulière, un Ted Robert tessinois envoie des rengaines obsolètes.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
Est-ce l’effet de la bière, de la chaleur ou le culot de vouloir trouver seul le chemin qui entrave la suite du parcours ? Après un sérieux détour dans un vallon creux, nous retrouvons la route cantonale, direction sans équivoque que nous empruntons jusqu'à Lugano, par facilité et cause de fatigue. C’est long! Les kilomètres pèsent lourd avec la circulation du samedi. De la route en hauteur, la ville et le lac sont dans notre champ de vision, Canobbio en contre-bas. Les rumeurs des quartiers périphériques et industriels, bien animés sur les aires de sport en ce samedi montent jusqu’à nous. L’hôpital cantonal est le premier établissement important sur notre passage. Immense. Sorte de CHUV défigurant le paysage … ils n’ont pas fait mieux ! D’ici, il nous reste qu’à suivre la direction des panneaux Centro et Stazione ferrovia.
Après plus de 7 h de marche, voilà que pointe enfin la gare centrale de Lugano, terminal de notre parcours, fin du périple Porrentruy à Lugano proposé par le TST, effectué en 29 étapes et quelques 500 km (avec détours!) pour Jon, 20 étapes et 380 km pour moi-même. La dernière étape, à l'instar de la première, aura été particulièrement hardue.
Nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’à Chiasso comme Jon l’aurait souhaité. La météo annonce pluvieux pour les jours suivants. Cela nous arrange bien puisque nous sommes au bout du rouleau. Et si contents de retourner par le rail en Romandie …
… satisfaits et heureux d’avoir vécu une telle aventure. Fouler le sol du pays en diagonale, à travers le Jura, le Plateau et les Alpes, pas toujours dans la tranquillité mais dans une totale réalité, nous a stimulés à chaque détour, nous a appris sur les régions et les habitants. Nous ne pouvons que conseiller aux passionnés de la marche de découvrir la Suisse de cette manière. Une bonne santé et un peu de courage sont cependant nécessaires pour parcourir les étapes d'affilée. Vous en conviendrez à la lecture de notre récit.
Ce récit relate l’aventure personnelle que fut notre traversée de la Suisse durant la fin de l’été 2015. Il n’est pas un guide de voyage. A travers le vécu d’une expérience, qui aura duré près d’un mois, il donne un peu plus d’information sur les étapes du parcours de randonnée Porrentruy–Lugano …
… balisé par l’organe de Trans Swiss Trail (TST) et sur une courte partie du parcours, de l’Alpenpanorama. Près de 500 kilomètres de marche, parcourus à une moyenne quotidienne d'environ 16 km.
L’objectif de Jon était d’effectuer le périple en prenant son temps. Il marchera finalement 29 jours d’affilée pour les 30 étapes prévues ! Le mien était de l’accompagner dans sa mise en route. Prise comme lui par la fièvre d’aller de l’avant, j’en ferai bien plus. Rapidement, la performance s’améliore au fil des jours. Nous sommes partis avec une condition physique de sexagénaires sur le tard, en bonne santé, sans expérience de randonnée sur plusieurs jours. Notre entraînement consistait à marcher très épisodiquement le long du lac Léman et dans les forêts du Jorat, très peu à la montagne. Peut-être, nos muscles ont-ils aussi gardé en mémoire nos années de pratique de la course à pied.
Afin d’assimiler les images par nous-mêmes, de nous sentir libres, nous avons rarement pris des photos et avons vite abandonné l’utilisation du GPS. Dans la poche : les copies des trajets et informations enregistrées sur le site fouillé de TST wanderseite.ch et wanderland.ch; une carte de la Suisse, le guide officiel no2 de Swiss Rando donnant des informations claires, de bonnes descriptions des lieux. Les auberges recommandées, où nous avons dormi et nous nous sommes restaurés, étaient pour la plupart plus que satisfaisantes.
A notre avis, TST minimise la difficulté de certains passages du parcours et oublie le fait que de marcher sur les trottoirs, indiqués par l’itinéraire, permet de bien récupérer les forces. Il ne souligne pas l’intérêt qu’il y a à traverser les zones industrielles et artisanales qui dévoilent d’autres aspects intéressants du pays.
En fin de parcours des étapes, à partir de Soubey, nous sommes retournés au point de départ du matin afin de récupérer nos bagages faisant appel, d’abord à la voiture, puis en Suisse centrale aux transports publics. Jon a abandonné ces va-et-vient pour sept étapes en solitaire dans l’Emmental avec un bagage repensé, Nous avons fait de même à partir de Airolo.
La lecture de l’ouvrage de Jean-Christophe Rufin sur le chemin de Compostelle a donné quelques idées à Jon, comme celle de chausser des baskets de course à pied bien profilées, qu’il a trouvées tout à fait adéquates … sauf les jours de pluie ! Nos pieds remercient la crème NOK qui les a préservés des cloques et autres bobos. Un vrai miracle !
Nous avons marché généralement entre 08 heures et 16 heures et n'avons par ce fait pas rencontré d'animaux sauvages ... si ce n'est un écureuil dans le Jura! Peu de randonneurs non plus sur le parcours.
J’ai assuré le texte relatant 20 épisodes du périple. Jon les 9 autres, en français qui n’est pas sa langue maternelle. Cette longue randonnée qui nous a permis, en septembre 2015, de fouler en duo le sol du pays, fut une passionnante aventure. Elle nous laisse de merveilleux souvenirs et l’envie de reprendre le chemin. Bonne lecture !
Colette, mai 2016
L’objectif de Jon était d’effectuer le périple en prenant son temps. Il marchera finalement 29 jours d’affilée pour les 30 étapes prévues ! Le mien était de l’accompagner dans sa mise en route. Prise comme lui par la fièvre d’aller de l’avant, j’en ferai bien plus. Rapidement, la performance s’améliore au fil des jours. Nous sommes partis avec une condition physique de sexagénaires sur le tard, en bonne santé, sans expérience de randonnée sur plusieurs jours. Notre entraînement consistait à marcher très épisodiquement le long du lac Léman et dans les forêts du Jorat, très peu à la montagne. Peut-être, nos muscles ont-ils aussi gardé en mémoire nos années de pratique de la course à pied.
Afin d’assimiler les images par nous-mêmes, de nous sentir libres, nous avons rarement pris des photos et avons vite abandonné l’utilisation du GPS. Dans la poche : les copies des trajets et informations enregistrées sur le site fouillé de TST wanderseite.ch et wanderland.ch; une carte de la Suisse, le guide officiel no2 de Swiss Rando donnant des informations claires, de bonnes descriptions des lieux. Les auberges recommandées, où nous avons dormi et nous nous sommes restaurés, étaient pour la plupart plus que satisfaisantes.
A notre avis, TST minimise la difficulté de certains passages du parcours et oublie le fait que de marcher sur les trottoirs, indiqués par l’itinéraire, permet de bien récupérer les forces. Il ne souligne pas l’intérêt qu’il y a à traverser les zones industrielles et artisanales qui dévoilent d’autres aspects intéressants du pays.
En fin de parcours des étapes, à partir de Soubey, nous sommes retournés au point de départ du matin afin de récupérer nos bagages faisant appel, d’abord à la voiture, puis en Suisse centrale aux transports publics. Jon a abandonné ces va-et-vient pour sept étapes en solitaire dans l’Emmental avec un bagage repensé, Nous avons fait de même à partir de Airolo.
La lecture de l’ouvrage de Jean-Christophe Rufin sur le chemin de Compostelle a donné quelques idées à Jon, comme celle de chausser des baskets de course à pied bien profilées, qu’il a trouvées tout à fait adéquates … sauf les jours de pluie ! Nos pieds remercient la crème NOK qui les a préservés des cloques et autres bobos. Un vrai miracle !
Nous avons marché généralement entre 08 heures et 16 heures et n'avons par ce fait pas rencontré d'animaux sauvages ... si ce n'est un écureuil dans le Jura! Peu de randonneurs non plus sur le parcours.
J’ai assuré le texte relatant 20 épisodes du périple. Jon les 9 autres, en français qui n’est pas sa langue maternelle. Cette longue randonnée qui nous a permis, en septembre 2015, de fouler en duo le sol du pays, fut une passionnante aventure. Elle nous laisse de merveilleux souvenirs et l’envie de reprendre le chemin. Bonne lecture !
Colette, mai 2016
1. Porrentruy–Saint-Ursanne
16km – samedi 29 août 2015
La région du Jura donne une première impression de la diversité topographique de la traversée du Trans Swiss Trail no2 des itinéraires nationaux, allant de Porrentruy à Lugano. Jon a décidé d’affronter d'affilée les étapes, soit 480km, comportant 16.500m de dénivelé cumulé, du parcours balisé de cette traversée du pays en diagonale. Défi lancé !
Arrivés la veille au camping de Saignelégier, nous passons la nuit dans notre bus California, et le quittons au petit matin par les transports publics pour Porrentruy-gare, point de départ de la traversée. Chef-lieu de l’Ajoie et du Clos-du-Doubs, Porrentruy reste gravée dans nos mémoires depuis les belles heures passées ici lors de la Schubertiade. Des mélodies de quatuor flottent encore dans nos têtes.
Petit-déj à la terrasse d’un café au centre de Porrentruy. Longue attente avant d’être servis d’un ramequin … froid. La rue est animée par le marché du samedi. Nous partons direction sud, vers le haut de la vieille ville. Malgré les recommandations d’un habitant bienveillant sur le chemin à emprunter, nous nous retrouvons, par un détour inutile, sur la piste du Parcours Vita! Mal partis!
Chemin retrouvé à l’orée du bois. Nous bifurquons dans une belle campagne aux senteurs et à la lumière d’été, longeant d’immenses champs de maïs dans la direction de la Ferme de Champs Graitoux. Soudain, rencontre insolite : un môme, 10-12 ans tout au plus, une bonne tête, sa planche à roulette sous le bras. Courageux le p’tit gars fait 5km à pied pour se rendre à son entraînement!
Les panneaux indicateurs sont clairs ; restons attentifs néanmoins ! Jusqu’à St-Ursanne la région, très peu habitée, compte beaucoup de forêts. Bêtas, nous négligeons un détail important : dans ce coin du pays, l’eau ne coule pas de source. Ni ruisseau, ni fontaine, pas un filet d’eau sur le parcours. La chaleur de ce week-end, un des plus chauds de l’été, n’épargne pas notre première journée de périple. La montée jusqu’à la crête des Chainions, à 885m, est rude pour les débutants randonneurs que nous sommes. Arrivés au sommet enfin, ruisselants de sueur, c’est déjà la troisième pause pour reprendre notre souffle, s’éponger, s’étendre sur l’herbe. Endroit peu dégagé. Pas de vue. Dans le gîte, à un jet de pierre, une sono à pleins tubes. Une fête de fin de semaine. Pas le courage de marcher cent mètres de plus pour quémander de l’eau, imaginant qu’une fontaine, voire un bistro apparaîtra tout soudain le long du trajet. Utopie!
Bagage trop lourd, crampes de Jon, ses lunettes optiques perdues sur le chemin, gourdes à sec, soif intense … c’en est trop par une telle chaleur! Sur le versant descendant, senteurs de bois surchauffé, chant des oiseaux nous apportent un réconfort certain. Sur les sentiers en lacets, le parcours semble pourtant interminable. La forêt, soudain, fait place à des pâturages boisés.
Village de Seleute enfin. A la terrasse de l'Auberge de la Fontaine affichant Calanda (oui la bière grisonne ici), nous buvons la panachée à pleines gorgées.
Les guêpes ont repéré nos verres. Le restaurateur explique que très récemment un client s’est fait cruellement piquer dans la bouche par l’insecte désobligeant! Sympa, le gars fait le plein d'eau fraîche de nos gourdes. Il nous assure que jusqu’à Saint-Ursanne, ce n’est que de la descente.
C’est sans compter un dernier et méchant raidillon de ravin. Là, les crampes aux mollets reprennent pour Jon … et l’obligent à s’allonger sur le sentier ! Plus loin, autre situation insolite: deux chevaux reniflent son sac à dos. Trop beau! Ainsi le long du chemin se succèdent des situations insolites, qui allègent l’effort, ou pas.
Le paysage se dégage et laisse entrevoir la vallée boisée du Doubs d’où émergent bientôt les premières habitations de Saint-Ursanne. A l’arrivée, enfin le rafraîchissement absolu : une copieuse cervoise à l’ombre des platanes, à deux pas de la belle église romane. Sous les combles à l’hôtel de la Cigogne, notre équipement détrempé s’étale tant bien que mal sur les meubles et à la fenêtre d’une jolie chambrette. Repas à la terrasse de La Demie-Lune au bord du Doubs. Succulente tarte flambée. Grande hâte d’aller se coucher et dormir.
Pas de chance! Tout au long de la nuit, nous parviennent les tintamarres : sons des cloches, pétarades de motards, rires dus à quelque excès d’alcool. Fièvre du samedi soir. On est à la veille du traditionnel marché LesEstivades, brocante annuelle de St-Ursanne. Pour Jon encore pris de crampes, la nuit est quasiment blanche. Il est urgent de se procurer du magnésium! Malheureusement, on ne trouvera ni pharmacie ni médecin dans le bled.
Saint-Ursanne au petit matin. Alors que mon Jon, sommeil retrouvé, dort comme un loir, je prends un premier café à l’endroit où les paysans viennent couler le lait. Une file de 4X4 en attente. Echange de quelques mots avec l’un d’eux autour des vaches cornées, pas cornées, canicules, manque d’eau, prix du lait … livré quotidiennement à Estavayer ! Vous avez bien dit Estavayer dans la Broye fribourgeoise ? Oui !
Agréable atmosphère dans les rues. Les stands se mettent en place depuis l'aurore pour Les Estivades. L’échope du bouquiniste deuxième main a déjà ouvert. Je choisis Colline de Giono. Sympa le gars, un peu nostalgique, me l’offre parce que le roman était son sujet de mémoire à l’uni.
Moment de flânerie avec Jon sur le marché. Doux instant au soleil du matin pour un dernier café, à deux pas de l’hôtel de La Couronne. Nous connaissons bien l’endroit pour y avoir fêté la Saint Martin. Dans nos mémoires, les heures de festivités autour du menu tout-cochon avec des amis.
La région du Jura donne une première impression de la diversité topographique de la traversée du Trans Swiss Trail no2 des itinéraires nationaux, allant de Porrentruy à Lugano. Jon a décidé d’affronter d'affilée les étapes, soit 480km, comportant 16.500m de dénivelé cumulé, du parcours balisé de cette traversée du pays en diagonale. Défi lancé !
Arrivés la veille au camping de Saignelégier, nous passons la nuit dans notre bus California, et le quittons au petit matin par les transports publics pour Porrentruy-gare, point de départ de la traversée. Chef-lieu de l’Ajoie et du Clos-du-Doubs, Porrentruy reste gravée dans nos mémoires depuis les belles heures passées ici lors de la Schubertiade. Des mélodies de quatuor flottent encore dans nos têtes.
Petit-déj à la terrasse d’un café au centre de Porrentruy. Longue attente avant d’être servis d’un ramequin … froid. La rue est animée par le marché du samedi. Nous partons direction sud, vers le haut de la vieille ville. Malgré les recommandations d’un habitant bienveillant sur le chemin à emprunter, nous nous retrouvons, par un détour inutile, sur la piste du Parcours Vita! Mal partis!
Chemin retrouvé à l’orée du bois. Nous bifurquons dans une belle campagne aux senteurs et à la lumière d’été, longeant d’immenses champs de maïs dans la direction de la Ferme de Champs Graitoux. Soudain, rencontre insolite : un môme, 10-12 ans tout au plus, une bonne tête, sa planche à roulette sous le bras. Courageux le p’tit gars fait 5km à pied pour se rendre à son entraînement!
Les panneaux indicateurs sont clairs ; restons attentifs néanmoins ! Jusqu’à St-Ursanne la région, très peu habitée, compte beaucoup de forêts. Bêtas, nous négligeons un détail important : dans ce coin du pays, l’eau ne coule pas de source. Ni ruisseau, ni fontaine, pas un filet d’eau sur le parcours. La chaleur de ce week-end, un des plus chauds de l’été, n’épargne pas notre première journée de périple. La montée jusqu’à la crête des Chainions, à 885m, est rude pour les débutants randonneurs que nous sommes. Arrivés au sommet enfin, ruisselants de sueur, c’est déjà la troisième pause pour reprendre notre souffle, s’éponger, s’étendre sur l’herbe. Endroit peu dégagé. Pas de vue. Dans le gîte, à un jet de pierre, une sono à pleins tubes. Une fête de fin de semaine. Pas le courage de marcher cent mètres de plus pour quémander de l’eau, imaginant qu’une fontaine, voire un bistro apparaîtra tout soudain le long du trajet. Utopie!
Bagage trop lourd, crampes de Jon, ses lunettes optiques perdues sur le chemin, gourdes à sec, soif intense … c’en est trop par une telle chaleur! Sur le versant descendant, senteurs de bois surchauffé, chant des oiseaux nous apportent un réconfort certain. Sur les sentiers en lacets, le parcours semble pourtant interminable. La forêt, soudain, fait place à des pâturages boisés.
Village de Seleute enfin. A la terrasse de l'Auberge de la Fontaine affichant Calanda (oui la bière grisonne ici), nous buvons la panachée à pleines gorgées.
Les guêpes ont repéré nos verres. Le restaurateur explique que très récemment un client s’est fait cruellement piquer dans la bouche par l’insecte désobligeant! Sympa, le gars fait le plein d'eau fraîche de nos gourdes. Il nous assure que jusqu’à Saint-Ursanne, ce n’est que de la descente.
C’est sans compter un dernier et méchant raidillon de ravin. Là, les crampes aux mollets reprennent pour Jon … et l’obligent à s’allonger sur le sentier ! Plus loin, autre situation insolite: deux chevaux reniflent son sac à dos. Trop beau! Ainsi le long du chemin se succèdent des situations insolites, qui allègent l’effort, ou pas.
Le paysage se dégage et laisse entrevoir la vallée boisée du Doubs d’où émergent bientôt les premières habitations de Saint-Ursanne. A l’arrivée, enfin le rafraîchissement absolu : une copieuse cervoise à l’ombre des platanes, à deux pas de la belle église romane. Sous les combles à l’hôtel de la Cigogne, notre équipement détrempé s’étale tant bien que mal sur les meubles et à la fenêtre d’une jolie chambrette. Repas à la terrasse de La Demie-Lune au bord du Doubs. Succulente tarte flambée. Grande hâte d’aller se coucher et dormir.
Pas de chance! Tout au long de la nuit, nous parviennent les tintamarres : sons des cloches, pétarades de motards, rires dus à quelque excès d’alcool. Fièvre du samedi soir. On est à la veille du traditionnel marché LesEstivades, brocante annuelle de St-Ursanne. Pour Jon encore pris de crampes, la nuit est quasiment blanche. Il est urgent de se procurer du magnésium! Malheureusement, on ne trouvera ni pharmacie ni médecin dans le bled.
Saint-Ursanne au petit matin. Alors que mon Jon, sommeil retrouvé, dort comme un loir, je prends un premier café à l’endroit où les paysans viennent couler le lait. Une file de 4X4 en attente. Echange de quelques mots avec l’un d’eux autour des vaches cornées, pas cornées, canicules, manque d’eau, prix du lait … livré quotidiennement à Estavayer ! Vous avez bien dit Estavayer dans la Broye fribourgeoise ? Oui !
Agréable atmosphère dans les rues. Les stands se mettent en place depuis l'aurore pour Les Estivades. L’échope du bouquiniste deuxième main a déjà ouvert. Je choisis Colline de Giono. Sympa le gars, un peu nostalgique, me l’offre parce que le roman était son sujet de mémoire à l’uni.
Moment de flânerie avec Jon sur le marché. Doux instant au soleil du matin pour un dernier café, à deux pas de l’hôtel de La Couronne. Nous connaissons bien l’endroit pour y avoir fêté la Saint Martin. Dans nos mémoires, les heures de festivités autour du menu tout-cochon avec des amis.
2. Saint-Ursanne–Soubey
15km – dimanche 30 août 2015
Remontée du Doubs. Trajet varié dans une verdure exceptionnelle. Chaleur torride. Rencontre de gens sympathiques.
Ce dimanche matin, à l’heure de quitter Saint-Ursanne, pas la gueule de bois du lendemain de la Saint-Martin, mais juste l’envie de reprendre le chemin. Nous traversons une passerelle de chantier parallèle au célèbre pont actuellement en restauration. La fameuse statue de Népomucène a été momentanément descellée. Le bon saint n’y est plus pour souhaiter bonne route aux randonneurs ... il s'en excuse.
A l’est de la ville, le Doubs fait un virage à 45°. Là débute une longue balade à travers la réserve naturelle du Doubs (canton du Jura) Jalonnant le parcours, des panneaux didactiques nous informeront sur le cours d’eau et son environnement.
Paysage bucolique, où pique-niqueurs, baigneurs, pêcheurs occupent aujourd’hui les prés verts et plages caillouteuses. Chevaux et bovins, statiques parfois sur les sentiers, nous obligent à les contourner. Déjà des feux se préparent pour la grillade. Jon capte au passage quelques dialectes alémaniques. Des cantons voisins, ils sont venus nombreux profiter d’un dimanche d’été au bord de l’eau. On les comprend. Les rives du Doubs sont magnifiques !
Randonneurs et cyclistes empruntent les sentiers des deux rives. Des Romands s’y aventurent aussi. Rencontre de deux cyclistes en VTT faisant le parcours inverse au nôtre. Ils ont dormi et mangé au restaurant que nous convoitons pour le soir. Ils nous en disent que du bien. Eux-mêmes tiennent un restaurant en Valais.
Les sentiers suivent de près le cours d’eau, la plupart à l’ombre de grands arbres dans une belle diversité d’essences. La marche est agréable sur l’herbe douce … moins sur les sentiers sérieusement accidentés par de vieilles souches et racines. Prudence! il serait trop bête de se fouler une cheville.
Près de Tariche, un bac mène à l’autre rive vers un restaurant-camping attirant du monde. Dans un premier temps, nous prévoyions de passer la nuit à cet endroit. Nous enjamberons la rivière sur la Passerelle de la Charbonnière, en amont. Un break d’abord, le temps du casse-croûte. Et de la baignade.
Chaleur oppressante. Au moment de m’engloutir dans la sublime fraîcheur de l’eau, des canards en nuée, surpris, prennent leur envol. Un vrai bonheur ! Jon après quelques brasses s’assied dans l’eau, juste en bordure. Instantanément, de minuscules poissons grignotent les durillons de ses pieds. (le même service est proposé à grands frais dans les stations balnéaires ou sur les Champs Elysées !) Je l’entends qui rit de ces chatouillis.
Rive droite maintenant. Le chemin s’éloigne du cours d’eau. La vallée élargie est essentiellement agricole. Nos gourdes sont à sec une fois de plus! A la fontaine d’une ferme, pas de bol, le robinet est bloqué par une clé ! Plus de chance à quelque distance, devant un chalet de vacances. Une charmante vacancière du week-end, en maillot de bain, nous sauve de la déshydratation. Elle remplit deux fois nos gourdes à ras. Nous buvons éperdument. Les gens rencontrés sont vraiment sympathiques. Plus loin, invitation à nous asseoir devant une ferme joliment fleurie. Une paysanne bienveillante nous offre une grande cruche d’eau. Parlons de la pluie et du beau temps. Et de choses plus sérieuses : son mari et son beau frère, maintenant à la retraite, sont mécontents. Bien qu’ils se trouvent en pleine forme physique, ils ne peuvent plus se considérer comme actifs sur leur domaine, car pensionnés. Nous lui racontons Lausanne et Lavaux. Elle écoute avec intérêt. Brin d’exotisme pour elle qui ne quitte pas sa ferme.
Poursuite dans un paysage plus dégagé, sous un soleil écrasant. Jon son chapeau, moi ma casquette : nos couvre-chefs sont d’une grande utilité. Arrivée à la proximité de Soubey, aux Moulins où se trouve une importante pisciculture de truites et un moulin légendaire.
Pause panachée sur la première terrasse rencontrée afin d’étancher notre soif, décidément sans fin. Les guêpes visent nos verres, bien qu’on leur ait servi spécialement du sirop dans des bouteilles en pet sur une table voisine. Je sauve là de leur dard un Tabac d’Espagne. Bien joli nom pour ce papillon répertorié de la faune jurassienne.
Repos et repas à l’Hôtel du Cerf à Soubey. Notre chambre est confortable avec vue sur la rivière. Au menu, délicieuse truite du patron. Les restaurateurs du Val-d’Illiez rencontrés sur le trajet le vantaient avec raison. Nous vivons en direct un drame autour d’une clé de voiture égarée. Situation tragi-comique. Le théâtre sous nos yeux. Le couple concerné déplace beaucoup d’air, lui italien surtout, jusque tard dans la soirée. Ils finiront par dormir à l’hôtel. Des touristes de passage occupent toute la terrasse. Zurichois nantis, nostalgiques, déplacés avec des voitures cabriolet anciens modèles bien lustrés. L’endroit est calme au bord de la rivière. A l’église proche, les vitraux de l’artiste Coghuf de Muriaux valent la visite.
Remontée du Doubs. Trajet varié dans une verdure exceptionnelle. Chaleur torride. Rencontre de gens sympathiques.
Ce dimanche matin, à l’heure de quitter Saint-Ursanne, pas la gueule de bois du lendemain de la Saint-Martin, mais juste l’envie de reprendre le chemin. Nous traversons une passerelle de chantier parallèle au célèbre pont actuellement en restauration. La fameuse statue de Népomucène a été momentanément descellée. Le bon saint n’y est plus pour souhaiter bonne route aux randonneurs ... il s'en excuse.
A l’est de la ville, le Doubs fait un virage à 45°. Là débute une longue balade à travers la réserve naturelle du Doubs (canton du Jura) Jalonnant le parcours, des panneaux didactiques nous informeront sur le cours d’eau et son environnement.
Paysage bucolique, où pique-niqueurs, baigneurs, pêcheurs occupent aujourd’hui les prés verts et plages caillouteuses. Chevaux et bovins, statiques parfois sur les sentiers, nous obligent à les contourner. Déjà des feux se préparent pour la grillade. Jon capte au passage quelques dialectes alémaniques. Des cantons voisins, ils sont venus nombreux profiter d’un dimanche d’été au bord de l’eau. On les comprend. Les rives du Doubs sont magnifiques !
