La Suisse à vélo

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Route des lacs route-09
Route des lacs
Montreux–Rorschach
Vers l’itinéraire
La Route numéro 9, route des lacs

La Route numéro 9, route des lacs

Partir en Suisse, quelle idée ! Après tout, que savons nous de nos voisins hormis l'accent du valais, le Toblerone, les comptes numérotés, la sacro-sainte neutralité, le Léman et le gruyère sans trou ? Serait-ce donc un projet d'aventure en Terra Incognita.
Lausanne - Montreux - Gruyères - Interlaken - Lucerne - Zoug - Einsiedeln - Rapperswill - Sargans - Roschach - Genève - Lausanne.

Partir en Suisse, quelle idée ! Après tout, que savons nous de nos voisins hormis l'accent du valais, le Toblerone, les comptes numérotés, la sacro-sainte neutralité, le Léman et le gruyère sans trou ? Serait-ce donc un projet d'aventure en Terra Incognita ?

La visite d'un site web, celui de La Suisse à Vélo, lève rapidement tous nos doutes : ce Printemps, mon amie et moi emmèneront nos vélos rouler sur les terres helvètes.

La Route numéro 9 commence sur la rive Nord-Est du lac Léman, à Montreux. En deux semaines, ce tracé permet de rejoindre le lac de Constance, à la frontière du Lichtenstein. Le cycliste suit les vallées profondes, passe quelques cols (1.000 mètres maximum), découvre une quinzaine de lacs.

Jeudi 8 mai, nous posons nos pieds et roues dans la gare de Lausanne après 4 heures de TGV. Il fait chaud, c'est de bon augure. Après une nuit orageuse, nous partons tôt le lendemain matin, direction Montreux en suivant la route numéro 1 (route du Rhône). La Fondation La Suisse à vélo a tramé le pays avec 9 routes. Il est ainsi aisé de modifier son cap au grés des routes qui se présentent.

Notre périple débute par une promenade de santé au bord du Lac Léman et à travers les vignobles composés de cépages aux noms étranges : Servagnin, Doral, Garanoir et Dialinoir. Le soleil est notre compagnon et sera fidèle durant tout le séjour (3 jours de pluie sur 17, ça joue !). Dés les premiers kilomètres, nous sommes enchantés par la route qui se déroule sous nos roues, les courbes de niveau qui ondulent doucement le long du lac, la lumière sur l'eau , les montagnes qui plongent dans l'eau sur la rive française, les couleurs : beauté et calme nous charment.

Les tronçons que nous prenons à travers les vignobles servent avant tout aux producteurs. Le revêtement a été réalisé avec de grandes dalles de béton. De temps en temps, un train passe en contre bas. Le décor est ainsi planté pour les quinze prochains jours : des montagnes à ne savoir quoi en faire, du chemin de fer un peu partout et de l'eau, beaucoup d'eau (lacs paisibles et cours d'eau animés).

Samedi 10, après Montreux et Vevey qui se mirent dans un Léman en prise avec les orages, nous attaquons les alpages, les verts pâturages tapissés de boutons d'or, fleurs de pissenlits et quelques touches de narcisses. A rouler dans la Gruyère, des souvenirs d'enfance font surface : tout ce décor me rappelle les maquette de trains, vous vous souvenez des trains Jouef de notre enfance, les décors de "moquette verte", ponctuée par les chalets, traversées par trains superbes déboulant à travers les montagnes. La Gruyère c'est entre autre cela. Ce sont bien sûre les premières vallées encaissées, les premiers châteaux, la première fondue (c'est bon mais ça leste) et surtout nos premières rencontres marquantes.

Au B&B de Château d'Oex, la famille Bach nous réserve un accueil chaleureux et témoigne de beaucoup d'attention. Le père et le fils sont des mordus de la petite reine, on ne pouvait mieux tomber. Ils partent régulièrement ensemble pédaler dans ces montagnes qu'ils affectionnent. A l'occasion du petit déjeuner (énorme), nous profitons d'un moment hors du temps avec le père. Nous parlons et rions beaucoup. Il nous raconte sa vie, les difficultés économiques rencontrées par la région depuis que la neige se fait plus rare l'hivers. Certaines façades d'hôtels sont dans un triste état. Surprise amusante : cette magnifique maison où nous avons dormi était au auparavant un pensionnat de jeunes filles, tenu à l'époque déjà par la famille Bach. Après une photo souvenir devant ce grand chalet, nous reprenons la route, un petit pincement au cœur.