Randonneurs et cyclistes empruntent les sentiers des deux rives. Des Romands s’y aventurent aussi. Rencontre de deux cyclistes en VTT faisant le parcours inverse au nôtre. Ils ont dormi et mangé au restaurant que nous convoitons pour le soir. Ils nous en disent que du bien. Eux-mêmes tiennent un restaurant en Valais.
Les sentiers suivent de près le cours d’eau, la plupart à l’ombre de grands arbres dans une belle diversité d’essences. La marche est agréable sur l’herbe douce … moins sur les sentiers sérieusement accidentés par de vieilles souches et racines. Prudence! il serait trop bête de se fouler une cheville.
Près de Tariche, un bac mène à l’autre rive vers un restaurant-camping attirant du monde. Dans un premier temps, nous prévoyions de passer la nuit à cet endroit. Nous enjamberons la rivière sur la Passerelle de la Charbonnière, en amont. Un break d’abord, le temps du casse-croûte. Et de la baignade.
Chaleur oppressante. Au moment de m’engloutir dans la sublime fraîcheur de l’eau, des canards en nuée, surpris, prennent leur envol. Un vrai bonheur ! Jon après quelques brasses s’assied dans l’eau, juste en bordure. Instantanément, de minuscules poissons grignotent les durillons de ses pieds. (le même service est proposé à grands frais dans les stations balnéaires ou sur les Champs Elysées !) Je l’entends qui rit de ces chatouillis.
Rive droite maintenant. Le chemin s’éloigne du cours d’eau. La vallée élargie est essentiellement agricole. Nos gourdes sont à sec une fois de plus! A la fontaine d’une ferme, pas de bol, le robinet est bloqué par une clé ! Plus de chance à quelque distance, devant un chalet de vacances. Une charmante vacancière du week-end, en maillot de bain, nous sauve de la déshydratation. Elle remplit deux fois nos gourdes à ras. Nous buvons éperdument. Les gens rencontrés sont vraiment sympathiques. Plus loin, invitation à nous asseoir devant une ferme joliment fleurie. Une paysanne bienveillante nous offre une grande cruche d’eau. Parlons de la pluie et du beau temps. Et de choses plus sérieuses : son mari et son beau frère, maintenant à la retraite, sont mécontents. Bien qu’ils se trouvent en pleine forme physique, ils ne peuvent plus se considérer comme actifs sur leur domaine, car pensionnés. Nous lui racontons Lausanne et Lavaux. Elle écoute avec intérêt. Brin d’exotisme pour elle qui ne quitte pas sa ferme.
Poursuite dans un paysage plus dégagé, sous un soleil écrasant. Jon son chapeau, moi ma casquette : nos couvre-chefs sont d’une grande utilité. Arrivée à la proximité de Soubey, aux Moulins où se trouve une importante pisciculture de truites et un moulin légendaire.
Pause panachée sur la première terrasse rencontrée afin d’étancher notre soif, décidément sans fin. Les guêpes visent nos verres, bien qu’on leur ait servi spécialement du sirop dans des bouteilles en pet sur une table voisine. Je sauve là de leur dard un Tabac d’Espagne. Bien joli nom pour ce papillon répertorié de la faune jurassienne.
Repos et repas à l’Hôtel du Cerf à Soubey. Notre chambre est confortable avec vue sur la rivière. Au menu, délicieuse truite du patron. Les restaurateurs du Val-d’Illiez rencontrés sur le trajet le vantaient avec raison. Nous vivons en direct un drame autour d’une clé de voiture égarée. Situation tragi-comique. Le théâtre sous nos yeux. Le couple concerné déplace beaucoup d’air, lui italien surtout, jusque tard dans la soirée. Ils finiront par dormir à l’hôtel. Des touristes de passage occupent toute la terrasse. Zurichois nantis, nostalgiques, déplacés avec des voitures cabriolet anciens modèles bien lustrés. L’endroit est calme au bord de la rivière. A l’église proche, les vitraux de l’artiste Coghuf de Muriaux valent la visite.
3. Soubey–Saignelégier
13km – lundi 31 août 2015
A Soubey, la montagne donne l’impression de nous tomber dessus ! La montée jusqu’au plateau franc-montagnard est sévère. Nous laissons à Soubey le surplus de bagages que nous récupérerons le soir en voiture, … l’occasion de déguster encore une fois la délicieuse truite !
A l’épicerie du coin. Le prix de la bouteille d’eau a pris l’ascenseur. « Il faut beaucoup d’électricité pour la tenir au frais, pensez par ces chaleurs ! » justifie la vendeuse. Dès aujourd’hui, le plein de nos gourdes se fera au lavabo. Jon questionne un paysan sur le meilleur itinéraire à emprunter. En manoeuvrant son tracteur, il finit par dire qu’il se rend en voiture à Saignelégier dans l’après-midi, … si on veut bien attendre, il nous y emmènera volontiers ... merci, c’est très gentil!
Laissant les deux voies possibles conseillées par le TST , c.-à-d. Les Pommerats et Goumois, nous optons pour la direction Saignelégier qui indique 3h de marche depuis ici. Le nez levé vers la montagne, … qui semble nous narguer, nous quittons dare-dare entamant la traversée d’un pâturage très pentu, sans bovins aujourd’hui, Dieu merci ! Jon décide de poursuivre sur la route cantonale. Mince ! Nous nous égarons, pensant bien faire en coupant à travers les lacets. Les indications sont de moins en moins claires. Apparaît soudain, en pleine forêt, un fourgon transport-handicap. Nous questionnons la conductrice. Elle n’a pas connaissance d’un chemin de randonnée par ici. Dubitatifs, consultant la carte et le GPS, nous suivons une petite route qui paraît mener nulle part. Nous voilà soudain au bas d’une rampe, sentier peu distinct, tout en zigzags dans la forêt, escalier en colimaçon. Sur de gros cailloux, des indications fléchées pour vététistes ! Faut être fou pour pédaler par là ! Plusieurs arrêts obligés afin de reprendre notre souffle. La fraîcheur de la forêt n’empêche pas la sudation. Mais là-haut, où aboutit le chemin, la récompense !
A l’orée du bois, le coup de cœur. La beauté du paysage dans le soleil et le vent. L’odeur d’un champ fauché. Le plat, enfin ! La satisfaction d’avoir effectué le plus pénible de l’étape. Nous sommes arrivés aux Enfers (!) Oui, c’est bien le nom de la localité qui se voit au loin. Violent, le vent demande d’ajuster nos couvre-chefs. Nous cheminons plus loin à la lisière d’une forêt de sapins, puis à travers des pâturages boisés, enfin sur un plateau d’altitude dégagé, immense. Soleil et vent de plein fouet. Belle sensation d’évasion, d’aventure. Jusqu’ à la chapelle de La Bosse, non loin du Bémont.
De style néogothique, la chapelle abrite un mobilier précieux. Certaines pièces, comme une statue de Saint-Jérôme sont visibles dans des vitrines sécurisées. On apprend ici, qu’il existe un itinéraire pour la visite des chapelles jurassiennes. Dans la région, les panneaux indicateurs multiples envoient à des intérêts divers : culturels, sportifs, scientifiques. Humbles randonneurs suivant la signalisation jaune des marcheurs allant droit leur chemin, yeux ouverts mais sans intérêts particuliers, nous répondons maintenant au plus pressant : le creux à l’estomac. Aux Cufattes, nous nous installons pour le pique-nique à l’ombre d’un tilleul, proche d’une ferme appartenant à un bel ensemble d’habitations rurales. Un chien aboie puis nous observe, sans broncher, en bon gardien, jusqu’à ce qu’on quitte.
Au centre du Bémont, près de l’Auberge de Jeunesse, le chemin bifurque vers un plateau de pâturages et d’étangs. Nous voici pleinement dans les Franches-Montagnes, pays inconditionnel du cheval. Des troupeaux paissent dans des semblant d’enclos, en quasi liberté. C’est beau ! A un jet de pierre, le camping de Saignelégier.
A propos du camping
Situé à 1,5 km de la ville dans un pâturage boisé, il invite via son site internet à un pur moment de détente, … c’est sans compter la route à proximité, le trafic des machines agricoles ayant droit de traverser le site, les fêtards jusqu’au petit matin. La philosophie de l’endroit est pourtant intéressante : énergie solaire pour l’électricité, le gaz pour le chauffage, invitation à économiser l’eau, à trier ses déchets. Sympa aussi la possibilité de faire des feux de bois devant sa tente ou son camper, de dormir dans une yourte ou une cabane dans les arbres. Très commode : l’arrêt du car postal à l’entrée du site.
A Soubey, la montagne donne l’impression de nous tomber dessus ! La montée jusqu’au plateau franc-montagnard est sévère. Nous laissons à Soubey le surplus de bagages que nous récupérerons le soir en voiture, … l’occasion de déguster encore une fois la délicieuse truite !
A l’épicerie du coin. Le prix de la bouteille d’eau a pris l’ascenseur. « Il faut beaucoup d’électricité pour la tenir au frais, pensez par ces chaleurs ! » justifie la vendeuse. Dès aujourd’hui, le plein de nos gourdes se fera au lavabo. Jon questionne un paysan sur le meilleur itinéraire à emprunter. En manoeuvrant son tracteur, il finit par dire qu’il se rend en voiture à Saignelégier dans l’après-midi, … si on veut bien attendre, il nous y emmènera volontiers ... merci, c’est très gentil!
Laissant les deux voies possibles conseillées par le TST , c.-à-d. Les Pommerats et Goumois, nous optons pour la direction Saignelégier qui indique 3h de marche depuis ici. Le nez levé vers la montagne, … qui semble nous narguer, nous quittons dare-dare entamant la traversée d’un pâturage très pentu, sans bovins aujourd’hui, Dieu merci ! Jon décide de poursuivre sur la route cantonale. Mince ! Nous nous égarons, pensant bien faire en coupant à travers les lacets. Les indications sont de moins en moins claires. Apparaît soudain, en pleine forêt, un fourgon transport-handicap. Nous questionnons la conductrice. Elle n’a pas connaissance d’un chemin de randonnée par ici. Dubitatifs, consultant la carte et le GPS, nous suivons une petite route qui paraît mener nulle part. Nous voilà soudain au bas d’une rampe, sentier peu distinct, tout en zigzags dans la forêt, escalier en colimaçon. Sur de gros cailloux, des indications fléchées pour vététistes ! Faut être fou pour pédaler par là ! Plusieurs arrêts obligés afin de reprendre notre souffle. La fraîcheur de la forêt n’empêche pas la sudation. Mais là-haut, où aboutit le chemin, la récompense !
A l’orée du bois, le coup de cœur. La beauté du paysage dans le soleil et le vent. L’odeur d’un champ fauché. Le plat, enfin ! La satisfaction d’avoir effectué le plus pénible de l’étape. Nous sommes arrivés aux Enfers (!) Oui, c’est bien le nom de la localité qui se voit au loin. Violent, le vent demande d’ajuster nos couvre-chefs. Nous cheminons plus loin à la lisière d’une forêt de sapins, puis à travers des pâturages boisés, enfin sur un plateau d’altitude dégagé, immense. Soleil et vent de plein fouet. Belle sensation d’évasion, d’aventure. Jusqu’ à la chapelle de La Bosse, non loin du Bémont.
De style néogothique, la chapelle abrite un mobilier précieux. Certaines pièces, comme une statue de Saint-Jérôme sont visibles dans des vitrines sécurisées. On apprend ici, qu’il existe un itinéraire pour la visite des chapelles jurassiennes. Dans la région, les panneaux indicateurs multiples envoient à des intérêts divers : culturels, sportifs, scientifiques. Humbles randonneurs suivant la signalisation jaune des marcheurs allant droit leur chemin, yeux ouverts mais sans intérêts particuliers, nous répondons maintenant au plus pressant : le creux à l’estomac. Aux Cufattes, nous nous installons pour le pique-nique à l’ombre d’un tilleul, proche d’une ferme appartenant à un bel ensemble d’habitations rurales. Un chien aboie puis nous observe, sans broncher, en bon gardien, jusqu’à ce qu’on quitte.
Au centre du Bémont, près de l’Auberge de Jeunesse, le chemin bifurque vers un plateau de pâturages et d’étangs. Nous voici pleinement dans les Franches-Montagnes, pays inconditionnel du cheval. Des troupeaux paissent dans des semblant d’enclos, en quasi liberté. C’est beau ! A un jet de pierre, le camping de Saignelégier.
A propos du camping
Situé à 1,5 km de la ville dans un pâturage boisé, il invite via son site internet à un pur moment de détente, … c’est sans compter la route à proximité, le trafic des machines agricoles ayant droit de traverser le site, les fêtards jusqu’au petit matin. La philosophie de l’endroit est pourtant intéressante : énergie solaire pour l’électricité, le gaz pour le chauffage, invitation à économiser l’eau, à trier ses déchets. Sympa aussi la possibilité de faire des feux de bois devant sa tente ou son camper, de dormir dans une yourte ou une cabane dans les arbres. Très commode : l’arrêt du car postal à l’entrée du site.
4. Saignelégier–Saint-Imier
18km – mardi 1er septembre 2015
Gravir le Mont Soleil situé à près de 1300m, puis emprunter une sérieuse descente en lacets jusqu’à St Imier. Nous cheminons heureusement entre les gouttes de pluie jusqu’à l’arrivée.
La fraîcheur du matin est bienvenue. Au départ de l’itinéraire à Saignelégier, découverte de la grande halle équestre, à clochetons, emblématique. La TV nous la présente chaque année au moment du traditionnel Marché-Concours, la grand-messe du cheval. Elle domine un terrain immense. On imagine les courses de chars dans les effluves d’écurie, les milliers de passionnés accourus à la manifestation.
Direction les Breuleux par Les Emibois, Le Roselet. Pause café à cet endroit pour consulter plus précisément la carte, puis départ le long de la route cantonale. La présence de l’industrie horlogère, du moins de ce qu’il en reste est encore visible dans la localité des Breuleux. Le Cinéma Lux par exemple, construction des années 50 et vestige de cette belle époque, est toujours en activité. Arrêt dans une épicerie. Le vendeur nous dit que sa fille a œuvré au balisage du Trans Swiss Trail. Plus loin, une enseigne indique « fermé » devant l’entrée grande ouverte d’un hôtel. Oups j’entre et me faufile dans les WC ! … et Jon qui veille à distance à ce que personne ne referme la porte. Drôle !
Au pied du Mont Soleil, la zone forestière est absolument superbe. Assurément un de nos coups de cœur sur le parcours du TST. Les chevaux paissent en quasi liberté sur une herbe douce, entre des sapins majestueux. Nous gravissons plus loin à travers les pâturages forestiers. Quelques conseils d’usage pour ne pas déranger les bovins : marcher droit, rapidement, sans bruit, si possible un bâton à la main, au cas où … Je cours presque. Plus serein, Jon grand ami des bêtes, marche tranquillement. Au sommet, jeune taureau s’approche, nous effraie un peu. Il cherche probablement à s’amuser (sic)
Le Mont-Soleil porte bien son nom. Dans le programme d’exploitation des énergies renouvelables, il accueille une importante installation de panneaux solaires qui donnent un aspect futuriste à l’endroit. Les panneaux servent judicieusement de parapluie et de parasol aux moutons. Les éoliennes ont aussi leur place sur ce sommet. Avec le Mont-Crosin son voisin, le Mont-Soleil forme la plus grande installation du genre en Suisse. Côté sud/est, le Chasseral majestueux donne l’impression du grand frère qui observe.
Un funiculaire permet d’éviter la descente à pic vers St-Imier … fi ! Pas de raccourci sur notre traversée ! Nous nous lançons dans la pente raide. Un écureuil surgissant, des cairns installés au bord du sentier et très vite les rumeurs de la ville allègent la fatigue de fin de parcours.
Arrivée, place du Marché. La panachée pour récompense. L’orage éclate brusquement, il pleut des seilles. Quel bol d’avoir pu marcher au sec! Emplettes sur le chemin qui mène à la gare (tablettes de magnésium à la pharmacie, enfin !) Les transports publics nous reconduisent au camping de Saignelégier pour la nuit. Ultime nuit et repas chaud dans notre habitacle roulant, Eole notre VW bus, empli d’autres souvenirs d’évasion de la dernière décennie. Le lendemain, il sera garé au parking CFF à Saint-Imiter, le temps de la marche vers Chézard, dans le Val-de Ruz.
Gravir le Mont Soleil situé à près de 1300m, puis emprunter une sérieuse descente en lacets jusqu’à St Imier. Nous cheminons heureusement entre les gouttes de pluie jusqu’à l’arrivée.
La fraîcheur du matin est bienvenue. Au départ de l’itinéraire à Saignelégier, découverte de la grande halle équestre, à clochetons, emblématique. La TV nous la présente chaque année au moment du traditionnel Marché-Concours, la grand-messe du cheval. Elle domine un terrain immense. On imagine les courses de chars dans les effluves d’écurie, les milliers de passionnés accourus à la manifestation.
Direction les Breuleux par Les Emibois, Le Roselet. Pause café à cet endroit pour consulter plus précisément la carte, puis départ le long de la route cantonale. La présence de l’industrie horlogère, du moins de ce qu’il en reste est encore visible dans la localité des Breuleux. Le Cinéma Lux par exemple, construction des années 50 et vestige de cette belle époque, est toujours en activité. Arrêt dans une épicerie. Le vendeur nous dit que sa fille a œuvré au balisage du Trans Swiss Trail. Plus loin, une enseigne indique « fermé » devant l’entrée grande ouverte d’un hôtel. Oups j’entre et me faufile dans les WC ! … et Jon qui veille à distance à ce que personne ne referme la porte. Drôle !
Au pied du Mont Soleil, la zone forestière est absolument superbe. Assurément un de nos coups de cœur sur le parcours du TST. Les chevaux paissent en quasi liberté sur une herbe douce, entre des sapins majestueux. Nous gravissons plus loin à travers les pâturages forestiers. Quelques conseils d’usage pour ne pas déranger les bovins : marcher droit, rapidement, sans bruit, si possible un bâton à la main, au cas où … Je cours presque. Plus serein, Jon grand ami des bêtes, marche tranquillement. Au sommet, jeune taureau s’approche, nous effraie un peu. Il cherche probablement à s’amuser (sic)
Le Mont-Soleil porte bien son nom. Dans le programme d’exploitation des énergies renouvelables, il accueille une importante installation de panneaux solaires qui donnent un aspect futuriste à l’endroit. Les panneaux servent judicieusement de parapluie et de parasol aux moutons. Les éoliennes ont aussi leur place sur ce sommet. Avec le Mont-Crosin son voisin, le Mont-Soleil forme la plus grande installation du genre en Suisse. Côté sud/est, le Chasseral majestueux donne l’impression du grand frère qui observe.
Un funiculaire permet d’éviter la descente à pic vers St-Imier … fi ! Pas de raccourci sur notre traversée ! Nous nous lançons dans la pente raide. Un écureuil surgissant, des cairns installés au bord du sentier et très vite les rumeurs de la ville allègent la fatigue de fin de parcours.
Arrivée, place du Marché. La panachée pour récompense. L’orage éclate brusquement, il pleut des seilles. Quel bol d’avoir pu marcher au sec! Emplettes sur le chemin qui mène à la gare (tablettes de magnésium à la pharmacie, enfin !) Les transports publics nous reconduisent au camping de Saignelégier pour la nuit. Ultime nuit et repas chaud dans notre habitacle roulant, Eole notre VW bus, empli d’autres souvenirs d’évasion de la dernière décennie. Le lendemain, il sera garé au parking CFF à Saint-Imiter, le temps de la marche vers Chézard, dans le Val-de Ruz.
5. St-Imier–Chézard
15km – mercredi 2 septembre 2015
La balade de ce jour nous mène du canton du Jura à celui de Neuchâtel par les hauteurs du Bec à l’Oiseau. Le temps est partiellement couvert mais prédit une amélioration pour les prochains jours. Merci le ciel !
Saint-Imier 800m d’altitude, dans le val éponyme, étonne par son architecture. Ses rues en damiers à l’américaine témoignent du début de l’ère de l’industrialisation horlogère. Il en reste l’imposante fabrique de montres Longines que l’on aperçoit après avoir quitté la gare. Nous marchons sur le trottoir en direction de Sonvilier, autre bourgade industrielle. Et continuons à l’orée des bois jusqu’à la hauteur de Renan. Là, un sérieux raidillon aboutit dans une belle aire de pâturages, typiquement jurassienne : grands sapins, prés verdoyants, roches de calcaires. Cette montagne est assez jeune nous apprend le guide du TST : elle s’est créée il y a dix millions d’années !
Arrivée à la Buvette du Bec à l’Oiseau. D’ici, on devrait voir les Alpes au loin, mais pas de chance, le ciel est partiellement couvert. Un vent violent nous fouette le visage. Alors que nous cherchons en vain un endroit abrité, la patronne du restaurant nous accueille dans sa cuisine, (ce n'est habituellement ouvert que de novembre à avril pour les skieurs de fond et amateurs de raquettes) Et nous voilà au coin du feu à grignoter notre pique-nique. Les Jurassiens rencontrés jusqu’ici se sont montrés fort bienveillants.
Nous laissons Madame Winkler et son vieux chien. Séchés, restaurés, le pied léger, nous reprenons la route vers Chézard. Au départ elle est étroite, bordée de denses épineux qui, apprend-on, protègent le chaussée des congères en hiver. Un véritable tunnel sur quelques 300 mètres.
La descente sur le bitume traverse des villages paysans de Pertuis à la plaine des Vieux Prés. Soudain, une scène brutale sous nos yeux : quatre hommes tentent de pousser un porc dans un fourgon. L’animal hurle. Dure réalité. Demain pas de viande dans nos sandwich ! (?)
Le chemin sillonne dans forêts et pâturages jusqu’à Chézard. On devine Chaumont et Tête de Ran à travers les feuillages, le Val-de-Ruz qui s’étend entre les collines boisées. Le Chasseral, le plus élevé, domine la plaine. Le temps s’est remis au beau fixe.
A ce point du parcours, des amis neuchâtelois ont prévu de nous emmener pour la nuit à Dombresson chez leur maman et de nous cueillir le lendemain à Neuchâtel pour B&B chez eux … c’est bon d’avoir des amis !
La balade de ce jour nous mène du canton du Jura à celui de Neuchâtel par les hauteurs du Bec à l’Oiseau. Le temps est partiellement couvert mais prédit une amélioration pour les prochains jours. Merci le ciel !
Saint-Imier 800m d’altitude, dans le val éponyme, étonne par son architecture. Ses rues en damiers à l’américaine témoignent du début de l’ère de l’industrialisation horlogère. Il en reste l’imposante fabrique de montres Longines que l’on aperçoit après avoir quitté la gare. Nous marchons sur le trottoir en direction de Sonvilier, autre bourgade industrielle. Et continuons à l’orée des bois jusqu’à la hauteur de Renan. Là, un sérieux raidillon aboutit dans une belle aire de pâturages, typiquement jurassienne : grands sapins, prés verdoyants, roches de calcaires. Cette montagne est assez jeune nous apprend le guide du TST : elle s’est créée il y a dix millions d’années !
Arrivée à la Buvette du Bec à l’Oiseau. D’ici, on devrait voir les Alpes au loin, mais pas de chance, le ciel est partiellement couvert. Un vent violent nous fouette le visage. Alors que nous cherchons en vain un endroit abrité, la patronne du restaurant nous accueille dans sa cuisine, (ce n'est habituellement ouvert que de novembre à avril pour les skieurs de fond et amateurs de raquettes) Et nous voilà au coin du feu à grignoter notre pique-nique. Les Jurassiens rencontrés jusqu’ici se sont montrés fort bienveillants.
Nous laissons Madame Winkler et son vieux chien. Séchés, restaurés, le pied léger, nous reprenons la route vers Chézard. Au départ elle est étroite, bordée de denses épineux qui, apprend-on, protègent le chaussée des congères en hiver. Un véritable tunnel sur quelques 300 mètres.
La descente sur le bitume traverse des villages paysans de Pertuis à la plaine des Vieux Prés. Soudain, une scène brutale sous nos yeux : quatre hommes tentent de pousser un porc dans un fourgon. L’animal hurle. Dure réalité. Demain pas de viande dans nos sandwich ! (?)
Le chemin sillonne dans forêts et pâturages jusqu’à Chézard. On devine Chaumont et Tête de Ran à travers les feuillages, le Val-de-Ruz qui s’étend entre les collines boisées. Le Chasseral, le plus élevé, domine la plaine. Le temps s’est remis au beau fixe.
A ce point du parcours, des amis neuchâtelois ont prévu de nous emmener pour la nuit à Dombresson chez leur maman et de nous cueillir le lendemain à Neuchâtel pour B&B chez eux … c’est bon d’avoir des amis !
6. Chézard–Neuchâtel
11km – jeudi 3 septembre 2015
Etape courte que le TST a probablement prévue afin de relâcher le rythme de croisière. Après une nuit passée à Dombresson, nous quittons direction Neuchâtel. Belle descente, le lac en champ de vision à travers les feuillages.
La dame au grand âge et au grand cœur qui nous a logés, nous a émus par son chaleureux accueil. Sa collection de dés à coudre nous a étonné et son goût inconditionnel pour le chocolat pour le moins surpris. Merci pour nous avoir reçus à votre table, pour les lits préparés avec attention! Nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Le plateau d’altitude du Val-de-Ruz dévoile une vallée fertile. On l’appelle le grenier de la région neuchâteloise. Surplombant cette campagne, face à nous, Chaumont « lui qui cache le lac ». Le long de terrains agricoles, le centre d’un club d’aéromodélisme. Passage interdit aux chevaux (?) un espace légal pour chacun dans notre pays démocratique !
A Engollon, l’établissement Terre aux Fées porte bien son nom. Une pause s’impose dans son cadre chaleureux. Le restaurant offre une carte de produits bio fournis par des producteurs et artisans de la région. Le chocolat chaud maison … un délice ! A deux pas, le Temple Saint-Pierre, monument historique datant du Moyen Age. Les fresques murales sont classées au patrimoine.
Sur notre passage, vieilles fontaines et maisons restaurées, ravissants jardins potagers, témoignent d’un l’attachement à cet endroit de campagne. Comme à Fenin-Vilars-Saule, où les propriétaires probablement pendulaires semblent apprécier le calme et la verdure. Fenin-Vilars-Saule fait partie de l’ensemble des 15 villages formant la commune Val-de-Ruz.
Et voilà qu’une pente courte mais sérieuse met soudain nos mollets à l’épreuve. Dans un enclos un jeune poney déguisé en zèbre, oui ! Surprenant. Le parcours longe le flanc de Chaumont jusqu’à la hauteur de Valangin. La forêt trop dense à cet endroit permet à peine d’apercevoir le château. Encore un bout de chemin pentu jusqu’à la crête boisée de Chaumont, puis la grande descente vers Neuchâtel. L’impression d’emprunter un toboggan à ce point de notre périple, après tant d’efforts depuis Porrentruy!
Agréable trajet dans les bois, sur un sol de terre, le lac visible à travers les feuillages. Sur les hauts de la ville, vers le Parcours Vita, une promeneuse nous indique qu’à quelques minutes se trouve le Centre Dürenmatt construit par Mario Botta. Trop paresseux et parce que nous connaissons déjà, nous ne bifurquons pas.
Voici la ville. Encore quelques rues à traverser, à contourner des pâtés d’imposantes maisons en pierre jaune d’Hauterive. Au centre, la belle place Pury nous accueille dans le soleil. Passage au Bancomat, finances obligent. Arrivée au vieux port, fin de la sixième étape … une des plus cool du parcours !
Midi. L’esplanade est envahie par des étudiants à l’heure du pique-nique. Certains sont nichés sur un banc surdimensionné, vestige des commémorations du millénaire de la ville en 2011, œuvre de l’artiste français Lilian Bourgeat. Bon moment de détente au bord de l’eau. Canards, mouettes, bateaux. L’atmosphère diffère totalement.
Agréable parenthèse dans la maison de nos amis à Bevaix. Soirée à évoquer nos souvenirs communs. Dormons à poings fermés. Les fringues sont lavées et séchées. Merci ! L’étape du lendemain débute sur l’autre rive du lac, à Cudrefin.
Etape courte que le TST a probablement prévue afin de relâcher le rythme de croisière. Après une nuit passée à Dombresson, nous quittons direction Neuchâtel. Belle descente, le lac en champ de vision à travers les feuillages.
La dame au grand âge et au grand cœur qui nous a logés, nous a émus par son chaleureux accueil. Sa collection de dés à coudre nous a étonné et son goût inconditionnel pour le chocolat pour le moins surpris. Merci pour nous avoir reçus à votre table, pour les lits préparés avec attention! Nous ne sommes pas prêts d’oublier.
Le plateau d’altitude du Val-de-Ruz dévoile une vallée fertile. On l’appelle le grenier de la région neuchâteloise. Surplombant cette campagne, face à nous, Chaumont « lui qui cache le lac ». Le long de terrains agricoles, le centre d’un club d’aéromodélisme. Passage interdit aux chevaux (?) un espace légal pour chacun dans notre pays démocratique !
A Engollon, l’établissement Terre aux Fées porte bien son nom. Une pause s’impose dans son cadre chaleureux. Le restaurant offre une carte de produits bio fournis par des producteurs et artisans de la région. Le chocolat chaud maison … un délice ! A deux pas, le Temple Saint-Pierre, monument historique datant du Moyen Age. Les fresques murales sont classées au patrimoine.
Sur notre passage, vieilles fontaines et maisons restaurées, ravissants jardins potagers, témoignent d’un l’attachement à cet endroit de campagne. Comme à Fenin-Vilars-Saule, où les propriétaires probablement pendulaires semblent apprécier le calme et la verdure. Fenin-Vilars-Saule fait partie de l’ensemble des 15 villages formant la commune Val-de-Ruz.
Et voilà qu’une pente courte mais sérieuse met soudain nos mollets à l’épreuve. Dans un enclos un jeune poney déguisé en zèbre, oui ! Surprenant. Le parcours longe le flanc de Chaumont jusqu’à la hauteur de Valangin. La forêt trop dense à cet endroit permet à peine d’apercevoir le château. Encore un bout de chemin pentu jusqu’à la crête boisée de Chaumont, puis la grande descente vers Neuchâtel. L’impression d’emprunter un toboggan à ce point de notre périple, après tant d’efforts depuis Porrentruy!
Agréable trajet dans les bois, sur un sol de terre, le lac visible à travers les feuillages. Sur les hauts de la ville, vers le Parcours Vita, une promeneuse nous indique qu’à quelques minutes se trouve le Centre Dürenmatt construit par Mario Botta. Trop paresseux et parce que nous connaissons déjà, nous ne bifurquons pas.
Voici la ville. Encore quelques rues à traverser, à contourner des pâtés d’imposantes maisons en pierre jaune d’Hauterive. Au centre, la belle place Pury nous accueille dans le soleil. Passage au Bancomat, finances obligent. Arrivée au vieux port, fin de la sixième étape … une des plus cool du parcours !
Midi. L’esplanade est envahie par des étudiants à l’heure du pique-nique. Certains sont nichés sur un banc surdimensionné, vestige des commémorations du millénaire de la ville en 2011, œuvre de l’artiste français Lilian Bourgeat. Bon moment de détente au bord de l’eau. Canards, mouettes, bateaux. L’atmosphère diffère totalement.
Agréable parenthèse dans la maison de nos amis à Bevaix. Soirée à évoquer nos souvenirs communs. Dormons à poings fermés. Les fringues sont lavées et séchées. Merci ! L’étape du lendemain débute sur l’autre rive du lac, à Cudrefin.
7. Cudrefin–Morat
18km –vendredi 4 septembre 2015
D'un lac à l'autre. Le parcours mène au sommet du Mont Vully, d’où une vue sur la région des lacs, du littoral et des Alpes. Montée plus rude que prévue. Descente à travers les vignobles. Il fait très chaud.
A Cudrefin, le chemin mène le long du lac bordé d’une dense roselière. Nous sommes au nord de la réserve de la Grande Cariçaie qui s’étend d’Yverdon jusqu’au canal de la Broye. Nous longeons le grand camping de Cudrefin donnant sur une petite plage. C’est un véritable village … mais pas un chat en cette saison. Si, juste un monsieur d’un certain âge qui vit ici, nous dit-il, une grande partie de l’année. Il vient d’Engelberg. Il est alémanique comme la plupart des résidants, précise-t--il. Nous profitons des sanitaires propres à lécher.
Peu avant le centre-nature de La Sauge, il y a un étang. Des bruits d’eau et des rires de jeunes gens proviennent de derrière une épaisse verdure. Probablement une heureuse baignade. Le chemin bifurque sur la rive du canal de la Broye, puis passe à proximité du centre nommé.
Après les berges de joncs, place à des champs de terre. Nous admirons une parcelle de belle terre, presque noire. Un agriculteur la marque de sillons. Quel cadeau de jardiner ici ! La plaine fertile de la région des lacs – nous rappelle le guide TST- produit près de 20% des fruits et légumes suisses. Nous pensons à nos vaines tentatives de jardinage sur notre lopin de terre glaise du Jorat.
Une pente sérieuse maintenant conduit vers le sommet du Mont Vully, à 653m d’altitude. On l’imaginait plus douce sur ce contrefort des montagnes jurassiennes. Le chemin est forestier sur la majeure partie du trajet bien heureusement. Le soleil est au zénith.
Surprise sur ce flanc du Mont Vully : une piste d’entraînement de moto cross dans une clairière abritée. Non loin, se trouvent des grottes taillées dans la molasse par l’armée, que nous ne verrons pas. Une autre curiosité pour le moins insolite sur le parcours, c’est bien la pierre erratique découverte par le glaciologue Louis Agassiz. On apprend que, lors de la période glacière, le bloc errant de gneiss a fait le voyage du massif de la Furka jusqu’ici. Un peu notre voyage inverse en quelque sorte … en d’autres temps et à un autre rythme !
Au sommet, le plateau clairsemé de grands arbres n’offre pas la vue panoramique imaginée. La partie sud/est sur le Mitteland et les Alpes et pré-Alpes au loin est bien visible, tandis qu’il faut tordre son cou pour deviner les lacs de Neuchâtel et Bienne entre les feuillages. Pique-nique sur un banc. Nous séchons au soleil. En contre-bas, le lac. En face, la ville de Morat, comme un signe de bienvenue.
Encore 10km jusqu’à elle. La descente sur le versant sud passe à travers les vignobles. Des panneaux didactiques informent sur les vins vulliérans. Le fruit est mûr à point, les grappes lourdes, les vendanges imminentes. Une alarme retentit à notre passage. Elle a dû confondre nos silhouettes avec celle de quelque volatile !
Arrivée à Sugiez. La route mène ensuite dans le Chablais, grande plantation de feuillus dont des peupliers jadis produisaient le bois d’allumettes. La rive tirée à la règle est si droite que sur le chemin, on aperçoit qui va nous croiser à des centaines de mètres. Dans ce tunnel de verdure, des promeneurs et leur chien, cyclistes joggeurs, pas nombreux.
Contournement de la rive à Muntelier et poursuite vers Morat sur le chemin lacustre où les maisons particulières excellent en diversité. Des petits chalets avec nains de jardin aux maisons de maître cossues, à celles à une architecture actuelle. Le droit de passage a subsisté, merci ! Plus loin, insolite, une petite construction en tôle rouillée sur pilotis, dans l’esprit du cube de Jean Nouvel. Chapelle pendant l’expo 2002, elle sert aujourd’hui de lieu d’expositions.
A Morat, nous retrouvons un ami à la terrasse d’un restaurant au bord de l’eau. Endroit noir de monde en cette fin de semaine de plein été. Nous buvons la panachée à pleines gorgées. Amitié et soleil, doux amalgame.
D'un lac à l'autre. Le parcours mène au sommet du Mont Vully, d’où une vue sur la région des lacs, du littoral et des Alpes. Montée plus rude que prévue. Descente à travers les vignobles. Il fait très chaud.
A Cudrefin, le chemin mène le long du lac bordé d’une dense roselière. Nous sommes au nord de la réserve de la Grande Cariçaie qui s’étend d’Yverdon jusqu’au canal de la Broye. Nous longeons le grand camping de Cudrefin donnant sur une petite plage. C’est un véritable village … mais pas un chat en cette saison. Si, juste un monsieur d’un certain âge qui vit ici, nous dit-il, une grande partie de l’année. Il vient d’Engelberg. Il est alémanique comme la plupart des résidants, précise-t--il. Nous profitons des sanitaires propres à lécher.
Peu avant le centre-nature de La Sauge, il y a un étang. Des bruits d’eau et des rires de jeunes gens proviennent de derrière une épaisse verdure. Probablement une heureuse baignade. Le chemin bifurque sur la rive du canal de la Broye, puis passe à proximité du centre nommé.
Après les berges de joncs, place à des champs de terre. Nous admirons une parcelle de belle terre, presque noire. Un agriculteur la marque de sillons. Quel cadeau de jardiner ici ! La plaine fertile de la région des lacs – nous rappelle le guide TST- produit près de 20% des fruits et légumes suisses. Nous pensons à nos vaines tentatives de jardinage sur notre lopin de terre glaise du Jorat.
Une pente sérieuse maintenant conduit vers le sommet du Mont Vully, à 653m d’altitude. On l’imaginait plus douce sur ce contrefort des montagnes jurassiennes. Le chemin est forestier sur la majeure partie du trajet bien heureusement. Le soleil est au zénith.
Surprise sur ce flanc du Mont Vully : une piste d’entraînement de moto cross dans une clairière abritée. Non loin, se trouvent des grottes taillées dans la molasse par l’armée, que nous ne verrons pas. Une autre curiosité pour le moins insolite sur le parcours, c’est bien la pierre erratique découverte par le glaciologue Louis Agassiz. On apprend que, lors de la période glacière, le bloc errant de gneiss a fait le voyage du massif de la Furka jusqu’ici. Un peu notre voyage inverse en quelque sorte … en d’autres temps et à un autre rythme !
Au sommet, le plateau clairsemé de grands arbres n’offre pas la vue panoramique imaginée. La partie sud/est sur le Mitteland et les Alpes et pré-Alpes au loin est bien visible, tandis qu’il faut tordre son cou pour deviner les lacs de Neuchâtel et Bienne entre les feuillages. Pique-nique sur un banc. Nous séchons au soleil. En contre-bas, le lac. En face, la ville de Morat, comme un signe de bienvenue.
Encore 10km jusqu’à elle. La descente sur le versant sud passe à travers les vignobles. Des panneaux didactiques informent sur les vins vulliérans. Le fruit est mûr à point, les grappes lourdes, les vendanges imminentes. Une alarme retentit à notre passage. Elle a dû confondre nos silhouettes avec celle de quelque volatile !
Arrivée à Sugiez. La route mène ensuite dans le Chablais, grande plantation de feuillus dont des peupliers jadis produisaient le bois d’allumettes. La rive tirée à la règle est si droite que sur le chemin, on aperçoit qui va nous croiser à des centaines de mètres. Dans ce tunnel de verdure, des promeneurs et leur chien, cyclistes joggeurs, pas nombreux.
Contournement de la rive à Muntelier et poursuite vers Morat sur le chemin lacustre où les maisons particulières excellent en diversité. Des petits chalets avec nains de jardin aux maisons de maître cossues, à celles à une architecture actuelle. Le droit de passage a subsisté, merci ! Plus loin, insolite, une petite construction en tôle rouillée sur pilotis, dans l’esprit du cube de Jean Nouvel. Chapelle pendant l’expo 2002, elle sert aujourd’hui de lieu d’expositions.
A Morat, nous retrouvons un ami à la terrasse d’un restaurant au bord de l’eau. Endroit noir de monde en cette fin de semaine de plein été. Nous buvons la panachée à pleines gorgées. Amitié et soleil, doux amalgame.
8. Morat–Laupen
14km – samedi 5 septembre 2015
Du lac à la rivière, d’une bataille à l’autre
Morat n‘a rien perdu de son charme, ni le lac de son attrait. Le centre médiéval est resté intact tout comme le mur d’enceinte, épargné de la démolition en 1900, faute de moyens financiers. On l’a échappée belle ! En traversant les rues, nous nous rappelons la course commémorative de la bataille de Morat à laquelle nous participions: le bain de foule, l’atmosphère avant le départ, les survêtements abandonnés sur les branches des platanes, l’odeur des baumes chauffants, autant de souvenirs dans nos têtes. Jon a passé la nuit à Morat alors que j'ai fait un saut de puce à la maison pour faire ma lessive car j'ai décidé de poursuivre avec lui la traversée.
Nous quittons la cité en direction de l’est. Les fermes aux grandes toitures et aux fenêtres fleuries de géraniums, les jardins potagers tip-top. Le randonneur ne ressent pas nécessairement dans ce coin de pays ce qui fut la frontière des langues et des religions ! Les villages en enfilade sont parsemés entre vallons, forêts et pâturages. Les Alpes et de Jura à l’horizon se voient à partir des endroits dégagés. Le dénivelé est moindre après notre traversée jurassienne. Au nord-ouest, le Chasseral domine du haut de ses 1600 mètres … observe-t-il notre périple ?
Salvenach. Un nom ancré dans ma mémoire. Ma mère évoquait souvent ce village. Elle est née à un jet de pierre, à Cressier-sur-Morat. Jeune fille, dans les années 30, elle livrait le courrier à vélo postal torpedo à Salvenach et dans d’autres villages environnants. Son voisin d’alors, le châtelain Gonsague de Reynold décrit dans un ouvrage sa vision abstraite de la géographie de notre pays : « D’abord la ligne bleue des lacs, les paysages de collines et de vallées du Plateau les sombres forêts des Préalpes et tout en haut les hauts sommets » On imagine un tableau de Hodler.
L’itinéraire nous envoie précisément dans ces paysages de forêts et de campagne. Petits domaines survivant de justesse avec l’aide de mère Helvetia, ce que dit le guide TST, dans un paysage bucolique où résonne le samedi les pétarades des stands de tirs … ce qu’il ne dit pas. Les nuisances nous suivent jusqu’à un marais protégé aux abords de la Sarine.
Nous passons un pont enjambant la Sarine bordée ici de falaises moins imposantes qu’elles le sont en ville de Fribourg. Un pêcheur ce samedi s’est installé sur la berge. Du pont, nous le voyons qui attend patiemment le poisson. Passé le confluent Sarine-Singine, on aperçoit à travers les feuillages au loin sur sa colline, le joli château de la bourgade de Laupen, témoin à l'instar de Morat d’une célèbre bataille.
A deux pas de la petite cité ds Stedtli comme l’appellent les gens d’ici, l’Hôtel Bären à Laupen constitue une agréable parenthèse dans notre périple. Lit douillet, bonne table. Les patrons sont sympas, bien qu’ils nous aient laissés devant la porte fermée ! Une histoire de clé oubliée. Mais tout est rentré dans l’ordre. Un restaurateur en congé, pensez par une si belle journée, est sorti. Il est sur le court de tennis, … et on ne lui en voudra pas ! Nous avons finalement bien ri ensemble. Monsieur Schmid a fait son apprentissage de cuisinier à l’hôtel du Milieu du Monde à Grandvaux, fin des années 70. On a parlé bien entendu de Lavaux et de ses vins. Il était heureux de pouvoir pratiquer le français. Rares sont ses clients francophones.
Du lac à la rivière, d’une bataille à l’autre
Morat n‘a rien perdu de son charme, ni le lac de son attrait. Le centre médiéval est resté intact tout comme le mur d’enceinte, épargné de la démolition en 1900, faute de moyens financiers. On l’a échappée belle ! En traversant les rues, nous nous rappelons la course commémorative de la bataille de Morat à laquelle nous participions: le bain de foule, l’atmosphère avant le départ, les survêtements abandonnés sur les branches des platanes, l’odeur des baumes chauffants, autant de souvenirs dans nos têtes. Jon a passé la nuit à Morat alors que j'ai fait un saut de puce à la maison pour faire ma lessive car j'ai décidé de poursuivre avec lui la traversée.
Nous quittons la cité en direction de l’est. Les fermes aux grandes toitures et aux fenêtres fleuries de géraniums, les jardins potagers tip-top. Le randonneur ne ressent pas nécessairement dans ce coin de pays ce qui fut la frontière des langues et des religions ! Les villages en enfilade sont parsemés entre vallons, forêts et pâturages. Les Alpes et de Jura à l’horizon se voient à partir des endroits dégagés. Le dénivelé est moindre après notre traversée jurassienne. Au nord-ouest, le Chasseral domine du haut de ses 1600 mètres … observe-t-il notre périple ?
Salvenach. Un nom ancré dans ma mémoire. Ma mère évoquait souvent ce village. Elle est née à un jet de pierre, à Cressier-sur-Morat. Jeune fille, dans les années 30, elle livrait le courrier à vélo postal torpedo à Salvenach et dans d’autres villages environnants. Son voisin d’alors, le châtelain Gonsague de Reynold décrit dans un ouvrage sa vision abstraite de la géographie de notre pays : « D’abord la ligne bleue des lacs, les paysages de collines et de vallées du Plateau les sombres forêts des Préalpes et tout en haut les hauts sommets » On imagine un tableau de Hodler.
L’itinéraire nous envoie précisément dans ces paysages de forêts et de campagne. Petits domaines survivant de justesse avec l’aide de mère Helvetia, ce que dit le guide TST, dans un paysage bucolique où résonne le samedi les pétarades des stands de tirs … ce qu’il ne dit pas. Les nuisances nous suivent jusqu’à un marais protégé aux abords de la Sarine.
Nous passons un pont enjambant la Sarine bordée ici de falaises moins imposantes qu’elles le sont en ville de Fribourg. Un pêcheur ce samedi s’est installé sur la berge. Du pont, nous le voyons qui attend patiemment le poisson. Passé le confluent Sarine-Singine, on aperçoit à travers les feuillages au loin sur sa colline, le joli château de la bourgade de Laupen, témoin à l'instar de Morat d’une célèbre bataille.
A deux pas de la petite cité ds Stedtli comme l’appellent les gens d’ici, l’Hôtel Bären à Laupen constitue une agréable parenthèse dans notre périple. Lit douillet, bonne table. Les patrons sont sympas, bien qu’ils nous aient laissés devant la porte fermée ! Une histoire de clé oubliée. Mais tout est rentré dans l’ordre. Un restaurateur en congé, pensez par une si belle journée, est sorti. Il est sur le court de tennis, … et on ne lui en voudra pas ! Nous avons finalement bien ri ensemble. Monsieur Schmid a fait son apprentissage de cuisinier à l’hôtel du Milieu du Monde à Grandvaux, fin des années 70. On a parlé bien entendu de Lavaux et de ses vins. Il était heureux de pouvoir pratiquer le français. Rares sont ses clients francophones.
9. Laupen–Berne
21km – dimanche 6 septembre 2015
Marche en bonne compagnie le long de la Singine jusqu'à Thörishaus, puis sur un un fort dénivelé vers un paysage de campagne jusqu’à Köniz, avant d’atteindre la Berne fédérale.
Sur la place de la gare CFF en face de l'hôtel, nous rencontrons ma sœur, son mari et leur fils aîné qui ont décidé de faire un bout de chemin avec nous. Ils ont également entrepris le parcours du TST mais à la journée et ont déjà parcouru une partie des étapes de Porrentruy à Laupen. Sur le sentier abrité de feuillage le long de la Singine résonnent nos bavardages. Plaisir des retrouvailles !
Le temps est couvert. Un vent fort se lève pour le reste de la journée. A Sensebrücke, nous admirons, une petite église et une maison de douane joliment restaurées, témoins d’une époque. Nous nous laissons inviter à la pause café au restaurant Sensebrücke, le temps de se réchauffer avant de poursuivre notre chemin le long de la rivière.
Arrivée sur le territoire de la commune de Neuennegg. Pour Jon et moi, souvenir de notre premier appartement (1971-74) Les baignades estivales sur les rives de la Singine étaient un paradis les jours de canicule. Avec notre fils en bas âge, nous pataugions dans les cuves, nous nous étalions sur les bancs de pierre au soleil ou à l’ombre des arbres. Rien n’a changé de ce cours d’eau. Beau et sauvage.
Nos accompagnants nous quittent à Thörishsaus d’où ils prennent le train pour Fribourg. Mais d’abord nous cassons la croûte ensemble. Au bord de l’eau, assis côte à côte sur le tronc d’un grand arbre mort, nous déballons nos victuailles. L’endroit est protégé du vent et chauffé par le soleil. Ma soeur a amené des délices faits maison : tranches de rouleau suisse pour le dessert, pommes séchées pour la suite du voyage. Le gâteau, les serviettes à croix blanche, les schnetz pour la traversée … elle a pensé suisse ! Agréable entracte dans cette journée de 21 km de marche.
Nous quittons la rive. La deuxième partie du trajet nous envoie vers une zone à gravir … 500m plus haut, jusqu’au delà de Mengesdorf le long d’un torrent en forêt, puis dans des prés fleuris de marguerites et pavots comme on n’en voit plus ou presque. Les pommiers ploient sous leurs fruits.
On se croirait à Ballenberg ! Succession de vieilles fermes typiques, belles granges, ravissants stöckli, fontaines roucoulantes, jardins fleuris, le tout particulièrement bien entretenu, probablement par des nostalgiques pendulaires en recherche d’authenticité. Les paysans n’ont pas le temps d’en faire autant!
Arrivée sur les hauteurs, soleil radieux. On aperçoit au loin le Bantiger et son antenne. La rumeur de la capitale se ressent déjà. A partir de Köniz, encore une belle forêt à traverser sur des dénivelés inattendus. Ici, le Parcours Vita des citadins et le lieu de promenade des canins. Pour preuve les caisses attribuées. Mais quasiment personne. C’est encore le temps des vacances scolaires. La forêt s’étend de la banlieue jusqu'en ville. Il nous reste à contourner quelques pâtés de maisons direction la gare CFF. Et à se noyer dans son incessant bain de foule.
Marche en bonne compagnie le long de la Singine jusqu'à Thörishaus, puis sur un un fort dénivelé vers un paysage de campagne jusqu’à Köniz, avant d’atteindre la Berne fédérale.
Sur la place de la gare CFF en face de l'hôtel, nous rencontrons ma sœur, son mari et leur fils aîné qui ont décidé de faire un bout de chemin avec nous. Ils ont également entrepris le parcours du TST mais à la journée et ont déjà parcouru une partie des étapes de Porrentruy à Laupen. Sur le sentier abrité de feuillage le long de la Singine résonnent nos bavardages. Plaisir des retrouvailles !
Le temps est couvert. Un vent fort se lève pour le reste de la journée. A Sensebrücke, nous admirons, une petite église et une maison de douane joliment restaurées, témoins d’une époque. Nous nous laissons inviter à la pause café au restaurant Sensebrücke, le temps de se réchauffer avant de poursuivre notre chemin le long de la rivière.
Arrivée sur le territoire de la commune de Neuennegg. Pour Jon et moi, souvenir de notre premier appartement (1971-74) Les baignades estivales sur les rives de la Singine étaient un paradis les jours de canicule. Avec notre fils en bas âge, nous pataugions dans les cuves, nous nous étalions sur les bancs de pierre au soleil ou à l’ombre des arbres. Rien n’a changé de ce cours d’eau. Beau et sauvage.
Nos accompagnants nous quittent à Thörishsaus d’où ils prennent le train pour Fribourg. Mais d’abord nous cassons la croûte ensemble. Au bord de l’eau, assis côte à côte sur le tronc d’un grand arbre mort, nous déballons nos victuailles. L’endroit est protégé du vent et chauffé par le soleil. Ma soeur a amené des délices faits maison : tranches de rouleau suisse pour le dessert, pommes séchées pour la suite du voyage. Le gâteau, les serviettes à croix blanche, les schnetz pour la traversée … elle a pensé suisse ! Agréable entracte dans cette journée de 21 km de marche.
Nous quittons la rive. La deuxième partie du trajet nous envoie vers une zone à gravir … 500m plus haut, jusqu’au delà de Mengesdorf le long d’un torrent en forêt, puis dans des prés fleuris de marguerites et pavots comme on n’en voit plus ou presque. Les pommiers ploient sous leurs fruits.
On se croirait à Ballenberg ! Succession de vieilles fermes typiques, belles granges, ravissants stöckli, fontaines roucoulantes, jardins fleuris, le tout particulièrement bien entretenu, probablement par des nostalgiques pendulaires en recherche d’authenticité. Les paysans n’ont pas le temps d’en faire autant!
Arrivée sur les hauteurs, soleil radieux. On aperçoit au loin le Bantiger et son antenne. La rumeur de la capitale se ressent déjà. A partir de Köniz, encore une belle forêt à traverser sur des dénivelés inattendus. Ici, le Parcours Vita des citadins et le lieu de promenade des canins. Pour preuve les caisses attribuées. Mais quasiment personne. C’est encore le temps des vacances scolaires. La forêt s’étend de la banlieue jusqu'en ville. Il nous reste à contourner quelques pâtés de maisons direction la gare CFF. Et à se noyer dans son incessant bain de foule.