Une fois en suisse allemande, des manques se font rapidement sentir : l'accent tranquille du Valais, les signes amicaux des cyclistes rencontrés (très nombreux du côté de Bulle-Gruyère). Et puis, je ne comprends rien du tout à la langue de ce côté-ci. Heureusement, Martine assure la traduction.

Après 70 km, dont la moitié sur de superbes pistes VTC (16), nous atteignons le lac de Toune. Une Auberge de Jeunesse non officielle est notre point chute, ou censé l'être. Car malgré un superbe plan imprimé à Paris, nous avons des difficultés à trouver ce lieux. Une grande maison avec plein de jeunes autour, çà devrait se voir de loin, tout est tellement calme. Il est environ 20 heure. Avec l'aide d'une mamie, nous trouvons l'auberge … vide et fermée. Grâce au coup de fil de voisins, un gars sympathique arrive enfin sur sa vespa. Bon, il nous avait juste oublié ! Il essaye de détendre l'atmosphère, mais ça ne marche pas bien. Ce soir, nous sommes fatigués et manquons d'humour. Lorsque nous annonçons 7h30 pour le service de notre petit déjeuner, c'est lui qui repart bougon. Cette ancienne école maternelle et primaire en plein travaux nous appartient pour la nuit. C'est un peu grand pour deux, mais assurément calme.

120 km plus loin, après notre première nuit (fraîche) sur la paille, de la pluie (beaucoup), 3 crevaisons en quelques heures, la traversée de 2 aérodromes militaires (si si), nous approchons de Lucerne en longeant un axe très circulant. La voie cyclable est en lattes de bois sur une structure métal et surplombe le Lac des Quatre-Cantons: belle réalisation, impressionnante, agréables sensations. Les kilomètres sont difficiles, ce soir j'en ai plein les guiboles. Vivement le Backpackers.

Le lendemain matin, jeudi 15, nous montons à 7h au dernier étage du bâtiment prendre notre petit déjeuner. Et dés les premiers pas dans le restaurant universitaire, encore vide à cette heure, nous nous profitons d'un panorama magique sur les sommets enneigés, léchés par un soleil généreux. Dans cette ambiance, nous nous délectons d'un copieux et excellent repas. Après 1 semaine de route, nous avons choisi Lucerne pour nous poser un peu. Ce soir nous n'aurons que 6 km pour rejoindre le B&B d'Emmen. Le choix semble bon car cette ville a un charme fou avec son architecture moyenâgeuse (13) au bord de la Reuss et du majestueux lac des Quatre-Cantons. La Reuss est traversée notamment par Le Spreuerbrücke, pont piétonnier couvert et décoré de danses macabres qui n'ont rien à envier aux peintures de Jérôme Bosch : fascinant !

Le temps d'un pique nique, nous nous posons au bord du lac sous une grosse chaleur. La sieste nous guette.

De longues pistes bien aménagées serpentent la ville, les emplacements de stationnement vélo sont nombreux, et très utilisés (14). Nous l'avions déjà constaté à Lausanne, et cela se confirmera également à Genève : le vélo est un moyen de transport très usité dans les grandes villes. Cela me rappelle Copenhague, Berlin, Amsterdam, Helsinki.

En fin de journée, nous repassons au Bacpackers pour récupérer nos affaires et croisons le patron avec qui nous parlons … vélo bien sûre.