10. Berne–Worb
16 km – lundi 7 septembre 2015
Nous poursuivons le parcours revisité du TST, au bord de l'Aar « Gang doch echli dere Aare nah, dere schöne, schöne Aare nah » chante le groupe bernois Stiller Has. Suivre le cours de l’Aar en amont depuis Berne, est quelque chose d’unique. Une des plus belles promenades au bord de l’eau en Europe, dit-on. Jusqu’à Märchligen à la hauteur de Belp, le parcours suit la rive de près. La montée vers Worb ensuite renvoie à la campagne.
Arrivés à Berne en train de Laupen où nous avons passé la nuit, nous atteignons l’esplanade du Münster. Ici un ascenseur nous mène directement au quartier de la Matte. Plus loin, sur notre droite la coupole dorée du Palais Fédéral émerge d’un bouquet d’arbres dans le soleil matinal.
Traversée du Dalmazibrücke pour la rive droite que nous ne quitterons plus jusqu’à Märchligen. La journée s’annonce ensoleillée et la promenade riche en découvertes. Les rives de l’Aar sont diversement occupées, qu’elles appartiennent aux Bains de la Ville, au zoo, ou plus en amont à la traversée d’un bac. Les multiples accès publics, sont peu fréquentés en ce début de semaine. Nous nous asseyons pour le café à la terrasse du restaurant du Dählhölzli, à l'ombre de grands marronniers. Moment tout à fait agréable. Puis passons le zoo où sangliers, loutres, castors, pélicans et autres espèces vivent en relative tranquillité.
Nous entrons dans le parc de réserve naturelle d’Elfenau. Le chemin se départage avec indications de passage : avec ou sans chiens … du jamais-vu en Romandie ! Une imposante paroi de molasse ruisselante, surgit dans une végétation dense. Etonnant ! Plus loin, on devine à travers des haies épaisses quelques maisons patriciennes. Là encore un restaurant-terrasse à proximité d’un parking où l’on sert en ce moment le repas de midi. Ici un bac permet de passer d’une rive à l’autre de l’Aar. Le marin d’eau douce accompagne la traversée avec une sono à pleins tubes. Dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ! Sur le chemin ombragé par une toiture de feuilles, quelques rares randonneurs, promeneurs, joggeurs. Une quantité de petites plages de sable ou de cailloux jalonnent la rive. Idéal pour notre pique-nique. Juste l’embarras du choix.
Muri Bad. Les souvenirs d’enfance de Jon resurgissent : les journées d’été à la piscine située au bord de l’Aar ; la montée en amont pour se laisser emporter ensuite par le courant de la rivière. Attention à ne pas manquer la sortie ! sensation extrême … l’Europa-Parc de jadis. Jon reconnaît à peine la piscine rénovée visible à travers le feuillage.
Apparaît un nouveau profil de la zone alluviale dû à la création d’un bras de l’Aar suite aux inondations. Jeunes arbres et biotopes. A la hauteur de Märchligen, nous apercevons l’aéroport de Belp au delà de la rive gauche. Nous bifurquons direction Worb, pressés de quitter un endroit soudainement envahi par les nuisances de l’autoroute attenante. Nous la chevauchons en passant un pont. La montée qui suit débouche sur un paysage tranquille dans des champs de blé et de fleurs. Un pays de merveilles !
Campagne, silence absolu. Les senteurs nous envahissent. L’air est plus sec. De belles fermes en activité, jalonnent le parcours. Des points de vente offrent produits frais de la ferme œufs, miel, patates, confitures. On imagine l’abondance des récoltes au terme d’un bel été.
Arrivée au sommet d’un chemin de forêt. Chic, là-bas un banc ! Hâte de s’asseoir. Mais rien n'est parfait. Nous le quittons rapidement, ne parvenant pas à de nous libérer d'une méchante guêpe. Elles sont partout cette année, c'est ainsi!
Nouvelle descente ensuite à travers à nouveau un paysage de campagne idyllique, la ville de Worb en point de mire. A Worb, détours obligé d’un gigantesque chantier de réaménagement du réseau routier. On s’en passerait. Les indications ne sont pas claires. Nous débouchons finalement dans la rue piétonne du centre de la ville. A proximité de la gare, nous assouvissons notre soif au soleil à la terrasse d’un café.
Nous poursuivons le parcours revisité du TST, au bord de l'Aar « Gang doch echli dere Aare nah, dere schöne, schöne Aare nah » chante le groupe bernois Stiller Has. Suivre le cours de l’Aar en amont depuis Berne, est quelque chose d’unique. Une des plus belles promenades au bord de l’eau en Europe, dit-on. Jusqu’à Märchligen à la hauteur de Belp, le parcours suit la rive de près. La montée vers Worb ensuite renvoie à la campagne.
Arrivés à Berne en train de Laupen où nous avons passé la nuit, nous atteignons l’esplanade du Münster. Ici un ascenseur nous mène directement au quartier de la Matte. Plus loin, sur notre droite la coupole dorée du Palais Fédéral émerge d’un bouquet d’arbres dans le soleil matinal.
Traversée du Dalmazibrücke pour la rive droite que nous ne quitterons plus jusqu’à Märchligen. La journée s’annonce ensoleillée et la promenade riche en découvertes. Les rives de l’Aar sont diversement occupées, qu’elles appartiennent aux Bains de la Ville, au zoo, ou plus en amont à la traversée d’un bac. Les multiples accès publics, sont peu fréquentés en ce début de semaine. Nous nous asseyons pour le café à la terrasse du restaurant du Dählhölzli, à l'ombre de grands marronniers. Moment tout à fait agréable. Puis passons le zoo où sangliers, loutres, castors, pélicans et autres espèces vivent en relative tranquillité.
Nous entrons dans le parc de réserve naturelle d’Elfenau. Le chemin se départage avec indications de passage : avec ou sans chiens … du jamais-vu en Romandie ! Une imposante paroi de molasse ruisselante, surgit dans une végétation dense. Etonnant ! Plus loin, on devine à travers des haies épaisses quelques maisons patriciennes. Là encore un restaurant-terrasse à proximité d’un parking où l’on sert en ce moment le repas de midi. Ici un bac permet de passer d’une rive à l’autre de l’Aar. Le marin d’eau douce accompagne la traversée avec une sono à pleins tubes. Dans la nature, ça ne passe pas inaperçu ! Sur le chemin ombragé par une toiture de feuilles, quelques rares randonneurs, promeneurs, joggeurs. Une quantité de petites plages de sable ou de cailloux jalonnent la rive. Idéal pour notre pique-nique. Juste l’embarras du choix.
Muri Bad. Les souvenirs d’enfance de Jon resurgissent : les journées d’été à la piscine située au bord de l’Aar ; la montée en amont pour se laisser emporter ensuite par le courant de la rivière. Attention à ne pas manquer la sortie ! sensation extrême … l’Europa-Parc de jadis. Jon reconnaît à peine la piscine rénovée visible à travers le feuillage.
Apparaît un nouveau profil de la zone alluviale dû à la création d’un bras de l’Aar suite aux inondations. Jeunes arbres et biotopes. A la hauteur de Märchligen, nous apercevons l’aéroport de Belp au delà de la rive gauche. Nous bifurquons direction Worb, pressés de quitter un endroit soudainement envahi par les nuisances de l’autoroute attenante. Nous la chevauchons en passant un pont. La montée qui suit débouche sur un paysage tranquille dans des champs de blé et de fleurs. Un pays de merveilles !
Campagne, silence absolu. Les senteurs nous envahissent. L’air est plus sec. De belles fermes en activité, jalonnent le parcours. Des points de vente offrent produits frais de la ferme œufs, miel, patates, confitures. On imagine l’abondance des récoltes au terme d’un bel été.
Arrivée au sommet d’un chemin de forêt. Chic, là-bas un banc ! Hâte de s’asseoir. Mais rien n'est parfait. Nous le quittons rapidement, ne parvenant pas à de nous libérer d'une méchante guêpe. Elles sont partout cette année, c'est ainsi!
Nouvelle descente ensuite à travers à nouveau un paysage de campagne idyllique, la ville de Worb en point de mire. A Worb, détours obligé d’un gigantesque chantier de réaménagement du réseau routier. On s’en passerait. Les indications ne sont pas claires. Nous débouchons finalement dans la rue piétonne du centre de la ville. A proximité de la gare, nous assouvissons notre soif au soleil à la terrasse d’un café.
11. Worb–Lützelflüh
18 km – mardi 8 septembre 2015
Premier jour de marche sans Colette … dure perspective!
Moi qui peine à la montée, je suis servi : ça monte raide tout de suite jusqu’à la Mänziwilegg puis vallonné vers Wägesse en passant Diepoldshusenegg, croisement de l’ancien et du nouveau tracé du TST. En descendant vers Rütihubelbad, je croise une classe d’enfants. Ils courent à la montée raide de la Mänziwilegg ! Quel plaisir de voir la force de la jeunesse.
Il est vrai que ce trajet comporte pas mal de route goudronnée. Dans les montées raides, cela m’aide car le pas demeure relaxe. Pas d’attention à donner aux pierres et autres inégalités du terrain. La vue sur Berne et la région du Bantiger, le Jura d’un côté puis le Napf et l’Entlebuch de l’autre, sans oublier les Alpes, est magnifique.
Sur la Mänziwilegg, je trouve un resto fermé, mais me permettant de m’abriter de la bise et sécher mon haut de corps en transpiration. Aussi un petit snack est le bienvenu.
Les seuls être humains croisés sur la hauteur étaient des extraterrestres (casques, lunettes) couple âgé sur des vélos électriques, montés depuis Schafhausen (BE) ou autre endroit. Pour moi, c’est la descente raide sur Schafhausen dans la forêt. Un pas sûr est absolument nécessaire !
Reste la route vers Lützelflüh où je me fais dépasser par quatre joyeux lurons, randonneurs suisse- allemands, qui parcourent durant quatre jours le TST mais sur le plat, sans les montées. Je les reverrai dans le superbe hôtel/resto « Ochsen » à Lützelflüh, là où Jeremias Gotthelf passait ses soirées et a écrit une partie de ses romans. Juxtaposé à l’hôtel, se trouve un jardin de sculptures qui lui sont dédiées.
Ce soir-là, un ami zurichois me rejoint pour m’accompagner durant les deux prochains jours de marche.
Premier jour de marche sans Colette … dure perspective!
Moi qui peine à la montée, je suis servi : ça monte raide tout de suite jusqu’à la Mänziwilegg puis vallonné vers Wägesse en passant Diepoldshusenegg, croisement de l’ancien et du nouveau tracé du TST. En descendant vers Rütihubelbad, je croise une classe d’enfants. Ils courent à la montée raide de la Mänziwilegg ! Quel plaisir de voir la force de la jeunesse.
Il est vrai que ce trajet comporte pas mal de route goudronnée. Dans les montées raides, cela m’aide car le pas demeure relaxe. Pas d’attention à donner aux pierres et autres inégalités du terrain. La vue sur Berne et la région du Bantiger, le Jura d’un côté puis le Napf et l’Entlebuch de l’autre, sans oublier les Alpes, est magnifique.
Sur la Mänziwilegg, je trouve un resto fermé, mais me permettant de m’abriter de la bise et sécher mon haut de corps en transpiration. Aussi un petit snack est le bienvenu.
Les seuls être humains croisés sur la hauteur étaient des extraterrestres (casques, lunettes) couple âgé sur des vélos électriques, montés depuis Schafhausen (BE) ou autre endroit. Pour moi, c’est la descente raide sur Schafhausen dans la forêt. Un pas sûr est absolument nécessaire !
Reste la route vers Lützelflüh où je me fais dépasser par quatre joyeux lurons, randonneurs suisse- allemands, qui parcourent durant quatre jours le TST mais sur le plat, sans les montées. Je les reverrai dans le superbe hôtel/resto « Ochsen » à Lützelflüh, là où Jeremias Gotthelf passait ses soirées et a écrit une partie de ses romans. Juxtaposé à l’hôtel, se trouve un jardin de sculptures qui lui sont dédiées.
Ce soir-là, un ami zurichois me rejoint pour m’accompagner durant les deux prochains jours de marche.
12. Lützelflüh–Lüderenalp
18 km – mercredi 9 septembre 2015
Balade magnifique en compagnie de mon ami zürichois. D’abord le long de l‘Emme puis à partir de Ramsei en empruntant l'ancien parcours via Spinner, Fluehüsli et Obere Rafrüti. Des montées et descentes sans fin jusqu’au point de vue magique de la Lüderenalp. Emmental que tu es belle!
Pour arriver à ce point du parcours, beaucoup de sueur, mais également la vue de fermes superbes blotties sur les flancs des « Chrächen ». Certaines ont sous leur pied jusqu’à huit sources d’eau (les fermes jurassiennes peuvent les envier). Des gamins en vélo munis de leur fourche pour aider à faire les foins répondent à ma question de si la « Lüderen » est encore loin : « no chli obsi aber aou nidsi, z’meischte jedoch obsi »
Avant une rude escalade dans le gravier, nous croisons à la lisière d’un bois une classe d’école fêtant un anniversaire. Le prof prépare le feu pour la grillade des cervelas. Il nous indique la dernière grande montée qui pour lui ne représente rien de spéciale. Ils y sont habitués ces sacrés Emmentalois ! Pour nous les 60 huitards, après une déjà longue tirée, elle est oh combien rude et oh combien grandiose ! Nous sommes très étonnés de voir descendre dans ces cailloux une VTT-iste. Elle nous souhaite bon courage et annonce que la vue au sommet de la Lüderen vaut vraiment la peine.
En effet, c’est absolument superbe. Vue à 360 degrés sur une grande partie du pays, Jura, Préalpes, Alpes. Que voir de plus beau ? Il paraît que la Lüderen n’a pas son pareil en Suisse allemanique.
L’hôtel sur le col de la Lüderen est accueillant et permet de nous blottir au soleil.
Soleil partagé avec des personnes du 3ème âge prenant leur 4heures. Et toute une horde de motards japonais, mais oui ! Aussi une volée d’apprentis d’une usine de la Suisse allemande.
Bonne cuisine et un repos dans la tranquillité absolue.
Balade magnifique en compagnie de mon ami zürichois. D’abord le long de l‘Emme puis à partir de Ramsei en empruntant l'ancien parcours via Spinner, Fluehüsli et Obere Rafrüti. Des montées et descentes sans fin jusqu’au point de vue magique de la Lüderenalp. Emmental que tu es belle!
Pour arriver à ce point du parcours, beaucoup de sueur, mais également la vue de fermes superbes blotties sur les flancs des « Chrächen ». Certaines ont sous leur pied jusqu’à huit sources d’eau (les fermes jurassiennes peuvent les envier). Des gamins en vélo munis de leur fourche pour aider à faire les foins répondent à ma question de si la « Lüderen » est encore loin : « no chli obsi aber aou nidsi, z’meischte jedoch obsi »
Avant une rude escalade dans le gravier, nous croisons à la lisière d’un bois une classe d’école fêtant un anniversaire. Le prof prépare le feu pour la grillade des cervelas. Il nous indique la dernière grande montée qui pour lui ne représente rien de spéciale. Ils y sont habitués ces sacrés Emmentalois ! Pour nous les 60 huitards, après une déjà longue tirée, elle est oh combien rude et oh combien grandiose ! Nous sommes très étonnés de voir descendre dans ces cailloux une VTT-iste. Elle nous souhaite bon courage et annonce que la vue au sommet de la Lüderen vaut vraiment la peine.
En effet, c’est absolument superbe. Vue à 360 degrés sur une grande partie du pays, Jura, Préalpes, Alpes. Que voir de plus beau ? Il paraît que la Lüderen n’a pas son pareil en Suisse allemanique.
L’hôtel sur le col de la Lüderen est accueillant et permet de nous blottir au soleil.
Soleil partagé avec des personnes du 3ème âge prenant leur 4heures. Et toute une horde de motards japonais, mais oui ! Aussi une volée d’apprentis d’une usine de la Suisse allemande.
Bonne cuisine et un repos dans la tranquillité absolue.
13. Lüderenalp–Eggiwil
28 km – jeudi 10 septembre 2015
Longue descente, beau parcours le long de deux cours d’eau : l‘Ilfis et l’Emme.
Nous choisissons la descente la plus longue sur route goudronnée. Elle est ni ennuyeuse ni pénible. Au passage, un agriculteur, récoltant les pommes de terre avec sa famille, me répond avec beaucoup d’humour à la question si les patates cette année sont de bonne qualité : « die tümschte Puure hei die schönschte Härdöpfu ». Ce dire nous met encore d’avantage de bonne humeur ! A Bärau c’est un immigré tamoul qui nous indique le chemin à prendre, alors que les indigènes ne le savaient pas vraiment !
Jolie promenade sur la rive de l’Ilfis. Frôlant la célèbre halle de glace du SC Langnau nous arrivons enfin à Langnau. La pause pour une bière dans un joli Biergarten tombe à pic.
La suite du périple nous incite à un changement de parcours. Plutôt que gravir comme prévu une des innombrables collines, nous prenons la route vers Schüpbach et Signau, permettant ainsi à mon ami Theddy de prendre le train pour Uster.
Je continue mon chemin en solitaire pour Eggiwil et le long de la Emme. Qu’il est beau ce chemin, épais tapis d'aiguilles de pin et de feuilles mortes sous les arbres, suivant l’eau cristalline de l ‘Emme ! Comme toujours, je me trouve seul sur le chemin bien qu’à une heure de marche du village, la vie mouvementée de fin d’après-midi reprend. Le chemin traverse des prés, fort heureusement, éloignés de la route cantonale. Seulement le dernier km borde la route.
Arrivé à destination à l’hôtel Bären d’Eggiwil, je suis émerveillé par un marché de poulains qui se tient là. On se croirait dans le Jura ! Le bistro de l’hôtel, ancienne demeure, est tellement typique, combien jolie. Rien ailleurs en Suisse ne lui ressemble. Bon repas en agréable compagnie des indigènes à une grande table. Ils discutent avec vigueur - joli accent bernois - des affaires de la journée.
Le tenancier me fait remarquer que je suis le premier marcheur qui, à sa connaissance, entreprend le TST en une fois et sans jours de repos … petit compliment !
Comme d’habitude ma journée finit tôt au lit. La fatigue, le programme à venir l'exigent.
Longue descente, beau parcours le long de deux cours d’eau : l‘Ilfis et l’Emme.
Nous choisissons la descente la plus longue sur route goudronnée. Elle est ni ennuyeuse ni pénible. Au passage, un agriculteur, récoltant les pommes de terre avec sa famille, me répond avec beaucoup d’humour à la question si les patates cette année sont de bonne qualité : « die tümschte Puure hei die schönschte Härdöpfu ». Ce dire nous met encore d’avantage de bonne humeur ! A Bärau c’est un immigré tamoul qui nous indique le chemin à prendre, alors que les indigènes ne le savaient pas vraiment !
Jolie promenade sur la rive de l’Ilfis. Frôlant la célèbre halle de glace du SC Langnau nous arrivons enfin à Langnau. La pause pour une bière dans un joli Biergarten tombe à pic.
La suite du périple nous incite à un changement de parcours. Plutôt que gravir comme prévu une des innombrables collines, nous prenons la route vers Schüpbach et Signau, permettant ainsi à mon ami Theddy de prendre le train pour Uster.
Je continue mon chemin en solitaire pour Eggiwil et le long de la Emme. Qu’il est beau ce chemin, épais tapis d'aiguilles de pin et de feuilles mortes sous les arbres, suivant l’eau cristalline de l ‘Emme ! Comme toujours, je me trouve seul sur le chemin bien qu’à une heure de marche du village, la vie mouvementée de fin d’après-midi reprend. Le chemin traverse des prés, fort heureusement, éloignés de la route cantonale. Seulement le dernier km borde la route.
Arrivé à destination à l’hôtel Bären d’Eggiwil, je suis émerveillé par un marché de poulains qui se tient là. On se croirait dans le Jura ! Le bistro de l’hôtel, ancienne demeure, est tellement typique, combien jolie. Rien ailleurs en Suisse ne lui ressemble. Bon repas en agréable compagnie des indigènes à une grande table. Ils discutent avec vigueur - joli accent bernois - des affaires de la journée.
Le tenancier me fait remarquer que je suis le premier marcheur qui, à sa connaissance, entreprend le TST en une fois et sans jours de repos … petit compliment !
Comme d’habitude ma journée finit tôt au lit. La fatigue, le programme à venir l'exigent.
14. Eggiwil–Schangnau
13 km – vendredi 11 septembre 2015
Bien que le temps soit humide - il a plu des trombes la soirée précédente - ce trajet m’enchante beaucoup.
Petit amuse-jambes au début sur des routes goudronnées, mais à peine traversé un champ proche de la Sorbachbrücke et de l’Emme, une rude montée sur le Pfyffer commence. Sauvage à souhait, un sentier difficile dans les falaises, mais tellement beau à vivre ; tranquillité absolue, l’eau ruisselante partout que je bois avec délectation. Il ne manque que les biches et les renards, animaux d’ailleurs inaperçus sur le trajet, depuis le départ du TST. Bizarre, non ?
La montée après le Pfaffenmoos fait vite oublier la précédente ! Elle est d’une beauté différente. Ici et là je rencontre des paysans avec qui il est toujours possible de causer. Pour arriver sur les hauteurs de Schangnau il faut passer une gorge, le Räbloch, décrite périlleuse mais qui à mon jugement ne l’est pas. En contournant ce ravin, on traverse une sorte de grotte (Nagelfluh) fort intéressante dans ce paysage sauvage et ludique.
Arrivé sur la hauteur et aux environs du Scheidbach et quittant enfin la forêt, on découvre la vue sur Schangnau et son panorama grandiose, magnifique ! La descente parmi les buffles et autres bétails vers le très joli village, me chauffe le cœur, le soleil de l’après-midi aidant.
Arrivé au village, je prends place sur la terrasse du Löwen, hôtel vieux de 200 ans, avec également une salle de resto splendide. Comme à l’accoutumer, je me fais servir une panachée et me sèche au soleil. Puis un homme d’un âge certain, me saluant en passant, commence à me causer.
Il est fort drôle et me raconte qu’il doit rencontrer des futurs mariés à la belle petite église de Schangnau. On la voit très bien depuis notre terrasse et comme les mariés avec entourage tardent à venir, il a le temps de m’expliquer son travail. Ce gentil homme fait s’envoler des pigeons en présence des mariés en récitant des vœux de bonheur ou plus religieux, ceci selon les vœux des mariés. Résidant à Steffisburg, faubourg de Thoune, il retrouve en principe ses volatiles au retour mais des défections il y en a pratiquement toujours ; vive la liberté pour certains pigeons !
Bonne cuisine soignée également dans ce resto comme d’ailleurs dans le plupart des restos sur le parcours. Depuis la salle à manger, on aperçoit la maison de Beat Feuz notre grand skieur alpin et la maison de Christian Zaugg, lutteur chevronné avec plus de 100 couronnes !
Bien que le temps soit humide - il a plu des trombes la soirée précédente - ce trajet m’enchante beaucoup.
Petit amuse-jambes au début sur des routes goudronnées, mais à peine traversé un champ proche de la Sorbachbrücke et de l’Emme, une rude montée sur le Pfyffer commence. Sauvage à souhait, un sentier difficile dans les falaises, mais tellement beau à vivre ; tranquillité absolue, l’eau ruisselante partout que je bois avec délectation. Il ne manque que les biches et les renards, animaux d’ailleurs inaperçus sur le trajet, depuis le départ du TST. Bizarre, non ?
La montée après le Pfaffenmoos fait vite oublier la précédente ! Elle est d’une beauté différente. Ici et là je rencontre des paysans avec qui il est toujours possible de causer. Pour arriver sur les hauteurs de Schangnau il faut passer une gorge, le Räbloch, décrite périlleuse mais qui à mon jugement ne l’est pas. En contournant ce ravin, on traverse une sorte de grotte (Nagelfluh) fort intéressante dans ce paysage sauvage et ludique.
Arrivé sur la hauteur et aux environs du Scheidbach et quittant enfin la forêt, on découvre la vue sur Schangnau et son panorama grandiose, magnifique ! La descente parmi les buffles et autres bétails vers le très joli village, me chauffe le cœur, le soleil de l’après-midi aidant.
Arrivé au village, je prends place sur la terrasse du Löwen, hôtel vieux de 200 ans, avec également une salle de resto splendide. Comme à l’accoutumer, je me fais servir une panachée et me sèche au soleil. Puis un homme d’un âge certain, me saluant en passant, commence à me causer.
Il est fort drôle et me raconte qu’il doit rencontrer des futurs mariés à la belle petite église de Schangnau. On la voit très bien depuis notre terrasse et comme les mariés avec entourage tardent à venir, il a le temps de m’expliquer son travail. Ce gentil homme fait s’envoler des pigeons en présence des mariés en récitant des vœux de bonheur ou plus religieux, ceci selon les vœux des mariés. Résidant à Steffisburg, faubourg de Thoune, il retrouve en principe ses volatiles au retour mais des défections il y en a pratiquement toujours ; vive la liberté pour certains pigeons !
Bonne cuisine soignée également dans ce resto comme d’ailleurs dans le plupart des restos sur le parcours. Depuis la salle à manger, on aperçoit la maison de Beat Feuz notre grand skieur alpin et la maison de Christian Zaugg, lutteur chevronné avec plus de 100 couronnes !
15. Schangnau–Sörenberg
20 km – samedi 12 septembre 2015
L’étape commence par une descente vers l’Emme et une montée sèche depuis l’autre rive pour rejoindre le tracé emmenant vers Kemmeriboden-Bad.
Malheureusement à un moment donné, le chemin est barricadé pour cause d’ éboulement. Kemmeriboden-Bad se pointe quand-même, en empruntant une route goudronnée. Quel joli endroit, ces anciens bains. Important rendez-vous des promeneurs du dimanche, moto ou autocars pour venir manger dans cette vénérable demeure, les fameux Merängge à la crème. J’ignore leur clin d’oeil et me consacre, après avoir bu un Kaffee fertig à me sécher le haut du corps sur un banc devant le bistro, sous un soleil superbe et réchauffant.
Depuis les bains, le chemin commence tout de suite en pente raide pendant un bon bout de temps, mais à mesure que je sors de la forêt le chemin devient accueillant.
A un bel endroit dans la forêt, mon regard est captivé par une plaque mortuaire militaire rappelant qu’ici, quatre jeunes soldats ont perdu la vie un certain 15.10.1981. Mes recherches par la suite ne m’ont pas aidé à élucider comment ils ont perdu la vie. Un mystère ! Un si paisible endroit.
Le sentier passe sous le flancs impressionnant du Schibengütsch, offrant une superbe vue sur la région du Brienzer Rothorn et ses sommets, magnifique ! Salwideli est l’endroit où le chemin bascule vers l’Entlebuch. Il faut aller vers le resto pour entamer la descente dans les pâturages. La descente est assez longue et le corps chauffé par le soleil, me supplie d’arriver au village au plus vite. .. soif !
Je trouve un hôtel au centre avec belle vue sur le Brienzer Rothorn et mon pauvre gosier est soulagé par une panachée. L’hôtel m’offre également une monté gratuite en télécabine sur le Rothorn, offre que je décline avec un peu de regret, mais je suis lessivé et je n’ai plus du tout envie de bouger.
Ma chambre est petite avec les toilettes en face, mais uniquement pour moi. Côté fenêtre se trouve l’église et donc dans la nuit j’étais très bien informé de l’heure que la montre du clocher avait atteint.
L’étape commence par une descente vers l’Emme et une montée sèche depuis l’autre rive pour rejoindre le tracé emmenant vers Kemmeriboden-Bad.
Malheureusement à un moment donné, le chemin est barricadé pour cause d’ éboulement. Kemmeriboden-Bad se pointe quand-même, en empruntant une route goudronnée. Quel joli endroit, ces anciens bains. Important rendez-vous des promeneurs du dimanche, moto ou autocars pour venir manger dans cette vénérable demeure, les fameux Merängge à la crème. J’ignore leur clin d’oeil et me consacre, après avoir bu un Kaffee fertig à me sécher le haut du corps sur un banc devant le bistro, sous un soleil superbe et réchauffant.
Depuis les bains, le chemin commence tout de suite en pente raide pendant un bon bout de temps, mais à mesure que je sors de la forêt le chemin devient accueillant.
A un bel endroit dans la forêt, mon regard est captivé par une plaque mortuaire militaire rappelant qu’ici, quatre jeunes soldats ont perdu la vie un certain 15.10.1981. Mes recherches par la suite ne m’ont pas aidé à élucider comment ils ont perdu la vie. Un mystère ! Un si paisible endroit.
Le sentier passe sous le flancs impressionnant du Schibengütsch, offrant une superbe vue sur la région du Brienzer Rothorn et ses sommets, magnifique ! Salwideli est l’endroit où le chemin bascule vers l’Entlebuch. Il faut aller vers le resto pour entamer la descente dans les pâturages. La descente est assez longue et le corps chauffé par le soleil, me supplie d’arriver au village au plus vite. .. soif !
Je trouve un hôtel au centre avec belle vue sur le Brienzer Rothorn et mon pauvre gosier est soulagé par une panachée. L’hôtel m’offre également une monté gratuite en télécabine sur le Rothorn, offre que je décline avec un peu de regret, mais je suis lessivé et je n’ai plus du tout envie de bouger.
Ma chambre est petite avec les toilettes en face, mais uniquement pour moi. Côté fenêtre se trouve l’église et donc dans la nuit j’étais très bien informé de l’heure que la montre du clocher avait atteint.
16. Sörenberg–Giswil
18 km – dimanche 13 septembre 2015
Belle montée régulière sur un sentier de montagne traversant les pâturages. Rencontre paisible avec troupeaux de vaches. Pour décor encore le massif du Brienzer Rothorn.
Fuyant la horde des motos envahissant le village très tôt, partant ou arrivant du col de Glaubenbielen, j’emprunte le sentier sur les hauts de la localité. Avant d’arriver sur le col, j’ai dois traverser un pré où broute un troupeau de vaches avec parmi elles un veau. Me voyant, sa mère distante de lui, commence à beugler très fort et entame un sprint haletant vers son petit. Il va sans dire que je prends mes distances, que je contourne cette jolie famille.
Bien que le ciel soit couvert, la vue depuis le col, sur Sarnersee, Giswil, le Tödi et autres montagnes, est magnifique.
C’est le premier col passé à plus de 1400 m, soit 1611 m. Il m’annonce une longue descente vers Giswil, env. 13 km et 1230 m de dénivellation. Route goudronnée puis chemin forestier raide et chaotique m’emmènent jusque dans la plaine du lac de Sarnen.
Les incontournables motos et les promeneurs du dimanche en bagnole venus des cantons voisins gâchent un peu ma journée. Les motards ne se rendent probablement pas compte combien ils nuisent avec le bruit infernal des moteurs et les gaz d’échappement.
En fin de parcours, le sentier menant à Giswil emprunte le Dreiwasserkanal qui se jette dans le Sarnersee. Belle fin de balade qui se termine à l’hôtel Bahnhof, chambre au rez où le soleil retrouvé sèche mes habits détrempés et où des canards me rendent visite.
Egalement très bonne cuisine et première dégustation du fameux cidre de Nidwald.
Belle montée régulière sur un sentier de montagne traversant les pâturages. Rencontre paisible avec troupeaux de vaches. Pour décor encore le massif du Brienzer Rothorn.
Fuyant la horde des motos envahissant le village très tôt, partant ou arrivant du col de Glaubenbielen, j’emprunte le sentier sur les hauts de la localité. Avant d’arriver sur le col, j’ai dois traverser un pré où broute un troupeau de vaches avec parmi elles un veau. Me voyant, sa mère distante de lui, commence à beugler très fort et entame un sprint haletant vers son petit. Il va sans dire que je prends mes distances, que je contourne cette jolie famille.
Bien que le ciel soit couvert, la vue depuis le col, sur Sarnersee, Giswil, le Tödi et autres montagnes, est magnifique.
C’est le premier col passé à plus de 1400 m, soit 1611 m. Il m’annonce une longue descente vers Giswil, env. 13 km et 1230 m de dénivellation. Route goudronnée puis chemin forestier raide et chaotique m’emmènent jusque dans la plaine du lac de Sarnen.
Les incontournables motos et les promeneurs du dimanche en bagnole venus des cantons voisins gâchent un peu ma journée. Les motards ne se rendent probablement pas compte combien ils nuisent avec le bruit infernal des moteurs et les gaz d’échappement.
En fin de parcours, le sentier menant à Giswil emprunte le Dreiwasserkanal qui se jette dans le Sarnersee. Belle fin de balade qui se termine à l’hôtel Bahnhof, chambre au rez où le soleil retrouvé sèche mes habits détrempés et où des canards me rendent visite.
Egalement très bonne cuisine et première dégustation du fameux cidre de Nidwald.
17. Giswil-Kerns
15km – lundi 14 septembre 2015
Un beau jour me réveille et maintenant le pèlerinage vers Lugano commence superbement. Un long trajet au bord du lac transparent de Sarnen jusqu'à Sachseln. Depuis ce beau village et son église splendide, une montée pas comme les autres.
Un indigène me dit, qu’avec mon physique pas de problème, même avec le sac assez lourd sur le dos … bien ! La première montée est faite essentiellement de marches … le cœur bat la chamade, mais un moment ou l’autre on arrive à une certaine altitude après 30-60 min. que sais-je.
Le chemin se poursuit d’abord sur route asphaltée, puis emprunte des traverses de champs et avant Flüeli, la forêt. Je croise de plus en plus de pèlerins allemands qui font le parcours de St. Jacques ou le Klausenweg. Avant Flüeli et dans la forêt, on arrive sur le chemin de croix, parcours qui amadoue l’âme.
Puis comme par enchantement, arrive le charmant village de Flüeli-Ranft, patrie de Nicolas de Flüe. Bel endroit qui surplombe la région de Stans et Buochs. Mon but par contre vise un peu plus loin, Kerns. La belle descente et comme à l’habitude, agrémentée de quelques montées, me fait découvrir le pont haut de Kerns, le plus haut d'Europe.
Il n’enjambe pas un large précipice mais celui-ci est extrêmement profond. Sujet au vertige, je n’ose à peine regarder dans le vide, mais tout ce que j’ai vu était impressionnant. Fort heureusement des filets en métal sécurisent les pauvres pèlerins comme moi.
Puis vint la descente vers Kerns où je suis entré au village à l’heure du rendez-vous donné à Colette. Mais il faut encore traverser tout le village … puis le moment tant attendu, Colette assise à une table, au soleil, devant l’hôtel. Un des beaux instants du voyage.
Le resto de l’hôtel fermé le lundi, nous trouvions notre bonheur dans à l’auberge Die Rose, où la serveuse nous apprend que la fille du patron a également fait le TST.
Un beau jour me réveille et maintenant le pèlerinage vers Lugano commence superbement. Un long trajet au bord du lac transparent de Sarnen jusqu'à Sachseln. Depuis ce beau village et son église splendide, une montée pas comme les autres.
Un indigène me dit, qu’avec mon physique pas de problème, même avec le sac assez lourd sur le dos … bien ! La première montée est faite essentiellement de marches … le cœur bat la chamade, mais un moment ou l’autre on arrive à une certaine altitude après 30-60 min. que sais-je.
Le chemin se poursuit d’abord sur route asphaltée, puis emprunte des traverses de champs et avant Flüeli, la forêt. Je croise de plus en plus de pèlerins allemands qui font le parcours de St. Jacques ou le Klausenweg. Avant Flüeli et dans la forêt, on arrive sur le chemin de croix, parcours qui amadoue l’âme.
Puis comme par enchantement, arrive le charmant village de Flüeli-Ranft, patrie de Nicolas de Flüe. Bel endroit qui surplombe la région de Stans et Buochs. Mon but par contre vise un peu plus loin, Kerns. La belle descente et comme à l’habitude, agrémentée de quelques montées, me fait découvrir le pont haut de Kerns, le plus haut d'Europe.
Il n’enjambe pas un large précipice mais celui-ci est extrêmement profond. Sujet au vertige, je n’ose à peine regarder dans le vide, mais tout ce que j’ai vu était impressionnant. Fort heureusement des filets en métal sécurisent les pauvres pèlerins comme moi.
Puis vint la descente vers Kerns où je suis entré au village à l’heure du rendez-vous donné à Colette. Mais il faut encore traverser tout le village … puis le moment tant attendu, Colette assise à une table, au soleil, devant l’hôtel. Un des beaux instants du voyage.
Le resto de l’hôtel fermé le lundi, nous trouvions notre bonheur dans à l’auberge Die Rose, où la serveuse nous apprend que la fille du patron a également fait le TST.
18. Kerns–Buochs
20km – mardi 15 septembre 2015
Promenade dans le pays de Winkelried
Vallonné au départ, le parcours se poursuit au plat, de Stans à Buochs, et aboutit sur la rive du Lac-des-quatre-cantons. Nous traversons les cantons d’Obwald puis de Nidwald, pays de Winkelried, commémoré par une statue que nous n’irons pas voir à Stans. Nous ne monterons pas non plus hélas en téléphérique au Stanserhorn, où une vue panoramique sur 100km de chaînes des Alpes coupe le souffle des touristes. Allons droit notre chemin !
Après un petit déjeuner mémorable à l’hôtel Krone à Kerns qui recevait une horde de touristes chinois pour la nuit, nous prenons la route, direction nord. Panneaux publicitaires le long de la chaussée : des politiciens en campagne électorale revendiquant une place à Berne. Leur grand sourire. Le paysage en collines lui aussi est plein de charme avec ici et là de ravissantes chapelles catholiques bien entretenues. Passé le portique, on découvre à chaque fois un style baroque dans des espaces aux murs fraîchement blanchis.
Des décorations d’objets hétéroclites devant les maisons sont pour le moins étonnantes. Nous questionnons un indigène occupé à soigner ses fleurs : pourquoi ces arbres et balcons décorés, pourquoi des prénoms inscrits en gros caractère ? Une manière de souhaiter la bienvenue aux nouveaux nés, démarche récente des sociétés locales, nous apprend-il. Une tradition nataliste qui perdure.
Passé les villages de Wisselen puis d’Ennetmoos, au sud de Stans, bifurcation direction Buochs. Pique-nique sur l’escalier d’une école désertée, avant de repartir à travers des espaces verts servant aux exercices militaires. Une chance que l’accès à ces terrains soit permis aujourd’hui ! La zone se termine à l’emplacement de l’usine Pilatus, fabrique d’avions militaires, à l’architecture récente. Une vaste halle de bois vraiment réussie sert au montage des avions.
Une dense urbanisation s’étale en douceur sur les flancs de côteaux aux abords des pistes d’essais. Premières loges ! Coupons à travers un grand pré servant d’aire d’exposition temporaire à des sculptures d’art contemporain. Ligne droite ensuite sur le trottoir vers la charmante ville de Buochs au bord de l’eau, du Vierwaldstättersee. A l’hôtel Rigiblickamsee face à la dite montagne, nous apprécions la cervoise sur sa charmante terrasse les pieds dans l’eau.
A propos des boissons
Notre aventure aura servi à nous faire apprécier l’eau par dessus tout : l’eau plate du robinet, son goût variant d’une région à l’autre ; l’eau bue à même les fontaines et les sources, quand sources il y a ; la bière … Calanda, Löwenbräu et d’autres, rallongée de limonade ; le cidre fermenté en Suisse centrale ; des vins suisses, le soir à l’heure du repas. Le matin nous partons avec des gourdes d’eau et de thé chaud.
Promenade dans le pays de Winkelried
Vallonné au départ, le parcours se poursuit au plat, de Stans à Buochs, et aboutit sur la rive du Lac-des-quatre-cantons. Nous traversons les cantons d’Obwald puis de Nidwald, pays de Winkelried, commémoré par une statue que nous n’irons pas voir à Stans. Nous ne monterons pas non plus hélas en téléphérique au Stanserhorn, où une vue panoramique sur 100km de chaînes des Alpes coupe le souffle des touristes. Allons droit notre chemin !
Après un petit déjeuner mémorable à l’hôtel Krone à Kerns qui recevait une horde de touristes chinois pour la nuit, nous prenons la route, direction nord. Panneaux publicitaires le long de la chaussée : des politiciens en campagne électorale revendiquant une place à Berne. Leur grand sourire. Le paysage en collines lui aussi est plein de charme avec ici et là de ravissantes chapelles catholiques bien entretenues. Passé le portique, on découvre à chaque fois un style baroque dans des espaces aux murs fraîchement blanchis.
Des décorations d’objets hétéroclites devant les maisons sont pour le moins étonnantes. Nous questionnons un indigène occupé à soigner ses fleurs : pourquoi ces arbres et balcons décorés, pourquoi des prénoms inscrits en gros caractère ? Une manière de souhaiter la bienvenue aux nouveaux nés, démarche récente des sociétés locales, nous apprend-il. Une tradition nataliste qui perdure.
Passé les villages de Wisselen puis d’Ennetmoos, au sud de Stans, bifurcation direction Buochs. Pique-nique sur l’escalier d’une école désertée, avant de repartir à travers des espaces verts servant aux exercices militaires. Une chance que l’accès à ces terrains soit permis aujourd’hui ! La zone se termine à l’emplacement de l’usine Pilatus, fabrique d’avions militaires, à l’architecture récente. Une vaste halle de bois vraiment réussie sert au montage des avions.
Une dense urbanisation s’étale en douceur sur les flancs de côteaux aux abords des pistes d’essais. Premières loges ! Coupons à travers un grand pré servant d’aire d’exposition temporaire à des sculptures d’art contemporain. Ligne droite ensuite sur le trottoir vers la charmante ville de Buochs au bord de l’eau, du Vierwaldstättersee. A l’hôtel Rigiblickamsee face à la dite montagne, nous apprécions la cervoise sur sa charmante terrasse les pieds dans l’eau.
A propos des boissons
Notre aventure aura servi à nous faire apprécier l’eau par dessus tout : l’eau plate du robinet, son goût variant d’une région à l’autre ; l’eau bue à même les fontaines et les sources, quand sources il y a ; la bière … Calanda, Löwenbräu et d’autres, rallongée de limonade ; le cidre fermenté en Suisse centrale ; des vins suisses, le soir à l’heure du repas. Le matin nous partons avec des gourdes d’eau et de thé chaud.
19. Buochs–Seelisberg
14km – mercredi 16 septembre 2015
Le long du lac, l’itinéraire mène jusqu’à Risleten. Une escalade dans les gorges du même nom débouche sur un plateau offrant un panorama merveilleux. Qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux !
L’hôtel Rigiblickamsee que nous quittons est un des nombreux établissements, entre Buochs et Beckenried, accueillant un tourisme international. Haut lieu de villégiature, la rive présente de jolis endroits pour la baignade. Envahie par des propriétés privées, elle prive les promeneurs du chemin lacustre à bien des endroits. L’autoroute surplombe très haut ce paradis de nantis. Elle traverse non loin la colline de Seelisberg dans le tunnel éponyme et file ensuite dans la direction du Gothard.
Pause café à une superbe terrasse sur le lac à Beckenried, la Riviera de la Suisse centrale ! Toute une tablée prend son petit déjeuner … des vaudois, un EMS en balade ! Notre parcours est aussi celui de l’étape Brunnen-Beckenried du chemin de Saint-Jean de Compostelle. L’église de la bourgade à deux pas du port vaut bien qu’on s’y arrête. Encore quelques kilomètres dans la verdure à longer un chantier naval et quelques industries PME. Puis, toujours le long du lac, dans une nature verte et sauvage jusqu’aux chutes d’eau de Risleten.
Ici, débute une grimpette dont on se souviendra à l'instar de celle de Soubey dans le Jura. Le chemin quitte le lac pour une forêt très en pente. Escaliers interminables partiellement le long des chutes d’eau. A travers les feuillages, on aperçoit Vitznau et Gersau, petites villes au pied du Rigi. En contre bas, le lac se dissipe toujours plus. C’est très à pic. Mieux vaut ne pas avoir le vertige.
Aujourd’hui, Jon a terriblement mal à un mollet. Cela n’arrange rien. Le fait d’enchaîner les étapes depuis Porrentruy ne l’épargne pas d’une fatigue qui s’installe au moment des passages difficiles.
L’arrivée à l’orée du bois, qui pourtant reste pentue, a tout d’une délivrance. Le chemin aboutit sur un panorama superbe qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux. Le lac des Quatre-cantons dans toute sa splendeur, avec pâturages et fermes au premier plan. La tranquillité est telle que le bruissement de la voile d’un catboat en contre bas parvient jusqu’à nos oreilles. Pareille atmosphère vécue sur une île grecque.
Soudain, la route devient démesurément large. Echange de quelques mots avec un couple de paysans faisant les foins sur le versant. Chapeau les paysans d’entretenir ce paysage ! Ils fauchent quatre fois l’an, disent-ils, le terrain étant trop pentu pour le bétail. Ils utilisent un tracteur à roues compensées, puis une soufflerie pour chasser l’herbe jusqu’au plat sur la large route asphaltée, construite on l’apprend pour accéder à l’autoroute. Elle n’a jamais servi !
Plein soleil. Dure dure la pente restante sur 2 km. Nous perdons le coup d’œil sur le lac jusqu’à Seelisberg. Seelisberg station perchée en nid d’aigle offre une vue à couper le souffle sur le lac d’Uri, partie sud/est du lac des Quatre-cantons. En face, le Fronalpstock montagne connue des skieurs ; à gauche, la ville de Brunnen ; à droite, l’embouchure de la Reuss. L’hôtel Bellevue où nous passons la nuit permet de jouir pleinement du panorama. Le foehn annoncé se met à souffler! Réputé violant sur cette partie du lac, il offre une vision apocalyptique du paysage. Végétation et eau du lac en furie. Repas du soir au café de la gare du funiculaire et routière. Très sympathique. Prémices d’un changement de climat, la nuit est superbement étoilée.
Le long du lac, l’itinéraire mène jusqu’à Risleten. Une escalade dans les gorges du même nom débouche sur un plateau offrant un panorama merveilleux. Qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux !
L’hôtel Rigiblickamsee que nous quittons est un des nombreux établissements, entre Buochs et Beckenried, accueillant un tourisme international. Haut lieu de villégiature, la rive présente de jolis endroits pour la baignade. Envahie par des propriétés privées, elle prive les promeneurs du chemin lacustre à bien des endroits. L’autoroute surplombe très haut ce paradis de nantis. Elle traverse non loin la colline de Seelisberg dans le tunnel éponyme et file ensuite dans la direction du Gothard.
Pause café à une superbe terrasse sur le lac à Beckenried, la Riviera de la Suisse centrale ! Toute une tablée prend son petit déjeuner … des vaudois, un EMS en balade ! Notre parcours est aussi celui de l’étape Brunnen-Beckenried du chemin de Saint-Jean de Compostelle. L’église de la bourgade à deux pas du port vaut bien qu’on s’y arrête. Encore quelques kilomètres dans la verdure à longer un chantier naval et quelques industries PME. Puis, toujours le long du lac, dans une nature verte et sauvage jusqu’aux chutes d’eau de Risleten.
Ici, débute une grimpette dont on se souviendra à l'instar de celle de Soubey dans le Jura. Le chemin quitte le lac pour une forêt très en pente. Escaliers interminables partiellement le long des chutes d’eau. A travers les feuillages, on aperçoit Vitznau et Gersau, petites villes au pied du Rigi. En contre bas, le lac se dissipe toujours plus. C’est très à pic. Mieux vaut ne pas avoir le vertige.
Aujourd’hui, Jon a terriblement mal à un mollet. Cela n’arrange rien. Le fait d’enchaîner les étapes depuis Porrentruy ne l’épargne pas d’une fatigue qui s’installe au moment des passages difficiles.
L’arrivée à l’orée du bois, qui pourtant reste pentue, a tout d’une délivrance. Le chemin aboutit sur un panorama superbe qui n’a rien à envier à notre beau Lavaux. Le lac des Quatre-cantons dans toute sa splendeur, avec pâturages et fermes au premier plan. La tranquillité est telle que le bruissement de la voile d’un catboat en contre bas parvient jusqu’à nos oreilles. Pareille atmosphère vécue sur une île grecque.
Soudain, la route devient démesurément large. Echange de quelques mots avec un couple de paysans faisant les foins sur le versant. Chapeau les paysans d’entretenir ce paysage ! Ils fauchent quatre fois l’an, disent-ils, le terrain étant trop pentu pour le bétail. Ils utilisent un tracteur à roues compensées, puis une soufflerie pour chasser l’herbe jusqu’au plat sur la large route asphaltée, construite on l’apprend pour accéder à l’autoroute. Elle n’a jamais servi !
Plein soleil. Dure dure la pente restante sur 2 km. Nous perdons le coup d’œil sur le lac jusqu’à Seelisberg. Seelisberg station perchée en nid d’aigle offre une vue à couper le souffle sur le lac d’Uri, partie sud/est du lac des Quatre-cantons. En face, le Fronalpstock montagne connue des skieurs ; à gauche, la ville de Brunnen ; à droite, l’embouchure de la Reuss. L’hôtel Bellevue où nous passons la nuit permet de jouir pleinement du panorama. Le foehn annoncé se met à souffler! Réputé violant sur cette partie du lac, il offre une vision apocalyptique du paysage. Végétation et eau du lac en furie. Repas du soir au café de la gare du funiculaire et routière. Très sympathique. Prémices d’un changement de climat, la nuit est superbement étoilée.
20. Seelisberg–Attinghausen
16km – jeudi 17 septembre 2015
Pour rejoindre la vallée menant au col du Gothard, il faut dévaler 450m jusqu’au au niveau du lac. Sur un versant où s’agrippent forêts et pâturages. 4000 marches d’escaliers tip-top ont été construites pour accéder à Bauen, charmante localité nichée entre eau et roche. Nous longeons ensuite le sud du lac, avant d’aborder la vallée de la Reuss, direction Attinghausen.
Au départ de Seelisberg, une esplanade permet de voir sur la rive en contre-bas la célèbre prairie du Rütli, avant d’entamer la grande descente, agréable parcours entre forêts et pâturages, où surprise, apparaît un petit château collé à sa chapelle. Construit au 15ème siècle par des notables d’Uri, la famille Beroldingen qui lui donna son nom.
Des branches jonchent le sol, arrachées la veille par le fort vent du foehn. En contre bas, on entend le vrombissement d’une machine infernale. La situation a été prise en charge illico presto par le service de voirie qui nettoie les passages encombrés. Tout est propre en ordre dans le paysage des petits cantons. C’en est presque inquiétant. Les effluves du bois détrempé titillent nos narines.
Arrivée à Bauen au bord du lac. La pluie nous a déjà rincés. Pas de pique-nique aujourd’hui. Repas de midi au Fischli am See, charmant restaurant du port. Au menu, produits locaux : Féra aux chanterelles sur risotto, délicieux dessert. Bauen, la plus petite commune du canton d’Uri, où Alberich Zwissig composa en 1841 le Cantique suisse, notre hymne national. On imagine l’atmosphère de huis-clos à Bauen - où séjourna également Schiller le poète - les jours où la fureur du lac, comme aujourd’hui, empêchait les bateaux d’amarrer.
Poursuite vers l’extrémité du lac, à l’abri de la pluie dans une série de tunnels creusés dans la roche, par la Voie Suisse, créée pour le 700ème anniversaire de la Confédération. De nombreux vestiges de l’événement subsistent : sculptures, gravures dans la pierre au sol, plates-formes, arrêts pique-nique. Cela doit être superbe les jours de beau temps. Aujourd’hui, pluie et fort vent. Nos pèlerines font plein usage pour la première fois dans notre périple.
A Seedorf, découverte d’un imposant monastère et d’un château baroque abritant un musée minéralogique. Près d’une imposante église à Seedorf, échange de quelques mots avec un cultivateur dans son champ de lavande. Quand tailler, quand cueillir, etc. Voyant les chaussures de Jon, il prévient avec un clin d’œil qu’il y aura peut-être de la neige sur le col !
Trempés jusqu’aux os, arrivés enfin à Attinghausen. Hébergement dans un l’hôtel, modeste mais confortable. Chambre et salle de bain chauffées permettent de sécher nos fringues. Un vrai luxe ! Nous apprécions une fois de plus l’accueil chaleureux des indigènes et le service rendu par Fabienne, réceptionniste à l’hôtel Bellevue de Seelisberg, qui nous a ramené ce jour-là nos bagages jusqu’ici. « Kein Problem ! » elle habite dans la coin nous a-t-elle dit.