Les jours se suivent toujours aussi plaisants, et les difficultés du parcours sont maintenant derrière nous., tout au moins à lire le profil dans notre guide. Trois jours plus tard, dans le Heïdiland (c'est pas des blagues) après un enchaînement de vallée sans trop de difficultés, nous arrivons vers 17/18 heure à Weesen, petit village charmant au bord du Walensee. Autour de celui-ci des murailles culminent à 2 000, 2 500 mètres. Après un fruit et quelques barres de céréal, nous partons à la recherche de notre prochain lit sur la paille. Surprise : la paille se trouve 400 mètres plus haut. Jusque là, il faisait beau, mais l'ascension se fera sous l'eau. Les pourcentages sont ahurissants et le moral plonge dans les chaussettes. Cette balade nous prend tout de même 90 minutes. Heureusement, l'accueil qui nous est réservé compense toutes ces difficultés, et la vue dont nous profiterons le lendemain lors de la descente nous apportera beaucoup de joie. Après un visite rapide des lieux, Emilie, mère de 3 beaux garçons, nous sert 1 gratin de pattes succulent accompagné de sa compote de pomme maison. Le mariage sucré salé est surprenant mais fait le bonheur de nos papilles. Fridolin, le mari, nous rejoint à table et nous passons une agréable soirée en leur compagnie. Ils nous parlent de leur vie quotidienne, leur activité d'éleveurs. Emilie nous montre des images impressionnantes de l'hivers dernier. Une fois que tout est blanc, la communauté vis en totale autarcie.

Le lendemain matin, après le rituel photographique auquel nous n'échappons pas, nous entamons la descente (20), les yeux grand ouvert et profitons de vues magnifiques. Deux kilomètres après Weesen, nous pénétrons à deux reprises dans la montagne, sur la route que longe qui longe le lac longiligne de Walensee. Les deux tunnels de 500 à 700 mètres de long et environ 6 mètres de haut sont régulièrement percés de grandes ouvertures, fenêtres sur le lac, sensations étonnantes.

En début d'après-midi, sous une grosse chaleur, nous traversons le Rhin (21) pour une petite traversée du Lichtenstein. Le temps commence a changer, le ciel s'assombri très vite. Nous reprenons la rive gauche du Rhin, vent arrière. Vers 18 heure, nous posons nos vélo chez Titus et Anna. Quinze minutes plus tard, un vent qui rappelle la tempête de 1999 se lève, des nuages fantastiques balayent le ciel, les blés ondulent tel une mer agitée, et enfin la pluie entre en scène. Nous sommes tous protégés par l'étable, le chahut est impressionnant, et je commence à m'inquiéter de la nuit que nous allons passer dans cette ambiance. En attendant que le ciel se calme, nos hôtes nous offrent leur salle de bain puis le couvert : un délicieux müesli avec des morceaux de fraise, des fromages,…et nous passons ainsi une nouvelle soirée en très bonne compagnie avec Titus, Anna, leur fille et une tante. Lorsque nous regagnons notre couche dans l'étable, le ciel s'est calmé. Nous avons des voisins du dessous très calmes : 2 chevaux et 1 poney.

Mardi 20, la pluie a décidée de nous accompagner pour la matinée. Aussi, a l'heure du déjeuner, nous faisons une entorse à nos habitudes et débarquons à Alstatten dans un restaurant . Nous passons difficilement inaperçu en étendant nos affaires sur tous les portemanteaux disponibles. La pluie refait son apparition en fin d'après-midi lorsque nous arrivons sur les rives du lac de Constance. Une nouvelle tempête se lève et arrive dans notre direction. Le ciel s'assombri rapidement, la surface de l'eau est argentée, la végétation se pli dans tous les sens, un groupe de cygnes s'envole lourdement : quelle ambiance !

Les jours suivants sont moins palpitants : Roschach, St Gallen, Genève. Les voitures, la pollution, le bruit, le stress nous mettent un peu mal à l'aise après plus de 600 kilomètres au contact de la nature. Ca sent aussi la fin de séjour. Heureusement, il nous reste une dernière étape qui semble sur le papier intéressante : Genève - Lausanne. Et nous ne sommes pas déçu : des passages longent le Léman, et d'autres s'écartent sur les coteaux. Sur les deniers kilomètres, nous prenons notre temps au bord du lac, histoire de bien imprégner nos rétines. Il a encore fait très chaud aujourd'hui, nous croisons beaucoup de piétons et échappons, par les chemins que nous prenons, à des bouchons très importants. Et nous retrouvons les parcs de Lausanne au bord du lac avec beaucoup de plaisir. Et ce soir, nous nous faisons plaisir en allant dîner chez Manora : pâtes, salades et jus de carottes. La nourriture dans cette chaîne de self service est succulente et à un prix abordable.

Samedi 24, c'est aujourd'hui que nous repartons. A quelques jours du Sommet du G8 à Evian, Lausanne s'enflamme à la lecture de la presse. Les médias promettent un cataclysme, les rumeurs vont bon train, des barbelés ont été installés à plusieurs endroits dans la ville, l'armée est présente un peu partout dans la montagne, la ville attend des renforts de la police allemande, des altermondialistes ont commencé à poser des affiches un peu partout, un commerçant propose des remises importantes en indiquant que "ces vêtements seront plus en sécurité une fois achetée…".

En début d'après-midi, nous retrouvons la gare qui est le point de départ de notre train. Cela nous permet, une fois le train à quai de vérifier si il possède un espace. La SNCF et la CFF sont entrain d'aménager cette ligne dans la même principe que la ligne TGV Méditerranée avec un espace pour 4 vélos derrière la locomotive. L'ensemble de la flotte n'étant pas encore équipée, l'info n'existe pas officiellement. A l'aller, nous avions déjà démonté et rangé nos vélos lorsque un passager nous avait donné le tuyau. Au retour, le même espace est bien présent et cela nous simplifie grande la vie.

Nous ne sommes pas encore parti, que nous avons déjà en tête de revenir, tester une autre route, celle du Jura par exemple. Histoire de prolonger un peu ce rêve, nous avons ramené dans nos sacoches un stock important de chocolat et de gruyère (sans trous) et plus de 300 photos. Nous avons fait la promesse d'écrire à la famille Bach, Emilie et Fridolin, Anna et Titus, touchés par la sincérité de nos échanges, leur générosité. Une fois encore ce voyage à vélo nous aura apporté beaucoup plus que nous n'espérions. Vivement le prochain départ !
Partir en Suisse, quelle idée ! Après tout, que savons nous de nos voisins hormis l'accent du valais, le Toblerone, les comptes numérotés, la sacro-sainte neutralité, le Léman et le gruyère sans trou ? Serait-ce donc un projet d'aventure en Terra Incognita.
Lausanne - Montreux - Gruyères - Interlaken - Lucerne - Zoug - Einsiedeln - Rapperswill - Sargans - Roschach - Genève - Lausanne.

Partir en Suisse, quelle idée ! Après tout, que savons nous de nos voisins hormis l'accent du valais, le Toblerone, les comptes numérotés, la sacro-sainte neutralité, le Léman et le gruyère sans trou ? Serait-ce donc un projet d'aventure en Terra Incognita ?

La visite d'un site web, celui de La Suisse à Vélo, lève rapidement tous nos doutes : ce Printemps, mon amie et moi emmèneront nos vélos rouler sur les terres helvètes.

La Route numéro 9 commence sur la rive Nord-Est du lac Léman, à Montreux. En deux semaines, ce tracé permet de rejoindre le lac de Constance, à la frontière du Lichtenstein. Le cycliste suit les vallées profondes, passe quelques cols (1.000 mètres maximum), découvre une quinzaine de lacs.

Jeudi 8 mai, nous posons nos pieds et roues dans la gare de Lausanne après 4 heures de TGV. Il fait chaud, c'est de bon augure. Après une nuit orageuse, nous partons tôt le lendemain matin, direction Montreux en suivant la route numéro 1 (route du Rhône). La Fondation La Suisse à vélo a tramé le pays avec 9 routes. Il est ainsi aisé de modifier son cap au grés des routes qui se présentent.