Le soir, on nous demande de nous asseoir au bar pour le repas, car la salle du restaurant bondée est entièrement occupée par une manifestation … le loto annuel des lutteurs. ! « Ruhe, bitte ! » Atmosphère dont on se souviendra.
A propos des chaussures
Jon a décidé de faire la Traversée avec des baskets de course, suite à la lecture, avant le départ du périple, de Jean-Christophe Rufin sur le Chemin de Compostelle, qui lui a appris que c’est possible. Le seul vrai problème intervient quand il pleut ! Les baskets … des passoires !
Pour rejoindre la vallée menant au col du Gothard, il faut dévaler 450m jusqu’au au niveau du lac. Sur un versant où s’agrippent forêts et pâturages. 4000 marches d’escaliers tip-top ont été construites pour accéder à Bauen, charmante localité nichée entre eau et roche. Nous longeons ensuite le sud du lac, avant d’aborder la vallée de la Reuss, direction Attinghausen.
Au départ de Seelisberg, une esplanade permet de voir sur la rive en contre-bas la célèbre prairie du Rütli, avant d’entamer la grande descente, agréable parcours entre forêts et pâturages, où surprise, apparaît un petit château collé à sa chapelle. Construit au 15ème siècle par des notables d’Uri, la famille Beroldingen qui lui donna son nom.
Des branches jonchent le sol, arrachées la veille par le fort vent du foehn. En contre bas, on entend le vrombissement d’une machine infernale. La situation a été prise en charge illico presto par le service de voirie qui nettoie les passages encombrés. Tout est propre en ordre dans le paysage des petits cantons. C’en est presque inquiétant. Les effluves du bois détrempé titillent nos narines.
Arrivée à Bauen au bord du lac. La pluie nous a déjà rincés. Pas de pique-nique aujourd’hui. Repas de midi au Fischli am See, charmant restaurant du port. Au menu, produits locaux : Féra aux chanterelles sur risotto, délicieux dessert. Bauen, la plus petite commune du canton d’Uri, où Alberich Zwissig composa en 1841 le Cantique suisse, notre hymne national. On imagine l’atmosphère de huis-clos à Bauen - où séjourna également Schiller le poète - les jours où la fureur du lac, comme aujourd’hui, empêchait les bateaux d’amarrer.
Poursuite vers l’extrémité du lac, à l’abri de la pluie dans une série de tunnels creusés dans la roche, par la Voie Suisse, créée pour le 700ème anniversaire de la Confédération. De nombreux vestiges de l’événement subsistent : sculptures, gravures dans la pierre au sol, plates-formes, arrêts pique-nique. Cela doit être superbe les jours de beau temps. Aujourd’hui, pluie et fort vent. Nos pèlerines font plein usage pour la première fois dans notre périple.
A Seedorf, découverte d’un imposant monastère et d’un château baroque abritant un musée minéralogique. Près d’une imposante église à Seedorf, échange de quelques mots avec un cultivateur dans son champ de lavande. Quand tailler, quand cueillir, etc. Voyant les chaussures de Jon, il prévient avec un clin d’œil qu’il y aura peut-être de la neige sur le col !
Trempés jusqu’aux os, arrivés enfin à Attinghausen. Hébergement dans un l’hôtel, modeste mais confortable. Chambre et salle de bain chauffées permettent de sécher nos fringues. Un vrai luxe ! Nous apprécions une fois de plus l’accueil chaleureux des indigènes et le service rendu par Fabienne, réceptionniste à l’hôtel Bellevue de Seelisberg, qui nous a ramené ce jour-là nos bagages jusqu’ici. « Kein Problem ! » elle habite dans la coin nous a-t-elle dit.
Le soir, on nous demande de nous asseoir au bar pour le repas, car la salle du restaurant bondée est entièrement occupée par une manifestation … le loto annuel des lutteurs. ! « Ruhe, bitte ! » Atmosphère dont on se souviendra.
A propos des chaussures
Jon a décidé de faire la Traversée avec des baskets de course, suite à la lecture, avant le départ du périple, de Jean-Christophe Rufin sur le Chemin de Compostelle, qui lui a appris que c’est possible. Le seul vrai problème intervient quand il pleut ! Les baskets … des passoires !
21. Attinghausen–Gurtnellen
20km – vendredi 18 septembre 2015
L’ascension au sommet du col est prévue en trois étapes dans la vallée de la Reuss, corridor de transit. Le plus important axe nord-sud d’Europe, avec nuisances ferroviaire et routière. Passage chargé d’histoire, pour témoins sentiers de porteur, tours de gardes, églises et auberges légendaires. La montée nous projette dans un cadre grandiose de falaises, forêts, pâturages dominés par les hauts sommets. Un paysage que nous découvrons. Le trajet en voiture ou en train comme nous l’avons déjà vécu, n’offre pas les mêmes les dimensions d’ensemble du paysage.
Départ dans la nature à 9 heures, sous une pluie battante. Nous faisons bon usage de nos pèlerines. Avec raison, le restaurateur de Laupen avait bien dit, alors que nous craignions les averses : «Il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement de mauvais équipements » Nos pèlerines sont ultra légères. Pliées, elles tiennent dans la poche. Immenses, elles protègent au maximum notre équipement, sacs à dos inclus.
Nous cheminons sur le bas-côté droit de la vallée. Entamant la montée, découverte étrange du « Chemin des Anges » Le long de galeries creusées dans la roche, dans une odeur de pierre humide s’étalent, en nombre infini, des statuettes, images d’angelots accrochées aux murs ou posées au sol, sur des dizaines de mètres. Tracé d’un pèlerinage ? La question reste posée. Malgré nos recherches ultérieures, nous ne savons toujours pas. D’ici, notre champ de vision vers la vallée, en contre-bas, dévoile du plus concret : de gigantesques parkings pour les camionneurs transitaires. Leur chambre à coucher en quelque sorte!
Maintenant, pointe au loin le clocher de l’église de Erstfeld. Nous passons sur l’autre rive à proximité d’un ancien quai, étonnant dédales d’ardoise. La gare des marchandises de la ligne ferroviaire du Gothard (nous ne la verrons pas) se trouve dans les parages.
Peu avant Amsteg, l’important lotissement de baraques des ouvriers du nouveau tunnel. Il s’étend en bordure d’une Reuss bruyante. Trouve-t-on le sommeil à pareil endroit ? Il est midi, nous nous séchons et nous réchauffons dans un resto d’Amsteg situé sous l’arche d’un pont. Salle sombre, austère. Bons Spaghetti au menu.
D’Amsteg, la marche reprend sur un fort raidillon. La contrée est plus calme, sous un ciel devenu serein.
Le long du chemin, de minuscules constructions en béton servent d’abri en cas d’avalanches. Au passage, une ravissante chapelle, de superbes maisons uranaises datant du 16ème et du 17ème. Epargnés des nuisances, abrités par les collines, certains villages ne sont pas désertés.
Le bruit des remous de la rivière reprend en amont, étouffant celui de l’autoroute. Puis celui des moteurs l’emporte. Et ainsi de suite. Parfois nous surplombons le trafic, puis un pont de béton passe au-dessus de nos têtes. Evitant tunnels et routes, le parcours nous fait monter et redescendre sans cesse. Au niveau de la rivière, des panneaux rappellent la montée des eaux et la meilleure mesure à prendre en cas de danger … courir !
Nous poursuivons sur le sentier panoramique Gottardo créé en 2007, sous la devise « rail, nature, culture » Il offre aux randonneurs des sensations fortes, comme par exemple la vue du plus haut pont CFF, en passant sans s’en douter sur l’ancien bunker fédéral. Des panneaux jalonnant le parcours informent sur l’histoire de cette incroyable vallée de passage, sur la construction des tunnels et des routes, sur son rôle durant la dernière guerre. Sa flore, sa faune. Peu avant Gurtnellen, une étroite passerelle de 200m de long, bien stable Dieu soit loué, nous reconduit sur la rive gauche de la Reus.
A Wiler Gurtnellen, nous nous réchauffons au mythique hôtel-restaurant Le Gothard, que des dames âgées préservent de la fermeture. Puis prenons le car postal, plein à craquer de travailleurs et écoliers, retour à Attinghausen. Sympa, le chauffeur ! Il quitte son poste pour nous conseiller une correspondance écourtant le trajet.
Tôt le lendemain, nous amenons nos bagages à Andermatt via Altdorf par le train, changement à Göschenen. Puis retour à Gurtnellen pour une étape tout aussi passionnante. Des va-et-vient auxquels nous nous sommes habitués et qui nous permettent de vivre d’autres réalités.
L’ascension au sommet du col est prévue en trois étapes dans la vallée de la Reuss, corridor de transit. Le plus important axe nord-sud d’Europe, avec nuisances ferroviaire et routière. Passage chargé d’histoire, pour témoins sentiers de porteur, tours de gardes, églises et auberges légendaires. La montée nous projette dans un cadre grandiose de falaises, forêts, pâturages dominés par les hauts sommets. Un paysage que nous découvrons. Le trajet en voiture ou en train comme nous l’avons déjà vécu, n’offre pas les mêmes les dimensions d’ensemble du paysage.
Départ dans la nature à 9 heures, sous une pluie battante. Nous faisons bon usage de nos pèlerines. Avec raison, le restaurateur de Laupen avait bien dit, alors que nous craignions les averses : «Il n’y a pas de mauvais temps, mais seulement de mauvais équipements » Nos pèlerines sont ultra légères. Pliées, elles tiennent dans la poche. Immenses, elles protègent au maximum notre équipement, sacs à dos inclus.
Nous cheminons sur le bas-côté droit de la vallée. Entamant la montée, découverte étrange du « Chemin des Anges » Le long de galeries creusées dans la roche, dans une odeur de pierre humide s’étalent, en nombre infini, des statuettes, images d’angelots accrochées aux murs ou posées au sol, sur des dizaines de mètres. Tracé d’un pèlerinage ? La question reste posée. Malgré nos recherches ultérieures, nous ne savons toujours pas. D’ici, notre champ de vision vers la vallée, en contre-bas, dévoile du plus concret : de gigantesques parkings pour les camionneurs transitaires. Leur chambre à coucher en quelque sorte!
Maintenant, pointe au loin le clocher de l’église de Erstfeld. Nous passons sur l’autre rive à proximité d’un ancien quai, étonnant dédales d’ardoise. La gare des marchandises de la ligne ferroviaire du Gothard (nous ne la verrons pas) se trouve dans les parages.
Peu avant Amsteg, l’important lotissement de baraques des ouvriers du nouveau tunnel. Il s’étend en bordure d’une Reuss bruyante. Trouve-t-on le sommeil à pareil endroit ? Il est midi, nous nous séchons et nous réchauffons dans un resto d’Amsteg situé sous l’arche d’un pont. Salle sombre, austère. Bons Spaghetti au menu.
D’Amsteg, la marche reprend sur un fort raidillon. La contrée est plus calme, sous un ciel devenu serein.
Le long du chemin, de minuscules constructions en béton servent d’abri en cas d’avalanches. Au passage, une ravissante chapelle, de superbes maisons uranaises datant du 16ème et du 17ème. Epargnés des nuisances, abrités par les collines, certains villages ne sont pas désertés.
Le bruit des remous de la rivière reprend en amont, étouffant celui de l’autoroute. Puis celui des moteurs l’emporte. Et ainsi de suite. Parfois nous surplombons le trafic, puis un pont de béton passe au-dessus de nos têtes. Evitant tunnels et routes, le parcours nous fait monter et redescendre sans cesse. Au niveau de la rivière, des panneaux rappellent la montée des eaux et la meilleure mesure à prendre en cas de danger … courir !
Nous poursuivons sur le sentier panoramique Gottardo créé en 2007, sous la devise « rail, nature, culture » Il offre aux randonneurs des sensations fortes, comme par exemple la vue du plus haut pont CFF, en passant sans s’en douter sur l’ancien bunker fédéral. Des panneaux jalonnant le parcours informent sur l’histoire de cette incroyable vallée de passage, sur la construction des tunnels et des routes, sur son rôle durant la dernière guerre. Sa flore, sa faune. Peu avant Gurtnellen, une étroite passerelle de 200m de long, bien stable Dieu soit loué, nous reconduit sur la rive gauche de la Reus.
A Wiler Gurtnellen, nous nous réchauffons au mythique hôtel-restaurant Le Gothard, que des dames âgées préservent de la fermeture. Puis prenons le car postal, plein à craquer de travailleurs et écoliers, retour à Attinghausen. Sympa, le chauffeur ! Il quitte son poste pour nous conseiller une correspondance écourtant le trajet.
Tôt le lendemain, nous amenons nos bagages à Andermatt via Altdorf par le train, changement à Göschenen. Puis retour à Gurtnellen pour une étape tout aussi passionnante. Des va-et-vient auxquels nous nous sommes habitués et qui nous permettent de vivre d’autres réalités.
22. Gurtnellen–Andermatt
14km – samedi 19 septembre 2015
Captivante étape. La vallée se rétrécit annonçant le haut-plateau d'Andermatt. Arrêt à Göschenen zone de transit ferroviaire du Gothard.
Temps couvert, sans pluie. A partir de Gurtnellen, la vallée devient tel un corridor. Rivière, chemin de fer et voie routière se rapprochent, jusqu’à forcer la marche le long des rails. Si proche de l’autoroute à un endroit qu'elle nous permet d'assister de près aux bouchons du week-end, de voir les automobilistes s’impatienter. A l’allure du pas, nous sommes plus rapides !
Nous apercevons l’église de Wassen sur sa colline. Elle reste dans notre champ de vision pour un long moment. Depuis le train ce matin, en sens inverse, nous avons vécu un phénomène connu à cet endroit : dans la forte dénivellation de la vallée, le parcours dans le tunnel ferroviaire hélicoïdal (en plusieurs courbes) permet aux voyageurs de voir cette église trois fois de suite sous des angles différents. Etonnant !
A Göschenen, croyant prendre un raccourci, bêtas nous nous égarons dans les voies de la gare. Nos forces déclinent. Il est temps de faire une pause. Dans un restaurant bondé de touristes arrivés en autocar, une ultime table libre ! Mangeons une soupe … et séchons nos sueurs.
Reprise du parcours dans une pente s’accentuant encore. La rivière gronde de plus belle. Un promeneur rencontré nous confirme que le passage du pont du Diable, fermé depuis des semaines pour cause d’éboulement, est bel et bien rouvert depuis 3 jours. Quelle chance … et quel cadeau pour ce 19 septembre. Nous fêtons aujourd’hui nos noces de vermeil !
Les travaux ne sont pourtant pas terminés, le chantier des réparations s’étalant sur quelques kilomètres. Passerelles et rampes d’escaliers permettent aux bipèdes de passer quand même. La logistique mise en place pour que tout circule normalement est impressionnante.
Avant l’arrivée au célèbre pont, des cascades à l’eau cristalline jaillissent de très haut des roches abruptes et se déversent directement dans la Reuss … majestueux ! Puis surgit, surdimensionné, le mémorial Souvorov dédié aux soldats morts à cet endroit en 1799, lors d’un affrontement franco-russe. Et soudain dans la vallée maintenant très étroite, le célèbre pont du Diable. Les gorges de Schöllenen, décor dans lequel il se niche, nous laissent bouche bée. La forte résonnance des remous nous berce dans l’atmosphère des légendes de ce lieu mythique.
Surréaliste ! D’ici, dans une tour de béton, un escalier débouche sur le terrain totalement plat du haut plateau d’Andermatt. Nous sommes en fin du parcours tortueux de la 22ème étape. Heureux !
Captivante étape. La vallée se rétrécit annonçant le haut-plateau d'Andermatt. Arrêt à Göschenen zone de transit ferroviaire du Gothard.
Temps couvert, sans pluie. A partir de Gurtnellen, la vallée devient tel un corridor. Rivière, chemin de fer et voie routière se rapprochent, jusqu’à forcer la marche le long des rails. Si proche de l’autoroute à un endroit qu'elle nous permet d'assister de près aux bouchons du week-end, de voir les automobilistes s’impatienter. A l’allure du pas, nous sommes plus rapides !
Nous apercevons l’église de Wassen sur sa colline. Elle reste dans notre champ de vision pour un long moment. Depuis le train ce matin, en sens inverse, nous avons vécu un phénomène connu à cet endroit : dans la forte dénivellation de la vallée, le parcours dans le tunnel ferroviaire hélicoïdal (en plusieurs courbes) permet aux voyageurs de voir cette église trois fois de suite sous des angles différents. Etonnant !
A Göschenen, croyant prendre un raccourci, bêtas nous nous égarons dans les voies de la gare. Nos forces déclinent. Il est temps de faire une pause. Dans un restaurant bondé de touristes arrivés en autocar, une ultime table libre ! Mangeons une soupe … et séchons nos sueurs.
Reprise du parcours dans une pente s’accentuant encore. La rivière gronde de plus belle. Un promeneur rencontré nous confirme que le passage du pont du Diable, fermé depuis des semaines pour cause d’éboulement, est bel et bien rouvert depuis 3 jours. Quelle chance … et quel cadeau pour ce 19 septembre. Nous fêtons aujourd’hui nos noces de vermeil !
Les travaux ne sont pourtant pas terminés, le chantier des réparations s’étalant sur quelques kilomètres. Passerelles et rampes d’escaliers permettent aux bipèdes de passer quand même. La logistique mise en place pour que tout circule normalement est impressionnante.
Avant l’arrivée au célèbre pont, des cascades à l’eau cristalline jaillissent de très haut des roches abruptes et se déversent directement dans la Reuss … majestueux ! Puis surgit, surdimensionné, le mémorial Souvorov dédié aux soldats morts à cet endroit en 1799, lors d’un affrontement franco-russe. Et soudain dans la vallée maintenant très étroite, le célèbre pont du Diable. Les gorges de Schöllenen, décor dans lequel il se niche, nous laissent bouche bée. La forte résonnance des remous nous berce dans l’atmosphère des légendes de ce lieu mythique.
Surréaliste ! D’ici, dans une tour de béton, un escalier débouche sur le terrain totalement plat du haut plateau d’Andermatt. Nous sommes en fin du parcours tortueux de la 22ème étape. Heureux !
23. Andermatt–Airolo
20km – dimanche 20 septembre 2015 | Deux étapes d'une journée
Sur le sentier des muletiers et la route des postillons. Le passage du col du Gothard fait partie de nos coups de cœur. La journée s’annonce ensoleillée et la forte bise à affronter ce dimanche donne un peu plus de piment à notre déjà passionnante aventure.
A l’Hôtel Métropole d’Andermatt, la chambre chauffée, tranquille, permet d’étaler notre équipement, de faire une petite lessive, de passer une bonne nuit de sommeil. Bien mangé aussi à la table de son restaurant animé ce samedi soir. Une brigade de jeunes hongrois et allemands est fort occupée au service d’une cohorte de retraités en sortie.
Plutôt insolite, à un jet de pierre : une exposition de voitures de luxe … dans l’aire d’entrée du complexe hôtelier d’un certain Samih Sawiri.
Dimanche 9 heures le matin. Repartis le pied léger sur le plateau d’Ursenen, à travers la zone du terrain de golf. Mince! le bruit de la tondeuse à gazon ! L’entretien du green a déjà commencé.
A 4km d’Andermatt, le village d’Hospental, dernière agglomération avant d’entamer la montée au sommet. Grande église entourée de vieilles maisons uranaises bellement restaurées. A proximité, une vieille tour carrée. Nous sommes à la bifurcation des directions Furka/Gothard. Dans une chapelle voisine, cette inscription : « Ici se sépare le chemin. Oh ! ami, où vas-tu ? Veux-tu aller vers la Rome éternelle, redescendre vers la Saint Cologne, en direction du Rhin allemand, ou aller loin vers l’ouest en direction du pays des Francs ? »
Nous poursuivons vers la Rome éternelle, sur le sentier des porteurs, par le col mythique. Le long de La Reuss, qui maintenant bouillonne discrètement, s’étale une végétation de fin de saison. On imagine les rhododendrons en fleurs au printemps. Notre chemin chevauche les rocailles, traverse les pâturages. Attention bovins! Dans ce magnifique cercle alpin, une construction insolite ressemblant à un kiosque à musique, aspect monument soviétique. Le guide TST nous éclaire sur son utilité. Elle permet l’aération du tunnel … sous nos pieds.
Etonnamment peu de randonneurs rencontrés sur le parcours en ce dimanche d'été, plutôt des cyclistes lorsque notre chemin longe brièvement la voie routière. Dernière tirée menant au sommet, l’ancienne route pavée des postillons, récemment restaurée, en pente douce, aux abords de petits lacs. Imaginons les pavés de la rue de Bourg à Lausanne sur 4 km. Une famille zurichoise, malgré la forte bise, s’installe tant bien que mal dans un pâturage pour le pique-nique. Des pêcheurs s’adonnent à leur sport dominical. Notre guide rappelle que le massif du Gothard est un véritable château d’eau. Le Rhin, le Rhône, la Reuss et le Ticino prennent leur source dans cet important cercle alpin.
En fin de parcours, il est possible de quitter la route pour marcher sur de larges plaques de roche. On voit d’ici le monde qui afflue au sommet du col. Vers l’hospice, les parkings sont combles.
Ouf ! Nous y voilà. Deux milles cent et dix mètre d’altitude à l’arrivée. Soleil éclatant et forte bise. A l’abri d’une pierre chauffée par Hélios - dossier bienvenu à nos dos détrempés - la pause pique-nique nous donne de la vigueur et l’envie de poursuivre. Pourquoi pas jusqu’à Airolo. Allons y ! Tant que nos jambes nous portent ! Nous quittons le frisquet du col pour un climat plus serein.
La descente vers Airolo : un coup de cœur. Nous dévallons, foulant l’ancienne route de la Tremola - 1200m de dénivellation sur 8 km - et coupant ses virages en lacets. La route est pavée sur le premier tiers. Jadis empruntée par les malle-postes, elle fait partie des trésors du patrimoine. On imagine la scène de « La diligence du Gothard » de Rudolph Koller gravée dans la mémoire commune des Helvètes. Aujourd’hui par cette très forte bise, on y croise que quelques rares nostalgiques roulant dans de vieux tacots et des motards héroïques. La Tremola est paraît-il un must pour les cyclistes. Construite par Francesco Meschini entre 1827 et 1830, la route et son cadre ont servi de décor de cinéma. On comprend la fascination des réalisateurs pour cet endroit.
Nous respirons pleinement l’air et le soleil. Le panorama est grandiose, vertigineux. Des torrents se déversent de tous côtés. Cerise sur le gâteau : soudain une famille de marmottes. Nous apercevant, elles se figent sur leur postérieure comme des statues de sel. Un bonheur !
Airolo enfin dans notre champ de vision. La pente est sérieuse, qui amène directement à la gare CFF et routière. Ici pause méritée à une terrasse ensoleillée. A deux pas, un imposant mémorial rappelle la mort accidentelle des ouvriers pendant la construction du tunnel.
Surtout ne pas manquer le dernier car postal à17h conduisant à Andermatt. Le trajet nous permet d’admirer le col d’un autre point de vue dans une belle lumière de fin de journée. Fatigués et heureux, bercés par la musique du klaxon, celle qui a inspiré Rossini pour une ouverture d’opéra.
A partir d’Airolo, les va-et-vient n’étant géographiquement plus imaginables, nous marcherons avec notre bagage entier, allégé toutefois d’un surplus envoyé par la poste à notre domicile.
Sur le sentier des muletiers et la route des postillons. Le passage du col du Gothard fait partie de nos coups de cœur. La journée s’annonce ensoleillée et la forte bise à affronter ce dimanche donne un peu plus de piment à notre déjà passionnante aventure.
A l’Hôtel Métropole d’Andermatt, la chambre chauffée, tranquille, permet d’étaler notre équipement, de faire une petite lessive, de passer une bonne nuit de sommeil. Bien mangé aussi à la table de son restaurant animé ce samedi soir. Une brigade de jeunes hongrois et allemands est fort occupée au service d’une cohorte de retraités en sortie.
Plutôt insolite, à un jet de pierre : une exposition de voitures de luxe … dans l’aire d’entrée du complexe hôtelier d’un certain Samih Sawiri.
Dimanche 9 heures le matin. Repartis le pied léger sur le plateau d’Ursenen, à travers la zone du terrain de golf. Mince! le bruit de la tondeuse à gazon ! L’entretien du green a déjà commencé.
A 4km d’Andermatt, le village d’Hospental, dernière agglomération avant d’entamer la montée au sommet. Grande église entourée de vieilles maisons uranaises bellement restaurées. A proximité, une vieille tour carrée. Nous sommes à la bifurcation des directions Furka/Gothard. Dans une chapelle voisine, cette inscription : « Ici se sépare le chemin. Oh ! ami, où vas-tu ? Veux-tu aller vers la Rome éternelle, redescendre vers la Saint Cologne, en direction du Rhin allemand, ou aller loin vers l’ouest en direction du pays des Francs ? »
Nous poursuivons vers la Rome éternelle, sur le sentier des porteurs, par le col mythique. Le long de La Reuss, qui maintenant bouillonne discrètement, s’étale une végétation de fin de saison. On imagine les rhododendrons en fleurs au printemps. Notre chemin chevauche les rocailles, traverse les pâturages. Attention bovins! Dans ce magnifique cercle alpin, une construction insolite ressemblant à un kiosque à musique, aspect monument soviétique. Le guide TST nous éclaire sur son utilité. Elle permet l’aération du tunnel … sous nos pieds.
Etonnamment peu de randonneurs rencontrés sur le parcours en ce dimanche d'été, plutôt des cyclistes lorsque notre chemin longe brièvement la voie routière. Dernière tirée menant au sommet, l’ancienne route pavée des postillons, récemment restaurée, en pente douce, aux abords de petits lacs. Imaginons les pavés de la rue de Bourg à Lausanne sur 4 km. Une famille zurichoise, malgré la forte bise, s’installe tant bien que mal dans un pâturage pour le pique-nique. Des pêcheurs s’adonnent à leur sport dominical. Notre guide rappelle que le massif du Gothard est un véritable château d’eau. Le Rhin, le Rhône, la Reuss et le Ticino prennent leur source dans cet important cercle alpin.
En fin de parcours, il est possible de quitter la route pour marcher sur de larges plaques de roche. On voit d’ici le monde qui afflue au sommet du col. Vers l’hospice, les parkings sont combles.