Notre périple débute par une promenade de santé au bord du Lac Léman et à travers les vignobles composés de cépages aux noms étranges : Servagnin, Doral, Garanoir et Dialinoir. Le soleil est notre compagnon et sera fidèle durant tout le séjour (3 jours de pluie sur 17, ça joue !). Dés les premiers kilomètres, nous sommes enchantés par la route qui se déroule sous nos roues, les courbes de niveau qui ondulent doucement le long du lac, la lumière sur l'eau , les montagnes qui plongent dans l'eau sur la rive française, les couleurs : beauté et calme nous charment.

Les tronçons que nous prenons à travers les vignobles servent avant tout aux producteurs. Le revêtement a été réalisé avec de grandes dalles de béton. De temps en temps, un train passe en contre bas. Le décor est ainsi planté pour les quinze prochains jours : des montagnes à ne savoir quoi en faire, du chemin de fer un peu partout et de l'eau, beaucoup d'eau (lacs paisibles et cours d'eau animés).

Samedi 10, après Montreux et Vevey qui se mirent dans un Léman en prise avec les orages, nous attaquons les alpages, les verts pâturages tapissés de boutons d'or, fleurs de pissenlits et quelques touches de narcisses. A rouler dans la Gruyère, des souvenirs d'enfance font surface : tout ce décor me rappelle les maquette de trains, vous vous souvenez des trains Jouef de notre enfance, les décors de "moquette verte", ponctuée par les chalets, traversées par trains superbes déboulant à travers les montagnes. La Gruyère c'est entre autre cela. Ce sont bien sûre les premières vallées encaissées, les premiers châteaux, la première fondue (c'est bon mais ça leste) et surtout nos premières rencontres marquantes.

Au B&B de Château d'Oex, la famille Bach nous réserve un accueil chaleureux et témoigne de beaucoup d'attention. Le père et le fils sont des mordus de la petite reine, on ne pouvait mieux tomber. Ils partent régulièrement ensemble pédaler dans ces montagnes qu'ils affectionnent. A l'occasion du petit déjeuner (énorme), nous profitons d'un moment hors du temps avec le père. Nous parlons et rions beaucoup. Il nous raconte sa vie, les difficultés économiques rencontrées par la région depuis que la neige se fait plus rare l'hivers. Certaines façades d'hôtels sont dans un triste état. Surprise amusante : cette magnifique maison où nous avons dormi était au auparavant un pensionnat de jeunes filles, tenu à l'époque déjà par la famille Bach. Après une photo souvenir devant ce grand chalet, nous reprenons la route, un petit pincement au cœur.

Une fois en suisse allemande, des manques se font rapidement sentir : l'accent tranquille du Valais, les signes amicaux des cyclistes rencontrés (très nombreux du côté de Bulle-Gruyère). Et puis, je ne comprends rien du tout à la langue de ce côté-ci. Heureusement, Martine assure la traduction.

Après 70 km, dont la moitié sur de superbes pistes VTC (16), nous atteignons le lac de Toune. Une Auberge de Jeunesse non officielle est notre point chute, ou censé l'être. Car malgré un superbe plan imprimé à Paris, nous avons des difficultés à trouver ce lieux. Une grande maison avec plein de jeunes autour, çà devrait se voir de loin, tout est tellement calme. Il est environ 20 heure. Avec l'aide d'une mamie, nous trouvons l'auberge … vide et fermée. Grâce au coup de fil de voisins, un gars sympathique arrive enfin sur sa vespa. Bon, il nous avait juste oublié ! Il essaye de détendre l'atmosphère, mais ça ne marche pas bien. Ce soir, nous sommes fatigués et manquons d'humour. Lorsque nous annonçons 7h30 pour le service de notre petit déjeuner, c'est lui qui repart bougon. Cette ancienne école maternelle et primaire en plein travaux nous appartient pour la nuit. C'est un peu grand pour deux, mais assurément calme.

120 km plus loin, après notre première nuit (fraîche) sur la paille, de la pluie (beaucoup), 3 crevaisons en quelques heures, la traversée de 2 aérodromes militaires (si si), nous approchons de Lucerne en longeant un axe très circulant. La voie cyclable est en lattes de bois sur une structure métal et surplombe le Lac des Quatre-Cantons: belle réalisation, impressionnante, agréables sensations. Les kilomètres sont difficiles, ce soir j'en ai plein les guiboles. Vivement le Backpackers.