Ouf ! Nous y voilà. Deux milles cent et dix mètre d’altitude à l’arrivée. Soleil éclatant et forte bise. A l’abri d’une pierre chauffée par Hélios - dossier bienvenu à nos dos détrempés - la pause pique-nique nous donne de la vigueur et l’envie de poursuivre. Pourquoi pas jusqu’à Airolo. Allons y ! Tant que nos jambes nous portent ! Nous quittons le frisquet du col pour un climat plus serein.
La descente vers Airolo : un coup de cœur. Nous dévallons, foulant l’ancienne route de la Tremola - 1200m de dénivellation sur 8 km - et coupant ses virages en lacets. La route est pavée sur le premier tiers. Jadis empruntée par les malle-postes, elle fait partie des trésors du patrimoine. On imagine la scène de « La diligence du Gothard » de Rudolph Koller gravée dans la mémoire commune des Helvètes. Aujourd’hui par cette très forte bise, on y croise que quelques rares nostalgiques roulant dans de vieux tacots et des motards héroïques. La Tremola est paraît-il un must pour les cyclistes. Construite par Francesco Meschini entre 1827 et 1830, la route et son cadre ont servi de décor de cinéma. On comprend la fascination des réalisateurs pour cet endroit.
Nous respirons pleinement l’air et le soleil. Le panorama est grandiose, vertigineux. Des torrents se déversent de tous côtés. Cerise sur le gâteau : soudain une famille de marmottes. Nous apercevant, elles se figent sur leur postérieure comme des statues de sel. Un bonheur !
Airolo enfin dans notre champ de vision. La pente est sérieuse, qui amène directement à la gare CFF et routière. Ici pause méritée à une terrasse ensoleillée. A deux pas, un imposant mémorial rappelle la mort accidentelle des ouvriers pendant la construction du tunnel.
Surtout ne pas manquer le dernier car postal à17h conduisant à Andermatt. Le trajet nous permet d’admirer le col d’un autre point de vue dans une belle lumière de fin de journée. Fatigués et heureux, bercés par la musique du klaxon, celle qui a inspiré Rossini pour une ouverture d’opéra.
A partir d’Airolo, les va-et-vient n’étant géographiquement plus imaginables, nous marcherons avec notre bagage entier, allégé toutefois d’un surplus envoyé par la poste à notre domicile.
24. Airolo–Osco
18 km – lundi 21 septembre 2015
Le parcours nous mène sur la Strada Alta qui longe le versant de la rive gauche du Ticino d’où le panorama sur la Léventina et les hauts sommets est superbe. Rencontre de villages typiques et des premiers châtaigniers. Traversée d’une surprenante forêt.
Ce matin, le car postal de la première heure nous a amenés d’Andermatt à Airolo. Les passagers ce lundi matin : une poignée de pendulaires pour le Tessin. Au sommet, quelqu’un est sorti à l’arrêt de l’hospice. Peu de trafic en ce début de matinée. La vue était magnifique dans la lumière du matin. Dans les virages masqués a retenti le klaxon du postillon. Nous avons vu au loin la fameuse route de la Tremola foulée la veille. A l’entrée d’Airolo, bienveillant, le chauffeur du car nous a déposé à l’endroit où débute il camino.
La montée débute au village de Valle vers celui de Brugnasco sur des chemins forestiers étroits, puis sur la route asphaltée. Avec un groupe de quatre marcheurs alémaniques, nous jouons à nous dépasser. Peu avant Brugnasco que nous est-il permis de voir ? Nous n’en croyons pas nos yeux. Un immense camion de la voirie, occupant la largeur de la chaussée, nettoie. La petite route de montagne à 1400m n’est vraiment pas sale. L’affreux engin envoie sans vergogne ses gaz dans ce paysage idyllique. Nous le dépassons puis le laissons filer, le temps de boire un café sur une terrasse au centre de Brugnasco. Vue superbe sur la Léventine à cet endroit. Soudain, oh surprise ! les alémaniques perdus et retrouvés sont arrivés jusque là. Peu après, le camion de la voirie passe, qui retourne vers la vallée. Ouf !
Nous voilà repartis sur la Strada Alta, jadis route de passage des muletiers évitant les crues de la vallée. Prochain village à atteindre : Altanca. Nous y amène une petite route en pente douce et boisée. Le sky line des hauts sommets de la rive à notre droite se dessine à travers les branchages. La route passe à la hauteur de la station intermédiaire du funiculaire Ritom (un des plus longs au monde) puis file vers le village, échelonnée en bordure de forêt par des bancs publics, cadeaux des notables d’Altanca. On peut lire gravé entre autres « Mottini », nom qui apparaît aussi sur la plupart des tombes au cimetière du hameau. L’église des saints Cornelio et Cipriano resplendit de sa blancheur dans le soleil sur son rocher. Sa façade d’entrée présente une fresque signée … Mottini !
Au centre du village, des jeunes gens déchargent du bois d’un pick up. « Legno per l’hiverno ? » « Si » répond l’un d’eux, un peu sombre sans envie d’en dire plus. Autant dire qu’il n’a pas le cœur à l’ouvrage. Dans la vallée juste en contrebas, on aperçoit les localités de Ambri et de Piotta. On distingue aussi, à Quinto, une imposante construction plate et rouge, la station-service, de l’architecte Mario Botta réalisée entre 1993 et 1998.
Autres villages pittoresques: Ronco, Deggio. C’est plutôt mort. Bien des habitations sont passées au statut de résidences secondaires. Signalé rouge-blanc, le sentier reprend dans la forêt, chevauchant les ruisseaux, nous obligeant à monter et descendre sans cesse à travers des ravins. Mais le plus difficile est à venir: la descente dans le bois d’Öss !
Réserve naturelle protégée nous indique un panneau. Le Bosco d’Öss s’étend de Ilanz (Grisons) jusqu’au massif du Gothard. Dans un enfoncement du versant, tout en descente, on se retrouve dans la tranquillité d’une nature préservée, non maîtrisée … peut-être le secret de la création. Nul trace de sentier parmi les broussailles, racines, rochers, cailloux dégoulinants d’eau non canalisée. Attention la glissade ! quelques indications subsistent, marquées rouge-blanc sur des troncs d’arbres … à ne pas manquer, sans quoi on se perdrait définitivement. La concentration est prioritaire à chaque pas. Cela devient périlleux pour Jon surtout pris d’une réelle fatigue. Depuis Porrentruy, il a enchaîné 22 étapes à ce jour. On comprend son découragement.
Soudain … pas vrai ! A en rester bouche bée : un randonneur, à peine le temps d’un salut, nous dépasse à l’allure d’un chamois apeuré. Incroyable dans cette dénivellation, quel pep ! Il faut dire qu’il est plus jeune que nous ! Tout ça n’est pas pour nous encourager.
Notre réconfort tient dans l’éclairage de fin d’après-midi. A travers les feuillages, faisceaux de lumières sur les parterres de fougères jouent de la brillance des eaux ruisselantes. Magique !
La longue descente nous offre - on devait s’y attendre - une montée non négligeable sur une petite route asphaltée accédant à Osco, terme de notre 24ème étape. Un contrefort montagneux protège le village du bruit incessant de l’autoroute s’élevant de la vallée. Arrivée, après 6h30 de marche, à l’auberge face à l’église, unique établissement hôtelier ouvert à cette saison. Auprès de la fontaine roucoulante, baignée de lumière, enfin le moment de trêve et la panachée à boire à pleines gorgées ! Deux enfants jouent à cache-cache autour d’un pâté de maisons. Leurs cris , leurs rires nous chauffent le cœur, comme le soleil nos peaux. On se croirait en Basse Engadine, à Ramosch devant la maison des grands-parents maternels de Jon. Bien des similitudes !
Menu du soir. Simple et répondant à notre grand appétit : pasta al pomodoro, purée de patates avec ragoût de bœuf, petits pois, arrosé de rouge, une crème au dessert. Un couple d'alémaniques - rares randonneurs – s’installent à la table voisine. A celle du stamm : des hommes du village venus prendre un verre, bavardent un œil au Corriere del Ticino, l’autre au téléviseur.
Le confort se résume au plus strict. Sanitaires au palier, douche froide. Les conversations au café prennent vite fin heureusement, car à l’étage de la chambre, on entend tout. Nous dormons comme des loirs sous de volumineux duvets. Les nuits sont devenues plus fraîches. Il a neigé sur les hauts sommets.
Les confitures maison du petit déjeuner évoquent à elles seules l’atmosphère conviviale du lieu. Au Tessin, on nous servira impérativement le café Chicco d’Oro.
Le parcours nous mène sur la Strada Alta qui longe le versant de la rive gauche du Ticino d’où le panorama sur la Léventina et les hauts sommets est superbe. Rencontre de villages typiques et des premiers châtaigniers. Traversée d’une surprenante forêt.
Ce matin, le car postal de la première heure nous a amenés d’Andermatt à Airolo. Les passagers ce lundi matin : une poignée de pendulaires pour le Tessin. Au sommet, quelqu’un est sorti à l’arrêt de l’hospice. Peu de trafic en ce début de matinée. La vue était magnifique dans la lumière du matin. Dans les virages masqués a retenti le klaxon du postillon. Nous avons vu au loin la fameuse route de la Tremola foulée la veille. A l’entrée d’Airolo, bienveillant, le chauffeur du car nous a déposé à l’endroit où débute il camino.
La montée débute au village de Valle vers celui de Brugnasco sur des chemins forestiers étroits, puis sur la route asphaltée. Avec un groupe de quatre marcheurs alémaniques, nous jouons à nous dépasser. Peu avant Brugnasco que nous est-il permis de voir ? Nous n’en croyons pas nos yeux. Un immense camion de la voirie, occupant la largeur de la chaussée, nettoie. La petite route de montagne à 1400m n’est vraiment pas sale. L’affreux engin envoie sans vergogne ses gaz dans ce paysage idyllique. Nous le dépassons puis le laissons filer, le temps de boire un café sur une terrasse au centre de Brugnasco. Vue superbe sur la Léventine à cet endroit. Soudain, oh surprise ! les alémaniques perdus et retrouvés sont arrivés jusque là. Peu après, le camion de la voirie passe, qui retourne vers la vallée. Ouf !
Nous voilà repartis sur la Strada Alta, jadis route de passage des muletiers évitant les crues de la vallée. Prochain village à atteindre : Altanca. Nous y amène une petite route en pente douce et boisée. Le sky line des hauts sommets de la rive à notre droite se dessine à travers les branchages. La route passe à la hauteur de la station intermédiaire du funiculaire Ritom (un des plus longs au monde) puis file vers le village, échelonnée en bordure de forêt par des bancs publics, cadeaux des notables d’Altanca. On peut lire gravé entre autres « Mottini », nom qui apparaît aussi sur la plupart des tombes au cimetière du hameau. L’église des saints Cornelio et Cipriano resplendit de sa blancheur dans le soleil sur son rocher. Sa façade d’entrée présente une fresque signée … Mottini !
Au centre du village, des jeunes gens déchargent du bois d’un pick up. « Legno per l’hiverno ? » « Si » répond l’un d’eux, un peu sombre sans envie d’en dire plus. Autant dire qu’il n’a pas le cœur à l’ouvrage. Dans la vallée juste en contrebas, on aperçoit les localités de Ambri et de Piotta. On distingue aussi, à Quinto, une imposante construction plate et rouge, la station-service, de l’architecte Mario Botta réalisée entre 1993 et 1998.
Autres villages pittoresques: Ronco, Deggio. C’est plutôt mort. Bien des habitations sont passées au statut de résidences secondaires. Signalé rouge-blanc, le sentier reprend dans la forêt, chevauchant les ruisseaux, nous obligeant à monter et descendre sans cesse à travers des ravins. Mais le plus difficile est à venir: la descente dans le bois d’Öss !
Réserve naturelle protégée nous indique un panneau. Le Bosco d’Öss s’étend de Ilanz (Grisons) jusqu’au massif du Gothard. Dans un enfoncement du versant, tout en descente, on se retrouve dans la tranquillité d’une nature préservée, non maîtrisée … peut-être le secret de la création. Nul trace de sentier parmi les broussailles, racines, rochers, cailloux dégoulinants d’eau non canalisée. Attention la glissade ! quelques indications subsistent, marquées rouge-blanc sur des troncs d’arbres … à ne pas manquer, sans quoi on se perdrait définitivement. La concentration est prioritaire à chaque pas. Cela devient périlleux pour Jon surtout pris d’une réelle fatigue. Depuis Porrentruy, il a enchaîné 22 étapes à ce jour. On comprend son découragement.
Soudain … pas vrai ! A en rester bouche bée : un randonneur, à peine le temps d’un salut, nous dépasse à l’allure d’un chamois apeuré. Incroyable dans cette dénivellation, quel pep ! Il faut dire qu’il est plus jeune que nous ! Tout ça n’est pas pour nous encourager.
Notre réconfort tient dans l’éclairage de fin d’après-midi. A travers les feuillages, faisceaux de lumières sur les parterres de fougères jouent de la brillance des eaux ruisselantes. Magique !
La longue descente nous offre - on devait s’y attendre - une montée non négligeable sur une petite route asphaltée accédant à Osco, terme de notre 24ème étape. Un contrefort montagneux protège le village du bruit incessant de l’autoroute s’élevant de la vallée. Arrivée, après 6h30 de marche, à l’auberge face à l’église, unique établissement hôtelier ouvert à cette saison. Auprès de la fontaine roucoulante, baignée de lumière, enfin le moment de trêve et la panachée à boire à pleines gorgées ! Deux enfants jouent à cache-cache autour d’un pâté de maisons. Leurs cris , leurs rires nous chauffent le cœur, comme le soleil nos peaux. On se croirait en Basse Engadine, à Ramosch devant la maison des grands-parents maternels de Jon. Bien des similitudes !
Menu du soir. Simple et répondant à notre grand appétit : pasta al pomodoro, purée de patates avec ragoût de bœuf, petits pois, arrosé de rouge, une crème au dessert. Un couple d'alémaniques - rares randonneurs – s’installent à la table voisine. A celle du stamm : des hommes du village venus prendre un verre, bavardent un œil au Corriere del Ticino, l’autre au téléviseur.
Le confort se résume au plus strict. Sanitaires au palier, douche froide. Les conversations au café prennent vite fin heureusement, car à l’étage de la chambre, on entend tout. Nous dormons comme des loirs sous de volumineux duvets. Les nuits sont devenues plus fraîches. Il a neigé sur les hauts sommets.
Les confitures maison du petit déjeuner évoquent à elles seules l’atmosphère conviviale du lieu. Au Tessin, on nous servira impérativement le café Chicco d’Oro.
25. Osco–Anzonico
12 km – mardi 22 septembre 2015
Réveil dans une mer de brouillard. La pluie heureusement nous épargnera pour la journée. Notre parcours, selon le TST, s’annonce quasiment plat … montées et descentes ne manquent pourtant pas. Ravins à escalader, torrents à chevaucher. La flore se diversifie nettement. L’eau coule de partout : ri del Ri, ri del Sciresa, ri par ci, ri par là.
Découverte des villages de Calpionga, Rossura, Tengia nichés dans les hauteurs. Ils rappellent combien rude était la vie des montagnards, difficiles les trajets des muletiers et leurs fidèles compagnons les mulets, les ânes, engagés dans les sentiers étroits et emplis d’embûches. Que nous escaladons aujourd’hui avec peine.
Les châtaigniers se multiplient. Les marrons jonchent le sol parmi les premières feuilles mortes. (On se réjouit de les croquer l'hiver prochain). L’humidité amplifie les effluves de chanterelles et bolets. Un florilège d’amanites a poussé en bordure de forêt, du jamais vu. Aussi, les premiers colchiques. On constate que les sous-bois sont exempts de prêle. Quelle chance ont les Tessinois ! Cette mauvaise herbe est envahissante dans les bois du Jorat et même dans notre jardin!
Dans les villages, les maisons bien conservées diffèrent de la solide construction de pierre typique du Tessin à celle en bois de la Léventine. De petits sanctuaires, oratoires de dévotion à la Madone éplorée ou souriante, apparaissent en bordure de chemin. Encombrés de bougies, images saintes, ex-votos, fleurs artificielles, évocations de Sainte Marie d’ici et d’ailleurs. A Calonico, l’église domine superbement perchée sur un promontoire rocheux, endroit stratégique, bien visible aux voyageurs transitant dans la vallée.
Une pluie fine nous mouille à peine. L’air se rafraîchit en fin de parcours. Encore une longue montée sur la petite route asphaltée menant au village d’Anzonico. Hâte d’arriver. La chambre est réservée à l’unique hôtel restaurant ouvert en fin de saison. Tenu par la même famille depuis plus de cent ans, la qualité de l’accueil assurée.
L’accès à notre chambre se fait par un escalier en caillebotis à extérieur … vertigineux ! La chambre avec salle de bain-WC est plus confortable. De la terrasse on distingue, à travers les bancs de brouillard, les sommets blanchis par la première neige. La nature est détrempée. Pas idéale pour notre marche du lendemain en descente à pic vers Biasca.
Au bistro, les hommes de l’endroit de tous âges passent prendre un verre. Ils bavardent au bar. A la table ronde, d’autres tapent le carton. L’un des joueurs se fâche. Une dispute éclate. On n’en a pas saisi le pourquoi. Leur dialecte nous échappe. Mais le calme est vite rétabli. A la salle à manger, un couple de Canadiens égarés. Ils visitent notre pays pour la première fois : « Nous visitons la Suisse, par la route, en excluant de visiter les villes »
L’anti-pasti s’impose. Le vin de la maison que nous conseille la patronne aussi. Son beau-fils nous concocte la suite, toujours à l’italienne. Bien mangé, bien bu, bien dormi. Agréable parenthèse de notre périple. Merci à la patronne qui a mis en marche son lave-linge pour nous. « Grazie Signora ! » Il était temps que nos fringues soient rafraichies!
Il pleut à verse toute la nuit. Après huit étapes d’affilée depuis Kerns, je sens le besoin d’une pause. Refusant de descendre vers la vallée sur les chemins forestiers glissants, j’emprunte seule les transports publics jusqu’à Biasca, puis Bellinzona que je me réjouis de visiter le lendemain. Deux jours … de tourisme plus classique, plus cool.
Pas de risque de glissade non plus pour Jon qui bien reposé part d’un pas léger par une voie, plus sûre, que lui indique un indigène. A travers les vignes direction la vallée puis Biasca, il fait même des détours sur la traversée du TST !
Réveil dans une mer de brouillard. La pluie heureusement nous épargnera pour la journée. Notre parcours, selon le TST, s’annonce quasiment plat … montées et descentes ne manquent pourtant pas. Ravins à escalader, torrents à chevaucher. La flore se diversifie nettement. L’eau coule de partout : ri del Ri, ri del Sciresa, ri par ci, ri par là.
Découverte des villages de Calpionga, Rossura, Tengia nichés dans les hauteurs. Ils rappellent combien rude était la vie des montagnards, difficiles les trajets des muletiers et leurs fidèles compagnons les mulets, les ânes, engagés dans les sentiers étroits et emplis d’embûches. Que nous escaladons aujourd’hui avec peine.
Les châtaigniers se multiplient. Les marrons jonchent le sol parmi les premières feuilles mortes. (On se réjouit de les croquer l'hiver prochain). L’humidité amplifie les effluves de chanterelles et bolets. Un florilège d’amanites a poussé en bordure de forêt, du jamais vu. Aussi, les premiers colchiques. On constate que les sous-bois sont exempts de prêle. Quelle chance ont les Tessinois ! Cette mauvaise herbe est envahissante dans les bois du Jorat et même dans notre jardin!
Dans les villages, les maisons bien conservées diffèrent de la solide construction de pierre typique du Tessin à celle en bois de la Léventine. De petits sanctuaires, oratoires de dévotion à la Madone éplorée ou souriante, apparaissent en bordure de chemin. Encombrés de bougies, images saintes, ex-votos, fleurs artificielles, évocations de Sainte Marie d’ici et d’ailleurs. A Calonico, l’église domine superbement perchée sur un promontoire rocheux, endroit stratégique, bien visible aux voyageurs transitant dans la vallée.
Une pluie fine nous mouille à peine. L’air se rafraîchit en fin de parcours. Encore une longue montée sur la petite route asphaltée menant au village d’Anzonico. Hâte d’arriver. La chambre est réservée à l’unique hôtel restaurant ouvert en fin de saison. Tenu par la même famille depuis plus de cent ans, la qualité de l’accueil assurée.
L’accès à notre chambre se fait par un escalier en caillebotis à extérieur … vertigineux ! La chambre avec salle de bain-WC est plus confortable. De la terrasse on distingue, à travers les bancs de brouillard, les sommets blanchis par la première neige. La nature est détrempée. Pas idéale pour notre marche du lendemain en descente à pic vers Biasca.
Au bistro, les hommes de l’endroit de tous âges passent prendre un verre. Ils bavardent au bar. A la table ronde, d’autres tapent le carton. L’un des joueurs se fâche. Une dispute éclate. On n’en a pas saisi le pourquoi. Leur dialecte nous échappe. Mais le calme est vite rétabli. A la salle à manger, un couple de Canadiens égarés. Ils visitent notre pays pour la première fois : « Nous visitons la Suisse, par la route, en excluant de visiter les villes »
L’anti-pasti s’impose. Le vin de la maison que nous conseille la patronne aussi. Son beau-fils nous concocte la suite, toujours à l’italienne. Bien mangé, bien bu, bien dormi. Agréable parenthèse de notre périple. Merci à la patronne qui a mis en marche son lave-linge pour nous. « Grazie Signora ! » Il était temps que nos fringues soient rafraichies!
Il pleut à verse toute la nuit. Après huit étapes d’affilée depuis Kerns, je sens le besoin d’une pause. Refusant de descendre vers la vallée sur les chemins forestiers glissants, j’emprunte seule les transports publics jusqu’à Biasca, puis Bellinzona que je me réjouis de visiter le lendemain. Deux jours … de tourisme plus classique, plus cool.
Pas de risque de glissade non plus pour Jon qui bien reposé part d’un pas léger par une voie, plus sûre, que lui indique un indigène. A travers les vignes direction la vallée puis Biasca, il fait même des détours sur la traversée du TST !
26. Anzonico-Biasca
18 km – mercredi 23 septembre 2015
Petit changement de parcours. Etant donné le mauvais temps, Colette préfère descendre en bus jusqu’à Biasca et moi, je renonce à la descente scabreuse dans les rochers depuis Sobrio à Pollegio. Dommage de manquer la visite de l’église de Sobrio… on reviendra !
Je prends une petite route de montagne que m’indique le postier en tournée. Pentue dans les rochers, elle amène en 1 heure dans la vallée. Je suis dans un bon jour et les km défilent rapidement. Le temps est vraiment moche. On ne voit guère les montagnes, par contre le bruit étourdissant de l’autoroute est bien présent.
Je marche ensuite sur la route cantonale via Giornico, Bodio, Pollegio jusqu’à Biasca. Amusant, à la hauteur de Giornico, le car postal transportant Colette me dépasse, 200 m avant l’arrêt mais je ne vois que du feu. On se manque de justesse.
Marche accélérée, puis pause café à Bodio. Après à peine 3 h de marche, je vois déjà les prémisses de Biasca … bonne performance de vitesse. La vieille bourgade de Biasca en vue, je contacte Colette par sms pour savoir dans quel hôtel elle se trouve. Elle s’est réfugiée au plus près de la gare, à l’hôtel de la Poste. Encore 20 bonnes minutes pour y arriver … et trouver la porte de l’hôtel fermée ! J’insiste jusqu’à ce que le cuisinier ouvre enfin, m’indique la chambre no 3 où est arrivée una donna bionda (c’est vrai, Colette est devenue blonde sous le soleil d’été) Une surprise m’attend: à la porte, un noir somalien laissant entrevoir d’autres africains derrière lui. Pas si grave, car j’ai retrouvé Colette, porte verrouillée, seule à la chambre no 5!
Le repas du soir, cuisine 200% italienne avec poissons de mer frais arrivés le jour-même, est succulent. Ces délices compensent la médiocrité de la chambre et l’ambiance glauque du lieu. Le patron italien, assis derrière son comptoir, déglutine en nous regardant manger. Il a visiblement envie de partager le repas avec nous!
Petit changement de parcours. Etant donné le mauvais temps, Colette préfère descendre en bus jusqu’à Biasca et moi, je renonce à la descente scabreuse dans les rochers depuis Sobrio à Pollegio. Dommage de manquer la visite de l’église de Sobrio… on reviendra !
Je prends une petite route de montagne que m’indique le postier en tournée. Pentue dans les rochers, elle amène en 1 heure dans la vallée. Je suis dans un bon jour et les km défilent rapidement. Le temps est vraiment moche. On ne voit guère les montagnes, par contre le bruit étourdissant de l’autoroute est bien présent.
Je marche ensuite sur la route cantonale via Giornico, Bodio, Pollegio jusqu’à Biasca. Amusant, à la hauteur de Giornico, le car postal transportant Colette me dépasse, 200 m avant l’arrêt mais je ne vois que du feu. On se manque de justesse.
Marche accélérée, puis pause café à Bodio. Après à peine 3 h de marche, je vois déjà les prémisses de Biasca … bonne performance de vitesse. La vieille bourgade de Biasca en vue, je contacte Colette par sms pour savoir dans quel hôtel elle se trouve. Elle s’est réfugiée au plus près de la gare, à l’hôtel de la Poste. Encore 20 bonnes minutes pour y arriver … et trouver la porte de l’hôtel fermée ! J’insiste jusqu’à ce que le cuisinier ouvre enfin, m’indique la chambre no 3 où est arrivée una donna bionda (c’est vrai, Colette est devenue blonde sous le soleil d’été) Une surprise m’attend: à la porte, un noir somalien laissant entrevoir d’autres africains derrière lui. Pas si grave, car j’ai retrouvé Colette, porte verrouillée, seule à la chambre no 5!
Le repas du soir, cuisine 200% italienne avec poissons de mer frais arrivés le jour-même, est succulent. Ces délices compensent la médiocrité de la chambre et l’ambiance glauque du lieu. Le patron italien, assis derrière son comptoir, déglutine en nous regardant manger. Il a visiblement envie de partager le repas avec nous!
27. Biasca–Bellinzona
26 km – jeudi 24 septembre 2015
La journée s’annonce radieuse. Colette prend le train pour Bellinzona. Au même moment, je me mets en route pour retrouver le trajet de la TST. Depuis la gare il faut d’abord traverser le quartier qui s’étend vers la rivière il Ticino, 2 à 3 km de trajet.