Le lendemain matin, jeudi 15, nous montons à 7h au dernier étage du bâtiment prendre notre petit déjeuner. Et dés les premiers pas dans le restaurant universitaire, encore vide à cette heure, nous nous profitons d'un panorama magique sur les sommets enneigés, léchés par un soleil généreux. Dans cette ambiance, nous nous délectons d'un copieux et excellent repas. Après 1 semaine de route, nous avons choisi Lucerne pour nous poser un peu. Ce soir nous n'aurons que 6 km pour rejoindre le B&B d'Emmen. Le choix semble bon car cette ville a un charme fou avec son architecture moyenâgeuse (13) au bord de la Reuss et du majestueux lac des Quatre-Cantons. La Reuss est traversée notamment par Le Spreuerbrücke, pont piétonnier couvert et décoré de danses macabres qui n'ont rien à envier aux peintures de Jérôme Bosch : fascinant !

Le temps d'un pique nique, nous nous posons au bord du lac sous une grosse chaleur. La sieste nous guette.

De longues pistes bien aménagées serpentent la ville, les emplacements de stationnement vélo sont nombreux, et très utilisés (14). Nous l'avions déjà constaté à Lausanne, et cela se confirmera également à Genève : le vélo est un moyen de transport très usité dans les grandes villes. Cela me rappelle Copenhague, Berlin, Amsterdam, Helsinki.

En fin de journée, nous repassons au Bacpackers pour récupérer nos affaires et croisons le patron avec qui nous parlons … vélo bien sûre.

Les jours se suivent toujours aussi plaisants, et les difficultés du parcours sont maintenant derrière nous., tout au moins à lire le profil dans notre guide. Trois jours plus tard, dans le Heïdiland (c'est pas des blagues) après un enchaînement de vallée sans trop de difficultés, nous arrivons vers 17/18 heure à Weesen, petit village charmant au bord du Walensee. Autour de celui-ci des murailles culminent à 2 000, 2 500 mètres. Après un fruit et quelques barres de céréal, nous partons à la recherche de notre prochain lit sur la paille. Surprise : la paille se trouve 400 mètres plus haut. Jusque là, il faisait beau, mais l'ascension se fera sous l'eau. Les pourcentages sont ahurissants et le moral plonge dans les chaussettes. Cette balade nous prend tout de même 90 minutes. Heureusement, l'accueil qui nous est réservé compense toutes ces difficultés, et la vue dont nous profiterons le lendemain lors de la descente nous apportera beaucoup de joie. Après un visite rapide des lieux, Emilie, mère de 3 beaux garçons, nous sert 1 gratin de pattes succulent accompagné de sa compote de pomme maison. Le mariage sucré salé est surprenant mais fait le bonheur de nos papilles. Fridolin, le mari, nous rejoint à table et nous passons une agréable soirée en leur compagnie. Ils nous parlent de leur vie quotidienne, leur activité d'éleveurs. Emilie nous montre des images impressionnantes de l'hivers dernier. Une fois que tout est blanc, la communauté vis en totale autarcie.

Le lendemain matin, après le rituel photographique auquel nous n'échappons pas, nous entamons la descente (20), les yeux grand ouvert et profitons de vues magnifiques. Deux kilomètres après Weesen, nous pénétrons à deux reprises dans la montagne, sur la route que longe qui longe le lac longiligne de Walensee. Les deux tunnels de 500 à 700 mètres de long et environ 6 mètres de haut sont régulièrement percés de grandes ouvertures, fenêtres sur le lac, sensations étonnantes.

En début d'après-midi, sous une grosse chaleur, nous traversons le Rhin (21) pour une petite traversée du Lichtenstein. Le temps commence a changer, le ciel s'assombri très vite. Nous reprenons la rive gauche du Rhin, vent arrière. Vers 18 heure, nous posons nos vélo chez Titus et Anna. Quinze minutes plus tard, un vent qui rappelle la tempête de 1999 se lève, des nuages fantastiques balayent le ciel, les blés ondulent tel une mer agitée, et enfin la pluie entre en scène. Nous sommes tous protégés par l'étable, le chahut est impressionnant, et je commence à m'inquiéter de la nuit que nous allons passer dans cette ambiance. En attendant que le ciel se calme, nos hôtes nous offrent leur salle de bain puis le couvert : un délicieux müesli avec des morceaux de fraise, des fromages,…et nous passons ainsi une nouvelle soirée en très bonne compagnie avec Titus, Anna, leur fille et une tante. Lorsque nous regagnons notre couche dans l'étable, le ciel s'est calmé. Nous avons des voisins du dessous très calmes : 2 chevaux et 1 poney.

Mardi 20, la pluie a décidée de nous accompagner pour la matinée. Aussi, a l'heure du déjeuner, nous faisons une entorse à nos habitudes et débarquons à Alstatten dans un restaurant . Nous passons difficilement inaperçu en étendant nos affaires sur tous les portemanteaux disponibles. La pluie refait son apparition en fin d'après-midi lorsque nous arrivons sur les rives du lac de Constance. Une nouvelle tempête se lève et arrive dans notre direction. Le ciel s'assombri rapidement, la surface de l'eau est argentée, la végétation se pli dans tous les sens, un groupe de cygnes s'envole lourdement : quelle ambiance !

Les jours suivants sont moins palpitants : Roschach, St Gallen, Genève. Les voitures, la pollution, le bruit, le stress nous mettent un peu mal à l'aise après plus de 600 kilomètres au contact de la nature. Ca sent aussi la fin de séjour. Heureusement, il nous reste une dernière étape qui semble sur le papier intéressante : Genève - Lausanne. Et nous ne sommes pas déçu : des passages longent le Léman, et d'autres s'écartent sur les coteaux. Sur les deniers kilomètres, nous prenons notre temps au bord du lac, histoire de bien imprégner nos rétines. Il a encore fait très chaud aujourd'hui, nous croisons beaucoup de piétons et échappons, par les chemins que nous prenons, à des bouchons très importants. Et nous retrouvons les parcs de Lausanne au bord du lac avec beaucoup de plaisir. Et ce soir, nous nous faisons plaisir en allant dîner chez Manora : pâtes, salades et jus de carottes. La nourriture dans cette chaîne de self service est succulente et à un prix abordable.

Samedi 24, c'est aujourd'hui que nous repartons. A quelques jours du Sommet du G8 à Evian, Lausanne s'enflamme à la lecture de la presse. Les médias promettent un cataclysme, les rumeurs vont bon train, des barbelés ont été installés à plusieurs endroits dans la ville, l'armée est présente un peu partout dans la montagne, la ville attend des renforts de la police allemande, des altermondialistes ont commencé à poser des affiches un peu partout, un commerçant propose des remises importantes en indiquant que "ces vêtements seront plus en sécurité une fois achetée…".

En début d'après-midi, nous retrouvons la gare qui est le point de départ de notre train. Cela nous permet, une fois le train à quai de vérifier si il possède un espace. La SNCF et la CFF sont entrain d'aménager cette ligne dans la même principe que la ligne TGV Méditerranée avec un espace pour 4 vélos derrière la locomotive. L'ensemble de la flotte n'étant pas encore équipée, l'info n'existe pas officiellement. A l'aller, nous avions déjà démonté et rangé nos vélos lorsque un passager nous avait donné le tuyau. Au retour, le même espace est bien présent et cela nous simplifie grande la vie.

Nous ne sommes pas encore parti, que nous avons déjà en tête de revenir, tester une autre route, celle du Jura par exemple. Histoire de prolonger un peu ce rêve, nous avons ramené dans nos sacoches un stock important de chocolat et de gruyère (sans trous) et plus de 300 photos. Nous avons fait la promesse d'écrire à la famille Bach, Emilie et Fridolin, Anna et Titus, touchés par la sincérité de nos échanges, leur générosité. Une fois encore ce voyage à vélo nous aura apporté beaucoup plus que nous n'espérions. Vivement le prochain départ !

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