A nouveau en grande forme. Les km filent bien que le chemin le long du fleuve ne soit pas aussi commode que je l’imaginais. Grandes tirées dans le val Riviera, sous les arbres feuillus, bordant le magnifique Ticino, un lit très large parfois dû à l’eau descendant des falaises de la Léventine, de partout ! Des montagnes et vallons latéraux magnifiques, pas une âme en vue le long du parcours. Le bruit de l’autoroute dérange considérablement l’osmose avec la nature.
Le chemin, pas un cadeau non plus. Pierreux, de grandes plaques de granit, ou sentier étroits à travers les prés. Tous les ingrédients réunis pour faire des faux pas ou même des chutes ! Plus cool, les longues tirées droites longeant des gravières, des blocs de granit prêts à être travaillés ou des camions chargés à ras bord de gravats. Je me sens à l’aise dans cette zone industrielle, si nécessaire à l’économie locale. Le soleil chauffe de plus en plus, sacré Tessin ! Il m’incite à accélérer encore mon rythme.
Après quelques petites heures de marche rapide, j’atteins l’entrée de la ville de Bellinzona. L’hôtel Gamper prévu pour la nuit se trouve à un jet de pierre de la gare, il ne me reste qu’à prendre la direction du centre. L’arrivée dans la vieille ville de Bellinzona me fait vite oublier l’effort qu’il m’a fallu pour y arriver.
Devant l’hôtel situé dans une rue piétonne, quelques tables au soleil invitent à s’asseoir. Enfin le farniente et la panachée. Colette me rejoint peu après et me raconte sa visite guidée de la ville. Une ville dont on tombe amoureux, me dit-elle.
Fin d’après-midi sur la large terrasse accédant à notre chambre au 7ème étage de l’Hôtel Gamper à proximité de la gare. Plein soleil. Vue sur les quartiers verdoyants en terrasse de Bellinzona. Parmi les nombreux trains de la ligne du Gothard, la plupart transitent uniquement. La nuit tombe, et sous le charme d'un bon vin rouge, nous nous préparons mentalement au parcours du lendemain ... un sacré os!
La journée s’annonce radieuse. Colette prend le train pour Bellinzona. Au même moment, je me mets en route pour retrouver le trajet de la TST. Depuis la gare il faut d’abord traverser le quartier qui s’étend vers la rivière il Ticino, 2 à 3 km de trajet.
A nouveau en grande forme. Les km filent bien que le chemin le long du fleuve ne soit pas aussi commode que je l’imaginais. Grandes tirées dans le val Riviera, sous les arbres feuillus, bordant le magnifique Ticino, un lit très large parfois dû à l’eau descendant des falaises de la Léventine, de partout ! Des montagnes et vallons latéraux magnifiques, pas une âme en vue le long du parcours. Le bruit de l’autoroute dérange considérablement l’osmose avec la nature.
Le chemin, pas un cadeau non plus. Pierreux, de grandes plaques de granit, ou sentier étroits à travers les prés. Tous les ingrédients réunis pour faire des faux pas ou même des chutes ! Plus cool, les longues tirées droites longeant des gravières, des blocs de granit prêts à être travaillés ou des camions chargés à ras bord de gravats. Je me sens à l’aise dans cette zone industrielle, si nécessaire à l’économie locale. Le soleil chauffe de plus en plus, sacré Tessin ! Il m’incite à accélérer encore mon rythme.
Après quelques petites heures de marche rapide, j’atteins l’entrée de la ville de Bellinzona. L’hôtel Gamper prévu pour la nuit se trouve à un jet de pierre de la gare, il ne me reste qu’à prendre la direction du centre. L’arrivée dans la vieille ville de Bellinzona me fait vite oublier l’effort qu’il m’a fallu pour y arriver.
Devant l’hôtel situé dans une rue piétonne, quelques tables au soleil invitent à s’asseoir. Enfin le farniente et la panachée. Colette me rejoint peu après et me raconte sa visite guidée de la ville. Une ville dont on tombe amoureux, me dit-elle.
Fin d’après-midi sur la large terrasse accédant à notre chambre au 7ème étage de l’Hôtel Gamper à proximité de la gare. Plein soleil. Vue sur les quartiers verdoyants en terrasse de Bellinzona. Parmi les nombreux trains de la ligne du Gothard, la plupart transitent uniquement. La nuit tombe, et sous le charme d'un bon vin rouge, nous nous préparons mentalement au parcours du lendemain ... un sacré os!
28. Bellinzona–Isone
12 km – vendredi 25 septembre 2015
Fin du trajet au plat sur le Talweg puis une montée de 810 m, essentiellement dans les bois. Nous ne poussons pas jusqu'à Tesserete.
Dans la zone piétonne de la belle ville de Bellinzona, le départ du centre tient plutôt du lèche-vitrine. Nous suivons scrupuleusement - une erreur est si vite arrivée - les indications du TST, et poursuivons sur le trottoir vers Giubiasco. Les deux localités n’en font qu’une. On ne s’étonnera pas, un mois plus tard, d’apprendre, par le TJ, le jumelage de Bellinzona avec ses communes voisines.
Il est 10 heures du matin et déjà, la fatigue est manifeste. Pour Jon qui enchaîne les étapes et pour moi engourdie par trop d’heures de sommeil. Le trajet paraît long sur le trottoir filant jusqu’à la Piazza Grande à Giubiasco, grand parc vert décoré en ce moment de travaux d’écoliers. Dans le contexte d’un concours sur un thème écolo, les enfants ont créé d’amusants bricolages à partir d’objets de récupération. Des véritables chefs d’œuvres pour quelques uns.
A proximité, nous nous asseyons pour prendre un café/croissant dans un bistro tenu, comme c’est souvent le cas, par des alémaniques. Ni la patronne, ni les clients fumant sur la terrasse ne connaissent l’existence de l’itinéraire à emprunter vers « la Cima del Dentro » qu’indique le TST Connaissent-ils peut-être le sommet sous le nom de Monte Ceneri. Il doit y avoir lapsus.
Début de montée pentue parmi les dernières habitations. Rencontre d’un groupe d’adultes pratiquant le nordic walking ! Ils se séparent et vont probablement se doucher et boire leur café !
Quant à nous, mal partis, c’est après quelques cents mètres de fausse route que nous trouvons notre chemin ! Décidément, les sorties de villes ne sont pas évidentes ! Nous passons sur un replat à travers une aire de détente entourée d’un cercle de peupliers … comme sorti d’un conte. Image de rêve, doux prélude aux efforts annoncés …
… une véritable escalade ! Essentiellement forestier, le sentier avec indications peu claires demande une concentration sans faille. Malgré tout, à petits pas, nous gagnons de l’altitude. Quelques cueilleurs de champignons à l’affût évitent de se faire voir. Vers l’aire d’arrivée d’un petit téléférique (peut-être privé comme on en a déjà rencontré) une clairière ensoleillée inattendue permet de nous essorer un peu. Pique-nique bienvenu. Prise de force indispensable. La suite s’avère tout aussi corsée sur un chemin en dédales contournant des zones de roches. Certains endroits sont vertigineux : sentiers très étroits, glissants, aux abords d’immenses ravins à pic qu’on n’ose à peine regarder ! Heureusement, cela ne dure pas. De temps à autre, à travers les arbres une belle vue sur la vallée, Locarno et il Lago Maggiore. Et toujours la rumeur de l’autoroute !
Soudain, apparition surréaliste : un homme âgé descend au pas d’escargot, s’appuyant fermement sur ses deux bâtons. Il nous apprend que le sommet de la Cima n’est plus qu’à 50 m ! Pour un habitué comme lui, qui descend en prenant tout son temps à Giubiasco, le parcours, montée comme descente est « una bella passegiata » Quel courage à son âge ! Félicitations ! Nous lui souhaitons bonne route.
Le sentier débouche à l’orée du bois au pied de l’antenne du Ceneri, sur un champ de tir militaire. Conscients que cette zone puisse être parfois fermée, nous nous estimons chanceux de ne pas devoir attendre avant de poursuivre. Il aurait fallu s’en informer avant de monter, détail qui a échappé aux randonneurs en herbe que nous sommes encore. La vue sur le littoral, la plaine de Magadino, est superbe. Trop court est le passage avant d’emprunter, un sentier pierreux le long d’un ruisseau dans une forêt de marronniers. Par endroits nous marchons sur des plaques d’ardoise scintillantes dans les rais du soleil à travers les feuillages. Magique !
Belle quiétude … mais rien n’est parfait : soudain le bruit infernal d’un hélicoptère ! On l’avait momentanément oublié : Isone est un lieu d’entrainement militaire. Les grenadiers de notre armée suivent leur formation dans ce paradis. Le lendemain matin, samedi, nous entendrons encore quelques résonements de rafales des recrues vidant le magasin de leur fusil.
Passés la forêt, le soleil est celui que nous aimons, chaud comme dans les montagnes grecques. L’hélico s’est tu. Le village d’Isone, dans la charmante vallée éponime, semble mort A la terrasse de l’hôtel, la cervoise fraîche bue à pleines gorgées étanche notre grande soif. Sur le petit balcon de la chambre située plein sud, nos vêtements détrempés sèchent au soleil. Un soleil de fin de journée qui vient nous réchauffer jusque dans notre lit. Nous nous sommes permis une petite sieste. Dehors sur la place, il y a maintenant de l’animation, caractéristique du sud. Le son des voix est monté en décibels. Musique d’une langue qui flatte nos oreilles. Tout est devenu plus latin.
Le soir. Délicieux parmesan à l’apéro ; les champignons pour la ième fois au menu. Chouette ambiance au resto noir de monde. Les hommes venus boire un verre après leur travail. Ils reviennent plus tard pour le match de hockey sur grand écran. Ces messieurs sont plutôt fans d’Ambri-Piotta, pourtant géographiquement plus proches de Lugano, qui joue ce soir contre … Gottéron. Mais pas d’excès de fanatisme. Ils ne perturberont pas notre sommeil de couche-tôt.
Fin du trajet au plat sur le Talweg puis une montée de 810 m, essentiellement dans les bois. Nous ne poussons pas jusqu'à Tesserete.
Dans la zone piétonne de la belle ville de Bellinzona, le départ du centre tient plutôt du lèche-vitrine. Nous suivons scrupuleusement - une erreur est si vite arrivée - les indications du TST, et poursuivons sur le trottoir vers Giubiasco. Les deux localités n’en font qu’une. On ne s’étonnera pas, un mois plus tard, d’apprendre, par le TJ, le jumelage de Bellinzona avec ses communes voisines.
Il est 10 heures du matin et déjà, la fatigue est manifeste. Pour Jon qui enchaîne les étapes et pour moi engourdie par trop d’heures de sommeil. Le trajet paraît long sur le trottoir filant jusqu’à la Piazza Grande à Giubiasco, grand parc vert décoré en ce moment de travaux d’écoliers. Dans le contexte d’un concours sur un thème écolo, les enfants ont créé d’amusants bricolages à partir d’objets de récupération. Des véritables chefs d’œuvres pour quelques uns.
A proximité, nous nous asseyons pour prendre un café/croissant dans un bistro tenu, comme c’est souvent le cas, par des alémaniques. Ni la patronne, ni les clients fumant sur la terrasse ne connaissent l’existence de l’itinéraire à emprunter vers « la Cima del Dentro » qu’indique le TST Connaissent-ils peut-être le sommet sous le nom de Monte Ceneri. Il doit y avoir lapsus.
Début de montée pentue parmi les dernières habitations. Rencontre d’un groupe d’adultes pratiquant le nordic walking ! Ils se séparent et vont probablement se doucher et boire leur café !
Quant à nous, mal partis, c’est après quelques cents mètres de fausse route que nous trouvons notre chemin ! Décidément, les sorties de villes ne sont pas évidentes ! Nous passons sur un replat à travers une aire de détente entourée d’un cercle de peupliers … comme sorti d’un conte. Image de rêve, doux prélude aux efforts annoncés …
… une véritable escalade ! Essentiellement forestier, le sentier avec indications peu claires demande une concentration sans faille. Malgré tout, à petits pas, nous gagnons de l’altitude. Quelques cueilleurs de champignons à l’affût évitent de se faire voir. Vers l’aire d’arrivée d’un petit téléférique (peut-être privé comme on en a déjà rencontré) une clairière ensoleillée inattendue permet de nous essorer un peu. Pique-nique bienvenu. Prise de force indispensable. La suite s’avère tout aussi corsée sur un chemin en dédales contournant des zones de roches. Certains endroits sont vertigineux : sentiers très étroits, glissants, aux abords d’immenses ravins à pic qu’on n’ose à peine regarder ! Heureusement, cela ne dure pas. De temps à autre, à travers les arbres une belle vue sur la vallée, Locarno et il Lago Maggiore. Et toujours la rumeur de l’autoroute !
Soudain, apparition surréaliste : un homme âgé descend au pas d’escargot, s’appuyant fermement sur ses deux bâtons. Il nous apprend que le sommet de la Cima n’est plus qu’à 50 m ! Pour un habitué comme lui, qui descend en prenant tout son temps à Giubiasco, le parcours, montée comme descente est « una bella passegiata » Quel courage à son âge ! Félicitations ! Nous lui souhaitons bonne route.
Le sentier débouche à l’orée du bois au pied de l’antenne du Ceneri, sur un champ de tir militaire. Conscients que cette zone puisse être parfois fermée, nous nous estimons chanceux de ne pas devoir attendre avant de poursuivre. Il aurait fallu s’en informer avant de monter, détail qui a échappé aux randonneurs en herbe que nous sommes encore. La vue sur le littoral, la plaine de Magadino, est superbe. Trop court est le passage avant d’emprunter, un sentier pierreux le long d’un ruisseau dans une forêt de marronniers. Par endroits nous marchons sur des plaques d’ardoise scintillantes dans les rais du soleil à travers les feuillages. Magique !
Belle quiétude … mais rien n’est parfait : soudain le bruit infernal d’un hélicoptère ! On l’avait momentanément oublié : Isone est un lieu d’entrainement militaire. Les grenadiers de notre armée suivent leur formation dans ce paradis. Le lendemain matin, samedi, nous entendrons encore quelques résonements de rafales des recrues vidant le magasin de leur fusil.
Passés la forêt, le soleil est celui que nous aimons, chaud comme dans les montagnes grecques. L’hélico s’est tu. Le village d’Isone, dans la charmante vallée éponime, semble mort A la terrasse de l’hôtel, la cervoise fraîche bue à pleines gorgées étanche notre grande soif. Sur le petit balcon de la chambre située plein sud, nos vêtements détrempés sèchent au soleil. Un soleil de fin de journée qui vient nous réchauffer jusque dans notre lit. Nous nous sommes permis une petite sieste. Dehors sur la place, il y a maintenant de l’animation, caractéristique du sud. Le son des voix est monté en décibels. Musique d’une langue qui flatte nos oreilles. Tout est devenu plus latin.
Le soir. Délicieux parmesan à l’apéro ; les champignons pour la ième fois au menu. Chouette ambiance au resto noir de monde. Les hommes venus boire un verre après leur travail. Ils reviennent plus tard pour le match de hockey sur grand écran. Ces messieurs sont plutôt fans d’Ambri-Piotta, pourtant géographiquement plus proches de Lugano, qui joue ce soir contre … Gottéron. Mais pas d’excès de fanatisme. Ils ne perturberont pas notre sommeil de couche-tôt.
29. Isone–Lugano
28 km – 26 septembre 2015, l’ultime étape
Avant de quitter, une visite de l’église San Lorenzo di Isone et son campanile roman s’impose. Quelques bougies s’allument à l’attention de nos proches. Quelqu’un déambule en ce lieu, le curé de paroisse justement. Echange de quelques mots. De nationalité polonaise, il a exercé son ministère en Argentine et au Brésil. Il nous recommande – car il existe plusieurs itinéraires - la montée par l’Alpe di Zalto menant au Gola di Lago avant de descendre sur Tesserete. C’est plus court et facile … ? … c’est raide on ne peut plus, du moins pour Jon qui a maintenant 28 étapes sans interruption dans les jambes. Ca lui demande un sacré effort.
L’alpage au-dessus d’Isone nous accueille par les cris désespérés d’un porc que quatre hommes tentent de charger dans un fourgon pour la destination qu’on imagine. Scène identique vécue, on s’en souvient trop bien, dans le Jura au début du mois. Prêts à donner notre parole de ne plus manger de viande à tout jamais, nous continuons sur les hauteurs dans la direction Gola di Lago. Et croisons des chasseurs puis des cueilleurs de champignons. Ils nous font voir le fond de leur panier. Pas terrible la cueillette ! « dobbiamo trovare oggi, perche domani sera la pioggia » se soucient-ils.
Magnifique vue sur les montagnes environnantes et la vallée d'Isone. Traversée de belles forêts de bouleaux où ruissellent petits cours d’eau ronronnant et d’une superbe clairière pentue bordée des mêmes essences. On se croirait dans la campagne russe, tant il y a de bouleaux.
Nous accédons à une zone protégée. Des panneaux didactiques informent sur la flore et la faune. De la faune, aucune trace. Des mammifères et reptiles, on peut comprendre. Mais des oiseaux, rien. Pas un cri, pas un chant. Ont-ils déjà migré ?
Arrivée au Gola di Lago. Un minuscule sanctuaire invite au passage. Il tient à peine deux âmes. Il sert de refuge avec une cheminée de pierre prête à l’allumage. Des noms sont gravés partout dans la poutraison. Une grenade militaire en guise de bougeoir !
Au Gola di Lago, les broussailles ont pris place à ce qui était autrefois un petit lac de montagne dont il ne reste plus qu’un marécage. Elles sont du plus bel effet, orangées dans la lumière automnale.
D’ici, débute une descente interminable vers Tesserete avec déjà à l’horizon, le lac de Lugano. Une promeneuse débouchant du sentier indiqué nous avise qu’il est en fort mauvais état. Nous continuons donc sur l’étroite route en lacets et sur ses chemins de traverse. Nombreuses maisons de vacances jalonnent le parcours. Résidences secondaires entourées de jardins, vignes, vergers. Les arbres croulent sous le poids des fruits. Dans cette étroite vallée, avec le lac à sa proximité, le micro climat est assez exceptionnel. Les citadins, c’est samedi, bricolent, ratissent. Deux chiens nous aboient comme des fadas derrière une clôture. Un homme décharge du bois de cheminée. Quelques mots avec cet enseignant de la région de Lugano. Des conseils pour la montée au Mont Salvatore … que nous sommes sensé gravir le lendemain, merci ! Plus loin le sentier longe une petite rivière aux abords de petits pâturages. Des vaches, des chèvres et leurs cabris. Délicieuse promenade. Pique-nique dans ce charmant endroit.
L’urbanisation se densifie peu à peu et nous voilà au centre de Tesserete dans un endroit noir de monde. La localité est en fête à l'occasion de « la Giornata della Mela » Marché, musique. La sono hurle. Guitare électrique en bandoulière, un Ted Robert tessinois envoie des rengaines obsolètes.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
Est-ce l’effet de la bière, de la chaleur ou le culot de vouloir trouver seul le chemin qui entrave la suite du parcours ? Après un sérieux détour dans un vallon creux, nous retrouvons la route cantonale, direction sans équivoque que nous empruntons jusqu'à Lugano, par facilité et cause de fatigue. C’est long! Les kilomètres pèsent lourd avec la circulation du samedi. De la route en hauteur, la ville et le lac sont dans notre champ de vision, Canobbio en contre-bas. Les rumeurs des quartiers périphériques et industriels, bien animés sur les aires de sport en ce samedi montent jusqu’à nous. L’hôpital cantonal est le premier établissement important sur notre passage. Immense. Sorte de CHUV défigurant le paysage … ils n’ont pas fait mieux ! D’ici, il nous reste qu’à suivre la direction des panneaux Centro et Stazione ferrovia.
Après plus de 7 h de marche, voilà que pointe enfin la gare centrale de Lugano, terminal de notre parcours, fin du périple Porrentruy à Lugano proposé par le TST, effectué en 29 étapes et quelques 500 km (avec détours!) pour Jon, 20 étapes et 380 km pour moi-même. La dernière étape, à l'instar de la première, aura été particulièrement hardue.
Nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’à Chiasso comme Jon l’aurait souhaité. La météo annonce pluvieux pour les jours suivants. Cela nous arrange bien puisque nous sommes au bout du rouleau. Et si contents de retourner par le rail en Romandie …
… satisfaits et heureux d’avoir vécu une telle aventure. Fouler le sol du pays en diagonale, à travers le Jura, le Plateau et les Alpes, pas toujours dans la tranquillité mais dans une totale réalité, nous a stimulés à chaque détour, nous a appris sur les régions et les habitants. Nous ne pouvons que conseiller aux passionnés de la marche de découvrir la Suisse de cette manière. Une bonne santé et un peu de courage sont cependant nécessaires pour parcourir les étapes d'affilée. Vous en conviendrez à la lecture de notre récit.
Avant de quitter, une visite de l’église San Lorenzo di Isone et son campanile roman s’impose. Quelques bougies s’allument à l’attention de nos proches. Quelqu’un déambule en ce lieu, le curé de paroisse justement. Echange de quelques mots. De nationalité polonaise, il a exercé son ministère en Argentine et au Brésil. Il nous recommande – car il existe plusieurs itinéraires - la montée par l’Alpe di Zalto menant au Gola di Lago avant de descendre sur Tesserete. C’est plus court et facile … ? … c’est raide on ne peut plus, du moins pour Jon qui a maintenant 28 étapes sans interruption dans les jambes. Ca lui demande un sacré effort.
L’alpage au-dessus d’Isone nous accueille par les cris désespérés d’un porc que quatre hommes tentent de charger dans un fourgon pour la destination qu’on imagine. Scène identique vécue, on s’en souvient trop bien, dans le Jura au début du mois. Prêts à donner notre parole de ne plus manger de viande à tout jamais, nous continuons sur les hauteurs dans la direction Gola di Lago. Et croisons des chasseurs puis des cueilleurs de champignons. Ils nous font voir le fond de leur panier. Pas terrible la cueillette ! « dobbiamo trovare oggi, perche domani sera la pioggia » se soucient-ils.
Magnifique vue sur les montagnes environnantes et la vallée d'Isone. Traversée de belles forêts de bouleaux où ruissellent petits cours d’eau ronronnant et d’une superbe clairière pentue bordée des mêmes essences. On se croirait dans la campagne russe, tant il y a de bouleaux.
Nous accédons à une zone protégée. Des panneaux didactiques informent sur la flore et la faune. De la faune, aucune trace. Des mammifères et reptiles, on peut comprendre. Mais des oiseaux, rien. Pas un cri, pas un chant. Ont-ils déjà migré ?
Arrivée au Gola di Lago. Un minuscule sanctuaire invite au passage. Il tient à peine deux âmes. Il sert de refuge avec une cheminée de pierre prête à l’allumage. Des noms sont gravés partout dans la poutraison. Une grenade militaire en guise de bougeoir !
Au Gola di Lago, les broussailles ont pris place à ce qui était autrefois un petit lac de montagne dont il ne reste plus qu’un marécage. Elles sont du plus bel effet, orangées dans la lumière automnale.
D’ici, débute une descente interminable vers Tesserete avec déjà à l’horizon, le lac de Lugano. Une promeneuse débouchant du sentier indiqué nous avise qu’il est en fort mauvais état. Nous continuons donc sur l’étroite route en lacets et sur ses chemins de traverse. Nombreuses maisons de vacances jalonnent le parcours. Résidences secondaires entourées de jardins, vignes, vergers. Les arbres croulent sous le poids des fruits. Dans cette étroite vallée, avec le lac à sa proximité, le micro climat est assez exceptionnel. Les citadins, c’est samedi, bricolent, ratissent. Deux chiens nous aboient comme des fadas derrière une clôture. Un homme décharge du bois de cheminée. Quelques mots avec cet enseignant de la région de Lugano. Des conseils pour la montée au Mont Salvatore … que nous sommes sensé gravir le lendemain, merci ! Plus loin le sentier longe une petite rivière aux abords de petits pâturages. Des vaches, des chèvres et leurs cabris. Délicieuse promenade. Pique-nique dans ce charmant endroit.
L’urbanisation se densifie peu à peu et nous voilà au centre de Tesserete dans un endroit noir de monde. La localité est en fête à l'occasion de « la Giornata della Mela » Marché, musique. La sono hurle. Guitare électrique en bandoulière, un Ted Robert tessinois envoie des rengaines obsolètes.
En face, là où nous nous désaltérons à la terrasse d'un pub, un coup d’œil à l'intérieur de l'établissement aménagé de meubles et objets récupérés, vaut la peine. La charmante serveuse, pas récupérée elle, est fort sympa.
Est-ce l’effet de la bière, de la chaleur ou le culot de vouloir trouver seul le chemin qui entrave la suite du parcours ? Après un sérieux détour dans un vallon creux, nous retrouvons la route cantonale, direction sans équivoque que nous empruntons jusqu'à Lugano, par facilité et cause de fatigue. C’est long! Les kilomètres pèsent lourd avec la circulation du samedi. De la route en hauteur, la ville et le lac sont dans notre champ de vision, Canobbio en contre-bas. Les rumeurs des quartiers périphériques et industriels, bien animés sur les aires de sport en ce samedi montent jusqu’à nous. L’hôpital cantonal est le premier établissement important sur notre passage. Immense. Sorte de CHUV défigurant le paysage … ils n’ont pas fait mieux ! D’ici, il nous reste qu’à suivre la direction des panneaux Centro et Stazione ferrovia.
Après plus de 7 h de marche, voilà que pointe enfin la gare centrale de Lugano, terminal de notre parcours, fin du périple Porrentruy à Lugano proposé par le TST, effectué en 29 étapes et quelques 500 km (avec détours!) pour Jon, 20 étapes et 380 km pour moi-même. La dernière étape, à l'instar de la première, aura été particulièrement hardue.
Nous décidons de ne pas poursuivre jusqu’à Chiasso comme Jon l’aurait souhaité. La météo annonce pluvieux pour les jours suivants. Cela nous arrange bien puisque nous sommes au bout du rouleau. Et si contents de retourner par le rail en Romandie …
… satisfaits et heureux d’avoir vécu une telle aventure. Fouler le sol du pays en diagonale, à travers le Jura, le Plateau et les Alpes, pas toujours dans la tranquillité mais dans une totale réalité, nous a stimulés à chaque détour, nous a appris sur les régions et les habitants. Nous ne pouvons que conseiller aux passionnés de la marche de découvrir la Suisse de cette manière. Une bonne santé et un peu de courage sont cependant nécessaires pour parcourir les étapes d'affilée. Vous en conviendrez à la lecture de notre récit.